Ouzbékistan, de Jizzakh à Yangiqashgan

Le lac Aydar Kul

Depuis Termiqavuq, je replonge dans la steppe jusqu'à l'extrémité ouest du lac Aydar Kul. Tous les moustiques de la terre semblent y tenir un colloque, ils s'élèvent en nuages épais sur mon passage et tourbillonnent longtemps autour de moi en quête d'un bout de peau qui dépasserait. La présence de tant de moustiques est due en partie à l'élévation brutale du niveau du lac, apparue lors de la déviation des eaux du Syr Daria. Entre 2002 et 2003, le niveau a grimpé de près d'un mètre. Les pêcheurs doivent régulièrement reculer pour ne pas voir leur caravane ou leur cabane passer sous les eaux. Les poissons de l'Aydar Kul, comme dans tout le pays, ont longtemps été interdits à la consommation. Engrais, pesticides et toutes sortes de déchets toxiques se déversent dans les canaux et finissent dans le lac. Il y aurait même de l'uranium dans le Syr Daria. Mais le poisson continue à être consommé : frit dans une grande bassine d'huile de coton et assaisonné d'une sauce tomate légèrement épicée. L'extrémité ouest du lac Aydar Kul marque également la fin de la steppe. C'est le désert du Kyzyl Kum qui commence, et je m'y enfonce pour une marche d'une vingtaine de kilomètres jusqu'au village de Yangiqashgan. En cette saison, le désert n'est pas encore trop chaud, et la végétation y est encore verte. Lézards, tortues, marmottes, lapin, chèvres, chameaux… C'est également la fin du périple dans l'inconnu et le retour aux sentiers touristiques bien balisés. Depuis l'indépendance, à Yangiqashgan, une famille d'Ouzbeks a dressé quelques yourtes et accueille chaque année des dizaines de touristes pour des randonnées chamelières à la journée. J'y prends quelques jours de repos avant de retourner à regret vers Boukhara via Nurata. Le désert du Kyzyl Kum couvre les deux tiers du pays sans aucune monotonie, et chaque journée de marche y est une découverte. J'en pars, comme tous ceux qui s'y sont aventurés, avec ce goût de trop peu.

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