Ibiza Off
Un peu d’Eivissa dans les oreilles…
15 heures, porte d’entrée principale de Dalt Vila, la ville historique d’Eivissa (photo). Les derniers clubbers abandonnent les tables de leur croissanterie fétiche au cagnard de la place du marché. C’est pas tout, si on veut tenir la semaine, faut rentrer se coucher !
À quelques mètres de là, la dame de l’office de tourisme a rouvert sa guérite. Elle commence la distribution des audio-guides à ses maigres clients. Une heure et demie de visite pour 6 €, c’est le tiers du prix des cannettes de soda vendues en boîte. Un numéro de passeport, une signature, un lecteur MP3 en échange, et reste plus qu’à se laisser guider dans les rues en crapahutant vers l’église.
Dans le tendre engourdissement que procure la sensation de se laisser prendre en main, une voix féminine vous invite à mesurer le temps, à regarder un détail de façade, un blason, un mascaron. On entend des cris, des gens qui s’invectivent, des camelots qui haranguent la foule, des animaux qui bataillent, des clarines, un âne et des volailles qui caquètent. Des fers qui se croisent, aussi...
Du sommet de la colline, un enchevêtrement de maisons blanches cascade vers le port comme dans un tableau de Cézanne. Ibossim renaît sous les intonations d’une voix sensuelle empreinte de poésie, puis c’est Medina Yabisa – la ville arabe –, la Reconquista menée par les Catalans et enfin la grande période d’insécurité du temps de la piraterie.
Ce tour d’horizon sonore brosse le portrait d’une ville méconnue, née du désir des hommes d’entretenir commerce entre eux. Une découverte d’Ibiza à cent lieux des dance-floors bling-bling des Pacha et consorts, des sirènes de la conso et de l’électro.
Texte : Eric Milet
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