Ljubljana, petit bijou de Slovénie
Que voir, que faire à Ljubljana, la capitale de la Slovénie ?
Ljubljana, à 1 h 50 de vol de Paris, se visite aisément le temps d’un week-end. Ruelles pavées, terrasses de café, gastronomie et architecture oscillant entre monde slave et Méditerranée : voilà une capitale européenne qui garantit le dépaysement et ce, dès la sortie de l’aéroport lorsqu’au loin se dessinent les Alpes kamniques.
Aux portes de la nature, Ljubljana possède un riche patrimoine, entre château médiéval, baroque et Art nouveau sous la houlette de son architecte prodigue, Jože Plečnik (1872-1957). Tout ça le long d’une rivière tout aussi prodigue, la Ljubljanica, ventilée par un parc de 5 km² au nord-ouest, Tivoli.
Dans cette capitale à taille humaine, les plaisirs simples consistent à traverser de jolis ponts de pierre, à baguenauder le long de la rivière, à festoyer dans un quartier alternatif, Metelkova. On comprend alors pourquoi Ljubljana a été nommée « Capitale verte européenne » et « meilleure destination européenne en 2022 ».
Nouveau : le Routard a publié son premier guide consacré à la Slovénie !
Préparez votre voyage avec nos partenairesLjubljana, le long de la rivière Ljubljanica
Où que vous soyez à Ljubljana, la Ljubljanica n’est jamais très loin. Et les nombreux ponts de la ville sont là pour vous le rappeler. Le Triple Pont (Tromostovje) est l’un des emblèmes de la cité. Si la passerelle centrale en pierre date de 1842, ses deux comparses ont été ajoutées par Jože Plečnik entre 1929 et 1932. L’architecte est aussi à l’origine du pont des Cordonniers (Čevljarski most), entre les places Mestni trg et Novi trg.
Aujourd’hui, les ateliers de cordonnerie ont disparu, tout comme les halles des bouchers qui ont donné leur nom au pont des Bouchers (Mesarski most), qui relie les halles de Plečnik à la berge Petkovško nabrežje.
Enfin, le pont des Dragons (Zmajski most), prouesse de béton armé, et ses 20 bestioles hostiles, sont un autre symbole de la ville. On ne se lasse pas d’observer les gueules ouvertes de ces furies de cuivre finalement bien sympathiques.
Selon le vœu de leur rénovateur – on vous le donne en mille – Jože Plečnik, les berges de la Ljubljanica aménagent de belles promenades. Elles sont tantôt nues (Gallusovo Nabrezje), tantôt bordées de gradins, tantôt ombragées d’augustes saules pleureurs comme sur le quai Trnovski pristan (de Plečnik).
Au début des années 2010, la ville a transformé ses berges et construit de nouveaux passages. Partout des cafés, des restaurants, des guinguettes. Ceci dit, à l’ardeur de l’hypercentre, on préfère les rives du sud-ouest jusqu’au Spica Caffe qui aligne les transats ou ceux, plus clairsemés du nord, ourlant le hub créatif Center Rog, à l’est du pont des Dragons.
Enfin, rien de mieux pour sentir la Ljubljanica qu’un tour en bateau. Il existe plusieurs compagnies. Mais notre préférence se porte sur le bateau électrique en mélèze à l’embarcadère de Breg (14 €/personne). Son nom ? Ljubljanica bien sûr.
L’itinéraire (50-55 min) qui pousse un peu au-delà du Spica Caffe et jusqu’à l’écluse de Plečnik et la galerie d’art contemporain Cukrarna emboîte les vues magistrales sur la rivière et la ville. Mais les plaisirs aquatiques sont multiples et certains opteront peut-être pour une virée en paddle.
À l’office de tourisme ou directement en ligne, vous pourrez vous procurer la Ljubljana Card. Ce sésame vous permettra d’emprunter tous les transports en commun de la capitale gratuitement. Possibilité de louer, à l’œil, un vélo pour 4 h, mais aussi de profiter d’une croisière sur la Ljubljanica (et sur l’embarcation en bois en plus). Tour guidé de la ville, petit train électrique, entrées du château et de plusieurs musées (la galerie nationale, le Musée national slovène, le musée d’Histoire naturelle, etc. Liste ici). Tout ça, gratuit. Enfin, pas tout à fait, plusieurs forfaits disponibles : 24 h (36 €), 48 h (44 €) et 72 h (49 €). Vite amortis.
La Ljubljana de l’architecte Jože Plečnik
Gaudi pour Barcelone, Niemeyer pour Brasilia, Plečnik pour Ljubljana. L’architecte fait ses classes à Vienne sous la férule du chantre de la Sécession viennoise, Otto Wagner. Après un passage fondateur à Prague, il revient à Ljubljana en 1921 et, jusqu’en 1956, en modifie pour toujours le visage.
Il y a les ponts (et la porte-écluse), on en a parlé, mais aussi la bibliothèque nationale et universitaire (5 € l’entrée), morceau de bravoure achevé en 1939 et dont les escaliers et colonnes, une belle débauche de marbre noir, lui donnent des airs de temple. Difficile d’imaginer qu’elle abrite une salle de lecture, étoffée de bois, qui dégorge de lumière et de raffinement anglais. Massives baies vitrées, lustres étranges, galerie supérieure du plus bel effet.
Un cachet irrésistible qui la classe parmi les chefs-d’œuvre de Plečnik au même titre, mais dans un genre différent, que la Zacherlhaus à Vienne ou l’église du Sacré-Cœur à Prague.
L’autre grande réalisation de Plečnik, impossible à rater, c’est le marché central couvert, sur deux niveaux, qui toise la Ljubljanica et fait le grand écart entre le pont des Dragons et le Triple Pont. Des colonnes, des arcades, de larges fenêtres, un petit temple, des loggias. Bref, toujours ces obsessions néoclassiques. Ne ratez pas la partie inférieure investie par les étals des poissonniers.
L’œil familiarisé aux constructions de Plečnik, vous ne serez pas écrasé par l’Arc de triomphe, un poil grandiloquent, qui marque l’entrée du cimetière de Žale, au nord de la ville. À l’intérieur, un art funéraire riche en chapelles mortuaires (les zale) mixant les styles. Le Père-Lachaise local. Plečnik y est même enterré.
Enfin, l’enfant du pays ne fit pas que doter la ville de bâtiments remarquables. Il bouleversa les circulations autour de deux axes, l’un terrestre et l’autre fluvial, polarisant la vie locale aux environs de sa rivière adorée. Tout porte sa marque comme la place de la Révolution française, le théâtre d'été de Križanke ou la rue Vegova.
Séduits par Plečnik ? Dans le délicieux quartier de Krakovo, allez visiter la Plečnik House (9 €, visite libre de l’extérieur et des expos temporaires et visite guidée de l’intérieur) qu’il habita à son retour à Ljubljana en 1921. Un curieux amalgame de bâtisses hétéroclites : une annexe-tourelle, un jardin d’hiver, un corps central plutôt modeste. Mais toujours ces colonnes, éléments chers à cet ancien professeur du département architecture de l’université de Ljubljana. Le jardin, doté de chaises longues, invite à la détente.
Balades dans Ljubljana
Ljubljana ne se résume pas à sa rivière et à son architecte star, même si ce dernier a mis son nez un peu partout comme dans l’église Saint-Joseph dont il supervisa l’agrandissement.
Malgré l’implication du dieu local, le véritable joyau religieux de la ville reste la cathédrale Saint-Nicolas (3 €), dont la coupole, (re)peinte tardivement, est richement décorée. Mais les lourdes portes serties de bronze et de bas-reliefs n’ont rien à lui envier.
Il fait bon musarder à Ljubljana. Et les nombreuses places de la cité n’y sont pas pour rien. Il y a la place municipale (Mestni trg) qui met dos à dos l’hôtel de ville (poussez la porte) et l’iconique fontaine des trois rivières de Carniole dite aussi « fontaine de Robba » (de Francesco Robba).
Mais, sans lui faire injure, l’esplanade immanquable reste la place Prešeren (Prešernov trg). Normal avec pas un, mais trois ponts (Triple Pont) qui mènent à elle. Hommage au célèbre poète slovène qui a droit à son monument, elle distribue élégamment l’église Notre-Dame-de-l’Annonciation, son rose aux joues et son maître-autel de… Robba et la maison Art nouveau Hauptman et ses motifs.
À l’est de Tivoli, les esthètes et férus de belles œuvres trouveront leur compte dans le quartier des musées, une concrétion d’institutions vénérables qui amassent les pièces de tout premier plan. La galerie nationale, le musée d’Art moderne, le musée d’Art contemporain de Metelkova, le musée national de la Slovénie, le musée d’Histoire naturelle, mais aussi l’Opéra de Ljubljana.
Et juste à côté, dans le parc, le musée d’Histoire contemporaine de Slovénie (dans le château Cekin), le Musée ethnographique slovène ou le Centre international des arts graphiques (dans le château de Tivoli). De quoi occuper quelques journées.
Des places plus discrètes comme Novi trg (encore une fontaine), préservées de la cohue toute relative de Ljubljana, devraient vous taper dans l’œil. Amusez-vous à vous perdre dans les rues colorées de cette capitale de poche. Vous ne serez pas déçu. On pense à Gorjni trg, à Stari trg, à Levstikov trg, à la Cevljarska ulica, à la minuscule Krizevnica ulica ou à la Presernova cesta tant qu’à être dans le quartier des musées et des ambassades.
Ljubljana verte
Peu de villes peuvent faire étalage d’un poumon vert de cette dimension en son… cœur. Voilà plus de 200 ans que le parc paysager Tivoli, passé également entre les mains de Plečnik (promenade de Jakopic), végétalise la capitale slovène.
Et il y a de quoi faire entre les étangs, les statues, les promenades et sentiers pédagogiques (comme le Jesenkova pot), les installations culturelles et sportives (escalade, tennis, skate-park, piscine, boulodrome, terrains de basket, etc.), les auberges et l’intrigante colline Roznik (391 m de hauteur tout de même) qui accueillit (à l’auberge Pri Matiji), un temps, l’un des plus grands poètes slovènes, Ivan Cankar.
On ne peut pas la louper quand on débarque dans la ville. La colline du Château (XIIe siècle) reste l’une des images fortes de Ljubljana. Un piton arborisé qui domine la cité et auquel on accède en téléphérique ou à pied en 20 min.
Ça grimpe, certes, mais la colline Grajski grič sème de jolis panoramas sur la ville et les Alpes kamniques. Et puis, une nouvelle fois, Jože Plečnik a été de la partie en façonnant le sentier bordant le mur d’enceinte de Sance. Le château de Ljubljana (16 €, inclus dans la Ljubljana Card) accueille, lui, de multiples expositions et vaut surtout pour la chapelle Saint-Georges.
Si cette nature urbaine domestiquée ne vous contente pas, direction le ravissant village de Kamnik, au pied des Alpes du même nom et à 30 min en voiture. Ses deux châteaux (Mali grad et Stari grad), sa patine médiévale, son monastère et ses dizaines de sentiers de randonnée qui quadrillent les plateaux de Velika et de Menina (et leurs traditionnels villages d’alpage), mais aussi la vallée de Kamniska Bistrica, riche de la source éponyme, de la cascade Orglice et des gorges Veliki et Mali Predaselj.
Encore une parenthèse organique à Ljubljana. Enfin, pas tout à fait. À 30 min en voiture au nord de la ville, à apprécier sur le chemin de Kamnik. L’arboretum Volčji Potok (9,50 €) est le parc botanique le plus visité de Slovénie. Quelque 3 500 espèces de plantes, d’arbustes et d’arbres. Des fleurs qui, au printemps, dessinent d’impressionnants motifs et un manoir endormi comme gardien de l’histoire de cette alcôve de 85 hectares.
Ljubljana, la nuit
Ljubljana n’est pas forcément réputée pour ses frasques et son caractère déluré. Elle mérite pourtant qu’on s’acoquine avec elle à la nuit tombée. Et pourquoi ne pas ouvrir les hostilités au Neboticnik, un gratte-ciel de 70 m de hauteur, érigé entre 1931 et 1933, et qui fut pendant longtemps la plus haute construction de Yougoslavie ? Son dernier étage a été rafistolé en rooftop avec une vue à 360° sur la ville.
Pour une première partie de soirée dansante et musicale, il faut jeter un œil à la programmation de Kino Siska, un cinéma revu et corrigé en centre de cultures urbaines doté de deux salles de concert et d’un café. Une programmation un peu plus pointue que le Zénith ljubljanais, Cankarjev Dom, qui affiche pourtant de beaux noms.
Enfin, minuit passé, les affaires se corsent joliment à Metelkova Mesto, centre culturel et berceau de la vie alternative de Ljubljana. Cet ancien squat en a gardé l’esprit et les bâtiments de feu la caserne de l’armée austro-hongroise qui fut aussi le quartier général slovène de l’Armée populaire yougoslave. Et puis, en 1991, la dislocation de la Yougoslavie et, dès 1993, un collectif qui occupe les lieux pour empêcher sa destruction.
Aujourd’hui, les bâtisses prêtent leurs murs, maculés de fresques et d’œuvres street art, aux galeries, bars et boîtes (attention, espèces seulement ; du jeudi au samedi ; en soirée) comme le Klub Tiffany (7 €, mais tarif de 20 € pour entrer dans tous les clubs de Metelkova) ou Gala Hala.
L’ambiance « underground » perdure le soir. La jeunesse slovène investit les différentes cours. On ne prend pas de photo – pas bien vu –, mais on fume, on boit, on refait le monde avant de s’écraser dans l’une des soirées de Metelkova au son de DJs locaux ou à la réputation plus installée.
Fiche pratique
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Office de tourisme de Ljubljana
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Comment y aller ?
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Se déplacer à Ljubljana
La ville a piétonnisé, à partir de 2007, une grande partie (17 hectares) de son centre-ville pour le plus grand bonheur, aujourd’hui, de ses 280 000 habitants qui peuvent lâcher leur voiture dans plusieurs parkings-relais, emprunter navettes et Kavalir (un mini-bus électrique pour des trajets en centre-ville gratuits, il suffit d’un coup de téléphone) ou enfourcher des vélos en libre-service BicikeLJ (1re heure gratuite).
Où manger ?
– Pop’s place : Cankarjevo nabrežje 3. On y vient autant pour le cadre, le long de la Ljubljanica que pour les burgers. Même si certains lui préfèreront les pizzas (Pop’s Pizza & Sport). Autant de raisons qui expliquent que le restaurant ne désemplit pas (service, de ce fait, un peu longuet). C’est à celui qui dévorera le plus vite son burger (à partir de 12,90 €). À vos marques, prêt, mangez.
– Georgie bistro : Čufarjeva ulica 5. Les différentes formules (3 plats à 30 €, 5 à 59 €, 7 à 69 €, 9 à 87 € + plat à la carte) ne vous laisseront pas sur votre faim. Cuisine raffinée qui joue sur tous les tableaux. Terre, mer, local, cosmopolite. Réservation obligatoire.
– Vino & Ribe : Stari trg 28. Avec sa déco bleu et blanc floquée de poissons, un resto tourné vers la mer. Sardines grillées (6,50 €), calamars (grillés, frits, 15 €), merlu (11 €), maquereau (12,50 €), bar (17 €), crevettes (14 €). La liste est longue comme la nageoire.
De début juin à l’automne déclinant, un foodmarket (odprta kuhna) investit, tous les vendredis, la place Pogačarjev trg. Des dizaines de stands qui fêtent la gastronomie slovène et une cuisine plus internationale. Vous ne devriez pas repartir le ventre vide.
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Texte : Florent Oumehdi
Mise en ligne :