Les plus beaux temples de Thaïlande
La sophistication de l’architecture, l’exubérance de l’ornementation, l’éclat des ors et des couleurs et, surtout, l’impression de sérénité et de profonde spiritualité qui se dégage des lieux : les temples de Thaïlande ont de quoi émerveiller le voyageur.
Dans ce pays bouddhiste à 94 %, ces lieux de culte font partie du quotidien des Thaïlandais. Ils sont bien plus fréquentés que nos églises. Sukhothai, Ayutthaya, Bangkok… Les temples portent aussi la mémoire de la tumultueuse histoire du royaume de Siam.
Enfin – et c’est un paradoxe – ces joyaux architecturaux dédiés au bouddhisme procurent, au-delà de la contemplation, un intense plaisir des sens au visiteur. Lumière, forme, couleur et parfums… « Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté ». Une invitation au voyage, donc, aux quatre coins de la Thaïlande.
- Intro
- Sukhothai ou l’âge d’or
- Ayutthaya, l’apogée du Siam
- Chiang Mai, au royaume Lan Na
- Lampang : le Wat Phra That Lampang Luang, un trésor en bois
- Les citadelles khmères de l’Isan
- Lopburi, des singes très pieux
- Bangkok : le Wat Phra Kaeo, joyau du Royaume
- Bangkok : Wat Pho, massage et bouddha couché
- Bangkok : Wat Arun, le temple de l’aube
- Bangkok : Wat Suthat, le temple de la balançoire
- Chiang Rai : Wat Rong Khun, le temple blanc
- Fiche pratique
Sukhothai ou l’âge d’or
C’est ici que tout a commencé. Sukhothai fut la première capitale du royaume de Siam, libéré du joug khmer. En 1238, le premier État organisé thaï y voit le jour, ainsi qu’une dynastie de huit rois qui ont régné 150 ans. Une période faste pour les arts, la politique et la religion.
Sukhothai, à 600 kilomètres au nord de Bangkok, abrite le site archéologique le plus important de Thaïlande, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. Important par sa superficie, bien sûr, mais aussi par sa dimension historique. C’est à Sukhothai, sous le règne de Râma Khamheng (1275-1371), que l’alphabet thaï est créé et le bouddhisme theravâda instauré comme religion nationale.
Du XIIIe au XVe siècle, le royaume de Siam connaît également un véritable âge d’or artistique avec le « style Sukhothai ». La statuaire particulière du Bouddha thaï (ovale parfait du visage, nez aquilin et fin, tête couronnée d'une flamme…), naît à Sukhothai. L’architecture des temples entremêle les influences cinghalaises, khmères, birmanes et chinoises. La flèche en forme de bouton de lotus apparaît.
Le site archéologique, assez étendu, offre son lot de merveilles de pierre au promeneur ébahi. Sukhothai invite à la rêverie sur les splendeurs d’une civilisation disparue. Entouré de douves de plus d’un kilomètre, Wat Mahathat, avec ses deux gigantesques bouddhas, était, du temps du prince Bang Klang Thao, le temple de la famille royale. Il s’agit de l’édifice le plus important du parc historique qui compte des dizaines de temples de premier plan.
Non loin de Sukhothai (55 km au nord), le parc historique de Si Satchanalai rassemble lui aussi de belles ruines de la même époque. Lieu sacré dédié au Bouddha, Si Satchanalai, fondé au XIIIe s, fut également un important centre artisanal, dont les poteries et céramiques firent la prospérité du royaume de Sukhothai.
Ayutthaya, l’apogée du Siam
Après le déclin de Sukhothai, la nouvelle capitale du royaume, Ayutthaya, est fondée à 80 kilomètres au nord de l’actuelle Bangkok. Pas moins de 33 rois y ont régné, jusqu’à la mise à sac de la ville par les Birmans en 1767. L’ère Ayutthaya voit l’apogée du royaume de Siam : au XVIIe siècle, il englobe les territoires actuels du Laos, du Cambodge et de la Birmanie.
Le principe de monarchie divine, toujours en cours en Thaïlande, est adopté et les édifices officiels et religieux se comptent par centaines. La population d’Ayutthaya a même dépassé le million d’habitants !
Aujourd’hui, le parc historique d’Ayutthaya, qui se situe sur une île au confluent du fleuve Chao Phraya et de la rivière Pa Sak, est assez étendu. Il vaut mieux le parcourir à vélo ou à moto. Situé sur l’île, le Wat Phra Sri Sanphet, édifié au XVe siècle, est l’ensemble le plus imposant d’Ayutthaya. Il s’agissait du temple royal, où aucun moine ne pouvait résider. Ses chedî – dômes pointus contenant des reliques – sont remarquables. Également sur l’île, le Wat Mahatat, totalement en ruines, abrite l’une des curiosités les plus photographiées de Thaïlande : une tête de bouddha enserrée dans les racines d’un banian.
En dehors de l’île, deux temples méritent particulièrement le détour : le Wat Yai Chai Mongkhon, construit au XIVe siècle, avec son grand bouddha couché et drapé, ainsi que le Wat Chai Watthanaram, construit au XVIIe siècle, fortement influencé par l’architecture khmère. Un petit bijou d’équilibre et d’harmonie.
Complétez votre exploration d'Ayutthaya par la visite du musée Chao Sam Praya qui présente une superbe collection d'objets précieux issus des temples. Actuellement en rénovation, le musée vaut quand même le détour pour une magnifique exposition sur le trésor d'Ayutthaya (bouddhas, pierres précieuses, bijoux, tablettes votives...)
Chiang Mai, au royaume Lan Na
Pas moins de 300 temples se trouvent à Chiang Mai et dans ses environs ! Une raison à cela : cette ville du Nord, à l’atmosphère provinciale, a été aussi une capitale : celle du royaume de Lan Na, au début du XIVe siècle. L’architecture Lan Na, influencée par la Birmanie, se caractérise notamment par des temples aux toits à étages, des porches soutenus par des représentations de serpents (les nâgas, lien entre le ciel et les enfers) et des chêdis orthogonaux à la partie supérieure recouverte de cuivre.
La plupart des temples, accessibles à pied, se trouvent dans le centre de Chiang Mai. Le Wat Phra Singh (XIVe s.) est l’un des plus beaux ensembles de la ville. L’un des édifices renferme le Bouddha-Lion Phra Singh, une statue de bronze de style Sukhothai vénérée par les Thaïlandais. Superbes décorations murales rouge et or du XIXe siècle.
Parmi les autres temples à voir, le Wat Chiang Man (le plus ancien, fondé au XIIIe siècle), le Wat Chedî Luang et son chêdi haut de 85 mètres, et le Wat Chet Yod, un temple du XVe siècle avec son chedî à 7 pointes.
Dominant Chiang Mai depuis le mont Suthep (1 676 mètres), le Wat Doi Suthep mérite une excursion. Le panorama sur la ville et la plaine est magnifique. L’ensemble monastique, regroupant des édifices de plusieurs époques (pagodes, statues, cloches…), est regroupé autour du chedî original (XIVe siècle) recouvert de cuivre doré. À noter, un escalier de 309 marches, avec ses rampes en forme de serpent, et la coexistence de statues bouddhistes et hindouistes – dont celle de Ganesh.
Au nord-ouest de Chiang Mai, noyé dans la forêt, le temple Wat U Mong organise des retraites méditatives pour les touristes. Les règles sont drastiques (lever à 4h30, coucher à 21h30, balayage du temple, sessions de méditation...). Compter 250 baths/jour. D'autres temples proposent ce type de séjour, se renseigner auprès de l'office de tourisme à Chiang Mai.
Lampang : le Wat Phra That Lampang Luang, un trésor en bois
A une centaine de km au sud de Chiang Mai se trouve un autre joyau de l’architecture Lan Na. Le Wat Phra That Lampang Luang (15e siècle) est, à lui seul, une raison de se rendre dans la province de Lampang, petite ville du nord du pays. C’est incontestablement l’un des plus beaux temples de Thaïlande.
Perché sur une butte et ceint d’une muraille du 8e siècle, il a vraiment fière allure. On le rejoint par un escalier majestueux dont les rampes représentent des nagas. Une fois passé la porte au linteau magnifiquement ouvragé, on accède au viharn Luang, bâtiment principal du temple, dont les puissants piliers de teck soutiennent un triple toit caractéristique de l’architecture Lan Na, recouvert de tuiles rouges. Ouvert sur les côtés, ce viharn tout en bois est orné de superbes peintures murales d’époque. Au fond, un imposant autel (mondop) doré renferme une statue de Bouddha du 16e siècle.
Derrière ce bâtiment, le grand chedî, à la superbe teinte cuivrée, abrite un cheveu de Bouddha qui, selon la légende (peu probable), serait venu en personne sur le site. Il précède une petite chapelle, le Ho Phra Phuttabat, abritant une empreinte de Bouddha, ce qui la rend interdite aux femmes. Une curiosité : une fois la porte refermée, un reflet inversé du temple se forme sur le mur de la chapelle, selon le phénomène de la camera oscura.
Outre le Wat Phra That Lampang Luang, la ville de Lampang (à 15 km de là) compte de nombreux temples dignes d’intérêt, témoins de l’époque Lan Na ou de la présence birmane. Parmi ceux-ci, le splendide Wat Chedi Sao qui doit son nom à ses 20 chedîs blanchis à la chaux, ou le Wat Phra Kaew Don Tao qui a abrité au 15e siècle le fameux Bouddha d’émeraude (aujourd’hui au Wat Phra Kaew de Bangkok).
Les citadelles khmères de l’Isan
La civilisation khmère – et particulièrement Angkor – a laissé des traces indélébiles sur la culture thaïe. Du IXe au XIIIe siècle, l’actuel Nord-est thaïlandais (l’Isan) appartenait au royaume khmer. Aujourd’hui, dans le sud de l’Isan, région frontalière avec le Cambodge, plusieurs temples des XIe et XIIe siècles témoignent de l’époque angkorienne, âge d’or de l’architecture extrême-orientale.
Dans la province de Nakhon Ratchasima (Korat), le temple de Prasat Hin Phimai (photo) ressemble beaucoup à Angkor Wat. En fait, construit quelques années avant le célèbre temple cambodgien, il lui aurait même servi de modèle et se trouve dans un meilleur état de conservation. On reste ébahi devant la finesse des sculptures représentant des divinités hindoues et la majesté du prang principal, haut de 28 mètres. Sa forme rappelle le prasat (tour-sanctuaire) khmer évoquant le mont Meru, demeure des dieux dans la cosmologie hindouiste. Il s’agissait pourtant d’un lieu de culte bouddhiste.
Dans la province voisine de Buriram, près de la frontière cambodgienne, Prasat Phanom Rung – construit sur un ancien volcan – et Muang Tham évoquent les temples khmers par leur architecture et leur ornementation. Accessible par une majestueuse allée bordée de 67 piliers, le premier, érigé entre les Xe et XIIe s, est un sommet de l'architecture khmère, abritant notamment l'un des plus célèbres linteaux de Thaïlande (Vishnou couché sur un serpent dans la mythique mer de lait). Moins spectaculaire, le second, distant de quelques km, est bordé d'un réservoir recouvert de lotus, lui conférant un charme fou.
Situé sur un plateau dominant la plaine du Cambodge, situé à la frontière entre ce pays et la Thaïlande, le temple de Preah Vihear a longtemps fait l'objet d'un contentieux frontalier entre les deux pays. Classé par l'UNESCO, ce chef-d'oeuvre d'architecture khmère fut la source de tensions entre les deux voisins, avant d'être officiellement reconnu comme appartenant au Cambodge. On ne peut pas y accèder depuis la Thaïlande et il faut faire un long détour par le Cambodge pour pouvoir s'y rendre.
Lopburi, des singes très pieux
Lopburi, située à 140 kilomètres de Bangkok, faisait également partie de l’Empire khmer au Xe siècle. Difficile à croire tant la ville est petite aujourd’hui : Lopburi était à l’époque un centre administratif important. En témoignent les vestiges des temples, dont l’architecture, influencée par Angkor, a fait école. Il s’agit du « style Lopburi », influencé par l’occupant khmer. Plus tard, à l'ère d'Ayutthaya, le roi Narai y installa sa résidence d'été, le Phra Narai Ratchaniwet, où fut reçue au XVIIe s la fameuse ambassade de Louis XIV, conduite par le chavalier de Chaumont.
Si vous venez en train de Bangkok, ne manquez pas le Wat Sri Ratana Mahathat, juste en face de la gare. Ce temple bouddhique du XIIe siècle comporte un beau chedî principal d’architecture khmère. Belles sculptures sur le prang central.
Et les singes dans tout ça ? C’est au Phra Prang Sam Yod (photo), un beau temple à trois prang, qu’ils ont élu domicile. Ambiance surréaliste ! Les macaques, qui se promènent librement en ville, ont investi cet édifice de grès et de latérite qui renferme d’élégants linteaux et des statues de Bouddha.
Attention, lors de vos déambulations dans le coin : les singes sont chapardeurs. Protégez vos affaires. Si les nourrir vous amuse, des vendeurs ambulants vendent graines et bananes dans les rues aux alentours. Chaque année, à la fin du mois de novembre, un banquet est même organisé au temple pour les singes : un véritable festin où on leur sert même du coca-cola !
Bangkok : le Wat Phra Kaeo, joyau du Royaume
Un feu d’artifice architectural. Une profusion de dorures, de statues, de faïences, de couleurs et de miroirs. Des fresques, des stupâs d’or, des piliers recouverts de mosaïques, des toits superposés aux tuiles orange et vertes. Situé dans le quartier royal de Rattanakosin et dans l’enceinte du Grand Palais (219 hectares), le Wat Phra Kaeo est le plus célèbre temple bouddhique de Thaïlande et l’un des plus beaux du pays.
Construit à partir de 1782, quand Bangkok devint la nouvelle capitale fondée par le roi Râma Ier, le Wat Phra Kaeo regroupe plusieurs édifices – somptueux – dont la construction s’est étendue sur plus d’un siècle.
L’édifice principal abrite la statue la plus vénérée du bouddhisme thaï, celle du Bouddha d’émeraude (de jade, en fait), l’emblème religieux de la dynastie royale. La statue, mesurant 66 centimètres seulement, est présentée sur un piédestal en or, sur un autel de 11 mètres de haut et sous un parasol doré à 9 étages symbolisant la royauté. Le Bouddha possède 3 costumes d'or qui sont changés à chaque saison par le roi.
Tout autour du temple, on trouve plusieurs édifices et des statues représentant des monstres, des démons à tête de singe, des chimères revêtues de mosaïques multicolores. L’extraordinaire chedï doré renferme le sternum de Bouddha. Derrière, le Panthéon royal, recouvert d’or et de faïence bleue, renferme les statues des rois de la dynastie Chakri.
La bibliothèque, avec ses colonnes et des murs couverts de porcelaine verte, abrite des livres sacrés du bouddhisme. Tout autour, sous les arcades, les 178 panneaux de la fresque Ramakien, peints sous le règne de Rama Ier (1782-1809), illustrent la version thaï de la légende du Râmâyana indien.
C'est l'un des sites les plus visités de Thaïlande, aussi bien par les touristes que par les Thaïs qui viennent y vénérer le Bouddha d'émeraude. Il est conseillé de s'y rendre dès l'ouverture (8h30) pour éviter les foules. Une tenue correcte est exigée (pantalon jusqu'aux chevilles, jupe longue et épaules couvertes).
Bangkok : Wat Pho, massage et bouddha couché
S’étendant sur 8 hectares au bord du fleuve Chao Phraya, à deux pas du Grand Palais, le Wat Pho est l’un des plus anciens temples bouddhistes de Bangkok. Sa construction a commencé en 1788 et s’est étendue sur un siècle. Il est célèbre pour sa gigantesque statue de Bouddha couché (45 mètres de long, 15 mètres de haut - photo), recouverte de feuille d’or. Elle le représente sur son lit de mort juste avant d’atteindre le nirvana. Ses pieds, incrustés de nacre, représentent les 108 états de bouddha.
Dans le parc de Wat Pho sont disséminés de nombreux petits temples et quatre beaux chedîs aux flèches élancées, recouverts de céramique et symbolisant les premiers rois de la dynastie actuelle. Autour du temple principal s’étendent deux galeries avec près de 400 bouddhas assis. Le cadre verdoyant renforce l’impression de sérénité qui se dégage du Wat Pho. À la différence du Wat Phra Kaeo, il est toujours fréquenté quotidiennement par des moines. Ce n’est pas qu’un lieu touristique.
Le Wat Pho est également réputé pour son centre de massage traditionnel où l’on peut se faire masser pour une somme modique par des apprentis masseurs. Séances d’une demi-heure à une heure pour quitter le temple du bon pied !
L'école de massage de Wat Pho, très réputée, dispense des cours à l'intention des étrangers, délivrant également des formations diplômantes. Sessions courtes de 5 jours d'initiation au massage à partir de 13 500 baths (350 €), mais aussi des enseignements plus longs pour devenir un pro ! Plus d'infos : watpomassage.com/EN/home
Bangkok : Wat Arun, le temple de l’aube
Attention, icône ! Le Wat Arun, dont la silhouette orne les pièces de 10 baths, compte parmi emblèmes de la Thaïlande et de sa capitale. En fait, le Wat Arun se trouve du côté de Thonburi, sur l’autre rive du fleuve Chao Phraya.
Le temple porte le nom de la divinité hindoue de l’aube : Aruna. Il commémore l'arrivée du roi Taksin à Thonburi en 1767. Fuyant la capitale d’alors, Ayutthaya, conquise par les Birmans, Taksin décide d’installer la nouvelle capitale sur les rives du Chao Phraya, tout d'abord à Thonburi, puis à Rattanakosin (l'actuel Vieux Bangkok), sur l'autre rive du fleuve. L’aube d’une nouvelle ère pour le royaume de Siam.
Le Wat Arun (ou "temple de l'aube") est bien plus sobre que le temple du Grand Palais. Recouvert de fragments de porcelaine, le somptueux prang (tour sanctuaire) central, haut de plus de 80 mètres, domine le fleuve. Caractéristique de l’art khmer, il représente le mythique mont Meru – la demeure des Dieux – avec à sa base des statues d’apsaras (danseuses divines). Depuis la terrasse du prang, la vue sur Bangkok et le Chao Phraya est magnifique.
La nuit, illuminé, le « temple de l’aube » se reflète, tel un mirage, dans les eaux noires du fleuve. Il est possible de l’admirer, notamment depuis le bar-terrasse de l’hôtel Arun Residence, situé de l’autre côté du Chao Phraya. Magique !
Bangkok : Wat Suthat, le temple de la balançoire
Chef-d’œuvre de l’art classique bangkokien (dit Rattanakosin), le Wat Suthat, construit au XIXe siècle, possède le plus grand viharn (salle de réunion pour les fidèles) de la capitale. Il abrite un imposant bouddha de bronze doré, haut de 8 mètres, datant de l’ère Sukhothai (XIVe siècle).
L’ensemble du temple, dont la cour du cloître est recouverte de marbre, force le respect. Prière de se déchausser. Tout au long du cloître, sous les arcades, sont disposées des centaines d’images du bouddha.
Face au temple, construit dans le quartier de Banglamphu, s’élève un immense portique de teck rouge, haut de 27 mètres : la fameuse « balançoire géante ». Construit il y a 200 ans, il était utilisé par de jeunes brahmanes qui, en se balançant le plus haut possible, tentaient de décrocher des sacs remplis d’argent disposés au sommet du portique.
Ce rituel n’avait rien d’une attraction foraine, mais était dédié au dieu Shiva. Le roi, qui le jugeait trop dangereux, supprima cette tradition religieuse en 1935. Les brahmanes, par contre, fréquentent toujours le Wat Suthat.
D'autres temples du Vieux Bangkok méritent d'être visités : non loin du Wat Suthat, le Wat Saket (ou Golden Mountain) perché sur une colline artificielle, surplombe la ville à 80 m de hauteur. Aux pieds de la colline, le Wat Ratchanatdaram (Loha Prasat), sur l’avenue Ratchadamnoen, est l’un des rares temples bouddhistes du monde coiffé d’un toit en métal.
Plus au nord, face à l’actuel palais royal, le très beau Wat Benjamabohitr est construit en marbre de Carrare. Dans Chinatown, le Wat Traimit abrite un Bouddha d’or de 3 m de haut. Quant au Wat Ratchabophit (près du Grand Palais), il recèle des chêdis de styles éclectiques, s'inspirant notamment de l'art baroque européen ou même du style khmer des temples d'Angkor.
Lire aussi Les temples de Bangkok.
Chiang Rai : Wat Rong Khun, le temple blanc
Pour finir ce tour de Thaïlande, un temple bien actuel : le Wat Rong Khun, situé à 13 kilomètres de Chiang Rai au nord du pays. D’une blancheur immaculée, symbolisant la pureté du bouddhisme, il est en construction depuis 1997. On le doit à Chalermchai Kositpipat, un artiste thaï contemporain natif de Chiang Rai. Le Wat Rong Khun, érigé en l’honneur du roi Râma IX, est devenu l’une des principales attractions touristiques de la région.
Anticonformiste de par sa blancheur, le temple, auquel on accède par un pont, est également incrusté de fragments de miroirs. À l’intérieur, des fresques murales de style naïf mêlent symboles bouddhistes, animaux et références à la pop culture (Spiderman, Batman, Matrix…). Welcome to Buddhaland !
Les sculptures autour du temple semblent sorties d’un film fantastique. Au pied du pont qui mène au bâtiment principal, un bassin rempli de mains semblant s’échapper du sol et de crânes a tout d’un marigot de l’enfer. Des portiques arborant une tête de mort suggèrent les méfaits de la cigarette et de l’alcool. Totalement kitsch.
Une fois terminé, le Wat Rong Khun comprendra plusieurs bâtiments. Si vous êtes fan, sachez que vous pouvez acheter des peintures de l’artiste pour aider au financement des travaux.
Thawan Duchanee, autre artiste local, a inauguré son propre musée, aux antipodes du temple blanc, comme un défi lancé à son rival : la "maison noire" ou Baandam Museum. Il s'agit d'une demeure en teck aux airs de temple et d'une trentaine de pavillons entièrement noirs où sont exposées les oeuvres de Duchanee. Egalement à Chiang Rai : le Wat Rong Suea Ten, un temple tout bleu ! De quoi en voir de toutes les couleurs...
Fiche pratique
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Lexique des temples
- Wat : le monastère bouddhique regroupant les différents édifices religieux avec des moines résidants.
- Chedî : reliquaire en forme de cône ou de cloche.
- Stûpa : dôme contenant des reliques objets de culte.
- Bot : salle de réunion où ont lieu les ordinations de moines. Souvent de forme rectangulaire et recouvert de toits pentus et superposés.
- Viharn : salle d’assemblée de fidèles, contenant des images de Bouddha.
- Prasat : temple, en forme de tour sanctuaire, typique de l’époque angkorienne (signifie « château »).
- Prang : tour sanctuaire couverte d'une haute toiture, version thaïe du prasat.
Savoir-vivre
Il faut enlever ses chaussures avant de pénétrer dans un temple. À l’intérieur, tenue décente et silence exigés. Assis, il ne faut pas mettre ses pieds face à la représentation de Bouddha. Il est interdit de toucher aux statues et aux images de Bouddha qui sont des objets sacrés.
Écoutez Road Trip Thaïlande, le podcast du Routard :
Texte : Jean-Philippe Damiani
Mise en ligne :