Voyage Serbie

Voie de passage naturelle entre Occident et Orient, entre Europe centrale et monde méditerranéen, la Serbie, aux frontières historiquement mouvantes, a subi les invasions de toutes parts, les colonisations les plus ardentes, frôlant l’anéantissement. Le combat multiséculaire contre les Turcs a défini un peuple entier, réfractaire aux modèles venus d’ailleurs. La foi orthodoxe et le nationalisme ont été le refuge du peuple serbe.
L’histoire récente de la Serbie a démontré comment, au confluent des mondes, là où cohabitent trois grandes religions (orthodoxie, Islam, catholicisme), les cicatrices du passé peuvent ressurgir.
La Serbie d’aujourd’hui est l’héritière de cette histoire. Depuis l’indépendance du Monténégro en 2006, le pays est divisé en Serbie « intérieure », Voïvodine (à forte minorité hongroise) au nord, et Kosovo au sud, peuplé à environ 82 % d’Albanais, mais où des zones entières restent peuplées de Serbes. Le Kosovo a déclaré unilatéralement son indépendance en 2008, statut reconnu par seulement 98 membres de l'Onu, contre 95. Dans cette cocotte-minute, les Serbes forment environ les deux tiers de la population, mosaïque où cohabitent les nationalités des 6 autres anciennes républiques yougoslaves, et une vingtaine d'ethnies, dont d'importantes minorités albanaises, hongroises et valaques.
Le passé turbulent a offert au pays une profusion de monuments : châteaux haut perchés et monastères fortifiés, enfouis entre les plis de vallées verdoyantes. Ces joyaux, parmi les plus beaux du monde orthodoxe, expriment toute la grandeur de la Serbie médiévale (XIIe-XVe siècles). Les fresques de certains, déroulant la vie des saints et des hommes, leur ont valu d’être classés au patrimoine mondial par l’Unesco. 

La relative virginité touristique du pays vaut de découvrir ces lieux dans une quiétude rare sous les cieux européens. La remarque vaut aussi pour les espaces naturels, dans les alpages et les forêts profondes, au fil des amples courbes du Danube ou sur ses berges encaissées entre de hautes falaises, jusqu'aux Portes de Fer, où le fleuve perce l’extrémité des Carpates.
Plus de trois décennies après la « guerre de Yougoslavie » qui a vu se déchirer les Balkans, la Serbie achève de chasser ses vieux démons. La jeunesse va de l’avant, pleine de vie, européenne au sens large, veut tirer un trait sur les erreurs des générations précédentes, sortir et s’éclater, comme jadis, au temps où la Yougoslavie était une sorte d'appartement-témoin du monde socialiste. La vie nocturne de Belgrade, capitale historique à redécouvrir, à elle seule justifie le voyage.