L'appel du froid
Ours blanc, aurore boréale, éleveur de rennes… Pendant plus de 20 ans, Michel Rawicki a arpenté les contrées glacées de notre planète, rapportant de chacun de ses voyages des images mettant en lumière la beauté des sculptures éphémères modelées dans la glace et la vie rude des hommes et des animaux qui peuplent ces régions. Il nous présente ici une sélection de ses photos venues du froid.
À lire également l’interview de Michel Rawicki.
Jeune nenet de la Péninsule de Yamal et son nounours, Russie
Iceberg au Svalbard, Norvège
Ours polaire et ses oursons au Wapusk National Park, Manitoba, Canada
Pygargue à tête blanche à Haines en Alaska, USA
Baie de Melville, Groenland
Bœufs musqués du Parc national de Dovrefjell-Sunndalsfjella, Norvège
Chouette harfang en Ontario, Canada
Aurore boréale à Abisko, Suède
Renard polaire au Manitoba, Canada
Nenet de la Péninsule de Yamal, Russie
Bisons au Yellowstone National Park, Wyoming, USA
Qeqertarsuak en Baie de Disko, Groenland
Grues au Sanctuaire d’Ito Tancho, Hokkaïdo, Japon
Troupeau de rennes en Yacoutie, Russie
Phoque barbu au Svalbard, Norvège
Questions à Michel Rawicki
Le Routard : A quand remonte ta passion pour la photographie ?
Michel Rawicki : Quand j’avais douze ans, mes parents m’ont offert mon premier appareil photo, un Kodak Brownie Star Flash, sur lequel on fixait une ampoule à broches. J’ai alors découvert la magie de la photographie : presser sur un bouton et obtenir une image de la réalité. Cela m’a conduit à expérimenter différents domaines de cette activité créative, de la nature morte en studio au portrait. Je me suis inscrit au club photo de mon lycée et en 1968 j’ai fait mes premiers tirages en noir et blanc. J’ai ensuite eu la chance de pouvoir en faire mon métier. Depuis 2002, j’utilise des appareils numériques mais je continue de travailler en argentique avec un boitier panoramique au format 6x17 cm.
Le Routard : Les régions froides t’ont toujours attiré ?
Michel Rawicki : Dès mon enfance, les paysages glacés ont eu une forte attirance et la photographie de nature et de paysage a très tôt occupé une grande partie de mon temps de loisir. En 1962, j’ai réalisé mes premières photos de glace à l’aiguille du midi, lors d’un voyage dans la vallée de Chamonix. L’envie d’« embrasser le froid » a alors commencé à germer en moi. Mais c’est en 1993, que j’ai enfin pu réaliser mon rêve : découvrir le Groenland et assister à la naissance des icebergs en Baie de Disko, « sculptures éphémères », mariage de l’érosion, du cristal et de la lumière. J’ai été submergé, fasciné par cette puissance naturelle, et me suis confronté durant des années à cette démesure, y retournant 7 fois. La découverte des pôles a métamorphosé mon parcours photographique et, en 2003, un séjour en Antarctique m’a ouvert de nouveaux horizons. J’ai peu à peu changé mon regard et mon approche de cette nature sensible, en me rapprochant de la faune et des hommes qui l’habitent. Ce monde brut les ramène à l’essentiel, la simple lutte pour la survie.
Le Routard : Parmi tous les lieux visités, y en a-t-il un que tu as préféré et/ou une expérience qui t'a le plus marqué ?
Michel Rawicki : J'avoue avoir une attirance particulière pour le Groenland ou je suis allé 8 fois.
Mon dernier voyage la bas, en 2012 en Baie de Melville a été une expérience assez forte. Chevaucher la banquise en chiens de traineau, loin des côtes et tutoyer Nanuk ( l'ours polaire ) à plusieurs reprises est certainement un de mes plus beaux souvenirs.
Le Routard : As-tu quelques bons conseils et astuces utiles pour la photographie dans le froid ?
Michel Rawicki : Bien préparer son voyage dans le froid, en autonomie durant plusieurs jours voire plusieurs semaines implique une préparation qui peut se faire en hiver et en France par exemple et où l'on peut facilement tester son matériel (tente, duvet etc...).
Ne pas oublier un petit stock de chaufferettes pour les pieds (quand on est statique un long moment sur la glace) les mains qui peuvent se refroidir assez vite aussi ainsi que le corps. Quant au matériel, certaines batteries ont une grande autonomie mais il est prudent d'emporter un ou des chargeurs solaires de bonne qualité.
Le Routard : Cherches-tu à faire passer un message au travers de tes photographies ?
Michel Rawicki : A l’aube d’un XXIème siècle marqué par les bouleversements climatiques et les tensions, je suis heureux de partager mon amour des pôles avec le plus grand nombre et je souhaite transmettre un message honnête et positif. J’espère que ma démarche esthétique et graphique, apporte naturellement une dimension éthique et contemplative à mes images, nous invitant peu à peu à changer notre regard et notre approche de cette nature sensible et à nous faire prendre conscience que la préservation de ces immensités fragiles nous concerne tous au quotidien.
Pour continuer le voyage, retrouvez d'autres photos sur le site de Michel Rawicki, le livre L'appel du froid est disponible aux éditions Wikki Planet.
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