Québec, jusqu’au bout de la route
De toute beauté !
Entre les Escoumins et Baie-Comeau, notre prochaine étape, la route traverse plusieurs villages de pêcheurs bordés de longues plages où le temps semble s’écouler au rythme des marées. La route défile. À partir de Forestville (d’où un traversier part pour Rimouski, sur la rive sud du fleuve), nous croisons de plus en plus de camions. Massifs, ils transportent toutes sortes de marchandises et notamment du bois, en rondins ou en copeaux. Je me souviens du documentaire écologique L’Erreur boréale, de Richard Desjardins et Robert Monderie, qui évoque les erreurs de gestion de la forêt par le gouvernement québécois. Je regarde la forêt, à ma gauche, songeuse. Et si ces épinettes qui bordent la route ne faisaient que la border ? Et si, derrière ce rideau d’arbres, il n’y avait plus de forêt, ou presque ?
Baie-Comeau, capitale de la région Manicouagan, est une ville industrielle sans charme et nous n’y ferons qu’une étape rapide avant de reprendre la route. Il nous reste encore plus de 600 km jusqu’à Natashquan. Pour faire passer l’étape un peu plus vite, nous optons pour une soirée cinéma-pub-resto. Pour le film, notre choix s’arrête sur le film québécois qui fait exploser le box-office en ce moment, C.R.A.Z.Y. À chaque conversation, les adjectifs et les superlatifs fusent : « grandiose ! », « de toute beauté !», « très émouvant »… Nous découvrons une comédie tout à fait honnête, très agréable, mais pour laquelle nous ne nous emballons pas comme le feront les Québécois, puisque le film a reçu 13 récompenses aux Jutras (l’équivalent des Césars). Dans la salle, chaque spectateur est muni d’un seau de pop-corn et d’un litre de soda. Les « scrunchs-scrunchs » accompagnent la projection. Lorsque nous quittons la salle, celle-ci est maculée de maïs explosé et de gobelets vides…
Apéro-dîner à l’Orange Bleue, un bar-resto branché qui se targue de proposer le plus vaste choix de bières de la Côte Nord, c’est dire s’il y en a ! De micro-brasseries ou d’importation, à la pression ou en bouteille, le choix est effectivement immense. Pour nous, ce sera une pinte d’une bière de micro-brasserie dont j’ai oublié le nom, accompagnée d’un copieux et délicieux burger et de frites. Un bon repas nord-américain, même si l’Orange Bleue propose des options plus raffinées.
Le lendemain, en poursuivant vers le Nord, nous décidons de faire un crochet par la Pointe-des-Monts. Nous quittons la route 138 pour nous rendre vers l’un des plus vieux phares d’Amérique, érigé en 1830 juste à l’endroit où le fleuve s'élargit brusquement de 45 à 100 km pour devenir le golfe du Saint-Laurent. La vue de tous les côtés est impressionnante. Nous nous demandions si la Pointe-des-Monts valait le détour, la réponse est oui !
Texte : Laurence Pinsard
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