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Bogomiles

Origines

Leur nom signifie « amis de Dieu ». Membres d’une secte fondée au Xe siècle par le pope du même nom, les Bogomiles connurent un premier épanouissement en Thrace et en Bulgarie jusqu’au XIIe siècle. Parfois tolérés par l’empereur byzantin, plus souvent pourchassés et envoyés au bûcher, ils affirmaient une doctrine résolument manichéenne : le monde était, selon eux, divisé entre Bien et Mal, Dieu et Diable, esprit et corps. C’est ainsi que tous les « parfaits », leurs guides spirituels, indifféremment hommes ou femmes, étaient célibataires, abstinents et ascètes - refusant entre autres de consommer viande, lait, œufs et vin.

Doctrine

Puisant son unique inspiration dans un Dieu immatériel, d’une transcendance absolue, la doctrine bogomile rejetait toute manifestation terrestre de cette divinité - et, donc, tout ordre religieux ou civil établi. Empereurs, rois, clergé, trop empreints de matérialisme, étaient ainsi tous rangés au rayon des œuvres diaboliques... L’Église même et jusqu’au signe de la croix ne trouvaient pas grâce à leurs yeux. Ce rejet de l’ordre établi fit le succès populaire des Bogomiles, mais explique aussi l’ampleur des répressions dont ils furent victimes.

Implantation

Fortement implantés en Bosnie à partir du XIIe siècle, les Bogomiles y connurent un second âge d’or jusqu’à l’invasion du pays par les Ottomans. Certains historiens affirment d’ailleurs que c’est en Bosnie, et non en Bulgarie, que la secte aurait émergé. On y trouve en tout cas de nombreux témoignages de leur présence, principalement des nécropoles aux tombes gravées de bas-reliefs. Plus tard, la doctrine bogomile se répandit vers l’ouest, imprégnant la pensée des Patarins en Italie et des Cathares dans le Languedoc. L’influence fut si forte que le mot « bulgare » a donné naissance au « bougre » français…

Emir Kusturica

Né à Sarajevo en 1954, le plus renommé des cinéastes bosniens s’est rendu célèbre par ses fresques à l’ironie grinçante, saupoudrées de touches de réalisme magique à travers lesquelles pointe la fertilité d’un imaginaire enfantin confronté à la cruauté de la réalité.

Dès 1978, son film de fin d’études, Guernica, explorant l’antisémitisme vu par un petit garçon, est couronné lors du Festival international du film de Karlovy Vary, le Cannes tchèque. En 1981, son premier long métrage, Te souviens-tu de Dolly Bell ?, remporte le Lion d’Or de la Première Œuvre à Venise. Sous ce titre aguicheur pointe une satire percutante de la Yougoslavie titiste, peu connue en France.
Succès transformé en 1985 avec son deuxième film, Papa est en voyage d’affaires, qui rafle la Palme d’Or à Cannes à la surprise générale. En guise de voyages d’affaires, c’est en camp de travail que papa est parti - ce que s’applique à dissimuler toute une famille au jeune héros.
Les Roms, sujet de prédilection, font leur apparition dans cette filmographie en 1989 dans Le Temps des Gitans, financé par Hollywood (prix de la mise en scène à Cannes).
La guerre de 1992-95 ramène Kusturica dans une Yougoslavie en pleine explosion, où il tourne Underground, seconde Palme d’Or à Cannes (sacrée collection de trophées !).

Underground marque cependant une cassure dans la carrière de Kusturica : la polémique qui entoure ses positions politiques le voit désormais taxer d’être pro-serbe et boudé par une partie de ses concitoyens bosniens. Et c’est vrai que le cinéaste, aux racines en partie serbes, en partie musulmanes, se consacre de plus en plus à défendre et revendiquer son héritage serbe.

Les films s’enchaînent jusqu’à La Vie est un miracle (2004), dans lequel on retrouve la thématique de la guerre. Son tournage dans les montagnes de Serbie, près de la frontière bosnienne, demande la construction d’un village entier ! « J'ai perdu ma ville durant la guerre. C'est pourquoi j'ai souhaité bâtir mon village. Il porte un nom allemand : Küstendorf. J'y organiserai des séminaires pour les gens qui veulent apprendre à faire du cinéma, des concerts, de la céramique, de la peinture. Je rêve que cet endroit soit ouvert à la diversité culturelle et s'érige contre la mondialisation. »
On croise désormais souvent Kusturica dans ce lieu à mi-chemin du parc ethnologique et de l’hôtel (au charmant mobilier peint), où les rues portent le nom de grands réalisateurs, de Bruce Lee, du Che et de Maradona…

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