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Première leçon : Réveiller les sens De
Bougainville à Gauguin, jusqu'à Alexandre Jardin, combien
d'hommes ont nourri nos imaginaires de sensualités exotiques ?
Même si, comme nous le rappelle Mircea Eliade, toutes les cultures
reposent sur le mythe du paradis perdu, notre intérêt pour
la liberté d'expression des corps dans de nombreuses cultures exotiques
ou primitives témoigne des silences et interdits que le christianisme
a fait peser sur la nôtre
Sensualité, ou l'art d'éveiller les sens au plaisir comme chez les Mendis, en Nouvelle-Guinée, qui aiment se retrouver dans une case dont le sol est couvert de flocons de canne à sucre mâchée. Assis sur le sol, ils se frôlent délicatement en s'accompagnant de chants, puis lentement le rythme s'accélère jusqu'à l'enlacement. Plus au Nord, les Inuits, bien au chaud dans leur igloo, préfèrent s'enduire le corps de graisse de phoque. Une fois les ébats terminés, ils se laveront à l'urine. La
séduction a partout sa place et partout des critères différents.
Selon les peuples, elle se concentre sur un, plusieurs ou sur l'ensemble
des sens. Leçon n° 2 : Importance du mythe et de la transmission Ici comme ailleurs, le mythe originel de la culture imprègne bien souvent les rites amoureux. S'il est difficile de déterminer de quelle façon la rencontre d'Adam et Ève influence encore les amours chrétiens, dans les îles Banks ou en Malaisie, les parades amoureuses miment encore la création du monde. Au son du pipeau, les peuples réinterprètent la danse à laquelle Dieu les invita en les créant. Les Maoris vivent, quant à eux, au rythme du mythe selon lequel l'amour initie à des parties inconnues de soi-même. Chez ce peuple, où l'expression du désir est extrêmement riche, faire l'amour avec des partenaires différents, c'est donc apprendre à devenir soi-même. Si
le mythe reste toujours en toile de fond, aujourd'hui encore, comme autrefois
en Grèce, la sexualité avec un adulte fait partie de l'apprentissage
normal des enfants dans de nombreuses cultures. Ainsi, dans certaines
tribus d'Amérique du Nord, les femmes plus âgées vont
jusqu'à donner d'elles-mêmes pour initier les jeunes garçons
aux joies de l'amour. En Micronésie, à Nauru, la jeune fille
est, quant à elle, initiée aux ablutions et aux caresses
par sa grand-mère. Enfin, dans le Madhya Pradesh, en Inde, les
jeunes Muria dansent encore autour du « ghotul »
(dortoir mixte) avant d'aller s'y coucher ; la nuit venue, garçons
et filles y sont initiés à l'amour par leurs aînés.
Ces cultures considèrent bien souvent l'enfant comme un adulte
en réduction, ce qui explique qu'elles sont, contrairement aux
nôtres, étrangères au concept de pédophilie ;
de plus, ces pratiques s'inscrivent dans le cadre de l'initiation et de
la transmission et sont généralement très codifiées.
Leçon n° 3 : Une pointe de fantaisie En manque d'imagination ? Demandez à ces tribus du nord de la Nouvelle-Guinée de vous parler de leur catalogue des soixante-dix programmes amoureux et sensuels. Transmis oralement depuis la nuit des temps, ces programmes viennent pimenter leurs amours ; pour décider de celui qu'ils mettront en pratique, les deux amoureux potentiels doivent tomber d'accord au cours de discussions qui peuvent durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Hommes et femmes peuvent pratiquer des parties différentes du programme avec des partenaires différents. Changer de mari pour les femmes qui se considèrent mal mariées ? Une tribu du Niger le propose au cours d'un concours de beauté masculin qui se déroule à la fin de la saison des pluies. Les hommes, travestis, se maquillent en femmes et s'élancent dans une danse devant un jury uniquement composé de femmes. Montrant leurs dents dans un sourire figé, écarquillant les yeux pour qu'on en aperçoive le blanc, signe de bonne santé, cette fête peut durer six jours et six nuits. Preuve de la diversité et des étrangetés culturelles, certains peuples survivent en pratiquant des rites amoureux étonnants. Ainsi, chez les Kalash, au Pakistan, hommes, femmes et enfants se travestissent au cours de la fête Chamos et se livrent à un tournoi d'insultes sexuelles. C'est la période d'abstinence hivernale et le « langage de la bite » disent les Kalash sert à resserrer les liens et à régénérer les forces vitales. Enfin, en Chine dans le Yunnan, survit une minorité de culture matriarcale : le peuple Na. Ici, les géniteurs ne sont pas reconnus, les femmes vivent avec leurs frères et leurs enfants. L'inceste y est un tabou absolu. Ils ignorent tout du sentiment amoureux. Pour gagner les faveurs de ces dames, les hommes chapardent leurs chapeaux, un sourire en retour leur autorise une visite nocturne. Photographies
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