1. Bruce Chatwin
  2. Une enfance rêveuse
  3. L'horreur du domicile
  4. Le nomade à l'œuvre
  5. L'ultime voyage
  6. Pour en savoir plus

L'ultime voyage

Dernières escales

Chatwin, écrira son ami Francis Windham, dans la préface à l'ouvrage posthume Photographies et Carnets de voyage, " concevait le voyage comme une fin en soi, comme une réalisation de l'idée de fuite et d'évasion, mais une évasion hors de rien en particulier et une fuite vers presque tout, un parcours circulaire autour de la terre qui doit se terminer là où il a débuté pour recommencer de nouveau. "

L'Australie sera le dernier grand voyage de Chatwin. Se savait-il malade du sida ? Les dernières phrases du Chant des pistes, où il relate la vision de trois aborigènes s'éteignant doucement dans une clairière, résonnent comme l'acceptation de sa mort à venir : " Oui. Tout allait bien pour eux. Ils savaient où ils allaient, souriant à la mort dans l'ombre d'un gommier-spectre ".
Affaibli, Chatwin rejoint cette maison dans le sud de la France où il avait pris l'habitude de se rendre, entre deux voyages, pour y écrire ses livres. Malgré les soins attentionnés de sa femme Elizabeth, son état se dégrade rapidement, il ne peut bientôt plus marcher et s'exprime difficilement. Il trouve quand même la force de corriger les épreuves de son ultime livre, Utz, dans lequel il met en scène un singulier baron tchécoslovaque, propriétaire de la plus extraordinaire collection de figurines anciennes en porcelaine de Saxe. À la mort du collectionneur, les précieuses figurines disparaissent. Tout au long du roman, un jeune narrateur mène l'enquête. Il finit par déduire que le baron avait tout simplement détruit lui-même sa collection, par dégoût pour les compromis passés avec le régime communiste, mais aussi pour une passion amoureuse tardive qui ne supportait pas la concurrence des délicats objets.

L'ultime voyage

Alité et fiévreux, entouré des carnets dans lesquels sont inscrites ses notes de voyage, Chatwin reçoit son ami compositeur Kevin Volans, pour élaborer un opéra sur la mort de Rimbaud. Pour Chatwin, les voyages incessants du poète à travers l'Afrique étaient un rempart contre la folie et la maladie. Lui-même croit que s'il récupérait l'usage de ses jambes et marchait à nouveau, il pourrait guérir.
Chatwin, avec un dernier clin d'œil à l'exotisme, contribuera à brouiller une fois de plus les pistes en évoquant à la presse sa maladie : " résultat d'une infection attrapée pendant un séjour en Chine, une maladie très rare qui attaque la moelle. Je ne peux plus bouger, ce qui pour quelqu'un qui adore bouger est quelque chose de vraiment horrible. " Chatwin ajoutera : " Mais le voyage lui-même peut devenir une tyrannie. Plus vous voyagez et plus vous faites collection d'endroits. Je n'en peux plus de cette collection. Je n'irai plus nulle part."
Comme Rimbaud, Bruce Chatwin meurt dans le sud de la France, le 18 janvier 1989. Comme Rimbaud, le personnage garde son mystère. Quelques années après sa mort, les journaux annonceront que Chatwin est mort des suites d'une infection liée au sida. À la disparition de l'écrivain nomade, un journal français lui rendra un dernier hommage avec un titre qu'il aurait apprécié: " Chatwin est reparti ".

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