Buenos Aires Tango : ¡ viva el tango !
Le tango redevient à la mode sur les rives du Rio de la Plata. Du 23 février au 4 mars, la 9e édition du festival Buenos Aires Tango présentera notamment les jeunes interprètes qui insufflent une seconde jeunesse à cette musique éminemment argentine. L’occasion de musarder dans Buenos Aires et de humer l’atmosphère si particulière des milongas, ces dancings où s’exprime encore et toujours la culture du tango. Plus qu’une danse, un art de vivre authentiquement porteño. Laissez-vous séduire…
Préparez votre voyage avec nos partenairesLe tango n’est pas mort
Le tango n’est pas mort. Cette « pensée triste qui se danse » – selon la belle définition du poète argentin Enrique Discepolo –, décrite aussi comme l’« expression verticale d’un désir horizontal », connaît une nouvelle vie sur les rives du Rio de la Plata où elle a vu le jour. Des amateurs du monde entier viennent comme en pèlerinage humer l’air des clubs de tango, les milongas, où le temps semble s’être arrêté. Au son du bandonéon, en écoutant la voix de Carlos Gardel ou en admirant la sensuelle élégance des tangueros, ils méditent sans doute sur le singulier destin de cette danse aux origines sulfureuses.
On l’a peut-être oublié, mais le tango est né à la fin du XIXe siècle dans les faubourgs près du port, parmi les immigrants : des hommes seuls venus du monde entier qui dansaient, souvent entre eux, dans les bordels ou les bars mal famés. Comme la samba au Brésil, le tango est une danse métissée venue du peuple. Il a ainsi longtemps été méprisé par la bourgeoisie locale avant de devenir l’emblème et la fierté du pays. Ironie de l’histoire...
Mais qu’on ne s’y trompe pas. Tous les Argentins ne dansent pas le tango, loin s’en faut. La jeunesse porteña fréquente les bars et les boîtes du quartier branché de Palermo plutôt que les dancings de San Telmo, berceau historique du tango. Les 30-45 ans l’ignorent : à leurs yeux, cette danse est celle de leurs parents. Pourtant, depuis une dizaine d’années, Buenos Aires connaît une nouvelle vague tanguera. Une Academia nacional del tango a vu le jour, tandis que de nouveaux groupes de musique s’en inspirent pour le marier au jazz ou à la musique électronique. Le succès mondial du groupe franco-argentin Gotan Project témoigne de ce nouvel engouement. Buenos Aires possède même une radio entièrement consacrée au tango (La 2x4). Et il est de moins en moins rare de voir des jeunes d’une vingtaine d’années aller danser dans les milongas où ils côtoient leurs grands-parents.
Festival Buenos Aires Tango
La programmation du 9e festival international Buenos Aires Tango, qui aura lieu du 23 février au 4 mars, témoigne de la vitalité retrouvée de ce genre musical. De nombreux jeunes interprètes mêlant le tango au rock, au jazz ou aux musiques électroniques, sont invités à se produire sur les scènes (Teatro Sarmiento, Teatro Alvear, Centro Cultural Gardel…) et dans les milongas participant au festival. Un hommage sera également rendu au tango de «l’autre rive », c’est-à-dire aux interprètes et aux compositeurs de Montevideo, en Uruguay. Enfin, un volet de la programmation sera consacré aux interprètes argentins vivant en Europe comme Jerez Le Cam, Ariel Prat, le groupe Beltango ou le pianiste Matthieu Cepitelli.
Outre les concerts, Buenos Aires Tango propose plusieurs activités : des classes quotidiennes ouvertes à tous, une foire de toutes sortes de produits (disques, accessoires, chaussures…), des circuits touristiques guidés sur les traces du tango (visite des quartiers de San Telmo, La Boca, Retiro...), un concours pour les professionnels et, surtout, une milonga en plein air avec les orchestres Cerda Negra, Sans Souci et Sexteto Mayor, qui devrait réunir des milliers de personnes.
Après le festival, cabarets et dancings
Mais, à Buenos Aires, il faut surtout assister à du tango live, en se rendant soit dans un cabaret, soit dans une salle de bal. Il y en a pour tous les goûts : tango de concours avec strass et fanfreluches ; tango de salon à l’européenne à l’élégance rigide et aux figures imposées ; tango de spectacle (fantasia) aux danseurs virtuoses ; enfin, le tango milonguero, où les partenaires dansent collés l’un à l’autre au son du bandonéon dans des salles au charme désuet, où tout n’est que sensualité, élégance et intemporalité.
Préférez les bars de type milonga aux cabarets pour touristes : ces derniers offrent certes des spectacles de bonne qualité, mais ils manquent peut-être un peu d’authenticité. Situé à San Telmo, le Bar Sur (qui a servi de cadre au film Happy Together de Wong Kar-Wai) propose de bons spectacles dans une atmosphère encore intime et un cadre très typique. Mais il ne faut pas manquer de se rendre dans une authentique salle de bal, même si l’on ne sait pas danser le tango : le spectacle vaut le détour.
Ne manquez pas non plus des lieux légendaires comme le splendide salon de thé-dancing Confiteria Ideal ou certaines milongas plus confidentielles de San Telmo comme le Torquato Tasso. Demandez donc à des Porteños (les habitants de Buenos Aires) de vous donner leurs meilleures adresses. Dans ces endroits plus intimes, à l’atmosphère inimitable, on découvre que le tango est aussi un art de vivre et une pratique sociale. Tenue vestimentaire, jeu de regards, pas de danse, tout est codifié et il est fascinant d’observer les Argentins, jeunes et vieux, s’adonner à leur passion en une étonnante alchimie de ferveur et de retenue.
Pour les aficionados, sachez qu’il n’existe pas moins de neuf musées consacrés au tango à Buenos Aires. Une visite à la maison de Carlos Gardel s’impose : natif de Toulouse, cet immense interprète est devenu un monument national en Argentine. Allez donc lui rendre hommage. Enfin, flânez dans les rues de San Telmo, le vieux quartier bohème de Buenos Aires où le tango a connu son âge d’or. Sur la charmante Plaza Dorrego, des danseurs y font de très belles démonstrations de tango le dimanche après-midi. Si vous avez la chance de trouver une place à la terrasse d’un bistrot (ou mieux, au balcon), le spectacle en vaut vraiment la peine. Touristique sans doute, mais que voulez-vous, le charme agit...
Pour en savoir plus
http://www.festivaldetango.gov.ar
Programme du 9e festival Buenos Aires Tango (en espagnol et en anglais).
http://www.tangodata.gov.ar
Portail de la ville de Buenos Aires consacré à l'actualité
du tango (en espagnol et en anglais).
www.anacdeltango.org.ar/
Site de l'académie nationale de tango (en espagnol).
www.la2x4.gov.ar/
Site de la radio La 2x4 92.7FM entièrement consacrée au tango
(en espagnol).
www.museos.buenosaires.gov.ar/gardel.htm
Musée Casa de Carlos Gardel (en espagnol).
www.confiteriaideal.com/
Site de la salle de bal Confiteria Ideal (en espagnol et en anglais).
www.bar-sur.com.ar/
Le site du bar à tango Bar Sur, situé à San Telmo (en espagnol).
www.torito.nl
La milonga Torquato Tasso dans le quartier de San Telmo.
www.eltangauta.com/inicio.asp
Site de la revue El Tangauta consacrée à l'actualité
du tango à Buenos Aires (en espagnol).
www.bue.gov.ar/home/
Site de l'office du tourisme de Buenos Aires (en espagnol, anglais et
portugais).
www.routard.com/mag_dossiers/id_dm/43/le_tango.htm
Notre dossier consacré à l'histoire du tango avec une sélection
de disques et d'ouvrages.
Texte : Jean-Philippe Damiani
Mise en ligne :