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Ne prévoyez pas trop court : les déplacements en Bosnie prennent du temps et les centres d’intérêt sont assez éparpillés, au détour de petites routes tortueuses. Pour un bon tour d’horizon, une semaine n’est pas de trop. Mais pour vraiment vous emparer de l’âme du pays, vous arrêterez de compter.

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Sarajevo et sa région

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Sarajevo

C’est par Sarajevo que la plupart des visiteurs commencent leur visite de la Bosnie. L’image grise de la ville déchirée par les bombardements doit être évacuée. Durant la dernière décennie, Sarajevo a fait peau neuve. Ses habitants ont gommé le tragique récent, en le réinventant, en le réintégrant au quotidien. Restent quelques murs criblés de tirs, comme ceux de l’interminable chantier de la Bibliothèque Nationale. Et des vendeurs d’horloges ou de stylos taillés dans des douilles d’obus ou de fusil-mitrailleur...

Les contrastes sont détonants. Entre les dernières ruines et les gratte-ciel étincelants. Entre les toits de tuiles rouges du centre historique et la couronne de tristes immeubles titistes. Entre ces foulards qui couvrent les visages de certaines femmes et les minijupes des autres. Entre les minarets et les clochers, à portée de voix de muezzin les uns des autres. Malgré quatre années de guerre et le départ de presque toute la population serbe (Sarajevo est aujourd’hui à 90 % bosniaque), la ville reste le symbole de ce que la Bosnie a longtemps été et réessaye d’être : une terre multiculturelle.

Vous l’aurez compris : Sarajevo se vit plus qu’elle ne se visite. Ce qui ne signifie pas qu’il n’y a rien à voir... Au cœur de toutes choses, le vieux quartier turc de Bascarsija, remontant aux XVe–XVIe siècles, regroupe les plus grandes mosquées disséminées aux abords de l’emblématique place aux Pigeons (Sebij), sa fontaine et ses maisons bosniaques en bois. À deux pas, la tour de l’Horloge ; le caravansérail de Morica Han, qui accueillait jadis jusqu’à 300 personnes et 70 chevaux, avec son café abrité sous un auguste tilleul ; l’église orthodoxe des archanges Gabriel et Michel (XVIIe), la superbe synagogue ashkénaze en pierre brute, les vieux ponts... C’est un peu Istanbul en modèle slave. Dans la couronne suivante s’étend le Centar redessiné par les Autrichiens au XIXe siècle après leur conquête de la Bosnie, où se regroupent les grands bâtiments officiels. Côté musées, ce n’est pas la panacée : même le Musée national fait grise mine, en dehors de sa belle section ethnologique où ont été recréés des intérieurs du XIXe siècle dans le style ottoman.

Alentours de Sarajevo

Aux portes de Sarajevo, la verdoyante bourgade d’Ilidza est née romaine autour de sources thérapeutiques. À l’époque ottomane comme sous l’empire austro-hongrois, la bonne société de Sarajevo s’y fit bâtir de luxueuses résidences, certaines aujourd’hui transformées en hôtels. On s’y promène encore en calèche sur la Grande Allée, étirée sur 3,5 kilomètres du centre jusqu’aux sources de la Bosna, entourées d’un vaste parc.

Le week-end, les habitants de Sarajevo qui le peuvent fuient la ville pour se disperser dans les montagnes alentours. L’hiver, on skie sur les monts Bjelaßnica et Jahorina ; l’été, on y randonne (superbe canyon de Rakitnica). Le vieux village de Lukomir, coupé du monde en hiver, est resté très traditionnel. Mentionnons encore, sur la liste des curiosités naturelles dans la région, les chutes de Skakavac, hautes de 100 mètres, et les grottes de Bijambare, partie d’un immense ensemble karstique.

Un peu plus loin, vers l’ouest, les villages de Kresevo et Vranici, perchés dans la montagne, méritent un détour pour leurs belles maisons traditionnelles en pisé et bardeaux. Facile d’accès depuis la route de Zenica, le bourg de Kraljeva Sutjeska conserve à la fois un monastère franciscain, l’une des plus anciennes mosquées de Bosnie et la maison Dusper, vieille de trois siècles. De là, une route étroite s’enfonce dans la montagne jusqu’aux ruines de la forteresse de Bobovac, dernier bastion des rois de Bosnie à tomber aux mains des Ottomans (1463). Un lieu de pique-nique idéal, au niveau de l’ancienne porte disparue, dominant l’église relevée et la marée de montagnes boisées.

À signaler encore au titre des curiosités (en chemin depuis Sarajevo), les fameuses « pyramides » de Visoko - en fait des collines qui semblent avoir été redessinées en forme de pyramides.

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Vers l’Herzégovine

Au sud, le canyon de la Neretva (à découvrir en train !) mène jusqu’à Mostar, dont le célèbre pont a été reconstruit en 2004. Il manque un peu de patine, certes, mais les eaux vert émeraude de la rivière ne manquent pas d’étonner et la vieille ville ottomane, sur la rive droite, ne manque pas de charme avec ses ruelles grossièrement pavées et ses toits de lauzes. Le tableau est très oriental avec un hammam et plusieurs mosquées du XVIe siècle - dont celle de Koski Mehmet Pacha, dressée juste au-dessus de la Neretva, avec une jolie fontaine aux ablutions. Vue grandiose du sommet de son minaret. Deux vieilles maisons ottomanes sont ouvertes à la visite, dont l’attachante Kajtaz House. Quand vous serez fatigué de grimper dans les ruelles étagées, vous rebrousserez chemin jusqu’aux petits cafés installés juste au-dessus de la rivière, près du pont, pour un bon café à la turque.

La région est semée de nombreux lacs, dont les plus beaux sont ceux de Boracko (au-dessus de Konjic) et Ramsko, plus loin vers le nord-ouest (direction Jajce). Sur ce dernier flotte un îlot avec un monastère franciscain.

Au sud de Mostar, à Blagaj, dominé par les ruines d’un château fort, une tekija, une maison de derviches, a été bâtie contre la résurgence de la Buna. La rivière surgit de sous une paroi verticale haute de 200 mètres.

Un peu plus loin, dans une campagne assez sèche où prospère la vigne, le village de Medugorje est fréquenté par des hordes de pèlerins catholiques depuis que des enfants, en 1981, y virent apparaître la Vierge (elle leur apparaît toujours !). Le pape ne s’est toujours pas résolu à reconnaître l’apparition, mais rien n’y fait... But du voyage : rejoindre la grande croix dressée sur la colline, que certains grimpent carrément à genoux malgré l’omniprésence des cailloux...

Dans la région, le vieux village de Pocitelj a été placé sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’Unesco. Il mérite incontestablement une halte pour ses deux forteresses médiévales dressées en contrepoint, sa grande mosquée et ses vieilles maisons en pierre et bois entièrement restaurées, étagées au fil de la pente. Du haut, la vue est splendide.

Capljina est la porte d’accès aux ruines du camp militaire romain de Mogorjelo et aux belles chutes de Kravica, qui se déversent en arc de cercle, à la façon des chutes du Niagara - en moins hautes, mais en plus naturel, avec la forêt autour. La descente de la rivière Trebizat est populaire en été. Les ornithologues s’offriront en hiver une balade dans les marais de Hutovo Blato, où se regroupent les oiseaux migrateurs. Les fanas d’histoire feront, eux, un détour par la nécropole bogomile de Radimjla, un peu avant Stolac ; c’est l’une des plus importantes de Bosnie. À proximité : le site illyrien d’Osanici.

À signaler encore dans la région : la station balnéaire de Neum, seule ouverture de la Bosnie sur l’Adriatique (on la traverse sans presque s’en rendre compte en descendant vers Dubrovnik...) et, un peu dans l’intérieur des terres, la vieille ville de Trebinje, aux adorables ruelles pavées, encore ceinte de murailles. De vieux moulins s’y dressent encore sur les bords de la rivière Trebisnjica.

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L’est de la Bosnie-Herzégovine

La région, limitrophe du Monténégro et de la Serbie, est peuplée majoritairement de Serbes. Montagneuse et sauvage, tapissée de forêts profondes et de pâturages, elle abrite un des principaux parcs nationaux du pays : Sutjeska, prolongement du Durmitor monténégrin. Cet écrin de nature sauvage préserve la forêt primaire de Perucica, vieille de 1000 ans, et les plus hauts sommets du pays. Au programme : randonnée, observation de la faune (aigles, ours, chamois, loups, etc.), exploration des gorges, alpinisme, baignade...

Plus au nord, Visegrad, jadis située sur la route de Constantinople, est connue pour son élégant pont ottoman du XVIe siècle - héros d’un roman du prix Nobel (1961) Ivo Andric, Le pont sur la Drina. Il a été classé au patrimoine mondial par l’Unesco en 2007. Autres témoins du passé : les ruines de la forteresse de Dobrun, à treize kilomètres vers l’est et un monastère orthodoxe voisin qui conserve des fresques du XIVe siècle.

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Le centre et le nord de la Bosnie-Herzégovine

Travnik, jadis surnommée « l’Istanbul européenne », fut la capitale de la Bosnie ottomane de 1699 à 1849. Ville enrichie par le commerce, chantée par les poètes, elle conserve une ambiance assez orientale - à l’ombre d’une forteresse perchée sur un promontoire. On y découvre l’étonnante mosquée Sulejmanija, dont les murs extérieurs sont peints de motifs de vigne (intérieur remarquable), des mausolées et tombes de vizirs coiffées de turbans de pierre, deux tours d’horloge, un musée explorant le passé local et un autre installé dans la maison natale de l’écrivain Ivo Andric. Balade achevée, on s’installe à la terrasse d’un des cafés ottomans de Plava Voda. Une halte incontournable.

Un peu plus à l’ouest, près de Donji Vakuf, Prusac attire chaque mois de juin des dizaines de milliers de pèlerins musulmans.

Entre lacs et mamelons boisés, à 35 kilomètres au nord-ouest, Jajce s’amarre au débouché des gorges de la Vrbas, qui s’y précipite en une chute haute de 28 mètres, là même où elle mêle ses eaux à celles de la Pliva. Jajce fut l’un des derniers bastions des rois de Bosnie, tombé en 1527 seulement. Restent une impressionnante forteresse, autour de laquelle dégouline la vieille ville, des remparts ceignant le clocher Saint-Luc, la mosquée des Femmes et des catacombes. Ne manquez pas, à quelques kilomètres de là, les charmants vieux moulins à eau ottomans.

Lieu de naissance du royaume bosniaque, le centre du pays conserve plusieurs vestiges de châteaux forts. Ainsi à Tesanj (avec aussi une mosquée du XVe siècle), à Maglaj (là, la mosquée, superbe, est du XVIe siècle), à Srebrenik juste au nord de Tuzla, entouré de villages paisibles et de vergers, à Doboj. À ne pas manquer non plus : le monastère orthodoxe de Liplje (XIVe), superbe, situé entre Teßanj et Banja Luka.

Et les villes de la région ? Zenica est industrielle et, comme elle, Tuzla fait peur à voir - mais il ne faut pas s’arrêter à cette première impression. Passé les usines, passé les avenues titistes, il y a à Tuzla un vieux centre charmant à parcourir avec l’élégante place du Génocide de Srebrenica, trois belles mosquées du XVIe siècle aux fins minarets et un (relativement) intéressant musée d’histoire et d’ethnographie.

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L’ouest de la Bosnie-Herzégovine (Krajina)

La Krajina (« terre de la fin ») tient son nom de son ancien statut de zone frontière à l’époque ottomane. Ce pays de transition, partagé entre Croatie et Bosnie, doit beaucoup de son charme bucolique à ses espaces naturels préservés.

Capitale de la Republika Srpska et seconde ville du pays, Banja Luka fut jadis une grande cité ottomane, avec plus de quarante mosquées. Les séismes et les guerres ont gommé jusqu’à ce souvenir et c’est aujourd’hui un bastion serbe, dont l’architecture doit plus aux Austro-Hongrois qu’aux Turcs. LE monument de Banja Luka, c’est le Kastel, la forteresse dont les premières pierres furent posées par les Romains ; ses murailles se dressent sur les rives de la Vrbas, le long d’une jolie promenade. Pour le reste, églises orthodoxes (Saint-Sava surtout), musée National et Banski Dvor, siège de la présidence de la Republika Srpska.

Témoins des batailles anciennes et des positions avancées, quelques châteaux forts veillent encore, comme à Ostrozac (XIIIe  siècle) et Sokolac (XIVe siècle). Le premier, perché sur une butte cernée par la forêt, domine la vallée de l’Una.

À l’extrême ouest du pays, tout près des lacs de Plitvice croates, Bihac est la porte d’accès à la vallée de la rivière Una. Le vieux centre, resserré entre la rivière et un canal de dérivation, mérite une halte pour ses remparts et ses vieux sanctuaires (église catholique, tour Kapetan, mosquée Fethija aménagée au XVIe siècle dans une ancienne église).

Cap ensuite sur l’Una, un cours d’eau magnifique, que l’on découvre idéalement en rafting ou en kayak. Les départs ont lieu à Martin Brod, un charmant village majoritairement serbe, atteint par une petite route en terre. Au bout, des ruines de châteaux, le monastère orthodoxe de Rmanj (belle petite église Saint-Nicolas restaurée) et, sur les hauteurs, les chutes du « petit Plitvice ». La rivière, divisée en innombrables bras, s’insinue entre les noyers et les maisons avant de se précipiter sur une dizaine de mètres en un grand palier. Plus décoiffant encore : les chutes de Strbacki Buk, en aval. Rappelant le saut du Doubs, elles dévalent en espaliers, avec une grande marche suivie de trois plus petites, auxquelles s’attaquent les amateurs de rafting. On y accède par une piste (sur huit kilomètres) depuis le village de Drasac.

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Stari Most, le Vieux Pont de Mostar
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Croix bogomile
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