Itinéraires conseillés Grenade
La Grenade n’est pas très grande, mais on y circule doucement, que ce soit en bus ou en voiture. On aura forcément envie de s’oublier sur le sable d’une crique discrète, de se balader dans la forêt tropicale, de humer les fèves de cacao qui sèchent (et ne sentent rien), de saluer les coraux, les dauphins peut-être, de marchander un panier d’épices au marché... Bref, il ne nous paraît pas superflu de prévoir une semaine pour bien profiter de la Grenade. Les pressés incluront Carriacou dans l’affaire, les autres l’ajouteront en plus. En tout cas, ne comptez pas faire un tour d’horizon en moins de 3 ou 4 jours.
Que faire à la Grenade ?
Tout commence généralement à Saint-Georges (St George’s), sur les flancs du port du Carénage, fourmillant de bateaux gros et petits. Évitez de vous y balader en même tant que les touristes débarqués des paquebots et vous découvrirez une ville attachante, brouillonne mais pleine de vie, avec un marché haut en couleurs dont on ne se lasse pas (surtout le samedi). Quelques vieux bâtiments coloniaux demeurent sous leurs toits de tôle ondulée rouillée ou de tuiles européennes apportées comme ballast par les navires d’antan. Parmi eux celui du Musée National, installé dans d’anciens baraquements français, vieillot et néanmoins attachant. Vous y croiserez même la baignoire de Joséphine (Mrs Napoléon) ! Quatre forts français tenaient jadis la position, dont deux demeurent : le Fort George, où s’est installée la police, à la pointe de la péninsule et, au-dessus de votre tête, le Fort Frederick, d’où se révèle un panorama naturellement splendide.
Sur le quai ouest du Carénage, on charge les goélettes en partance pour l’île de Carriacou. À deux pas, les water taxis attendent les adorateurs du soleil. Regard qui toise, lunettes noires et bandanas, les pilotes se la jouent frime, démarrent en trombes, font pleuvoir les embruns. Cap sur Grand Anse et son long tapis de sable blanc léché par des eaux tièdes et turquoise. Une sinécure, frangée d’hôtels et de cocotiers (à même hauteur). De l’autre côté des collines broussailleuses, Morne Rouge (alias BBC Beach) plus discrète, se prête idéalement au snorkel. On adore. Au-delà, parfois presque désertes, il y a Petit Cabrits, Portici et Pink Gin, alias Pingouin Beach - celle-ci atteinte depuis l’aéroport.
Au sud-ouest, plusieurs péninsules rocailleuses se couvrent de résidences plus ou moins chic : ainsi à Lance aux Épines (belle plage de l’hôtel Calabash) et Prickly Bay, près de l’université. Nous, on préfère passer notre chemin à la recherche de coins moins construits, plus attachants.
Le tour de la Grenade
De St George’s, on remonte de baie en baie, entre pentes couvertes de forêt et littoral rocailleux, en direction de Concord - et, par une superbe petite route en cul-de-sac (2 miles bien raides) sinuant entre cacaoyères et muscadiers, jusqu’aux Concord Falls, les plus connues de l’île. L’accès par un des deux escaliers privés est un peu étonnant, mais le site est plaisant et on peut s’y baigner. Un sentier permet de remonter jusqu’au parc national de Grand Étang (voir ci-dessous et rubrique « sports »). Sur les hauteurs, accessible depuis Belvidere, il y a aussi Fedon’s Camp, camp retranché des révoltés grenadiens au XVIIIe siècle, qui tinrent la dragée haute aux Anglais durant 14 mois.
Un peu plus haut, voici Gouyave (prononcez « Goave »), port de pêche et site de la principale usine de traitement des noix de muscade. Une halte à ne pas manquer pour voir s’entasser les sacs sous les soupentes et œuvrer les trieuses. Mieux encore, tournez vers Dougaldston Estate, une plantation à l’ancienne, où l’on vous accueillera gentiment, entre fèves de cacao séchant au soleil et sacs de jute remplis de muscade. Franchement, on adore cet endroit. Évitez juste d’y passer entre 8h30 et 10h30, lorsque débarquent les croisiéristes.
La route passe le port de Victoria puis quitte le littoral au niveau de la baie du Duquesne (belle plage de sable gris) pour rejoindre Sauteurs, à l’extrémité nord de l’île. Le site doit son nom aux derniers Indiens Caraïbes, qui préférèrent s’y précipiter du haut d’une falaise plutôt que de se rendre aux colons français - à moins qu’ils n’aient été poussés, murmurent certaines voix...
Vous ne nous croirez sûrement pas si l’on vous dit que l’on a vu voler des chauves-souris DANS la plantation de Morne Fendue... Et pourtant ! Ce lieu oublié du temps, tenu par une vieille dame de 75 ans, préserve la mémoire de Betty Mascoll, autre mamie - anglaise celle-ci -, qui y reçut en son temps la Princesse Margaret et Ronald Reagan. Rien n’a vraiment changé depuis un demi-siècle, sauf cet affreux appendice destiné à recevoir les touristes pour le lunch et dans quelques chambres toutes simples. Mais qu’importe. Même dans sa plus grande simplicité, sa décadence, le bain d’air victorien est saisissant. Avez-vous remarqué ces trois marches qui ne mènent nulle part devant l’entrée ? Destinées à permettre aux élégantes de jadis de descendre de boghei sans s’emmêler les pinceaux...
Plus touristique, le Belmont Estate est une authentique plantation de cacao devenue l’une des escales favorites des croisiéristes pour le déjeuner. Pas très loin se trouve la seule chocolaterie de l’île (pas de visite), dont les produits sont vendus sur place. Avez-vous jamais goûté le cru de Grenade à 98% ?
En 10 mn, vous serez à la pointe nord-est de l’île, où se trouve le parc national de Levera (visitor center sur la belle plage de Bathway, où l’on peut se baigner à condition de ne pas dépasser les rochers protecteurs). Une piste rejoint Levera Pond (sentier surélevé et nombreux oiseaux), puis atteint Levera Beach, fréquentée par les tortues luths du printemps au début de l’été. En 2003, année faste, quelques 180 d’entre elles y ont pondu plus de 60 000 œufs dans 586 nids ! Les derniers jeunes éclosent vers début juillet. Au large, flottent les îlots de Sugar Loaf (pain de sucre), Green (verte) et Sandy (sableuse).
La côte orientale ne se laisse apercevoir que de loin en loin, la route passant principalement dans l’intérieur des terres. On y découvre le joli lac Antoine (volcanique) entouré de bananeraies bio et, à proximité, la distillerie de rhum de Rivière Antoine. Fondée en 1785, c’est la plus ancienne des Antilles encore en état de fonctionnement : son moulin à broyer la canne est encore entraîné par une roue à eau. Seuls les bouilleurs et les cuves de fermentation ont changé - ces dernières déplacées pour éviter les déjections des chauves-souris (encore elles !) qui campaient juste au-dessus... Seules 700 bouteilles sont produites chaque jour, à la main (aucune exportation). Dégustez un Rivers à 75° (minimum) et, pour un bon contraste, faites ensuite escale sur le vieux terrain d’aviation de Pearls, où subsistent les carcasses de deux vieux avions russe et cubain, souvenirs de la « révolution » grenadienne. On peut même monter à bord ! La piste abandonnée sert désormais aux auto-écoles pour les premières manœuvres et aux fanas de courses automobiles du Grenada Motoring Club...
Seconde capitale de la muscade, Grenville possède son propre centre de traitement des noix, qui restera endormi jusqu’en 2012. Juste au sud, Marquis est connu pour ses chutes, les plus hautes de Grenade (sentier) et pour l’île du même nom, facilement accessible en bateau (beaux récifs).
Au cœur de l’île de la Grenade
De Grenville, on peut regagner St George’s par la route transversale, qui sinue vaillamment à travers la forêt tropicale ennuagée, entre plantations de cacao, de muscadiers et bananeraies. En chemin, plusieurs haltes possibles : Seven (Sisters) Falls (30 mn de marche, guide recommandé) puis Annandale Falls, où l’on peut se baigner. Les Grenadiens sont très fiers du parc national de Grand Étang, situé entre les deux, avec son lac de cratère cerné par la forêt. Le lieu est revigorant (il fait frais) et plutôt agréable, mais les dégâts du cyclone Ivan restent visibles et ce n’est pas non plus la huitième merveille du monde... On croise parfois dans le coin des singes mona (cercopithèques), amenés d’Afrique de l’Ouest au XVIIIe siècle par les capitaines négriers pour aider à prévoir les cyclones en mer (les singes étant semble-t-il très perspicaces en la matière).
Carriacou et Petite Martinique
Carriacou, la plus grande des Grenadines, est une île de collines ondulantes et de plages centrée autour d’Hillsborough. Pas grand chose à y faire, sinon profiter de la plage (superbe) et visiter le musée. Vous y apprendrez tout des techniques de construction des bateaux locaux, dont on peut voir les chantiers le long de la plage de Windward (au nord-est de l’île) et à Tyrrel Bay (au sud-ouest). Le savoir-faire est hérité des émigrants écossais arrivés au XIXe siècle.
Pour le reste, vous partagerez votre temps entre les balades à la découverte des sucreries en ruines et vers les hauteurs (panoramas), le farniente à la plage (Paradise, Anse La Roche, etc.) et les îlots jetés sur la mer en contrepoint. Sandy Island semble droit sortie d’une carte postale avec son bouquet de palmiers (bateau depuis Paradise Beach). White Island n’est pas mal non plus.
Moins visitée encore, Petite Martinique vit surtout de pêche, de construction navale traditionnelle et... de trafics en tous genres.
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