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La Cité Plantagenêt, le cœur historique du Mans

Faut-il parler d’un trésor bien gardé ? Dans les ruelles du centre historique, les voyageurs semblent surpris de trouver un patrimoine aussi riche et préservé, qui mérite à lui seul de visiter Le Mans. Injustement méconnue, la Cité Plantagenêt – le nom officiel du Vieux Mans depuis 2003 –, abrite une centaine de maisons à pans de bois et des hôtels de la Renaissance protégés par des enceintes médiévales et une muraille gallo-romaine.

On se laisse rapidement charmer par cet ensemble de ruelles pavées colonisées par la végétation, d’escaliers empierrés, de façades aux poutres colorées et d’hôtels particuliers jouant à cache-cache avec les regards curieux. L’imposante muraille aux tons rouges, édifiée à la fin du III^e siècle, fait partie des trois enceintes les mieux conservées de l’ancien Empire romain avec Rome et Istanbul. Un monument unique en France, aujourd’hui candidat au patrimoine mondial de l’Unesco.

Sur la centaine de maisons à pans de bois, datant en majorité des XV^e et XVI^e siècles, neuf sont encore ornées d’un pilier cornier. Ces colonnes servaient à la fois d’enseignes commerciales en angles de rue et de points de repère en l’absence de numérotation des maisons.

Dans la Grande Rue, la maison du Pilier-Rouge – symbole de la Cité Plantagenêt – accueille le service tourisme et patrimoine municipal. Autres édifices remarquables : la maison des Deux Amis, plus vaste construction à pans de bois préservée au Mans, et la maison suspendue, immortalisée par Doisneau en 1962. Derrière la fenêtre, l’ours tenu par l’enfant de la photo observe toujours les passants !

Les demeures aux façades sculptées témoignent du faste de la Renaissance. On aime particulièrement la maison d’Adam et Ève et celle de la Tourelle. À deux pas, la cathédrale Saint-Julien domine la cité. Mélange de roman et de gothique, c’est l’une des plus vastes de l’Hexagone : 134 m de long et une surface au sol de 5 000 m².

Ce patrimoine architectural unique a été immortalisé à de nombreuses reprises au cinéma et à la télévision, notamment dans Cyrano de Bergerac (1990), Le Bossu (1997), L’Homme au masque de fer (1998) et plus récemment Le Mans 66 (2019) avec Matt Damon et Christian Bale. Place du cardinal Grente, au pied de la cathédrale, il est encore possible d’apercevoir la façade d’une boutique des années 1960 reconstituée pour les besoins du film qui retrace la guerre entre Ford et Ferrari.

La Cité Plantagenêt n’est pas un quartier-musée. On y vit, on y mange, on y fait la fête dans les restaurants et les bars qui jalonnent les ruelles, notamment du côté de la Vieille Porte (voir fiche pratique). Ici, les boutiques de souvenirs ne vampirisent pas l’espace. On y trouve plutôt librairie, bouquinerie, salon de tatouage et boutiques de créateurs fréquentés par les Mancelles et les Manceaux.

L’abbaye de l'Épau, joyau cistercien devenu centre culturel

Au sud-est du Mans, accessible en tramway depuis la gare, l’abbaye royale de l'Épau constitue l’un des plus beaux exemples de l’architecture cistercienne en France. Fondée en 1229 par la reine Bérengère de Navarre, veuve de Richard Cœur de Lion, l’abbaye accueille des moines vivant en totale autarcie et dans le dénuement selon la règle de Saint-Benoît. À la Révolution, les religieux sont chassés et le bâtiment vendu. L’abbaye devient alors une blanchisserie puis une exploitation agricole avant d’être rachetée par le département en 1959.

Aujourd’hui, on y vient pour son patrimoine exceptionnel – le cloître, le dortoir, l’église abbatiale abritant le gisant de Bérengère de Navarre (décédée un an après le début de la construction) –, à découvrir en visite libre ou guidée, mais aussi pour sa riche programmation culturelle.

De nombreux événements rythment l’année : le festival de musique classique de l'Épau en mai, un autre dédié aux musiques scénographiées, les parcours photographiques dans le parc et les illuminations de Noël qui attirent chaque année plusieurs milliers de visiteurs. Depuis 2018, un jardin permacole alimente le café des Moines et la boutique de l’abbaye. Des paniers de légumes sont également proposés aux habitants du coin.

Le street art dans la ville

Depuis le lancement du festival d’art urbain Plein Champ en 2019, Le Mans prend des couleurs. Chaque été, des street artistes du monde entier investissent le parc du Gué de Maulny au sud-ouest de la ville. Leurs œuvres, réalisées le temps d’un week-end festif, sont visibles sur le site pendant un an. La ville est aussi un immense terrain de jeu pour les artistes. Bâtiments publics et privés se colorent au fil des éditions : 50 fresques ont été réalisées depuis 2019 dont 11 en 2023.

Au fond de l’impasse Jankowski, en cœur de ville, on aime la poésie de l’enfant à la poursuite de son doudou dans un tunnel coloré. L’Anamorphose XXL de Seth, à cheval sur plusieurs bâtiments, a été élue 5e plus belle fresque du monde de l’année 2022 par l’application Street Art Cities. Un joli coup de projecteur sur la ville !

Sur l’ancienne manufacture des tabacs, le long de la Sarthe, l’œuvre colorée de Heol met à l’honneur les ouvrières et les ouvriers ayant travaillé dans ce bâtiment. Dernières nées de l’édition 2023 : deux fresques géantes, signées TSF Crew, se faisant face rue des Maillets, et l’hommage monumental de l’artiste new-yorkaise BKFoxx aux frères Wright et à la famille mancelle Bollée sur un immeuble de la rue Henry Delagenière.

La Visitation, nouveau centre culturel et commerçant

Place de la République, le cloître de la Visitation synthétise l’art de la métamorphose. Couvent des sœurs visitandines au XVIII^e siècle, il fut transformé en prison à la Révolution. Le palais de justice du Mans y a siégé jusqu’en 1991 et les derniers détenus ont quitté les lieux en 2010. Le bâtiment, réhabilité, accueille aujourd’hui des commerces, des logements et un centre d’art.

Niché dans un écrin au design contemporain, tranchant avec les voûtes restaurées, le Fonds international d’art actuel est piloté par Lucien Ruimy. L’artiste-peintre, connu des Manceaux pour avoir créé le festival Puls’ART, y présente des œuvres issues de sa collection. Des dons enrichissent régulièrement le fonds, les expositions tournent tous les six mois. Le FIAA organise également des visites guidées et des ateliers tout au long de l’année.

24 Heures, rillettes, sablés… Les spécialités du Mans

La mythique course automobile célèbre en 2023 son centenaire. Passionnés et curieux ont rendez-vous au musée des 24 Heures pour découvrir les secrets de la plus grande course d’endurance au monde : 140 véhicules y sont présentés, et 350 m² d’expositions temporaires viennent compléter le parcours qui peut se prolonger par la visite du circuit.

Si les 24 Heures viennent immédiatement en tête lorsque l’on évoque la capitale de la Sarthe, c’est une autre spécialité, culinaire celle-là, qui arrivera certainement en deuxième position : les rillettes. Connerré, commune de 3 000 habitants au nord-est du Mans, en est le berceau. On s’en procure dans toutes les bonnes boucheries-charcuteries de la ville.

Il est même possible de la déguster en eau-de-vie grâce à la distillerie du Sonneur ! Installé dans un ancien dancing, rue du Vert Galant, l’établissement propose des spiritueux haut de gamme – eaux-de-vie, liqueurs, vodka, gin – issus de ses 5 ha de vergers en agroforesterie et agriculture biologique.

Les becs sucrés, eux, se régalent des spécialités de la Sablésienne, biscuiterie artisanale fondée en 1962 à Sablé-sur-Sarthe. La boutique mancelle est installée rue de la Perle. Et enfin, pour la nourriture intellectuelle, direction Bulle, le temple de la bande dessinée qui célèbre cette année ses 40 ans !

Une échappée nature autour du Mans

Envie de vous mettre au vert ? À VTT classique ou électrique, disponible en location chez Brico Cycle, on rejoint le plan d’eau de la Gèmerie à 10 km au sud-ouest de la ville. La base de loisirs de l’agglomération mancelle dispose d’un agréable espace de baignade surveillée en juillet et août. De nombreuses activités y sont proposées : tir à l'arc, kayak, escalade, cerf-volant, beach volley, pétanque, sports collectifs...

Autre option : la location de bateaux électriques sur la Sarthe. Installé dans le port du Mans, Cénovia loue des embarcations sans permis de mi-avril à fin septembre. Quatre parcours fluviaux, de 1 h à 4 h, sont proposés sur des bateaux pouvant accueillir jusqu’à 7 personnes (de 25 à 40 €).