Dans le Doubs, au pays de Courbet

Dans le Doubs, au pays de Courbet
Jean-Philippe Damiani

Terre natale de Gustave Courbet, la vallée de la Loue, au sud de Besançon, a été une source d’inspiration majeure pour le peintre. La réouverture récente du musée Courbet à Ornans, où il a vu le jour, offre l’occasion de visiter le pays du maître du réalisme. De la bucolique source de la Loue au riche patrimoine de Besançon, un week-end à la découverte d’un beau coin de France, entre nature et culture.

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Courbet et le Doubs

« Pour peindre un pays, il faut le connaître. Moi, je connais mon pays, je le peins, les sous-bois, c'est chez moi. Cette rivière, c'est la Loue… allez-y voir, et vous reconnaîtrez mes tableaux... » Tout au long de sa tumultueuse vie, Gustave Courbet n’a jamais oublié Ornans, cette petite ville franc-comtoise sur les bords de la Loue, où il a vu le jour en 1819.

Le peintre de L’Origine du Monde ne s’est pas contenté de naître dans l’arrière-pays bisontin. Cette région lui a inspiré parmi ses plus beaux tableaux (L’enterrement à Ornans ; Les paysans de Flagey), des manifestes réalistes qui firent l’effet d’une révolution artistique.

Courbet aimait sa région natale : il a peint quatorze fois la source de la Loue. Le site est, il est vrai, exceptionnel. Aujourd’hui, la vallée de la Loue n’a rien perdu de l’authenticité et de la beauté naturelle qui séduisirent le maître du réalisme. C’est un bonheur de la parcourir, même si on n’est pas un spécialiste de peintre. Car le pays de Courbet, délicieusement bucolique, est aussi un beau coin de France.

Ornans et le musée Courbet

À l’époque, Ornans a peu goûté l’engagement de Courbet auprès des insurgés de la Commune de Paris. Fils de propriétaire terrien, artiste, révolutionnaire : cela faisait beaucoup pour cette petite ville, située à une vingtaine de kilomètres au sud de Besançon. Autres temps, autre mœurs… Ornans est aujourd’hui la « capitale » du pays de Courbet.

On s’y rend pour visiter le musée Courbet, qui a rouvert ses portes cet été. Totalement consacré au peintre, il s’est modernisé et agrandi. Installé auparavant dans la maison natale de Courbet, le musée s’est étendu à deux demeures contigües, quadruplant sa surface (2 000 m2). Une passerelle vitrée donnant sur la Loue et Ornans, fort réussie, ouvre le musée sur l’extérieur. L’exposition permanente retrace, de façon chronologique, la carrière de Courbet et sa place dans l’histoire de l’Art.

En sortant du musée, il faut découvrir Ornans. Blottie au creux de la vallée, cette petite Venise comtoise a bien du charme, avec ses hôtels particuliers Renaissance, ses maisons suspendues sur la Loue et son église du XVIe siècle.

De nombreuses randonnées partent de la ville. L’office de tourisme propose des balades sur les traces de Courbet (« sentiers de Courbet »), à vélo ou à pied, dans le village et aux alentours. Nous vous conseillons de monter jusqu’au belvédère du château : beau panorama. Les sportifs pourront faire du canoë-kayak ou pratiquer la pêche à la mouche (réglementés) sur la Loue.

En remontant la Loue

D’Ornans, la route D67 remonte la vallée de la Loue, en fait une reculée creusée dans un haut plateau calcaire. Longeant tout d’abord la rivière, elle s’élance ensuite le long des parois de l’abrupte falaise qui domine la vallée, offrant de nombreux belvédères. À l’approche de la source, le paysage devient spectaculaire avec les gorges de Nouailles, un canyon profond densément boisé. La Loue dégringole de 229 mètres en moins de 20 kilomètres !

En chemin, on croise de charmants villages. Au bord de la Loue, Lods (photo), classé parmi les « plus beaux villages de France », possède un bel ensemble de maisons vigneronnes des XVIe et XVIIe siècles. Le site de Mouthier-Haute-Pierre, avec ses maisons au pied des falaises, est très pittoresque. Du village, on peut grimper jusqu’à la roche de Haute-Pierre, point culminant de la vallée (882 mètres).

Dernière étape, la source de la Loue, qui jaillit en cascade d’une grotte au pied d’un gigantesque cirque : même s’il est un peu trop aménagé, le site est magnifique. De la source, un sentier s’enfonce dans les profondeurs des gorges de Nouailles en longeant les eaux vertes de la Loue. Sur la falaise, le belvédère du Moine, à 6 kilomètres du village voisin d’Ouhans, surplombe la vallée à plus de 300 mètres au-dessus du vide. Saisissant.

La vallée du Lison

Plus intimiste, la vallée du Lison voisine n’en est pas moins splendide. Surgissant comme la Loue d’un cirque, le Lison prend sa source dans un cadre verdoyant qui n’est pas aménagé. De nombreux sentiers permettent de sillonner les environs. L’un d’entre eux monte à la grotte Sarrazine, une cavité naturelle de 90 mètres de haut creusée dans la falaise. Avec ses nombreuses grottes, la vallée du Lison est un paradis pour les spéléologues.

Tout près, l’adorable village de Nans-sous-Sainte-Anne, niché au cœur de la forêt, possède une curiosité : une taillanderie, ferme-atelier du XIXe siècle spécialisée dans la production d’outils agricoles, transformée en musée. Entre les deux vallées, signalons la ferme familiale de Courbet à Flagey, qui abrite aujourd’hui des chambres d’hôtes, un café-librairie et un centre culturel.

Besançon, sur les traces de Courbet

Une escapade au pays de Courbet ne saurait être complète sans une visite de Besançon. L’artiste y a passé deux ans, de 1837 à 1839. Installé au 140, Grand-Rue, il suit alors les cours de dessins d’un émule de David. On se rendra au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, dont la riche collection contient des chefs-d’œuvre représentatifs du réalisme de Courbet : Les Paysans de Flagey, hommage à la vie rurale comtoise, et l’impressionnant Hallali du cerf.

En sortant, il faut (re)découvrir Besançon, l’une des plus belles villes de l’Est de la France. La capitale franc-comtoise ne saurait se résumer à sa célèbre citadelle de Vauban (classée à l’Unesco). C’est une ville étudiante, nichée dans la verdure, dont le centre piétonnier fait les délices des promeneurs. Besançon possède un patrimoine architectural des XVIe et XVIIIe siècles qui conjugue élégance et harmonie. La ville peut même s’enorgueillir de compter un arc de triomphe romain du IIe siècle apr. J.-C. (porte Noire).

Après avoir admiré le classicisme minéral des immeubles du quai Vauban, baladez-vous dans le centre-ville (visites thématiques organisées par l’office de tourisme). Colonne vertébrale du quartier, la Grande-Rue aligne les façades élégantes en pierre de Chailluz, ocre et bleue. Le palais Granvelle, édifié au XVIe siècle, abrite le musée du Temps, et ses collections d’horlogerie.

De l’autre côté du Doubs, le quartier Battant, plus populaire, possède également son lot de belles bâtisses, dont l’hôtel de Champagney (XVIe siècle). Pénétrez dans sa cour dominée par une élégante galerie aux colonnes de bois et de pierre. De là, un chemin monte vers le fort Griffon surplombant les toits de la ville, lovée dans une boucle du Doubs. Un décor de film de cape et d’épée, comme hors du temps.

Fiche pratique

Pour préparer votre séjour, consultez notre fiche Franche-Comté.

Office de tourisme Pays d’Ornans Loue Lison

Office de tourisme et des congrès de Besançon

Comité départemental de tourisme du Doubs

Comité régional du tourisme de Franche-Comté

Y aller / Se déplacer

Besançon est reliée plusieurs fois par jour à Paris-Gare de Lyon et à d’autres villes de France par le TGV

De Besançon, N67 et D67 jusqu’à Ornans. Location de voiture conseillée.

A noter : les offices de tourisme de Besançon et de la vallée de la Loue proposent un circuit Courbet pour découvrir la capitale franc-comtoise et la région.

Où dormir ?

- Hôtel de Paris : 33, rue des Granges, 25000 Besançon. Tél. : 03-81-81-36-56. Ancien relais de poste du XVIIIe siècle, devenu l’Hôtel de Paris en 1855, cet établissement de caractère a reçu George Sand ou Colette. Confortables chambres à la déco mêlant les styles classique et contemporain. Très central. Chambres à partir de 75 € la double.
- La Ferme du Rondeau, à Lavans-Vuillafans. Des chambres d’hôtes confortables à la ferme à l’écart de la vallée. Cadre magnifique de moyenne montagne. Excellente cuisine à base des produits de la ferme qui pratique l’agriculture biologique depuis 1961. Visite de l’exploitation et vente de produits (pâtés, fromage, mohair…). Accueil sympa, que demander de plus ?
- La Tuffière : Chemin de Montgesoye, à Vuillafans. Bon rapport qualité-prix pour ce gîte de la vallée de la Loue qui propose plusieurs activités dont des ateliers de botanique et de cuisine à base de plantes.

Où manger ?

- L’affineur comtois : 84, rue Battant à Besançon. La propriétaire est fromager : les plats traditionnels de la carte (fondues, morteau, croûte aux champignons…) sont à accompagner de bons crus du Jura. Assiette dégustation à 14 €.
- L’auberge du Pont du Diable : 22, Grand-Rue, à Nans-sous-Saint-Anne. Tél. : 03-81-49-54-28. Cuisine franc-comtoise simple, copieuse et savoureuse. On a un faible pour le jambon à l’os.
- Restaurant Le Courbet : 34, rue Pierre-Vernier à Ornans. Tél. : 03-81-62-10-15. La table chic d’Ornans avec terrasse donnant sur la Loue. Menus à 26 et 31 €.
- Goûter du Château : Chemin de la vie de Brême à Ornans. Tél. : 03-81-57-19-66. Pour un en-cas et un rafraîchissement après votre randonnée.

Où boire (et acheter) une bière ?

- Brasserie Entre-Deux-Mondes : 12, rue Ernest-Reyer à Mouthier-Haute-Pierre. Tél. : 03-81-60-07-15. Daniel vient du Québec, Fabienne de Suisse et ce sympathique couple a ouvert une micro-brasserie dans la vallée de la Loue. Très bonnes mousses artisanales. Visites, dégustation et vente, mieux vaut téléphoner avant de venir.

Liens utiles

Musée Courbet à Ornans

Musée des Beaux-Arts de Besançon

Base de loisirs Syratu à Ornans : canoë, kayak, accrobranche, via ferrata

Texte : Jean-Philippe Damiani

Mise en ligne :

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