Les migrants dans le monde : et pourtant ils tournent...
L'homme, cet être sans limites

Un des aspects de la mondialisation
La mondialisation actuellement à l’œuvre fait se déplacer les capitaux, les marchandises, les idées, mais aussi les hommes.
Aujourd’hui, les statistiques nous disent qu’environ 200 millions de terriens par an migrent pour s’établir loin de leur point de départ, soit deux fois plus qu’en 1980. Chaque année, le nombre de migrants augmente d’environ 2%, 63% d’entre eux vivent dans les pays économiquement développés. Les États-Unis, la Russie et l’Allemagne sont les destinations les plus attirantes. Les trois principaux pays d'où partent les migrants sont la Chine, l’Inde et les Philippines. Il est à noter que près de la moitié des migrants sont à présent des femmes et qu’elles sont de plus en plus nombreuses à migrer seules.
Ne sont pas ici comptés les migrants irréguliers qui échappent aux comptabilisations officielles, ni d’autres types de voyageurs, tels que les touristes ou les commerçants, ou encore les peuples nomades.

Un phénomène intrinsèquement humain
L’idée que les populations sont enracinées dans la terre sur laquelle elles vivent en restant fermées à tout apport humain extérieur est fausse. Rares sont les peuples qui, durant leur histoire, n’ont pas accueilli en leur sein des éléments venus d’ailleurs. Sans doute dans certaines îles, dans des endroits difficilement accessibles (hautes montagnes, jungle, banquise…), est-on resté isolé. Et encore, bien souvent les enquêtes ethnologiques nous apprennent que d’une manière ou d’une autre, il y a eu des pénétrations extérieures, ne serait-ce que d’individus venus d’un territoire proche.

Rapide histoire des migrations
© UNHCR. Source : www.unhcr.frAu début était le migrant… L’homo sapiens étant, estime-t-on, apparu en Afrique, c’est en émigrant qu’il s’est progressivement établi en tout point de la planète, ou quasiment : au Moyen-Orient, en Asie, en Europe, puis dans les îles d’Asie du Sud-Est et du Pacifique, ainsi que dans les Amériques.
D’autres grands mouvements se sont effectués durant l’Antiquité. Il en est qui sont restés mythiques, tels les exodes bibliques, ou mystérieux comme ceux des Celtes. En revanche, on connaît bien les chemins pris par les Grecs et les Romains autour de la Méditerranée, en Afrique et en Orient, de même que ceux des peuples dits barbares dont certains ont traversé l’Asie pour rejoindre l’Europe : Huns, Avars, Vandales, Goths, Ostrogoths, Wisigoths, Francs, Suèves, Burgondes, Angles, Jutes, Frisons, Saxons, Lombards…
Au cours du Moyen Âge migrent les Vikings, Arabes, Turcs, Mongols… Dans les siècles qui suivent la Renaissance, les Européens se répandent sur tous les continents et notamment en Amérique du Nord et du Sud, où ils implantent contre leur gré des Africains au cours plusieurs siècles traites négrières.
À partir du XIXe siècle, à la faveur de l’industrialisation et de la mise en exploitation de terres immenses, de grandes vagues d’émigration touchent l’Italie, la Scandinavie, l’Irlande, l’Europe de l’Est, la Chine… La grande destination est alors l’Amérique du Nord. Aux XXe et XXIe siècles, ce mouvement se poursuit et met sur les routes de plus en plus de peuples.

Les diasporas
Au fil des siècles se sont constituées des diasporas : Arabes du Liban et de la Syrie – descendants des Phéniciens –, Chinois ou Indiens, spécialisés dans des secteurs d’activités tels que le commerce, l’artisanat ou la petite industrie. Dans l’histoire, d’autres peuples ayant perdu leur terre d’origine comme les juifs ou les Arméniens ont été obligés de trouver des points de chute dans le monde, souvent avec de grandes difficultés car ils étaient soumis à des persécutions, comme les juifs ou les nomades roms.

Les raisons pour lesquelles on migre
© IOM 2002 - MAF0156 / Jeff Labovitz. Source : www.iom.intOn migre pour échapper à la misère : c’est cela ou mourir de faim.
On migre aussi pour améliorer son sort. Pauvre, on souhaite devenir moins pauvre, voire riche. Et quand on est à l’aise, même très à l’aise chez soi, on peut également aller chercher fortune ailleurs.
On migre encore pour fuir une catastrophe naturelle ou un dérèglement de la nature provoqué par l’homme.
On migre enfin pour ne pas se faire ostraciser, emprisonner ou tuer en raison de son activité politique ou syndicale, de sa religion ou de son appartenance à un clan, une ethnie ou à tout groupe social stigmatisé par un pouvoir. Pour sauver sa vie, on quitte son pays frappé par une guerre, qu’elle soit civile ou internationale.

Les migrations ne se font pas en dépit du bon sens
Favorisées d’un côté, les migrations pour raisons économiques sont contrées de l’autre. Si des individus ou des groupes humains se dirigent dans une direction donnée, ce n’est pas par hasard.
La plupart du temps, le migrant est à peu près assuré de trouver un emploi. Nombre de tâches pénibles, souvent dangereuses, parfois précaires et peu rémunérées n’attirent plus les travailleurs locaux. Un immigré représente une main-d’œuvre peu chère, qu’il soit non qualifié ou diplômé. De plus, constamment menacé par une possible expulsion, il aura en général tendance à ne pas faire valoir ses droits, ni à en demander, à ne pas revendiquer par exemple une augmentation de salaire.
Dans cette optique, le fait qu’on ne lui accorde pas de titre de séjour fait peser sur lui une menace très efficace. C’est l’apparent paradoxe dans lequel se trouvent les pays européens. On discute sans arrêt du « problème de l’immigration », on déploie des moyens de surveillance et de répression, mais on ne s’attaque jamais aux employeurs de main-d’œuvre étrangère et illégale. Les secteurs du bâtiment, de la restauration, de l’agriculture et de la confection figurent parmi les plus importants recruteurs.

Mal vu
Les mesures prises pour limiter les migrations sont plus ou moins efficaces. Il est quasiment impossible d’empêcher les déplacements individuels ou massifs de populations sauf à élever des murailles ou à faire usage de la force armée. Une fois que l’on a dit cela, il n’en reste pas moins que, partout, on se méfie de l’étranger. Parfois plus encore, lorsque de nouveaux arrivants s’installent sur des terres où se sont établis depuis peu d’autres migrants.

Le migrant est accusé de prendre le travail des autochtones, de suivre des coutumes différentes, de ne pas partager la religion locale… Il est stigmatisé comme tout pauvre ou misérable parce qu’il vit dans la précarité. On lui reproche aussi facilement tout délit ou crime se déroulant dans les environs. Que l’on soit allé le chercher ou qu’il soit arrivé sur le territoire par ses propres moyens, il est la plupart du temps en butte à des législations contraignantes et doit souvent subir une pression policière.

Victimes de trafics
Pour traverser les frontières, les migrants font appel à des individus leur promettant une arrivée à bon port. Ces « passeurs », de plus en plus structurés et liés au crime organisé, n’attachent cependant guère d’importance à l’intégrité physique et morale de leurs clients. Bien que cette activité soit aussi ancienne que les migrations, elle est aujourd’hui devenue une excellente affaire, qui prospère en tirant profit des embûches semées sur la route des candidats à l’exil.

Migrant, émigrant, immigré, réfugié, exilé, expatrié…
À chaque mot, sa signification officielle, scientifique ou symbolique.
En ces temps où la question des déplacements de populations est exploitée en politique, savoir de quoi et surtout de qui on parle est de première importance. Migrant est le terme le plus neutre. Il nomme celui qui a quitté un sol pour un autre. L’émigré est celui qui est parti, l’immigré celui qui s’est installé (migration économique). Le réfugié a, quant à lui, fui une grave menace (migration contrainte). Tout comme souvent l’exilé, quoique ce dernier a pu décider de son propre chef de s’installer dans un nouveau pays. Enfin, lorsqu’un Français émigre, en Afrique par exemple, on ne dit pas qu’il est un immigré, mais un expatrié…

L'immigration choisie
C’est un concept nouveau, même si, dans la pratique, il recouvre des réalités de toujours. En gros, il s’agit de favoriser la venue de personnels étrangers ayant acquis des compétences sanctionnées par des diplômes. Les détracteurs de cette idée dénoncent les effets désastreux que cette politique peut avoir sur les pays pauvres en les privant de leurs élites.

Le travail saisonnier
© UNHCR/L. Aström. Source : www.unhcr.frDes travailleurs viennent se mettre au service d’exploitants agricoles le temps des récoltes, par exemple en Espagne, en France ou aux États-Unis. Ce sont en général les grands oubliés des débats sur l’immigration. Un des paradoxes des politiques contraignantes est que ces migrants sont amenés à demeurer sur place par crainte de ne pouvoir revenir travailler, alors qu’ils ont pour vocation de retourner au pays en attendant la prochaine saison.

Des devises pour le pays d’origine
Les migrants ont très souvent pour objectif de subvenir au besoin de leurs proches restés au pays. D’où un afflux de devises qui pèse lourd dans l’économie des États d’origine. Parfois, l’argent envoyé est supérieur à celui des aides accordées par les nations riches à celles que l’on qualifie de pauvres.

Le retour au pays
C’est le grand projet de nombreux migrants : revenir au pays, profiter du pécule amassé, voire des richesses créées par leurs envois de devises, de leur maison chèrement acquise, profiter simplement de sa retraite… Il arrive cependant fréquemment que ce projet n’aboutisse pas. Le migrant a refait sa vie ou a disparu (mort naturelle, accident du travail…). Dans d’autres cas, il a su établir des connexions lui permettant de mener des activités à la fois dans le pays d’accueil et sur sa terre d’origine.

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Européens en route pour les USA en 1951 © UNHCR. Source : www.unhcr.fr
Afghans fuyant la sécheresse et les conflits © IOM 2002 - MAF0156 / Jeff Labovitz. Source : www.iom.int
Retour de namibiens dans leur pays en 1989. © UNHCR/L. Aström. Source : www.unhcr.fr

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