Le golfe du Morbihan, d'île en île
En explorant le Golfe du Morbihan, on est frappé par la beauté de sa lumière changeante qui magnifie les paysages, faisant presque oublier que la navigation peut être particulièrement périlleuse dans la « petite mer » (Mor Bihan, en breton).
Ici, à chaque marée, ce sont près de 400 millions de m3 d’eau qui passent la porte du Golfe, le courant de la Jument étant le deuxième plus fort d’Europe.
Parmi la quarantaine d’îles recensées, plus des trois quarts sont privées, ce qui n’empêche pas de les contourner en bateau. Quant aux plus grandes, elles ont chacune leur caractère propre, d’Arz, la sauvage, à la très courue île aux Moines, en passant par Ilur, très nature. On pourra aussi faire le tour du Golfe en voiture (ou à vélo !), pour profiter d’autres points de vue sur les îles et le ballet incessant des bateaux.
Dès juillet, Vannes sera à seulement 2h29 de TGV de Paris… il n’y aura plus aucune raison de résister à l’appel du Golfe !
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Le golfe du Morbihan à la voile
La meilleure manière d’explorer le Golfe du Morbihan est sans nul doute d’embarquer sur un voilier traditionnel.
Parmi eux, le Fal Ben, réplique d’un ancien borneur de la fin du 19e siècle, qui, avec son faible tirant d’eau, peut accoster partout. Son capitaine, Nicolas Bourdy, partage généreusement son amour de la navigation et du Golfe, qu’il connaît comme sa poche, avec ses matelots d’un jour, qui sont invités à participer à la manœuvre. Quant à la destination de la balade, elle dépend des horaires des marées, du vent et des courants.
Une autre belle manière d’allier le plaisir de la balade en mer et la découverte du patrimoine maritime local est d’embarquer sur un sinagot, le bateau de pêche traditionnel du Golfe, originaire du petit port de Séné, près de Vannes.
Pour ce faire, il suffit d’adhérer à l’association des Amis du Sinagot, une bande de passionnés dévoués à la sauvegarde de ces bateaux aux belles voiles rouge brique et à la coque noire.
D’avril à fin octobre, les trois bateaux appartenant à l’association naviguent dans le Golfe : le Mab Er Guip, le Joli Vent, construit pour la plaisance, et Les Trois Frères, restauré et classé monument historique.
Le jour de la sortie en mer, le rendez-vous est donné le matin à Port-Anna. En croisant au large de la petite île de Boëdic, l’équipage n’oublie jamais de « saluer le moine », un rocher sculpté et peint en blanc, en buvant un petit verre de blanc et en récitant une prière fort peu catholique. Le ton de la journée est donné, sous le signe de la convivialité.
L’île aux Moines, la perle du golfe du Morbihan
L’île aux Moines, la plus grande du Golfe, a beau n’être qu’à 5 minutes de bateau du continent, ce court trajet suffit à nous dépayser.
Sitôt débarqué, on est saisi par la douceur ambiante, que l’on apprécie en flânant au gré des ruelles fleuries du bourg. Sur la place du village, il fait bon prendre un café en terrasse, au soleil. C’est là que se tient un petit marché (le mercredi matin hors saison, et tous les jours en juillet-août).
Plusieurs parcours fléchés au sol permettent de découvrir l’île, à pied ou à vélo. Nul risque de se perdre, d’autant plus que l’on garde presque toujours un œil sur la mer. Elle n’est jamais à plus de 500 mètres de distance, en raison de la forme très allongée de l’île.
En suivant le parcours rouge, du bourg à la pointe de Brouël, on suit la côte, croisant la chapelle Sainte-Anne, propriété du château voisin du Guéric, mais aussi des fontaines et des puits de pierre entourés de verdure.
Le parcours bleu, lui, traverse l’île du bourg jusqu’au sud. Sur le chemin, on découvre une végétation luxuriante, des chaumières traditionnelles aux toits de chaume, et nombre de monuments mégalithiques, à commencer par le cromlech de Kergonan : un ensemble exceptionnel de 24 menhirs disposées en demi-cercle.
L’une des pierres dressées a été surnommée « le moine ». C’est, de fait, le seul qui ait jamais élu domicile ici, ceux de l’abbaye de Redon, qui possédaient autrefois l’île, ne s’y étant jamais installés.
Enfin, au sud, ne manquez pas le dolmen de Penhap, et la vue panoramique sur la presqu’île de Rhuys depuis la pointe de Nioul.
Quant au circuit jaune, il vous conduira vers le nord, jusqu’à la pointe du Trec’h, via la blanche église Saint-Michel. Ne pas hésiter à faire halte chez Martin, des ostréiculteurs passionnés qui œuvrent depuis trois générations, pour déguster une douzaine d’huîtres (succulentes !) ou repartir avec une bourriche.
Arz, l’île sauvage
Sa devise, « Debout et tenons ! », et son nom, souvent traduit par « l’île de l’ours » (Enez Arh), résument bien le caractère de la petite île d’Arz (324 ha). Moins luxuriante et plus rude que sa voisine, l’île aux Moines, elle séduit pour son côté sauvage et authentique, même si le tourisme s’est bien développé en été ces dernières années.
Pour profiter pleinement de l’île et s’imprégner de son atmosphère, l’idéal est d’y passer au moins la journée entière. Sitôt débarqué, à la pointe nord, vous pouvez louer un vélo ou lacer vos chaussures de rando pour arpenter ses sentiers balisés, tous faciles d’accès, l’île étant plate (le point culminant ne dépasse pas 13 mètres d’altitude).
Le sentier côtier qui fait le tour de l’île offre une succession de criques paisibles, d’étangs, de plages de sable, de vasières, de petits bois de pins et d’anciens marais salants, sur la presqu’île de Bilihervé.
Au nord-ouest, allez voir le moulin à marée de Berno, posé entre l’étang et la mer, qui fut restauré dans les années 1990 par une association menés par Jean Bulot. Ancien capitaine du remorqueur de haute mer l’Abeille Flandre, ce natif d’Arz est l’un des nombreux navigateurs qui ont valu à l’île son autre surnom : « l’île des capitaines ».
La tradition maritime se perpétue dans les quatre écoles de voile qui se sont établies ici, dont celle des Glénans, installée le long de la grande plage de Kéroland.
Enfin, ne manquez pas d’aller grignoter ou boire un cidre pression bien frais dans le joli petit bourg, dont les maisons se blottissent au centre de l’île.
Plus d’infos : https://mairie-iledarz.fr/Iledarz2/index.php/les-circuits-pedestres
Escale nature à Ilur
En arrivant sur l’île d’Ilur, au sud d’Arz, on se prendrait presque pour des Robinsons. Ici, pas de navettes régulières, ni cale, ni embarcadère. C’est les pieds dans l’eau que l’on débarque sur son rivage, après avoir mouillé dans l’une des baies. Un bon moyen de limiter la fréquentation touristique de ce site protégé.
Autrefois privée, comme la majorité des îles du Golfe, Ilur a été achetée en 2008 par le Conservatoire du Littoral, qui en a confié la gestion au parc naturel du Golfe du Morbihan.
Le gardien de l’île, Vincent Chapuis, veille sur ce paradis d’une quarantaine d’hectares à l’écosystème unique, accueillant le public aux beaux jours. Pour défricher les prairies, il est aidé par un troupeau de moutons de race locale rustique, qui vivent en liberté. Vous pourrez les croiser au cours de votre promenade, découvrant aussi des paysages alternant bocages, bois, marais et plages de sable.
Dans le petit hameau, en cours de restauration, vous pourrez imaginer quel était le quotidien des habitants qui vivaient ici au début du siècle dernier, en totale autarcie. Une autarcie qui est remise au goût du jour, l’île étant désormais autonome en eau et en électricité (grâce à un puits et à une centrale photovoltaïque).
Et ne manquez pas d’aller voir la jolie petite chapelle Notre-Dame de Lourdes. Tous les étés, un pardon dédié aux marins y est organisé, réunissant près de 200 personnes. Un grand moment dans la vie d’Ilur !
Retour au néolithique à Gavrinis
Au départ de Larmor-Baden, il ne faut qu’un quart d’heure pour rallier en vedette l’île de Gavrinis, habituellement traduite par « île de la chèvre », et faire un bond dans le passé.
Après une introduction sur l’histoire des lieux, le guide vous emmène jusqu’au cairn, impressionnant monument de pierre sèche, abritant un dolmen, construit il y a près de 6 000 ans, avant les pyramides égyptiennes !
En file indienne, on se glisse à l’intérieur de la longue galerie pavée menant à une chambre funéraire, et l’on admire les 23 dalles ornées d’énigmatiques figures gravées, que les archéologues s’échinent à interpréter.
Le reste de l’île étant privé, nous sommes ensuite invités à regagner le bateau, pour continuer la visite sur l’eau, cette fois, du côté du minuscule îlot d’Er Lannic, où l’on ne peut pas accoster (c’est une réserve ornithologique). On en fait le tour, le temps d’observer sa double enceinte de pierres dressées : 49 menhirs, dont 33 sont entièrement recouverts à marée haute. A noter que toutes les visites n’incluent pas le tour d’Er Lannic.
Changement d’ambiance sur l’île voisine de Gavrinis, la verte Berder, accessible uniquement à marée basse. Comptez environ une heure pour en faire le tour (2,6 km) et découvrir une végétation de type méditerranéen, en profitant d’une vue imprenable sur le passage de la Jument et son formidable courant.
Attention à bien vérifier les horaires des marées. Il serait dommage de se retrouver bloqué sur l’île !
Plus d’infos :
- Gavrinis
Le tour du Golfe du Morbihan, côté terre
Pour faire le tour du Golfe par la terre et vous arrêter où bon vous semble, l’idéal est d’être motorisé, ou, si vous avez de bons mollets, d’enfourcher un vélo.
De Port-Navalo, à l’extrémité de la presqu’île de Rhuys, on a une vue spectaculaire sur l’étroit goulet qui marque l’entrée du Golfe. Du haut du sentier côtier, on ne se lasse pas de regarder le ballet des bateaux de toutes sortes, voguant dans les forts courants et les remous qui agitent les flots à cet endroit.
Côté Golfe, sur la presqu’île de Rhuys, se succèdent les anses sableuses, les petits ports de plaisance (Kerners, Le Logeo) et les parcs à huîtres. Les amoureux des mégalithes ne manqueront pas de faire un crochet par Arzon, pour aller admirer le tumulus de Tumiac et le cairn du Petit-Mont.
En remontant vers le nord, on peut faire quelques emplettes à la Maison du cidre de Saint-Armel, qui propose aussi des visites guidées, puis passer voir l’ancien moulin à marée du Hézo et, pourquoi pas, faire un tour sur l’île de Tascon, accessible à pied à marée basse, au large des marais salants de Lasné.
Pour un apéro iodé, rendez-vous à la pointe de Conleau, pour déguster quelques langoustines accompagnées d’un verre de blanc, en regardant les bateaux au mouillage. Et, aux beaux jours, dîner en terrasse au bord de l’eau à Arradon est un must.
Pour conclure le tour du Golfe à Locmariaquer, il faut faire un crochet - fort agréable - par Auray. L’occasion de s’arrêter dans le joli port de Saint-Goustan, en bordure de la rivière d’Auray. Enfin, arrivés à Locmariaquer, on retrouve d’autres importants sites mégalithiques, dont la Table des Marchands. La boucle est bouclée !
Fiche pratique
Retrouvez les infos pratiques, les bons plans et les meilleures adresses dans le Routard Golfe du Morbihan en librairie.
Consultez notre guide en ligne Bretagne
Comité départemental du tourisme du Morbihan
Comité régional du tourisme de Bretagne
Comment y aller ?
- En voiture : depuis Paris, comptez environ 4h30 de route pour rejoindre Vannes.
- En train : à partir de juillet, la LGV mettra Vannes à seulement 2h29 de Paris.
- En avion : aéroports de Lorient, Nantes et Rennes desservis par Hop Air France.
Se rendre sur les îles
Plusieurs compagnies maritimes assurent les navettes entre les îles, certaines proposant des croisières dans le Golfe, avec ou sans escale.
- Île d’Arz : au départ de Vannes (30 mn), Sené ou Conleau. Billet A/R : 10,20 € (adulte), 5,60 € (enfant) avec les Bateaux-bus du Golfe. www.ile-arz.fr
- Île aux Moines : 5 minutes de traversée, au départ de Port-Blanc (Baden), avec Izenah Croisières. Billet A/R : 5 € (adulte), 2,70 € (enfant).
- Île d’Ilur : pas de navette régulière. Pour s’y rendre, il faut soit avoir son propre bateau, soit faire appel à un prestataire organisant des balades en mer dans le Golfe. L’été, le parc naturel régional propose des sorties payantes le dimanche, comprenant la traversée et la visite commentée.
- Île de Gavrinis : l’idéal est de partir de la cale de Pen-Lannic, à Larmor-Baden. Traversée + visite commentée (18 €/adulte, 22 € avec le contournement d’Er Lannic).
Des visites sont aussi organisées au départ de Port-Navalo, avec Passeur des Îles (traversée + visite : 24 €/adulte).
Naviguer dans le Golfe sur un voilier traditionnel
- Belle Plaisance : Nicolas Bourdy organise différentes sorties en mer à bord de son petit voilier traditionnel, le Fal Ben : journée (50 €), demi-journée (29 €), formules apéro au coucher du soleil (29 €) ou huîtres et muscadet (15 €). On recommande chaudement ! Et si vous savez naviguer, Nicolas peut aussi vous louer un guépard, une plate traditionnelle du Golfe.
- Les Amis du Sinagot : pour passer une journée sur un sinagot en compagnie des sympathiques membres de l’association, il suffit d’adhérer à l’association (adultes : 35 €/ enfants 7-14 ans : 15 €) et de fixer une date de sortie.
Événement
Tous les 2 ans, en mai, se tient la Semaine du Golfe, une grande fête maritime réunissant des bateaux traditionnels et classiques. En 2017, elle aura lieu du 22 au 28 mai.
Louer un vélo sur l’île d’Arz et l’île aux Moines
On peut louer un vélo à côté du débarcadère, sur l’île aux Moines comme sur l’île d’Arz. Comptez 12 € par jour (20 € pour 2 jours), avec Véloc’Ouest.
Où manger, où dormir sur l’île aux Moines ?
- Le Chemin des îles : au cœur du bourg, Françoise Mugnier vous accueille dans sa charmante maison d’hôtes, entourée d’un jardin très zen. Un véritable havre de paix. Double à partir de 125 € la nuit, petit déj. inclus. Espace bien-être (modelages, soins esthétiques et énergétiques). Table d’hôtes (avec des produits bio) sur réservation.
- Hôtel San Francisco : un hôtel de charme, installé dans une belle bâtisse du 19e siècle avec vue imprenable sur le Golfe. Le restaurant, sert une délicieuse cuisine de la mer, avec les produits de l’île. Superbe terrasse. Ouvert d’avril à octobre. Chambre à partir de 100 €. Menu midi à 22 €, menu homard à 50 €.
Où déguster des huîtres ?
- A l’établissement Martin, sur l’île aux Moines (Beg Moussir). Les huîtres sont élevées et affinées sur l’île. Dégustation : 12 € la douzaine d’huîtres, servies avec un verre de vin blanc, du pain, du beurre et du citron.
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Texte : Olivia Le Sidaner
Mise en ligne :