Genève fête Jean Calvin
La Suisse, ce n’est pas que du chocolat et des banques. Genève a longtemps été l’une des villes les plus influentes d’Europe. Elle le doit à un exilé français, Jean Calvin, l’une des figures du protestantisme. Cette année, « la cité de Calvin » fête, comme il se doit, le jubilé de son grand homme. L’occasion de faire le point sur l’importance historique du calvinisme à Genève et redécouvrir la cité du Léman sur les traces du père de la Réforme.
Préparez votre voyage avec nos partenairesCalvin et Genève : une longue histoire
Quand, en 1536, les Genevois accueillent Jean Calvin, un exilé français fuyant les persécutions contre les protestants, ils sont alors loin de se douter que le destin de leur ville va être lié à jamais à cet homme. Près de cinq siècles plus tard, Genève, désormais surnommée « la cité de Calvin », s’apprête à célébrer tout au long de l’année le jubilé de celui qui a profondément bouleversé non seulement Genève, mais aussi le christianisme.
La cité suisse doit beaucoup à Jean Calvin, même si elle ne l’a fait citoyen genevois que quatre ans avant sa mort, en 1560. C’est en effet sous l’impulsion de ses austères Ordonnances, véritable constitution de l’église et de la cité genevoises, que la ville devient au XVIe siècle une capitale intellectuelle européenne, la « Rome du protestantisme ».
La Réforme touche tous les domaines de la vie à Genève, aussi bien la religion que la société avec une importance accrue accordée à l’éthique, à la loi, à l’égalité et au travail. Calvin et les réfugiés contribuent ainsi largement au décollage économique de la cité avec le développement de l'horlogerie et des activités bancaires qui vont devenir les piliers de la prospérité helvétique.
Mais Calvin n’a pas qu’un effet bénéfique sur les tiroirs-caisses locaux. Genève lui doit également la création du Collège et de l'Académie, une sorte d’université où fut dès l’origine dispensé un enseignement de qualité ouvert à tous. Humaniste fervent, Calvin croyait dur comme fer à l’importance de la culture et au « citoyen éclairé ». Cette idée, très moderne à l’époque, eut une influence considérable sur l’avenir de l’Europe. Genève, la « cité de Calvin », est devenue un modèle pour les philosophes voulant mettre à bas l’absolutisme royal, une sorte de creuset de la démocratie.
Sur les traces de Jean Calvin
Premier constat : le souvenir de Calvin est bien vivant à Genève et pas seulement parce qu’une rue porte son nom. Le père de la Réforme a laissé son empreinte sur de nombreux lieux de la ville. Il est aujourd’hui encore possible de partir sur les traces de Calvin, à travers un petit parcours qui débute au cœur de la vieille ville :
- La cathédrale Saint-Pierre : c’est dans cette église bâtie aux XIIe et XIIIe siècles, remaniée au XVIe siècle, que Calvin prêcha pendant près d’un quart de siècle. Saint-Pierre fut le cœur de la Rome protestante, un lieu symbole de la Réforme. On peut toujours y voir le fauteuil de Calvin… mais aussi des sculptures médiévales et, au sous-sol, des vestiges romains. Saint-Pierre est, en fait, un étonnant concentré de l’histoire genevoise. www.saintpierre-geneve.ch
- Auditoire de Calvin : cette petite chapelle proche de la cathédrale Saint-Pierre date du XVe siècle. Réformateurs et exilés s’y retrouvaient pour prier et pour suivre l’enseignement des théologiens Jean Calvin, John Knox et Théodore de Bèze, les grands noms de la Réforme. C’est aujourd’hui encore un lieu de culte : elle accueille les membres des églises d’Écosse, de Hollande et de l’Église réformée italienne.
- Le musée international de la Réforme : il est situé à deux pas de la cathédrale, dans la maison Mallet, une magnifique demeure du XVIIIe siècle, érigée à l’emplacement même du cloître Saint-Pierre où les Genevois adoptèrent la Réforme en 1536. Le musée retrace, à l’aide de technologies muséales de pointe, les origines de la Réforme, son histoire et son influence sur le monde. Essentiel pour faire le point sur le protestantisme. www.musee-reforme.ch
- Le collège Calvin : fondé en 1559, le collège Calvin, qui fut l’un des premiers à dispenser une éducation gratuite pour tous (dix heures par jour, six jours/semaine), est toujours là. À l’origine dédié à l’enseignement religieux, il est devenu un établissement d’enseignement secondaire tout en gardant son cachet du XVIe siècle. Il n’est pas ouvert à la visite.
- Le mur des Réformateurs : la construction du mur des Réformateurs (photo), situé en dehors des murs dans le parc des Bastions, a débuté en 1909, année du 400e anniversaire de la naissance de Jean Calvin. Il arbore quatre statues monumentales des grands noms du protestantisme Guillaume Farel, Jean Calvin, Théodore de Bèze et John Knox. Au-dessus trône la devise de la Réforme et de Genève: « Post Tenebras Lux ». Des bas-reliefs représentent des grands personnages et des moments cruciaux du calvinisme. L’un des symboles de Genève.
L'année Calvin 09
Né en 1509, Calvin est toujours d’actualité à Genève. C’est du moins le message qu’entendent faire passer les animateurs de Calvin 09 : en effet, quelque 80 millions de personnes à travers le monde se reconnaissent dans son héritage. Tout au long de l’année, des festivités sont prévues en l’honneur du grand homme.
Au programme, des spectacles, des expositions, des conférences, un festival de cinéma et des concerts. Parmi les événements attendus, le Musée international de la Réforme présentera l’exposition « Une journée dans la vie de Calvin » (24 avril – 1er novembre), qui nous fera découvrir Genève au XVIe siècle. Au parc des Bastions, devant le mur des Réformateurs, un grand spectacle « Jean Calvin » (1er au 26 juillet) retracera la saga du calvinisme, depuis l’arrivée du célèbre réfugié à Genève jusqu’au triomphe de ses idées et sa mort. Autour des gradins, les spectateurs pourront remonter dans le temps avec la reconstitution d’un village huguenot type du XVIe siècle.
À noter également, « Calvin, un itinéraire » (31 juillet au 30 août), un spectacle de théâtre de rue dans la Vieille ville qui mettra en scène des moments-clé de la vie de Calvin, mais aussi une comédie musicale pour enfants (!), un festival de musique et de psaumes, des visites de Genève sur les traces de Calvin… Pour en savoir plus, les organisateurs du jubilé ont publié un sympathique « Calvindrier » réalisé par des dessinateurs de BD, contenant le programme des manifestations mais aussi des notices historiques assez amusantes sur… Calvin, bien sûr !
Pour en savoir plus
Consultez nos fiches Genève et Suisse.
Le site du jubilé Calvin
www.calvin09.org
Le Calvindrier en ligne
www.calvin09-geneve.ch
Office de tourisme de Genève
www.geneve-tourisme.ch
Office de tourisme de la Suisse
www.myswitzerland.com/fr
Aller à Genève
- En train, TGV Lyria www.tgv-lyria.com
- En avion, avec Air France, Swiss, Baboo et EasyJet.
Texte : Jean-Philippe Damiani
Mise en ligne :