Le carnaval de Tenerife
" Remets à demain, aujourd'hui, c'est carnaval " : cette maxime de l'île des Canaries décrit bien l'ambiance du carnaval de Santa Cruz de Tenerife, capitale de la plus grande île de l'archipel. Du 18 février au 9 mars 2003, les habitants de Tenerife endosseront leurs habits de fête pour quelques semaines de défilés et de délires musicaux. Bienvenue à l'un des carnavals les plus vieux d'Europe…
Préparez votre voyage avec nos partenairesUne tradition festive ancrée dans l'histoire
Ce carnaval-là n'a pas grand-chose à envier à ceux de
Rio ou de Venise. Après eux, il occupe la place du carnaval le plus connu
au monde. Pas étonnant : le carnaval de Tenerife est solidement ancré
dans l'histoire et ses origines remontent à 1700… Les conquérants
de l'île, arrivés à Tenerife vers le milieu du XVe siècle,
ont apporté avec eux moult traditions festives qui avaient cours dans
toutes les colonies de la Couronne. L'esprit carnavalesque profitait donc d'un
terrain favorable pour s'installer dans les parages. Ce n'est qu'au XVIIIe siècle
que le peuple entendit parler des fêtes organisées par les riches
familles bourgeoises de l'époque : elles conviaient certains voyageurs
distingués à se joindre à leurs danses et à leurs
festivités ! La population décida donc d'en faire autant, mais
ce ne fut pas chose aisée : les autorités civiles et ecclésiastiques
ne voyaient naturellement pas ces réjouissances d'un bon œil. Les
danses et les festivités des Masques (appelées ainsi à
cause des femmes qui se rendaient à la fête la tête voilée)
furent donc interdites dans les rues de la ville. Mais ce n'était que
le début des difficultés : le carnaval fut interdit après
la chute de la Seconde République et le début de la guerre civile
espagnole jusqu'aux années soixante-dix.
Dès 1945, les habitants, attachés à leur fête, l'organisaient
clandestinement à l'abri des murs de leurs maisons… Ce n'est qu'en
1965, lorsque les festivités d'hiver ont été déclarées
d'intérêt touristique national, que le carnaval a pu revivre sous
le nom ambigu de " festivités ". En 1976 enfin, ignorant les
censures de la dictature franquiste, ces " festivités " ont
enfin recouvré le digne nom de carnaval. Et depuis 1980, sa réputation
internationale n'est plus à faire…
Une ville entière qui vit au rythme de la fête
La réputation du carnaval de Tenerife n'est pas seulement historique, loin de là. Pendant quelques semaines, c'est toute une population qui vit pour un événement auquel elle participe activement. C'est un carnaval fait pour et par le peuple. Plusieurs mois avant le début des réjouissances, les habitants de Santa Cruz passent leur temps libre à l'organiser : les uns répètent les morceaux de musique qu'ils interpréteront dans les rues, les autres commencent à confectionner les costumes de couleurs et de paillettes qu'ils endosseront pour l'occasion, les reines du carnaval se préparent à l'élection, on installe des spots de lumière dans la ville, etc. Pas de professionnels donc, dans les cortèges qui défilent dans les rues, simplement les habitants de l'île qui ont consacré beaucoup de temps à la réalisation de leur carnaval. L'ambiance est particulièrement festive et joyeuse : les déguisements sont fantaisistes et originaux, la bonne humeur et le sens de l'accueil du peuple communicatifs. Les mots d'ordre sont la plaisanterie et l'irrespect. Le carnaval attire chaque année plusieurs dizaines de milliers de personnes, et peut se vanter d'être également le plus sûr des carnavals de cette ampleur.
Place au spectacle !
Les rues de la ville sont envahies par les " muras " (groupes musicaux)
et les " rondallas " (des groupes qui interprètent de la musique
lyrique de compositeurs de renom). Les " comparsas " (participants
costumés) défilent dans les rues. Les reines du carnaval montrent
leurs somptueux costumes de plumes et de strass, les dernières technologies
en matière de lumière illuminent la ville… Le début
des festivités est en général lancé par la cavalcade,
gigantesque fanfare de musique et de masques composée de groupes musicaux.
Pendant le carnaval, les groupes se produisent dans les arènes : une
sorte de prolongement de la cavalcade où les groupes montrent leurs talents
musicaux et d'écriture ainsi que leurs déguisements. La fin du
carnaval se solde par l'enterrement de la sardine , une sorte de spectacle un
peu libertin et irrévérencieux qui, avec l'embrasement de ladite
sardine, annoncent la fin de la fête et l'arrivée du carême
et de la réflexion spirituelle. On retourne à l'ordre quotidien
et au sérieux après la folie quelque peu anarchique du carnaval…
Pour plus d'infos : www.carnavaltenerife.com
(en espagnol).
Crédit photo : © Fondo Documental del Ayuntamiento de Santa Cruz
de Tenerife. O.A. de Fiestas y Actividades Recreativas
Texte : Charlotte Langrand
Mise en ligne :