Géographie et paysages Bhoutan

Grand comme la Suisse, le Bhoutan est entièrement niché au cœur de l’Himalaya oriental, entre le Tibet occupé par les Chinois (au nord) et l’Inde (au sud). Le Népal n’est qu’à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest et le Bangladesh juste au sud.

Principal élément géographique, la chaîne de l’Himalaya court au nord du pays, culminant à 7 570 m au Gangkhar Puensum. À ses pieds (4 000-5 500 m) se déroulent des prairies d’altitude où croit le superbe pavot bleu de l’Himalaya et, dans leur partie basse, de nombreux rhododendrons – en fleurs en mars-avril. Il en existe 46 espèces dans le pays, que l’on peut toutes observer au Botanical Park situé entre le col de Dochula et Punakha. Plus bas, les rhododendrons atteignent jusqu’à 8-10 m ! Les conifères, présents dès 2 000 m environ, se hissent jusqu’à 3 000-3 200 m : pins et pruches de l’Himalaya, auxquels se mêlent genévriers et chênes. Plus bas, les cyprès (l’arbre national du Bhoutan) sont nombreux. Plus bas encore, les vallées se couvrent de pâturages et de rizières ou champs en terrasses ; on y cultive souvent le riz en été (saison des pluies) et le blé en hiver (saison sèche).

Les trois quarts (74 % exactement) du pays sont recouverts de forêts : un chiffre particulièrement élevé et qui recouvre un souci réel du milieu ambiant et de la biodiversité. La Constitution elle-même fixe une limite minimale de 60 % de couvert forestier (vu comme source de santé spirituelle). Chaque année, le 2 juin, la fête du couronnement se double du Social Forestry Day, au cours duquel chaque citoyen se doit de planter un arbre. En 2017, c’est toute la colline qui domine Thimphu par l’est, dévastée par un incendie, qui a ainsi été replantée.

La protection de l’environnement est ici un souci constant. Non pas en tant que fin en soi, mais parce que la philosophie qui imprègne ces terres, mêlant héritage du chamanisme bön et souci de la vie bouddhiste, s’appuie sur la croyance en une forte interdépendance du vivant. L’usage des pesticides a été notamment interdit : tout ce qui est cultivé au Bhoutan est donc bio ! Mieux encore : plus de la moitié de la superficie du Bhoutan est protégée – parcs nationaux, réserves et corridors écologiques permettant aux animaux de circuler d’un bout à l’autre du territoire.

La faune, si elle est discrète, est indéniablement riche. Espèce emblématique de l’Himalaya, le très discret léopard des neiges est présent à raison d’une centaine d’individus ; pour favoriser sa protection, le gouvernement a mis en place un système de compensation pour les éleveurs de yaks dont le bétail est attaqué. Le tigre vit aussi au Bhoutan (le WWF estime sa population locale à environ 1 700) ; il y a quelques années, un piège photographique a même permis de prouver la présence de l’un de ces grands félins à plus de 4 000 m !

À cette altitude vit surtout une drôle de bestiole : le takin, un gros caprin (jusqu’à 200 kilos) aux faux airs de vache, animal emblème de la nation. On vient aussi au Bhoutan observer la rare et superbe grue à cou noir, qui migre chaque automne dans certaines vallées du centre et de l’est du pays (notamment à Phobjikha et Bumdeling). Avec de la chance, on croisera aussi le mignon petit panda.

Si le Bhoutan s’inscrit en majorité dans le cadre himalayen, il s’ouvre au sud sur des terres basses, protégées en partie par le parc national royal de Manas – prolongé côté indien de la frontière par une réserve classée au patrimoine mondial. Là prédominent les forêts subtropicales et tropicales, domaine de prédilection du tigre, de l’éléphant d’Asie, du rhinocéros indien (à une corne), de la panthère nébuleuse et du léopard. On y trouve aussi le rare gavial (crocodile indien à museau étroit).