Morbihan : la ria d’Étel, une mer au milieu des terres

Étel, un port bien barré

Jusque dans les années 1960, le port d’Étel doit sa renommée à ses valeureux marins de haute mer, une cohorte de racleurs d’océan qui, par tous temps, a bravé les éléments pour ramener à bon port sardines et thons.

Des légendes dont parlent encore aujourd’hui les anciens accoudés au zinc du café Tal Er Mor du Magouër, ne subsistent qu’un cimetière de vieilles coques de dundees (thoniers à voile) soumis au balancement des marées du côté de Plouhinec. Un tableau digne d’une aquarelle marine que le temps n’a pas encore fini d’effacer.

Mais c’est au musée des Thoniers que l’on prend réellement la mesure des peines encourues par ces hommes hors du commun. Pittoresque et authentique, ce musée bien documenté retrace avec beaucoup d’émotion le rude labeur que fut le leur, sans oublier d’évoquer le sauvetage en mer qui prend ici une dimension toute particulière.

Car la ria d’Étel est défendue par obstacle particulièrement dangereux pour la navigation : la célèbre barre d’Étel. Un haut-fond de sable variant d’une marée à l’autre qui, associé à un violent courant, a causé la mauvaise fortune de nombreuses embarcations.

Aujourd’hui encore, la contemplation de ce spectacle sans cesse renouvelé est un véritable ravissement pour l’œil. C’est au pied du sémaphore (le dernier sémaphore civil d’Europe) que le tableau est le plus saisissant. De là, partent les sentiers de rando vers l’immense massif dunaire vierge de toute construction qui se déroule jusqu’à la presqu’île de Gâvres, aux portes de Lorient.

Saint-Cado, l’île-carte-postale

Le bijou de la ria est sans nul doute la petite île de Saint-Cado. Un bout de village tout mignon, qui fut au début du XX^e s le plus grand port sardinier de la ria d’Étel, avec sa chapelle (XII^e s remaniée au XV^e et XVI^e s) et sa petite maison aux volets bleu de l’îlot de Nichtarguer, l’un des sujets les plus peints et photographiés du coin.

À l’origine, cette petite maison fut construite à l’initiative d’un patron ostréiculteur étellois vers la fin du XIX^e s. Elle servait de logement à un gardien qui surveillait les parcs à huîtres. Fait rare, cette maison, faisant partie intégrante du domaine maritime, est considérée comme bien inaliénable.

Quant à la chapelle et au fameux Saint-Cado, moine chassé de sa Grande-Bretagne natale par les Saxons et débarqué ici au VI^e s, de nombreuses légendes courent sur son sujet, notamment en ce qui concerne le pont de pierre qu’il aurait fait construire au nez et à la barbe du diable.

Quoi qu’il en soit, la petite commune de Belz à laquelle l’île de Saint-Cado est rattachée, offre 4 circuits référencés balisés en jaune allant de 4 à 21 km. L’occasion de sortir ses jumelles pour observer l’avifaune, ici particulièrement présente. En été, des guides rando « nature et patrimoine » se tiennent à dispo des volontaires.

Les alignements de Kerzerho, le Carnac oublié

Pas moins de 5 rangées de menhirs à faire pâlir Obélix ! Au total, on en compte près de 200 sur près de 2 km. Les plus trapus, ceux que l’on surnomme les « géants d’Erdeven » toisent 6 mètres et pèsent plus de 40 tonnes !

C’est le 2^e plus long alignement de pierres levées après celui de Carnac. Il est situé sur la commune d’Erdeven (prononcez Erdevène), à 10 mn de voiture au sud-est d’Étel. De là, un sentier balisé conduit, à travers le petit bois du Varquez, au dolmen de Crucuno, l’autre « hot spot mégalithique » de la région avec sa table de près de 8 m pesant près de 40 tonnes. Les natifs affirment qu’il abritait jadis le fou du village quand il ne servait pas de cabaret les jours de foire !

Erdeven passe aussi pour être la commune référence en matière de sports de glisse avec une plage de 8 km de long et pas moins de 300 hectares de dunes vierges de toute construction. Véritable Mecque des kitesurfeurs, la plage (interminable) de Kerminihy accueille l’un des plus beaux swells du coin.