1. Bruce Chatwin
  2. Une enfance rêveuse
  3. L'horreur du domicile
  4. Le nomade à l'œuvre
  5. L'ultime voyage
  6. Pour en savoir plus

Le nomade à l'œuvre

Avec En Patagonie, Chatwin entraîne le lecteur à travers toutes les provinces du sud de l'Argentine, du Rio Negro à Santa Cruz, du Chubut à la Terre de Feu, puis vers Punta Arenas au Chili. Le livre est une fresque d'aventures et d'histoires multiples. On y croise des descendants de mineurs gallois, des petits-fils d'Italiens, des curés zoologistes, des tondeurs de moutons, des souvenirs de révoltes ouvrières et d'attentats anarchistes. Suivront d'autres livres comme Le Vice-roi de Ouidah (dont Werner Herzog s'inspirera pour son film Cobra Verde), Les Jumeaux de Black Hill, Le Chant des pistes. Dans tous ses récits, Chatwin prend un malin plaisir à mélanger les faits réels et la fiction, ce qui lui vaudra quelques reproches de certains puristes, mais les critiques seront en majorité élogieuses, considérant que Chatwin apporte un renouveau au travel writing en appliquant les techniques de la narration du roman pour restituer le quotidien, qui, du coup, devient romanesque. L'auteur de En Patagonie deviendra, malgré lui - bien qu'il entretienne malicieusement à son sujet un certain mystère - une légende et un exemple pour toute une génération de journalistes et d'écrivains : " Rien ne me lasse plus que cette étiquette de travel writer. "

Les bienfaits du nomadisme

Dans Le Chant des pistes, livre patchwork, qui a pour décor l'Australie, fait de portraits saisissants, d'impressions visuelles, de réminiscences d'anciens voyages et de nombreux aphorismes, on retrouve la passion de l'auteur pour la vie nomade et son mode d'existence.
Chatwin passera beaucoup de temps dans les bibliothèques et à rencontrer des anthropologues et ethnologues, pour recueillir des données qui viendraient étayer sa thèse " impubliable " en faveur du nomadisme.
Dans toute son œuvre, Chatwin fera des allusions répétées à sa tentative de démontrer les bienfaits d'une vie en mouvement : " L'acte de voyager contribue à apporter une sensation de bien-être physique et mental, alors que la monotonie d'une sédentarité prolongée ou d'un travail régulier engendre la fatigue et une sensation d'inadaptation personnelle. Les bébés pleurent souvent pour la seule raison qu'ils ne supportent pas de rester immobiles. Il est rare d'entendre un enfant pleurer dans une caravane de nomades. (...) "Notre nature, écrivait Pascal, est dans le mouvement. La seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement." Divertissement. Distraction. Fantaisie. Changement de mode, de nourriture, d'amour, de paysage. Sans changement notre cerveau et notre corps s'étiolent. L'homme qui reste tranquillement assis dans une pièce aux volets clos sombrera vraisemblablement dans la folie, en proie à des hallucinations et à l'introspection. Des neurologues américains ont étudié des électroencéphalogrammes de voyageurs. Ils y ont constaté que les changements d'environnement et la prise de conscience du passage des saisons au cours de l'année stimulaient les rythmes du cerveau, ce qui apportait une sensation de bien-être et incitait à mener une existence plus active. Un cadre de vie monotone, des activités régulières et ennuyeuses entraînaient des types de comportement produisant fatigue, désordres nerveux, apathie, dégoût de soi-même et réactions violentes. "

La thèse de Chatwin est séduisante et pertinente - on peut la vérifier tous les jours dans notre lutte contre un quotidien qui souvent nous enlise - et même si elle possède ses détracteurs, l'histoire ancienne et contemporaine semble donner raison à Chatwin, qui nous rappelle à travers ses récits que le nomadisme est non seulement un art de vivre, mais également un état d'esprit dont la qualité principale serait la curiosité pour l'Autre et cela au sein même de notre environnement le plus proche.
Cet enthousiasme pour l'altérité, " J'ai toujours préféré l'autre à mon semblable ", disait le photographe-ethnologue Pierre Fatumbi Verger, serait par trop simpliste, si on oubliait de citer Baudrillard commentant Todorov: " Il est celui qui tout en se délectant de la différence, sait que toute fusion avec l'autre est vaine. "

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