Khor Virap - Arménie
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Combien de temps faut-il partir en Arménie ?

Vue sur la carte du monde, l’Arménie fait un peu l’impression d’un mouchoir de poche. Elle n’est certes pas très étendue, mais ne sous-estimez pas le temps nécessaire aux trajets. Entre les nids de poules, les poules, les cols, les épingles à cheveux, les pannes (de bus), les arrêts incessants (de bus) et les énormes poids lourds qui avancent à la vitesse d’un vélo, on sait quand on part (et encore...), jamais vraiment quand on arrive.

Ceci pris en considération, une semaine est un minimum pour avoir une bonne vue d’ensemble du pays. Une dizaine de jours, c’est déjà mieux, une quinzaine, parfait. Au-delà, passez en Géorgie. Prêts pour une valse d’églises et de monastères ? Ne négligez cependant pas le reste !

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Erevan

Bien que placée sur une gorge grandiose, Erevan n'est pas très belle, elle est cependant une capitale intéressante - ne serait-ce que pour le mémorial du génocide de Tsitsernakaberd - et attachante, avec ses vieux airs soviétiques et ses bâtiments staliniens qui ont l'avantage d'être taillés dans une somptueuse pierre orangée, trouvée localement., le poignant mémorial du génocide, à ne manquer sous aucun prétexte. La capitale, qui se dote d'une vie nocturne de plus en plus trépidante - ne cherchez pas cependant le quartier gay, il se limite à quelques boîtes et bars disséminés ! -, Erevan est de plus une base idéale pour visiter les nombreux sites alentours. À vrai dire, la moitié du pays peut être parcourue à force d’excursions quotidiennes depuis la capitale !
Destination phare : le temple hellénistique de Garni (Ier siècle), 20 km à l’est, scrupuleusement reconstruit par les archéologues soviétiques - un peu trop, sans doute, mais le site en bord de ravin est superbe, surtout en fin de journée.
De là, la route remonte le long du torrent jusqu’à l’exceptionnel monastère de Geghard, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. À notre avis le plus beau d’Arménie. Ce chef-d’œuvre de l’architecture médiévale aurait été fondé au IVe siècle. Centre de pèlerinage réputé, composé de plusieurs églises rupestres, il présente une ornementation spectaculaire : de grands hauts-reliefs semblent surgir des parois, tandis que des centaines de khatchkars (croix finement ciselées dans la pierre qu'on voit partout en Arménie) ont été taillées sur la roche. La chambre funéraire du prince Proch Xalbakean, troglodytique, est veillée par ses animaux tutélaires - deux énormes lions enchaînés et un aigle.
Au sud d’Erevan, le monastère de Khor Virap s’amarre à un promontoire rocheux entouré de vignes, au pied du mont Ararat : l’une des plus jolies images d’Arménie. Pas le plus bel édifice, mais on peut voir le puits où, si l’on en croit la légende, le roi Tiridate IV enferma Grégoire l’Illuminateur, l’évangélisateur du pays. Une échelle de 27 marches en dévers descend au fond du trou : un pèlerinage que s’offrent tous les Arméniens malgré l’inconfort de la situation. Le week-end, l’église principale est envahie par les habitants d’Erevan venus faire bénir moutons ou poulets avant leur pique-nique dominical.
À l’ouest, pas loin de l'aéroport international qui porte le même nom, les ruines de la cathédrale de Zvartnots datent du VIIe siècle. Se détachant sur le mont Ararat, dans le lointain, il ne reste malheureusement pas grand-chose de l'ambitieuse église ronde à trois niveaux (Unesco), réputée en son temps comme l’une des plus belles au monde. Il ne faut pas manquer de s'y arrêter à l'arrivée ou au retour vers l'aéroport, ou même en chemin pour Etchmiadzin, la capitale religieuse du pays - dont plusieurs édifices ont eux aussi été classés. Tous les sanctuaires anciens, cathédrale incluse, ont été remodelés au XVIIe siècle, perdant de leur patine, mais le lieu reste symbolique.
Ceux qui ont du temps pousseront jusqu’à Metsamor, un site néolithique et de l’âge du bronze, et éventuellement jusqu’au champ de bataille de Sardarapat (district d'Armavir). C’est ici que les troupes arméniennes sont parvenues, in fine, à arrêter l’avancée turque en 1918, préservant le pays de l’annihilation. Un lieu de pèlerinage pour tous les Arméniens.
Au nord-ouest d’Erevan, la petite ville d’Achtarak conserve quelques églises très anciennes, comme Karmravor (VIIIe siècle), où ne tiennent pas plus de quatre ou cinq personnes !
De là, on peut remonter le long des gorges de Kasagh vers Moughni (belle église XVIIe entourée d’un paisible jardin), puis les ruines évocatrices des monastères d’Ovanavank et Saghmosavank, perchées sur le rebord du canyon. Beaucoup de superbes khatchkars.
Ceux qui sont motorisés s’offriront une belle grimpette sur les hautes pentes du mont Aragats (4 090 mètres) où, l’été, paissent les troupeaux des bergers yézidis. Le sommet est facilement atteint et on peut en profiter pour faire un détour par la superbe forteresse d’Amberd (XIe), dont les tours rondes et les murs cyclopéens en partie éventrés se perchent sur un piton étroit dominant la confluence de deux torrents. Superbe !

Consultez notre reportage Arménie, la preuve par le monastère.

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Le reste de l'Arménie

L'ouest de l'Arménie

L’Ouest est, à notre sens, la région la moins attrayante. Plateaux dénudés et villages naufragés parsèment la route en direction de Gyoumri, la deuxième ville du pays, en majeure partie rasée par le tremblement de terre de 1988. Pour le fun, il faut jeter un coup d’œil à la statue dressée en remerciement à l’un des principaux donateurs : Charles Aznavour. Pas très physionomiste, le sculpteur...
Dans la région, on peut voir le monastère de Marmachen (à 10 km), aux jolies églises à la pierre ocre rouge, et éventuellement celui de Haritchavank, dont le séminaire est en cours de restauration.
Dans le bourg poussiéreux de Mastara, grosse église fortifiée du VIIe siècle surmontée d’un dôme spacieux, carrément ambitieux pour l’époque.
De Gyoumri, ceux qui ont le temps peuvent s’inscrire pour une excursion jusqu’au point de vue sur Ani. L’ancienne capitale arménienne (au Xe siècle) étant désormais en territoire turc et en zone kurde, c'est-à-dire sous contrôle militaire, on ne fait que l’apercevoir depuis la rive opposée de la rivière Akhourian. Dommage, car le site, en ruine et déserté, est grandiose. Vers l’an 1000, la ville « aux 1 001 églises », peuplée par plus de 100 000 habitants, rivalisait avec les plus belles cités du Moyen-Orient.

Le nord de l'Arménie

Moment fort du voyage, le nord du pays est cisaillé par les gorges de la rivière Debed. La région regroupe certains des plus beaux édifices sacrés du pays, classés par l’Unesco.
Près d’Alaverdi, il faut absolument voir deux monastères fondés au Xe siècle par une même reine : Sanahin et Haghpat. Du XIe au XIIIe siècle, près de 500 moines, théologiens et érudits se partageaient entre les deux lieux. On a un faible pour Sanahin, plus verdoyant et adossé à un grand cimetière envahi par les herbes et les fleurs.
Un peu plus au nord, sur le versant opposé de la vallée, le monastère d’Achtala occupe un site splendide, malheureusement pollué par les effluents d’une mine voisine. Son église principale conserve les plus belles fresques médiévales du pays, en partie restaurées.
Au sud d’Alaverdi, le village d’Odzoun, perché au bord des gorges, s’organise autour d’une grande basilique du VIIIe siècle coiffée d’une coupole. À côté, l'étrange monument funéraire, aux deux longues stèles ciselées de scènes bibliques, remonterait au VIe siècle !
Les environs sont truffés de ruines anciennes, comme celles, charmantes, de Kobayr, que l’on peut rejoindre par un petit sentier. Une randonnée de charme.
Ceux qui ont du temps peuvent envisager une balade vers Stepanavan, pas touristique pour un sou, de l’autre côté des monts Bazoum, dont le versant nord est recouvert par la forêt (ça change !).
Aux environs : ruines du monastère de Hnevank et de la forteresse de Lori.

La région du lac Sevan

La station d’altitude de Dilijan s’ancre aussi dans la forêt, théoriquement protégée en tant que réserve naturelle. On venait jadis de toute l’URSS y prendre les eaux. On y vient surtout aujourd’hui pour de jolies balades rafraîchissantes.
Et pour voir, à l’est, deux autres monastères : Haghartsin (XIIe) joliment perché dans la forêt, et Gochavank (XIIe-XIIIe) dominant de hautes collines boisées. L’ornementation sculptée de ses quatre églises et chapelles est superbe. Un sentier conduit rapidement à un petit sanctuaire perché sur la colline voisine, d’où se révèle un impressionnant panorama. Bien plus difficile à atteindre, le beau monastère de Kirants s’ancre à l’approche de l’ancienne frontière azérie.
Véritable mer intérieure, le lac Sevan s’anime surtout en été sur les plages proches de la ville du même nom (pour aller d’un lieu à l’autre, c’est un peu la galère si l’on n’est pas motorisé). Animation sympa. Dominant les lieux de son promontoire terminant une longue péninsule (une ancienne île), le monastère de Sevanavank offre des coups d'oeil imprenables sur le lac et les montagnes qui l’enserrent.
D’autres établissements religieux ponctuent les rives dénudées du lac en direction du sud, en particulier à Hayravank (Xe).
Peu après, le bourg de Noratouz vaut le détour pour son vieux cimetière regroupant quelque 500 khatchkars (XIIIe-XVIIe). En forme de petits sarcophages, ils sont gravés de scènes évoquant la vie des défunts.
En direction d’Erevan, la station de ski de Tsaghkadzor possède une bonne infrastructure, suggère de belles balades tel le monastère de Ketcharis.

Le sud de l'Arménie

Le sud du pays est plutôt moins visité. C’est pourtant l’une des régions les plus attachantes, très différente des autres. Coincées entre la poche du Nakhitchevan (appartenant à l’Azerbaïdjan) à l’ouest et le Haut-Karabakh à l’est, elle est reliée à Erevan par une unique route vitale.
D’une vallée à l’autre, le paysage change du tout au tout : aride, voire semi-désertique aux environs d’Areni, il prend des airs de steppe au-delà de Sisian. Au programme : vignobles, champs de pêches et d’abricots sur les rives de l’Arpa, église Astvatsatsin (consacrée à la Vierge) perchée dans un nid d’aigle au-dessus du bourg et, parmi les plus beaux de tous, monastère de Noravank (XIIIe-XIVe), ancré dans le repli d’une gorge étroite aux parois rougeoyantes. Dans l’enclos se dressent deux splendides églises, Astvatsatsin, donc (1339), avec une tour-clocher ajourée et un splendide portail, et Saint-Karapet (1227), au dallage inégal fait de pierres tombales. Deux d’entre elles sont gravées de figures d’homme-lion.
Les montagnes avoisinantes se couvrent de mille vestiges, forteresses, églises et monastères en ruines. Le caravansérail du col de Selim (2 240 m), sur la route du lac Sevan, a été très bien restauré. Bâti au XIIIe siècle sur la route de la Soie, il s’orne de superbes bas-reliefs. Mieux vaut être motorisé ou s’en remettre au stop.
La préfecture de Syounik est la plus méridionale de l’Arménie. Sissian s’y s’ancre sur un haut plateau aux allures de steppe dans une zone habitée depuis le néolithique.
À proximité, le site mégalithique de Zorats Karer possède les vestiges d’un observatoire préhistorique - réputé pour être l’un des tout premiers au monde. À voir aussi : la tombe-tour d’Aghitou (VIIe) et monastère de Vorotnavank.
Si vous n’avez pas trop de temps, filez directement (façon de parler, vu l’état de la route) jusqu’à Tatev. Le monastère fortifié s’amarre avec majesté sur le rebord d’un canyon, que l’on doit franchir pour y accéder. Tatev fut un grand centre culturel jusqu’au XIIIe siècle, avec une bibliothèque, une école et un atelier de miniatures. À droite de la basilique Saint-Pierre-et-Paul, un étonnant obélisque haut de dix mètres, coiffé d’un joli khatchkar ajouré, serait capable d’annoncer les séismes !

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