Grèce : Thessalonique, 5 raisons d’y aller
Envie d’un city break ensoleillé, dépaysant et original ? Direction Thessalonique, la capitale de la Macédoine, située dans le nord de la Grèce au bord de la mer Égée. Relativement méconnue des touristes, la 2e ville du pays, porte des Balkans, possède un superbe patrimoine essentiellement antique et byzantin hérité de sa longue histoire. Mais c’est surtout une cité moderne, jeune et dynamique qu’il faut apprendre à connaître au fil de ses rues à la circulation frénétique, de ses marchés, de ses restaurants et de ses bars animés jusqu’à tard dans la nuit. Thessalonique, une ville attachante, vivante et humaine, où l'on découvre un autre visage de la Grèce.
Préparez votre voyage avec nos partenairesLe riche patrimoine de Thessalonique : un voyage à travers époques et cultures
Aux yeux du voyageur pressé, Thessalonique se résumera sans doute aux immeubles modernes et à la circulation frénétique de sa ville basse, presque totalement reconstruite après l’incendie de 1917. Dommage pour lui ! Pour apprécier la 2e ville de Grèce (400 000 habitants), il faut prendre un peu le temps de l’apprivoiser et de la découvrir. Car cette belle Hellène, fondée en 315 av. J.-C. par les Macédoniens, ne dévoile pas d’emblée ses charmes… et ils sont nombreux.
Tour à tour macédonienne, romaine, byzantine, ottomane, juive et grecque (depuis 1912 seulement !), Thessalonique possède un patrimoine exceptionnel et pas moins de 15 monuments classés au patrimoine mondial de l’Unesco, dont 11 églises byzantines !
En parcourant la ville à pied, on découvre, nichés au milieu des édifices modernes, les trésors de sa riche histoire. Disséminées à travers Thessalonique, les églises byzantines en sont le fleuron, comme la monumentale Aghia Sophia, aux splendides mosaïques (8e-12e s), l’émouvante Panagia Chalkéon (bâtie en 1028) et son petit jardin en bordure de la frénétique rue Egnatia ou la minuscule Agios Nikolaos Orfanos aux sublimes fresques du 14e s, un vrai bijou serti d’un beau jardin, bien au calme dans les hauteurs de Thessalonique (Ano Poli).
Autres havres de paix remarquables dans la ville haute : le monastère des Vlatades – toujours en activité – d’où l’on jouit d’un superbe panorama sur la ville – et la petite Ossios David (6e s) cachée au cœur d’un dédale de ruelles, remarquable pour son Christ en mosaïque et ses fresques.
Thessalonique possède également des vestiges de l’époque romaine, tous légués par l’empereur Galère au début du 4e s. Tout d’abord, son palais – dont il ne subsiste qu’une petite partie – au cœur d’une place animée bordée de cafés, puis, à quelques encablures de là, l’arc de Galère, érigé pour célébrer une campagne victorieuse sur les Perses. Massif, bien que partiellement détruit, il s’élève toujours sur la rue Egnatia, avec quelques bas-reliefs de l’époque, tel un mirage de l’Antiquité au milieu des édifices contemporains.
Mais le plus beau se trouve juste à côté, à moins de 100 m de l’arc : la Rotonde Agios Georgios, destinée à servir de mausolée à Galère avant d’être convertie en église à la fin du 4e s puis en mosquée par les Ottomans. Aujourd’hui désacralisé, l’édifice, qui évoque le Panthéon de Rome, recèle toujours sous sa coupole de splendides mosaïques à fond d’or (6e s), chefs-d’œuvre de l’art paléochrétien.
Troisième civilisation à avoir marqué Thessalonique, les Ottomans, qui occupèrent la Macédoine pendant plus de 5 siècles, sont de nos jours bien peu représentés à travers la ville. La plupart des monuments se trouvent dans la ville basse, comme la mosquée Hamza Bey, sur Égnatia et Vénizélou, en restauration depuis des années, le Bey hammam (14e s), transformé en salle d’exposition, le Yahudi hammam, abritant un marché aux fleurs et un bar au cœur de l’ancien quartier juif, ou encore le marché Bézesténi (15e), ancien bazar des tissus occupé aujourd’hui par des boutiques.
Enfin, c’est aux Ottomans que l’on doit le symbole de Thessalonique, la Tour blanche bâtie en bord de mer sous le règne de Soliman le Magnifique. Faisant partie à l’époque des murailles de la ville, elle servit tour à tour de fort, de caserne et de prison. Lorsqu’ils reprirent Thessalonique en 1912, les Grecs la repeignirent en blanc en signe de purification, comme pour exorciser le joug ottoman tant honni.
Ano Poli : le charme du vieux Thessalonique
Changement d’atmosphère en remontant vers les hauteurs de Thessalonique : à l’agitation de la ville basse se substitue peu à peu la quiétude villageoise d’Ano Poli (la « vieille ville »). Cet ancien quartier ottoman, qui a conservé quelques belles demeures à encorbellement, dégage un charme balkanique et quelque peu oriental.
Il ne faut pas hésiter à se perdre dans son dédale de rues pavées et d’escaliers, pour admirer les bâtisses colorées, les échoppes d’un autre âge, les petits cafés de quartier, en croisant çà et là quelques chats assoupis typiquement grecs. Ponctué de petits bijoux byzantins, souvent cachés au détour d’une ruelle comme Agios Nikolaos Orfanos ou le monastère des Vlatades (voir ci-dessus), le quartier d’Ano Poli semble hors du temps. De quoi ravir les esprits contemplatifs…
À son sommet, il est coiffé de l’Acropole, un quartier séparé du reste de la ville par les vestiges des remparts médiévaux. Magnifique panorama sur Thessalonique et le golfe depuis l’une de ses tours, le Trigonion.
Une fois la porte passée, un petit quartier de maisons traditionnelles ottomanes conduit à la citadelle de l’Heptapyrgion (14e s). Forteresse sous les Ottomans, elle fut transformée en prison à la fin du 19e s. Désormais ouverte à la visite, elle abrite un petit musée où l’on entend chanter les oiseaux, loin du tumulte de la ville moderne.
Les musées de Thessalonique
L’histoire de Thessalonique et de la Macédoine se parcourt aussi au fil de ses nombreux musées. Parmi la vingtaine que compte la ville, trois d’entre eux, situés dans la ville basse, méritent absolument d’être visités.
Le plus important de Thessalonique, le Musée archéologique, retrace l’histoire antique de la Macédoine au fil d’une exposition thématique et chronologique, à la fois claire et très pédagogique (panneaux en anglais). Le clou de la visite reste la section « L’or des Macédoniens » : elle présente les trésors issus de nécropoles des environs de Thessalonique, parfaits exemples du raffinement de la civilisation macédonienne entre les 6e et 1e s av. J.-C. Pièce maîtresse de la collection, le somptueux cratère de Derveni (urne funéraire), représentant Ariane et Dionysos, a l’air d’être en or, bien qu’il n’en contienne pas une once !
Juste à côté, le musée de la Culture byzantine vaut le détour pour son exceptionnelle collection d’art paléochrétien et d’icônes couvrant plus de 10 siècles. Églises, vie quotidienne, rites funéraires, art religieux… Les œuvres témoignent de l’importance artistique de Thessalonique à l’époque byzantine, qui s’explique notamment par la position stratégique du port entre la péninsule balkanique et Constantinople.
Enfin, dans le quartier de Ladadika, le musée juif de Thessalonique nous fait découvrir une page essentielle de l’histoire de la ville qui fut surnommée « la Jérusalem des Balkans ».
La communauté juive locale, très ancienne (sa présence remonte à la fondation de la ville), a connu un essor sans précédent lorsque 20 000 Juifs séfarades chassés d’Espagne sont arrivés à Thessalonique. À la fin du 17e s, la composante juive de la ville devint la minorité la plus importante, jouant un rôle économique essentiel qui perdura jusqu’à l’horreur nazie. De mars 1943 à novembre 1944, la quasi-totalité des 49 000 Juifs de Thessalonique ont été déportés et exterminés dans des camps de concentration. Moins de 2 000 ont survécu.
La visite du musée, situé au cœur même de l’ancien quartier juif dans un beau bâtiment classique rescapé du grand incendie de 1917, permet de découvrir l’une des racines essentielles de cette ville au passé cosmopolite, victime de la fureur antisémite. À ne pas manquer.
Thessalonique : une ville animée, de jour comme de nuit
Thessalonique n’a rien d’un musée à ciel ouvert. Cette ville étudiante, où l’on trouve parmi les meilleures universités du pays, est extrêmement vivante, de jour comme de nuit. Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir les rues effervescentes de la ville basse, mais aussi ses marchés ou le front de mer bordé de cafés et de restaurants.
Avec ses étals chargés de poissons, de viandes, d’épices, d’olives, de fromages, de fruits et de légumes, le marché Kapani, situé au cœur de la ville basse, est le cœur battant du centre-ville. On peut s’y restaurer et goûter à quelques spécialités locales comme les koulouris (petits pains ronds au sésame) ou les bougatsa (friands en pâte phyllo à la crème pâtissière et à la cannelle).
Autre endroit très prisé, la rue Aristote (Aristotelous), reconstruite après l’incendie de 1917, reste la promenade préférée des Thessaloniciens. Véritable cœur de la ville, cette artère piétonne, qui s’étend entre la rue Egnatia et le port, est bordée d’élégants immeubles à arcades mêlant architectures classique et néo-byzantine. Avec ses nombreuses boutiques, ses cafés, ses restaurants et sa large chaussée dallée, la rue Aristote est un passage obligé à Thessalonique. Elle débouche sur la large place Aristote, ouverte sur la mer et le mont Olympe à l’horizon par temps clair.
De là, la balade peut se poursuivre sur le front de mer, dont les terrasses de café sont très appréciées lors du coucher de soleil sur le golfe Thermaïque, jusqu’à la Tour Blanche et la monumentale statue d’Alexandre le Grand qui semble défier le ciel et la mer.
En soirée, et jusqu’à tard dans la nuit, l’animation bat son plein dans Ladadika (5 min à pied de la rue Aristotelous). Cet ancien quartier des huileries (« Ladi » signifie huile en grec) a été totalement réhabilité : les entrepôts abritent maintenant des cafés, des restaurants et quelques boutiques-hôtels. Une zone très fréquentée en soirée, notamment sur la rue piétonne Katouni à l’angle d’Agiou Mina et Edessis : ici, les bars et restos, souvent bondés, jouent à touche-touche.
À quelques encablures de ce carrefour stratégique, la rue Valaoritou et ses voisines attirent également les oiseaux de nuit qui, dès le retour des beaux jours, font volontiers leur nid sur les rooftops branchés (Fragile) et dans les bars musicaux du quartier.
Thessalonique, porte d’entrée de la Grèce du Nord
Capitale de la Macédoine, Thessalonique constitue une excellente base pour explorer la région : plusieurs sites peuvent faire l’objet d’excursions à la journée.
Au sud-est, les amateurs de plages aux eaux cristallines bordées de pinèdes se précipiteront dans la région de la Chalcidique qui enfonce ses trois grandes péninsules dans le bleu de la mer Égée : Kassandra, Sithonia, Atkè. Kassandra est très fréquentée par les Thessaloniciens le week-end, tandis que Sithonia, plus secrète, déploie de jolis paysages de collines boisées et de criques sablonneuses.
La plus orientale, totalement préservée, abrite depuis plus de 1 000 ans les célèbres monastères du mont Athos où les moines, retirés du monde, mènent une vie des plus austères. L’accès strictement limité (réservé aux hommes) se fait uniquement en bateau et sur demande (s’y prendre au moins 6 mois à l’avance).
À l’ouest, beaucoup plus faciles d’accès, les grands sites archéologiques macédoniens méritent également le détour : tout d’abord Pella, la 2e capitale historique de la Macédoine à 40 km de Thessalonique, pour son musée et ses belles mosaïques ; puis, à 1 h de route, l’incroyable nécropole des rois macédoniens de Vergina (Aigai), avec ses temples enfouis sous terre, compte parmi les plus beaux sites archéologiques de Grèce.
Tout près, on ne manquera pas de faire une halte dans la ville de Véria, dominant la plaine depuis les contreforts du mont Vermion, pour son beau patrimoine ottoman, juif et byzantin. Enfin, plus au sud, le site de Dion, cité sacrée des Macédoniens vouée au culte de Zeus, offre de belles vues sur le mont Olympe, plus haut sommet de Grèce (2 918 m) et royaume des dieux de la mythologie. Pour aller saluer Zeus, Athena et Apollon, il vous faudra compter deux jours de randonnée au départ du village de Litochoro, qui se trouve à 90 km de Thessalonique.
Lire également notre reportage Grèce : le mont Olympe et les sites archéologiques de Macédoine
Fiche pratique
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Thessaloniki Travel : office de tourisme de Thessalonique
Comment y aller ?
Aegean Airlines relie Thessalonique à Paris-CDG en vol direct toute l’année de 2 à 3 fois par semaine et tous les jours avec correspondance à Athènes au départ des principaux aéroports français.
Bonnes adresses
- The Modernist : Ermou 32. Parfaitement situé dans un immeuble historique de 1920, à deux pas de la rue Aristote, ce ravissant boutique-hôtel associe classicisme des lieux et modernité épurée de la déco, au design d’inspiration scandinave. Excellent petit-déjeuner buffet sur le toit-terrasse de l’immeuble et accueil adorable. Doubles à partir de 93 €.
- Ergon Agora : Mela Pavlou 42. Une adresse originale qui rappelle le concept à succès d’Eataly. Ergon est à la fois un food store moderne et un restaurant où l’on peut déguster les produits en vente, ainsi que des classiques grecs (gyros, poulpe grillé, fromages…) et des plats du jour. La carte présente une intéressante palette de mets et vins grecs. Compter 15-20 €.
- Manoir Wine Bar restaurant : Katouni 31. Un bar-resto emblématique du Ladadika branché, situé au carrefour stratégique avec la rue Agiou Mina. Superbe salle à la déco soignée et créative, lumière tamisée, beautiful people, carte des vins fournie et cocktails pour accompagner des plats pas forcément grecs (burger, risotto, pâtes, salades…) mais savoureux. Grande terrasse très animée pour être au cœur de l’action nocturne de Thessalonique. Compter 15 € le repas.
- Takadum : Agios Mina 1. Un bric-à-brac orientalisant à l’intérieur, une grande terrasse animée à l’extérieur, beaucoup de couleurs et de saveurs dans l’assiette avec une cuisine aussi simple que bonne. Goûter au keftédès, à l’houmous et au saganaki de fruits de mer. Ambiance sympa et accueil excellent. Compter 10-15 €.
- Terkenlis : Agias Sophias 33 et Tsimiski 30. Une institution pâtissière de Thessalonique, pour déguster de bons gâteaux, mordre dans une bougasta et savourer une glace onctueuse.
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Texte : Jean-Philippe Damiani