L’écriture de l’ailleurs
Auteur : Albéric d’Hardivilliers
Editeur : Transboréal
90 Pages
Avec une prose lyrique et imagée, procédant par petites touches suggestives, L’écriture de l’ailleurs cherche à saisir le lien entre littérature et voyage. En déployant un jeu d’échos et de résonances, Albéric d’Hardivilliers entrelace les saveurs secrètes de l’écriture et les paysages sensoriels du voyage, reliés entre eux par «une discrète alchimie » .
« La littérature et le voyage évoluent sur la même fréquence, captent les mêmes ondes », écrit Albéric d’Hardivilliers, invitant le lecteur à une méditation sur les livres, de Mishima à Malraux : ceux que l’on a lu en voyage, ceux dont les imaginaires ont bercé nos vagabondages. «Chaque pays, chaque livre nous définissent autant que nos plus anciens souvenirs d’enfance » dépeint-il, livrant un merveilleux hommage à tous les livres qui ont pu nous accompagner sur la route, imprégnant nos voyages de leurs atmosphères, traçant les contours de nos mondes intérieurs.
En parallèle, il essaie de penser l’affleurement de l’écriture en voyage, cette mise en mots improbable du déferlement de sons, voix, odeurs et couleurs qui submerge le voyageur, permettant d’ «extraire, derrière le chaos, un sens encore fragile».
A travers une mise en perspective du regard de l’écrivain et du voyageur, «brassage permanent (…) où, dans un échange constant, l’œil et la langue se font écho», l’auteur met en relief parmi d’autres thèmes, le rôle de la solitude, du dépaysement, de l’exil. Derrière le mythe romantique du voyageur, celui d’un Kerouac ou Rimbaud, il s’agit de révéler la relation profonde qui lie le voyageur et l’écrivain, cherchant une voix pour restituer une «présence palpable» à des «réalités à peine effleurées», dévoilant le réel, strate par strate, couche par couche.
« Voyager en écrivant est comme un long rêve éveillé », souligne Albéric d’Hardivilliers, laissant s’esquisser une véritable écriture de la route, sur les rails, où les mots se succèdent et s’engendrent au rythme des frontières traversées, tissant des réseaux de significations sensibles.
Texte : Marina Skalova
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