Tango
Auteur : Elsa Osorio
Editeur : Éditions Métailié
420 Pages
Dans son dernier (et remarqué) roman Luz ou le temps sauvage, Elsa Osorio s’attaquait, à travers l’histoire d’une famille, à une page sombre de l’histoire de son pays : la dictature des généraux argentins de 1976 à 1983 et la terrible histoire des desaparecidos. Son dernier opus, Tango, apparaît encore plus ambitieux. Osorio y retrace l’histoire de Buenos Aires et du tango en racontant la saga de deux familles que tout oppose : bref, une gageure.
Le roman débute au Latina, à Paris. Ana, une Française d’origine argentine, rencontre Luis, un réalisateur argentin venu en France chercher des financements pour un film. Coup de foudre, ou presque, entre ces deux inconnus qu’un projet de documentaire sur le tango va réunir. En travaillant sur ce film, Luis et Ana vont découvrir qu’ils ne sont pas si étrangers que ça l’un à l’autre. Leurs histoires familiales se sont déjà croisées sur fond de tango, justement, dans le Buenos Aires du début du 20e siècle. A l’époque d’avant les dictatures, quand l’Argentine était une terre promise qui attirait des immigrants venus de partout...
Luttes sociales et amours intenses, répression politique et trahisons intimes, Tango mêle la petite et la grande histoire au cours d’un récit complexe où l’auteur change d’époques, de narrateurs et d’espaces. Elsa Osorio brosse un (trop ?) vaste tableau de son pays, soutenu par une narration chorale dans laquelle le tango lui-même a son mot à dire. Des quartiers mal famés de La Boca aux salons parisiens, il est bien entendu le personnage principal du roman, tant il semble guider les personnages auxquels il sert de lien. Le lecteur, quant à lui, a parfois l’impression de rester en dehors de la piste de danse.
Texte : Jean-Philippe Damiani
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