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Musiques

Autrefois seulement bercée par la musique des vagues, le folklore pour touristes, les bals populaires, la variété française ou internationale, La Réunion connaît depuis les années 2000 une explosion musicale à l’image de sa diversité culturelle, qui rejaillit parfois jusqu'en métropole et même au-delà.

Des artistes et grouoes comme Alain Peters, Luc Donat, Ziskakan, Baster, Danyèl Waro, Firmin Viry, Ousanousava et d'autres, furent les pionniers de la musique réunionnaise dans les années 1970-1980. Ils ont travaillé dur pour enrichir et moderniser la palette musicale réunionnaise et ont ouvert les portes à une deuxième génération dans les années 1990 : Patrick Persée, Sabouk, Ti Sours, Afatia, Apolonia, Pat'Jaune, Zarboutan, College Brothers, Na Essayé qui a été le chef de file d'un courant alors très populaire, le malogué (maloya-reggae)...

Dans cette même période, le succès de Granmoun Lélé, dont la famille a repris le flambeau, et de Danyèl Waro a propulsé le maloya traditionnel, hérité de l'esclavage, sur les scènes internationales. Depuis le début des années 2000, la création s'est encore enrichie avec le succès d'artistes puisant dans leurs racines et dans la modernité. Ces groupes locaux connaissent maintenant un succès hors des frontières de l'île, comme le prouvent les tournées internationales de certains d’entre eux, de plus en plus nombreux.

Autrefois, les autorités considéraient les musiciens locaux avec un certain mépris. Le maloya, alors associé au message autonomiste du Parti communiste réunionnais de l’époque, fut interdit dans certains lieux publics et sur l'antenne de la radio d'État jusqu'en... 1981 !). Les Réunionnais boudaient les spectacles payants d'artistes locaux. Aujourd'hui, la musique fait partie des préoccupations des institutions qui aident la professionnalisation du secteur.

Il en va ainsi des kabars, ces fêtes musicales populaires, gratuites et en plein air, mettant notamment à l’honneur les rythmes traditionnels et la langue créole. La concentration de tels événements est particulièrement dense autour du 21 juin (fête de la Musique), début octobre (anniversaire du classement du maloya au Patrimoine mondial de l’Unesco) et autour du 20 décembre (anniversaire de l’abolition de l’esclavage).

On assiste aussi à un renouveau des fanfares créoles, appelées « musiques en cuivre », que l’on peut écouter lors des fêtes locales en animations de rue ou en première partie de concerts. Les nouvelles tendances de la sono mondiale influencent les groupes : rock, reggae, électro, hip-hop, ragga... La « musique soleil » fait l’objet de nombreuses compilations.

Une scène électro tend aussi à se développer avec des DJs ou créateurs sonores de plus en plus performants et éclectiques.

La musique la plus populaire chez les Réunionnais reste le séga, qui anime toutes les soirées dansantes familiales et se décline en formes plus ou moins festives, voire en « Séga love » avec des artistes qui trustent les sommets des hit-parades comme les historiques Manyan, Ousanousava et Frédéric Joron, suivis de la plus jeune génération des Séga’El, Emmanuelle Ivara, Missty, Olivier Brique, David Louisin, Natacha Tortillard...

Outre les nombreux concerts en plein air et dans les bars, une bonne vingtaine de salles de spectacle très bien équipées sur toute l’île proposent de plus en plus de concerts parallèlement à la diffusion d’autres spectacles vivants (théâtre, danse...) dont la création professionnelle se développe aussi.

Le maloya

Muselé par « le bon goût français », seul valable aux oreilles des autorités régnant sur le DOM, le maloya, qui porte en lui l'histoire de l'île, dut se terrer au fond des cases jusqu'à la fin des années 1970. Les spécialistes considèrent que le maloya - dont le nom proviendrait du malgache malahelo (tristesse) - est dérivé de la forme originelle du séga ou « T’shéga » qu’on appelait aussi « la danse des Noirs » aux XVIIIe et XIXe siècle.

Ce genre venu d'Afrique de l'Est, dont on trouve des formes spécifiques à Maurice, à Rodrigues et aux Seychelles, et des liens de parenté à Madagascar et aux Comores, s'est trouvé un style à La Réunion en se mélangeant aux polka, mazurka, quadrille ou valse de l'Europe. Multiforme, dominé par les percussions, l'accordéon ou le violon, il a été synonyme de musique populaire ou folklorique.

Dans le sillage des anciens aujourd’hui disparus, comme Granmoun Lélé ou Lo Rwa Kaf’, ou encore actifs, comme Danyèl Waro, Firmin Viry ou Gramoun Sello une nouvelle génération de groupes de maloya traditionnel enflamme toujours les scènes d’ici et d’ailleurs : Lindigo, Kiltir, Loryzin, Destyn, Kaloubadya, Kozman Ti Dalon, Mélanz Nasyon, Simangavole (seul groupe féminin), Tiloun, Christine Salem, Zanmari Baré…

Patrimoine

Cases créoles

C'est l'un des styles architecturaux particuliers à La Réunion, avec les quelques vestiges coloniaux de la Compagnie des Indes. Les cases créoles de l'île évoquent les maisons antillaises, mais aussi certaines demeures de La Nouvelle-Orléans (Louisiane). Néanmoins, les matériaux diffèrent. À La Réunion, les maisons sont appelées cases, ou « changements d'air » pour les maisons secondaires. Certaines sont recouvertes de bardeaux, sortes d’ardoises de bois. Les cases sont toujours peintes, le plus souvent en blanc, mais on en trouve de toutes les couleurs dans la plupart des villages.

Certaines varangues (vérandas améliorées), très ouvragées, sont superbes, notamment à Hell-Bourg et à L'Entre-Deux, surtout dans les grandes maisons de maîtres (aussi appelées « villas »). La varangue, traditionnellement meublée en rotin et décorée de plantes vertes, reste ouverte sur le jardin et permettait autrefois aux propriétaires de recevoir les invités.
Dans les Hauts, climat oblige, les varangues sont vitrées. Elles sont souvent décorées de lambrequins. D'inspiration indienne, ce sont des sortes de frises en tôle ou en bois qui font le tour du toit, entourant la varangue.
Dans l'ancienne société créole, les signes extérieurs de richesse étaient les plus importants : il fallait paraître et voir sans être vu. C'est le rôle du guetali (« guetter à lui »), un petit kiosque ouvert.

Un patrimoine fragile

Malheureusement, ce patrimoine architectural souffre : usure du bois et légèreté des couvertures en ont fait la proie du temps et des cyclones. En majorité, les cases vraiment anciennes sont encore à l'abandon, leur entretien coûte cher.
Certaines municipalités tentent pourtant de sauvegarder leur patrimoine historique. Cela commence à donner des résultats. Il reste des endroits merveilleux (L'Entre-Deux, Cilaos, Le Brûlé, Hell-Bourg, La-Rivière-Saint-Louis) et des rues avec des trésors cachés (Saint-Denis, Saint-Pierre).

Les villas créoles puisent dans le répertoire des constructions de la Compagnie des Indes. Les plus belles aujourd'hui et les plus visitées sont certainement celles de la famille Desbassayns (musée de Villèle, dans les environs de Saint-Gilles-les-Hauts), l'ex-école franco-chinoise à Saint-Paul (construite par la même famille Desbassayns), la villa Folio à Hell-Bourg, la maison Chateauvieux à Saint-Leu (domaine des Colimaçons) et le domaine du Grand-Hazier à Sainte-Suzanne.

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