Carte d'identité Berlin
- Statut : Land fédéral, mais aussi capitale de l’Allemagne réunifiée depuis 1991, capitale de l’Allemagne réunifiée et divisée en 12 Bezirke.
- Superficie : 892 km² (9 fois Paris !).
- Population : 3 700 000 habitants.
- Densité : 4 124 hab./km².
- Taux de chômage : environ 9,2 % en 2023.
- PIB : 33 900 € par habitant.
- Religions : protestantisme luthérien dominant (600 000), catholiques (325 000) et aussi 250 000 musulmans et 12 000 juifs.
- Langue officielle : l'allemand.
- Monnaie : l'euro.
- Régime politique : Land fédéral, avec une Chambre des députés élue pour 5 ans qui désigne le maire et les sénateurs de la ville.
- Bourgmestre (maire) de Berlin : Kai Wegner (CDU), depuis 2023.
- Sites inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco : l'île des Musées (Museumsinsel, 1999) ; les châteaux et parcs de Potsdam Sanssouci (1990) ; les cités du style moderne de Berlin (2008).
Économie
Au cours des 30 dernières années, l’économie berlinoise a connu de profondes mutations structurelles. Les Berlinois attendaient peut-être trop de la réunification des 2 Allemagnes.
La chute du Mur, en 1989, a mis un terme aux généreuses subventions fédérales (la RFA prenant en charge la moitié du budget municipal). Les primes de 8 % généreusement accordées aux salariés pour indemnité d’exil ont été supprimées (normal !). Le secteur immobilier n’a pas connu le boom escompté suite au déménagement des institutions fédérales. En dépit de nombreuses suppressions d’emploi, le Land a conservé un noyau industriel fort.
Ce n’est que depuis les années 2000 que l’essor berlinois s’intensifie avec de très nombreuses PME. Plus de 50 % des personnes actives (720 000 emplois) travaillent à Berlin dans le secteur privé des services, y compris dans les domaines du commerce, des banques et des assurances, ainsi que celui des transports et médias. La part de l’industrie et du BTP a nettement baissé tandis que la place du secteur tertiaire augmentait. Aujourd’hui, Berlin et sa région sont caractérisés par un parc d’entreprises performantes, créé avec le soutien de moyens financiers considérables accordés par le Fonds structurel européen en vue du renforcement de l’économie et des infrastructures.
L’immobilier, autrefois très accessible, est en train de monter en flèche, les secteurs liés à la construction battant actuellement record sur record. Son prix a augmenté de 17 % pour la seule année 2017, tandis que les loyers ont grimpé de 74 % entre 2010 et 2018. Le Sénat de Berlin a voté en 2019 une loi pour les plafonner.
Un décollage qui connaît quelques ratés
Avant la crise de la Covid-19, seul le secteur touristique avait réellement tiré son épingle du jeu, et la création du nouvel aéroport aurait dû compléter l’offre, si tout s’était passé comme prévu.
Berlin est devenu la ville la plus attractive du pays avec plus de 13 millions de visiteurs par an, un chiffre qui a plus que doublé en 10 ans. Ce qui la place en 3e position en Europe, derrière Londres et Paris, mais devant Rome !
Sur Unter den Linden, la célèbre avenue des musées, les façades se peaufinent et retrouvent leur prestance d’autrefois. Près de 30 ans après la réunification, Berlin continue de travailler à son embellissement en perdant au passage un peu de ce caractère bien trempé, un rien dérangeant, qui en faisait l’originalité.
Le secteur du tourisme concerne 400 000 emplois, pour un chiffre d’affaires brut de plus de 11 milliards d’euros. Sans encore souffrir d’un sur-tourisme qui frappe d’autres villes européennes, cet afflux avait, avant 2020, commencé à poser problème à la municipalité.
La ville possède aussi le potentiel pour améliorer sa capacité en matière d’innovation économique et pour devenir une « ville de production scientifique » en disposant d’une main-d’œuvre hautement qualifiée. Les chances et les potentialités de la région de Berlin se trouvent en particulier dans les domaines de la biotechnologie, de la communication, des techniques de systèmes de transport, de la production de matériel médical ou optique, des techniques de microsystèmes et de la science des matériaux.
Le nombre croissant de visiteurs nationaux et internationaux et l’importance grandissante de la ville de Berlin au niveau des salons et des congrès sont également des vecteurs de croissance économique.
La construction du nouvel aéroport, planifiée depuis 1996, avait débuté en 2007 pour une mise en service véritable repoussée d’année en année à la suite de difficultés multiples. Il a donc fallu construire une extension (avant même que le bâtiment principal ne soit achevé !) et revoir tout le projet. À la fin de l’été 2014, le fiasco absolu qu’était devenu le chantier a carrément abouti à la démission du maire de Berlin, Klaus Wowereit...
Après tous ces rebondissements, l’aéroport a été finalement inauguré fin 2020, mais ce retard restera néanmoins gravé dans les mémoires comme l’un des plus beaux ratages économiques de ce début de siècle, une tache sur la réputation de l’efficacité allemande... De grands espoirs de développement reposent sur la mise en service de l’aéroport. Les 1res retombées devraient toucher ses alentours avec l’installation de bureaux, de services et de centres de logistique, puis le sud de la ville, dont la production industrielle sera dynamisée. Enfin, tout cela devrait doper le tourisme : avec une capacité estimée à terme à 45 millions de passagers, l’aéroport international entend jouer sa carte à fond. La pandémie de Covid-19 a bien évidemment mis à mal ces perspectives de croissance mirobolantes. D’autant plus que l’abonnement mensuel de train à 9 €, expérimenté durant l’été 2022 par la Deutsche Bahn, a connu un succès phénoménal !
Économie parallèle
En 2021, le taux de chômage à Berlin se situait à 10,5 % pour une moyenne nationale de 6,3 %. Berlin est une ville alternative, pop, underground... mais encore relativement pauvre, même si ce retard s’estompe de plus en plus. On compte encore 40 % des Berlinois qui vivent grâce aux aides publiques, et plus de 500 000 personnes au-dessous du seuil de pauvreté. Une situation difficile, qui a généré une nouvelle forme de mode de vie, à la fois économe et branchée. Face au constat selon lequel les riches Berlinois sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres, ces derniers ont développé des astuces pour consommer à moindre coût, comme, par exemple, faire les fins de marché ou s’habiller dans des friperies.
La création d’un salaire minimum en Allemagne, mesure phare du programme électoral du SPD, mais surtout condition nécessaire à tout accord de coalition, a finalement été obtenue. C’est un pas en avant pour la capitale allemande où les mini-jobs payés à 1 € de l’heure et autres emplois précaires dont la rémunération est inférieure à 400 €/mois étaient monnaie courante.
En marge, donc, de l’économie officielle s’est développée à Berlin une forme d’économie qui est loin d’être marginale, comme on pourrait l’imaginer. On le constate vite, ce sont les créatifs qui donnent le ton. S’offrir une nouvelle vie, dans une nouvelle ville : le rêve peut encore devenir réalité. Les loyers étant encore relativement modérés dans certains quartiers, la ville agit comme un pôle magnétique et attire tous les acteurs d’une nouvelle contre-culture.
S’il fallait cerner une tendance de fond qui s’est développée chez les jeunes et les artistes, ce serait assurément celle de la décroissance. Cette évolution sociologique a pris ses racines dans la capitale allemande. On peut la définir par un retour à une économie de moyens, en contestation d’une société dominée par le mercantilisme. L’idée consiste à vivre avec un minimum d’objets, en posséder le moins possible et faire de sa vie une création perpétuelle. Les adeptes les plus radicaux de la décroissance, les objecteurs de croissance, se déplacent à vélo, ne possèdent pas de frigo, achètent leurs produits et les cuisinent au jour le jour. Ils recyclent, fréquentent les friperies, procèdent par troc. Il faut assister à une Kleidertausch-Party (une soirée où l’on se contente d’échanger ses vêtements, précisons-le) pour mieux comprendre. Les nouveaux Berlinois ont créé une famille, un cercle d’amis et partagent le maximum de services collectifs. Jeans, parka, low-boots seventies ou vieilles baskets de l’armée allemande, les Berlinois s’habillent de façon cool et stylée à la fois. Internet a largement contribué à favoriser ce modèle de vie en facilitant l’accès gratuit (parfois de façon illégale) aux contenus culturels. L’idée dominante est de passer du champ de la consommation à celui de la création.
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