L’estuaire de la Gironde en 5 escapades

L’estuaire de la Gironde : grand mais discret

On avait pris l’habitude avec la ville de Bordeaux. Plus grande place d’Europe (les Quinconces), plus grande rue commerçante d’Europe (rue Saint-Catherine), plus grand miroir d’eau du monde… On n’est donc pas si surpris d’apprendre que l’estuaire de la Gironde coiffe lui aussi ses voisins au poteau.

Pourtant, ce n’est pas forcément lui qui rafle l’attention des visiteurs de la région, très attirés par les beautés de la capitale de la Nouvelle Aquitaine, les vignobles de Saint-Emilion ou les rivages de l’océan Atlantique.

Point de rencontre entre la Garonne et la Dordogne au bec d’Ambès, l’estuaire baigne une région (la Nouvelle-Aquitaine) et deux départements : la Gironde (avec le Médoc côté gauche et le Blayais côté droit) et la Charente-Maritime (avec le Royannais et le Saintonge).

Le vignoble avec Pauillac côté Médoc

Dans le Médoc, on ne met pas de l’eau dans son vin, cela serait sacrilège. Pourtant c’est notamment grâce à l’or bleu que de magnifiques crus sont nés dans la région. La Route des Châteaux vous permettra de faire leur connaissance et d’entrer dans les coulisses des grands crus classés.

N’hésitez pas à faire une pause à Pauillac avant de prendre le volant. Rendez-vous à l'office de tourisme Médoc-Vignoble pour vous frotter au jeu des arômes, vous plonger dans le film de présentation sur le Médoc et investir dans vos premiers souvenirs locaux. Terminez par une balade au bord de l’estuaire pour vous imprégner des lieux et de son paysage caractéristique composé des croquignolettes cabanes de pêcheur.

Vous êtes maintenant prêts à lever les yeux (avant le coude) sur les vignobles qui dessinent les courbes de la célèbre route. Chemin faisant, il faudra faire un choix parmi les mille et unes propriétés viticoles (600 réparties sur les 8 appellations) présentes dans le Médoc.

Certains grands noms ne manqueront pas d’attirer votre attention à l’image des Châteaux Latour (1er Grand Cru classé), Mouton-Rothschild (1er Grand Cru classé), Lafite-Rothschild (1er Grand Cru classé), Pontet-Canet (5ème Grand Cru classé) ou Lynch-Bages (5ème Grand Cru classé). Tous se mettent en quatre pour concocter les crus les plus raffinés…

La nature avec l'Île Nouvelle

Elle n’est pas vraiment nouvelle cette île, mais l’expérience de sa visite en sera probablement une pour vous. Celle qui porte également le nom de Bouchaud est l'une des 8 îles posées sur les flots de l'estuaire avec Macau, Margaux, Cazau, Patiras, Paté, Verte et Nord. C’est en 1825 qu’elle apparaît pour la première fois sur les cartes sous la forme de deux îles.

Partagée entre les communes de Blaye et de Saint-Genès-de-Blaye, l’Île Nouvelle ne se dévoile qu’à certaines occasions. Si elle est accessible toute l'année - à l'exception du mardi et du mercredi matin et sous condition de disponibilité du ponton - aucune bateau-navette n’existe pour la rejoindre.

Il faudra donc organiser sa venue ou participer aux sorties programmées de février à octobre par département de la Gironde et la saison estivale par l’Office de tourisme de Blaye. Propriété du Conservatoire du Littoral depuis 1991, c’est le département qui s’occupe de sa gestion depuis 1999.

Bien que l’île s’étire sur 6,3 km de long, seule la partie sud (un tiers des terres, soit environ 100 hectares) est ouverte aux randonneurs d’un jour : une boucle de 3 km et une d’1 km. Une parcelle est en effet en cours de renaturation afin de retrouver la faune, la flore et les milieux naturels de jadis. Elle est aujourd’hui le refuge ou l’habitat de quelques 190 espèces d’oiseaux… En revanche, elle n’accueille plus aucun être humain depuis 1973 !

Il aura fallu attendre 2008 pour que Nouvelle soit ouverte au public avec la mise en place du ponton et l’inauguration en 2016 de la restauration du bourg, mais aussi de la "restauration écologique". L’ancien village devenu fantôme témoigne de cette ancienne vie ou les « iloûts » (surnom des insulaires de l’époque) cultivaient la vigne.

Peut-être aurez-vous l’occasion de croiser la route d’un « Grenome » ? Les guides naturalistes du département vous en diront plus sur les légendes des lieux, mais aussi sur la botanique ou l’ornithologie durant l’une des animations ou des spectacles insolites liés à l’environnement.

Le vélo avec la route de la Corniche

Qu’elle est jolie cette route de la Corniche alias la D669-E1 ou la route des Capitaines ! Le genre de chemin qui donne envie de pédaler jusqu’à plus soif malgré de sacrés dénivelés... Direction le village de Bourg ou de Roque-de-Thau pour le début des réjouissances. Durant 8 km, cette voie touristique vous mènera des bords de la Dordogne jusqu'au début de l'estuaire de la Gironde avec, en ligne de mire, de somptueux panoramas.

Au rythme des coups de pédale, vous aurez tout le loisir d’admirer les fameuses cabanes à carrelets, les vignobles, les logis fleuris qui encerclent la route, les maisons troglodytiques du XIXe nichées dans la falaise (certaines sont encore habitées) et les spectaculaires jardins qui regorgent de lauriers roses et autres délicieuses plantes colorées.

Au fil de cet itinéraire pittoresque qui serpente entre terre et eau, vous croiserez en bonus des panneaux explicatifs présentant des contenus culturels sur la région. Différents points de vue permettent par ailleurs de reposer ses mollets tout en laissant ses yeux prendre du bon temps. Ne manquez pas celui du bec d’Ambès, à deux pas du Château Tayac, qui offre une vue grandiose sur l’ouverture de l’estuaire.

Le patrimoine avec la Citadelle de Blaye

Blaye, c’est d’abord une citadelle qui toise la ville de ses 35 mètres de hauteur. Ouverte 24h/24, elle se découvre de jour comme de nuit, contée par un guide ou par le silence du petit matin.

Bâtie par Sébastien Le Prestre, célèbre marquis de Vauban, entre 1685 et 1689, elle a élu domicile sur un promontoire choisi par Louis XIV lui-même. Aujourd’hui, amateurs d’histoire, fans d’architecture militaire ou simples curieux se pressent dans les ruelles entourées par 1,5 km de remparts. Inscrite au Patrimoine mondial de l'UNESCO avec le Verrou Vauban, elle dévoile en prime de magnifiques vues sur les eaux tourmentées de l’estuaire qui dévoile ici toute sa splendeur.

Plus de trois siècles plus tard, artisans d'art, restaurateurs, commerçants et (et le musée d’Art et d’Histoire du pays Blayais) ont pris la place des 1 500 soldats de l’époque de Vauban. Et les boutiques de fleurir dans les anciens bâtiments de la garnison tels que le couvent, la prison ou la poudrière... 

Venir à bout de ces 30 hectares de fortifications demande du temps certes, mais on vous invite à en garder pour visiter le reste de la ville, lovée au pied de la citadelle, qui vous réserve quelques surprises comme la maison de l’écrivain André Lamandé ou les demeures de la rue Saint-Simon.

La nature avec Terres d'oiseaux à Braud-et-Saint-Louis

Retour au cœur de la nature avec ce parc dédié aux volatiles de toutes sortes. Sauvages, migrateurs ou sédentaires, grands échassiers, passereaux ou nicheurs… Tous se sont donné rendez-vous dans cet espace naturel de 116 hectares.

Installé aux portes du Port des Callonges, Terres d’Oiseaux profite de l’une des plus importantes voies de migration en France. Aussi, ils sont nombreux à se dévoiler aux visiteurs grâce aux 6 observatoires et à la tour panoramique. 117 espèces au total donc 94 migrateurs, 51 hivernants, 49 nicheurs et sept occasionnels.

Dès l’arrivée, des guides naturalistes se proposent de vous accompagner pour vous mettre sur la piste des animaux. Outre les belles rencontres, on peut également apercevoir, au fil des sentiers, des créations de type Land Art. Un parc unique qui soutient bec et plumes la biodiversité sous toutes ses formes.