Bhoutan Dzong de Punakha
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Traditions et coutumes Bhoutan

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Astrologie et chiffres sacrés

L’astrologie occupe encore au Bhoutan une place centrale. L’astrologue, attaché à un monastère, détermine les périodes favorables et celles qui ne le sont pas. Le journal Kuensel (en anglais) publie ainsi chaque jour dans sa rubrique Zakar la liste des activités à réaliser ou à éviter en fonction de la position des astres… Est-ce un bon jour pour consacrer un édifice ? Commencer un nouveau boulot ? Déménager ou emménager ? Changer son toit ? Lancer un business, se fiancer, se marier ou partir en voyage ?

La plupart des moines astrologues bhoutanais sont formés au monastère de Pangri Zampa, proche de Thimphu. C’est d’ailleurs son astrologue en chef qui a déterminé le moment exact du couronnement de l’actuel roi, à la minute près.

L’astrologue est aussi celui qui détermine le nom des nouveau-nés en fonction de l’année, du jour et même de l’heure précise de leur venue au monde. Pas de querelles entre les parents pour choisir le prénom, ici ! Et si jamais l’enfant tombe malade, c’est à nouveau l’astrologue qui intervient : il n’hésitera pas, alors, à changer le nom du bambin (un fait assez fréquent jusqu’à 10 ans) pour « ajuster son karma ».

Superstitieux les Bhoutanais ? Indéniablement. Ici, on croit fermement aux chiffres sacrés bouddhistes : le 3, le 13 et le 108, considérés comme bienfaisants. Ainsi, les drapeaux blancs dressés après la mort d’un parent et les perles des chapelets se comptent-ils toujours par 108 – tout comme les chortens qui foisonnent au col de Dochula. Et pour mieux faire encore, 108 000 arbres ont été plantés en 2016 pour célébrer la naissance du jeune prince !

Bétel et noix de Bétel

Largement répandue en Asie et dans le Pacifique, la noix de bétel (doma) est également mâchée au Bhoutan. En fait il s’agit d’une noix d’arec (une sorte de petit palmier), enveloppée dans une feuille de bétel (une sorte de poivrier) et saupoudrée de chaux, dont la mastication produit salive (rouge) en abondance et légère impression euphorisante.

À haute dose, une accoutumance s’installe et il se pourrait même que le bétel soit responsable de cancers. C’est seulement depuis les années 1960 que la pratique, venue d’Assam et du Bengale, s’est installée au Bhoutan, mais elle s’y est largement imposée, devenant une sorte de symbole de partage. La noix s’achète fraîche (kanza) ou sèche (muza) – la seconde étant moins forte.

Costume national

Le Bhoutan est parmi les rares pays au monde où le port du costume national revêt encore une certaine importance – et même une importance certaine. D’ailleurs, tous les fonctionnaires, les guides et les chauffeurs touristiques sont tenus de le porter durant leurs heures de travail (de même que le présentateur du journal de la BBS et les élèves des écoles, privées comme publiques).

Les hommes revêtent le gho, un vêtement entre kimono et kilt, maintenu à la taille par une ceinture nommée kera. Il découvre les jambes au-dessous du genou, favorisant (comme en Écosse !) le port de hautes chaussettes, histoire de combattre les frimas hivernaux. Les femmes, elles, portent la kira, une jupe longue tombant jusqu’aux chevilles, généralement en soie (ou en laine de mouton/yak). Les motifs, chamarrés, sont plus colorés à l’Est du pays et un peu plus ternes à l’ouest.

Les deux sexes revêtent une écharpe lorsqu’ils se rendent dans un monastère ; chez l’homme, la couleur indique le statut social : blanc pour un simple mortel, vert pour un juge, orange pour un ministre, jaune pour le roi.

Traditionnellement, les pièces de soie bhoutanaises étaient tissées à partir de vieux cocons de papillons éclos : il n’était pas question de les tuer en les ébouillantant. On parle à cet égard de soie sauvage (bura). Aujourd’hui, la soie est principalement importée d’Inde et tissée sur des métiers verticaux assez rudimentaires ; certaines pièces peuvent exiger jusqu’à 6 mois de travail. Outre la bura, les tisserandes bhoutanaises utilisaient aussi jadis beaucoup… l’ortie !

Drapeaux

Indissociables des régions himalayennes, les drapeaux de prière se multiplient par centaines au passage des cols, des ponts, aux abords des monastères et dans les jardins. Leur rôle ? Disséminer aux vents du jour les mantras imprimés sur leur tissu.

On remarque en particulier des ribambelles de drapeaux aux 5 couleurs généralement classées dans le même ordre : bleu-blanc-rouge-vert-jaune. Bannières porte-bonheur, ils en appellent aux éléments : eau-air-feu-végétation-terre.

D’autres accumulations regroupent des drapeaux blancs : toujours au nombre de 108, ceux-ci ont été dressés le 7e jour après la mort d’un parent. Placés en vue d’un cours d’eau, ils resteront là jusqu’à ce que les éléments les réduisent à néant, diffusant dans l’intervalle leurs mantras favorisant la réincarnation.

Festivals

Composante essentielle de l’identité bhoutanaise, les grands festivals, pour la plupart religieux, mettent en scène danses et musique traditionnelles dans une débauche de couleurs, de costumes, de masques et de cymbales. À ne pas rater !

Voici une liste des principaux d’entre eux. Attention, les dates varient pour la plupart en fonction du calendrier lunaire.

- Punakha Drubchen (février-début mars ; en 2018 : 19-24/02) : reconstitution d’une bataille victorieuse contre les Tibétains au XVIIe siècle.
- Punakha Tshechu (février-début mars ; en 2018 : 25-27/02) : festival religieux en l’honneur de Gourou Rinpoché, qui introduisit le bouddhisme au Bhoutan au VIIIe siècle. L’occasion de voir dérouler un thangdrol (immense tanka) à son image.
- Paro Tshechu (mars-avril ; en 2018 : 27-31/03) : c’est le plus important festival religieux de Paro, au cours duquel est exhibé (le dernier des 5 jours des festivités) un thangdrol de 100 m x 50 m !  Remarquez : les moines le tiennent par dessus, le peuple le soutient par dessous. Tout est codifié au Bhoutan.
- Festival des Rhododendrons à Thimphu (mi-avril ; en 2018 : 15-17/04).
- Ura Matsutake Mushroom Festival (août ; en 2017 et 2018 : 23-24/08) : célébration du champignon matsutake, si apprécié au Japon, avec cueillette, danses et chants.
- Thimphu Drupchen (septembre ; en 2017 : 25-29/09 ; en 2018 : autour du 15/09) : c’est le plus important festival religieux du pays. L’occasion de faire table rase de vos mauvaises vibrations et d’entamer une nouvelle vie plus chanceuse !
- Thimphu Tshechu (septembre-début octobre ; en 2017 : 30/09-02/10 ; en 2018 : 19-21/09) : l’anniversaire du Gourou Rinpoché est célébré par danses et rituels. L’occasion de voir déplier un autre très grand thangdrol.
- Wangduephodrang Tshechu (septembre-début octobre ; en 2017 : 29/09-2/10 ; en 2018 : 17-19/09), à Wangdue : moins fréquenté, ce festival religieux est réputé pour sa danse du Bœuf.
- Jambay Lhakhang Drup à Bumthang (octobre-début novembre ; en 2017 : 3-7/11 ; en 2018 : 24-27/10) : parmi les événements les plus surprenantes, la Naked Dance (tercham) met en scène des moines nus dansant autour d’un feu de joie, autour de minuit, visage dissimulé… La légende affirme que le premier tercham aurait eu lieu pour détourner l’attention d’esprits malins qui empêchaient la construction d’un sanctuaire. Bientôt, les voilà qui s’élancent au-dessus du feu, suivis par certains spectateurs (habillés, eux !). Photos interdites, logique !
- Festival des grues à cou noir (autour du 11-12 novembre) : au monastère de Gangteng, dans la vallée de Phobjikha. On fête le retour des oiseaux.
- Mongar Tsechu (novembre ; en 2017 : 26-28/11 ; en 2018 : 14-18/11) : un festival religieux à l’abri des foules de touristes, dans l’est du pays.
- Trongsa Tshechu (décembre ; en 2017 : 26-28/12 ; en 2018 : 15-18/12) : encore un festival religieux en l’honneur de Gourou Rinpoché. Au programme, là aussi, danses des moines masqués, exhibition d’un grand thangdrol, etc.

Phallus

Un phallus dans les « traditions» ? Si, si. Tout remonte, dit-on, à l’ancienne religion bön, qui aurait déjà vénéré le sexe masculin comme symbole de fertilité.

À la toute fin du XVe siècle, un drôle de personnage entre en scène : le Divine Madman (« sage fou »), de son vrai nom Drukpa Kunley. Ce moine tibétain est connu pour ses manières très particulières d’ouvrir la voie vers l’illumination, notamment auprès de la gent féminine – ce qui lui a valu le surnom de « saint aux 5 000 femmes »… Non seulement le Divine Madman enchaîne les rapports sexuels bien arrosés, mais encore urine-t-il sur les tanka et rejette-t-il l’ordre ecclésiastique… Une sorte de révolutionnaire de la chair, donc, qui s’est étonnamment ancré dans le paysage bhoutanais.

À une dizaine de kilomètres de Punakha, les femmes viennent désormais de toute l’Asie consulter le moine (plus sage !) du temple de Chimi Lhakhang dans l’espoir d’une maternité. Et, dans le village même, des phallus XXL prolifèrent sur les façades des maisons, souvent représentés avec des ailes… Non seulement ces sexes turgescents appellent-ils à la fécondité, mais encore protègent-ils, croit-on, des esprits malins. Dans les magasins de souvenirs, les phallus en bois s’alignent bien sagement.

Yéti

À l’est, on parle de yéti, à l’ouest de migoi. Présent de longue date dans les légendes et les histoires sombres racontées à la veillée aux enfants, le yéti fait indéniablement partie du folklore local. S’il est parfois vu, dans certaines régions asiatiques, comme un être bénéfique, il n’en est rien ici : le yéti bhoutanais serait colossal (la taille d’un yak et demi), sentirait mauvais et serait plutôt hargneux. Pire : il porterait malheur et nombreux seraient ceux tombés malades après l’avoir rencontré.

Où vit-il ? Un peu partout et plus encore dans les zones reculées du nord et de l’est – notamment dans le Sakteng Wildlife Sanctuary et sa Megoe « Bigfoot » Valley, classée parc national pour sa protection par le gouvernement bhoutanais… ! Là, au plus fort des tempêtes hivernales, les éleveurs de yaks disent le voir encore parfois, lorsqu’il descend des hauteurs himalayennes en quête d’un refuge et de nourriture. Pour ajouter au frisson, certains affirment qu’il enlève parfois des humains.

Jours fériés

- 2 janvier : Solstice d’hiver (Nyilo), à l’ouest du pays.
- 2e quinzaine de janvier : Jour des offrandes (Est du pays) ; 17/01/2018.
- Février : Losar (Nouvel An) ; 16-17/02/18 ; 5-6/02/19.
- 5 février : Anniversaire du Gyalsey (prince).
- 21-23 février : Anniversaire du roi.
- Avril-mai (10e jour du 4e mois lunaire).
- Anniversaire de la mort de Shabdrung Ngawang Namgyal, le fondateur historique du Bhoutan : 25/04/2018.
- 2 juin : Anniversaire du couronnement du 4e Roi (Social Forestry Day).
- Mai-juin (15e jour du 4e mois lunaire).
- Parinirvana du Bouddha : 29/05/2018.
- Juin-juillet : Anniversaire de la naissance de Gourou Rinpoché : 23/06/2018.
- Juillet : Premier sermon du Bouddha : 27/07/2017 ; 16/07/2018.
- 5 août : Anniversaire de la mort du 3e Roi.
- 23 septembre : Blessed Rainy Day : bénédiction des sources et rivières, qui marque la fin de la mousson et le début des récoltes.
- Fin septembre-octobre : Dashain : festival hindou népalais célébré au Sud du pays.
- Fin octobre-novembre : Commémoration du retour sur Terre du Bouddha : 10/11/2017 ; 31/10/2018.
- 1er novembre : Couronnement du Roi.
- 11 novembre : Anniversaire de la naissance du 4e Roi (Constitution Day).
- 17 décembre : Fête nationale.

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