Afrique du Sud : dans les réserves du KwaZulu-Natal
Deuxième province la plus peuplée d’Afrique du Sud, le KwaZulu-Natal résume à merveille la diversité des paysages du pays. Que de contrastes entre la montagne, la brousse et l’océan !
Le matin les pieds dans le sable, face à l’océan Indien… L’après-midi en pleine brousse, pour un incroyable safari à la recherche des lions, buffles, rhinocéros, éléphants et léopards… C’est possible, par ici...
De Saint Lucia, station balnéaire prisée des hippopotames, à la réserve d'Hluhluwe-Umfolozi, royaume des rhinocéros, partons explorer la merveilleuse terre des Zoulous, traduction d’ailleurs de « Kwazulu », « Natal » étant le nom donné par les explorateurs portugais.
Préparez votre voyage avec nos partenaires- St Lucia, au bord de l'océan Indien
- Isimangaliso Wetland Park et Cape Vidal : entre savane et océan
- La réserve d'Hluhluwe-Umfolozi, royaume des rhinocéros
- Safari 4x4 au coucher du soleil
- Immersion dans la brousse africaine
- Une journée à pied dans la savane
- Tête à tête avec le rhinocéros noir
- Fiche pratique
St Lucia, au bord de l'océan Indien
Des marchandes de fruits et de souvenirs à l’ombre de grands albizias, d’élégantes guest houses dans de majestueux jardins avec piscine, l’océan Indien tout près… Bienvenue à St Lucia, sur la côte zouloue. Cette station balnéaire de 1 100 habitants, aux nombreux hébergements, est un excellent point de chute pour visiter les alentours, et notamment les réserves animalières.
Dans ses rues bien entretenues, un panneau interpelle : « beware of hippos at night ». Comment, des hippopotames, ici, la nuit ? Eh oui : ces garnements profitent de l’obscurité pour venir brouter les pelouses. Quelle surprise quand, en rentrant du restaurant, on tombe nez à nez avec l’un d’eux, en plein centre-ville !
De temps à autre, ils vont même piquer une tête dans une piscine… Drôle, non ? Beaucoup moins pour les propriétaires, alors contraints de faire appel à une grue pour les sortir de là. On se garde bien de les approcher, car ils n’ont pas très bon caractère...
Pour les voir de près en toute sécurité, on monte plutôt à bord d’un bateau, à l’estuaire de St Lucia, en fin de journée. Au fil de l’eau, on observe de nombreux oiseaux, comme l’aigle pêcheur d’Afrique, majestueux. Son œil, son bec et ses pattes d’un jaune vif contrastent avec son élégant plumage blanc, noir et marron.
À quelques mètres, un crocodile du Nil longe la mangrove. Proie d’aucun autre animal, il est ce qu’on appelle un super prédateur (c’est aussi le cas du lion !). Les adultes mesurent en général 4 mètres.
Soudain, à la surface de l’eau verdâtre, des têtes et, par moment, juste des yeux… Une bande d’hippopotames ! Le bateau s’approche tout près. Impassibles, ils semblent presque prendre la pause. Le corps totalement immergé – en réalité ils ont pied, car il n’y a que 1 m 50 de fond – ils vaquent à leur occupation favorite de l’après-midi : la sieste.
Un peu plus loin, ils sont encore plus nombreux. Une famille se compose toujours d’un mâle dominant, de plusieurs femelles (jusqu’à 30 !) et… de jeunes, logique. Certains barbotent, d’autres dorment profondément sur la berge, entassés les uns sur les autres. Par moment, ça se chamaille, à coups de grognements !
Isimangaliso Wetland Park et Cape Vidal : entre savane et océan
Située à 30 minutes de route de St Lucia, Isimangaliso signifie « lieu des miracles ». Il est vrai que cette zone humide de 2 700 km2, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, nous en réserve quelques-uns… Ici, on peut très bien apercevoir un éléphant et, quelques instants plus tard, une baleine... Car, tout au bout du chemin, nous attend l’océan Indien.
Nulle autre phrase que celle de Nelson Mandela ne résume mieux l’endroit : « le parc en zone humide de St Lucia doit être le seul endroit au monde où les plus vieux mammifères terrestres (rhinocéros) et les plus grands mammifères terrestres (éléphants) partagent le même écosystème que les plus vieux poissons de la création (le cœlacanthe) et les plus gros mammifères marins (la baleine) ». Tout est dit !
La route principale, sinueuse à souhait, est un miracle, elle aussi. Elle file à travers la savane et les forêts, nous livrant, par moments, un fragment de lac ou d’océan. Des points de vue permettent d’admirer cet ensemble unique. Tout le long, des animaux sauvages. À gauche, un zèbre nous regarde passer. À droite, un troupeau de koudous (famille des antilopes). On peut même apercevoir des hippopotames.
Terminus de cette route enivrante : le Cape Vidal, sa grande plage de sable (qui file jusqu’au Mozambique) et les rouleaux de l’océan Indien. Un endroit sauvage, hors du temps. Dire que 5 minutes avant, on se trouvait en pleine brousse !
Sur le chemin du retour, la lumière rasante du soir vient sublimer la savane. Deux rhinocéros blancs sont de sortie. On ne les aura que très peu vus pour aujourd’hui, mais on se rattrapera, les jours prochains, à la réserve d'Hluhluwe-Umfolozi…
La réserve d'Hluhluwe-Umfolozi, royaume des rhinocéros
Fondée en 1895, Hluhluwe-Umfolozi est la plus ancienne réserve d’Afrique. À l’origine, il s’agissait de trois réserves différentes, dont deux principales : Hluhluwe (prononcer « chlouchlouwé ») et Umfolozi, réunies en 1989.
Elle paraît immense, mais elle est beaucoup plus petite que le célèbre Parc National Kruger : 960 km² contre 19 485 km² (taille d’Israël !). Très vallonnée, cette réserve à taille humaine se révèle plus sauvage. La végétation, très dense, est livrée à elle-même. Ici, on n’élague pas de part et d’autre de la route, pour mieux distinguer les animaux... Cela rend les rencontres d’autant plus magiques.
On peut y apercevoir les fameux Big 5 : rhinocéros noir, buffle, léopard, éléphant… Et le petit dernier ? Le lion, évidemment. On en compte une cinquantaine, tous descendants du tout premier lion Nkosi, qui signifie « le roi ». En 1956, il est venu du Mozambique de son propre chef, traversant même la capitale, Maputo. En 1958, 6 femelles ont aussi débarqué. Mais les vedettes de la réserve, ce sont les rhinocéros...
C’est ici que le rhinocéros blanc, et par la suite le noir, ont été sauvés de l’extinction ! Dans les années 1940, on se rend compte qu’ils ne sont plus très nombreux : 600 blancs tout au plus. En 1960, on lance alors « l’opération rhino ». « Tout a été mis en place pour qu’ils puissent se développer et se reproduire », explique Raphaël Nils, notre guide francophone. Une réussite : en 2010, ils étaient 14 000 !
Alors que ces rhinocéros n’existaient plus nulle part ailleurs, il ont pu être réintroduits dans d’autres parcs en Afrique du Sud (au Kruger, notamment), où ils sont aujourd’hui quelque 22 000 (noirs et blancs confondus), et en Afrique australe. Tous viennent d’ici ! Chaque année, ils sont comptés, en hélicoptère et à pied. Le « surplus » fait l’objet d’une grande vente aux enchères en octobre, pour éviter la surpopulation.
L’argent est réutilisé par la réserve, notamment pour financer la lutte anti-braconnage. En 2017, 1 028 rhinocéros ont encore été massacrés pour leur corne. Les braconniers – du Mozambique, pour la plupart – touchent 3 000 euros pour une corne de 6 à 8 kg.
Réduite en poudre, elle est revendue 35 000 euros le kilo (oui oui !), principalement en Asie du Sud-Est et en Chine, où on lui prête des vertus aphrodisiaques et curatives (cancer, entre autres). Pourtant, il n’en est rien : la corne est comparable à nos ongles – et comme eux, elle repousse.
Des solutions sont peu à peu mises en place, comme la légalisation de la vente, en 2017. « Cela a permis d’inonder le marché avec des cornes prélevées sur l’animal sans le tuer », explique Raphaël. Un orphelinat accueille les bébés esseulés, relâchés quand ils sont grands.
Safari 4x4 au coucher du soleil
En fin de journée, les animaux recommencent à s’activer. Le moment idéal pour un safari en 4x4 ou « game drive », en anglais. Un jeu où on ouvre bien grand les yeux.
Virages, montées, descentes : la route sillonne la savane. Cette année, la végétation est particulièrement dense. Après trois ans de sécheresse, la pluie n’a cessé de tomber, laissant derrière elle d’incroyables nuances de vert. Acacias parasol, tamboti tree et buffalo thorn (arbre sacré des Zoulous) sont trois arbres omniprésents. Les oiseaux sont nombreux : guêpiers nains, pie-grièche, bagadais casqué, huppe d’Afrique…
Rapidement, on aperçoit un trio très commun dans la réserve : impalas, gnous et zèbres. Au fait, blanches ou noires, les rayures ? Raphaël lève le doute : si on les rase, ils sont… noirs ! Ils ressemblent comme deux gouttes d’eau à des chevaux : logique, ils font partie de la même famille.
Les impalas sont d’élégantes antilopes. Les mâles peuvent faire des bons gigantesques : 3 mètres de hauteur et 6 mètres de longueur ! Le gnou, lui aussi une antilope, a une drôle d’allure.
On reprend la route, à la recherche d’un gros mammifère. Toujours rien… mais tant que le game drive n’est pas terminé, il ne faut jamais perdre espoir. La preuve ! Le conducteur Pheki repère un rhinocéros blanc ! Il se dévoile tout entier, avant de disparaître à nouveau. Une première rencontre magique. Et ce n’est pas fini : quelques mètres plus loin, deux autres silhouettes... « Black rhinos ! » chuchote Pheki, qui n’en croit pas ses yeux. Il est plus rare de croiser les rhinocéros noirs... et c’est celui-ci, qui fait partie des Big 5. Et d’un !
Le chemin du retour nous gâte : un rhinocéros blanc et son petit broutent à quelques mètres de nous. Sur leur cuirasse, de nombreuses tiques : jusqu’à 6 000 ! Même sort pour la girafe et l’impala mais pas l’éléphant, à la peau trop épaisse. Heureusement, il y a le pique-bœuf : cet oiseau à l’œil rouge vif se perche sur eux et les débarrasse des parasites. Un acolyte bien pratique.
Immersion dans la brousse africaine
La nuit est tombée, sur le camp de Mpila, en pleine brousse. Des dizaines de petits yeux verts reluisent dans le noir. Ce sont des impalas ! Le barbecue (« braai » en afrikaans), est sacré en Afrique du Sud. Au menu, beaucoup de viande et notamment des saucisses. De petits cris retentissent… dans le faisceau de la lampe torche, surprise : deux hyènes ! Elles rodent dans l’espoir d’un petit reste…
Après une nuit en tente de safari (très sonore : on entend tout ce qui se passe dans la brousse !), nous nous enfonçons encore un peu plus dans la brousse. Au programme : trois jours de trek dans la savane, sous la protection du ranger Rick Wilson. Uniforme bien ajusté, bijoux fétiches aux poignets, lance et fusil jamais loin de lui, il nous attend au camp satellite Mndindini.
On se croirait dans un film d’aventures. Pourtant, rien de fictif. Les consignes du ranger sont claires. « Dans la savane, on marche en silence et en file indienne, moi devant et mon back up derrière. » Son back up, c’est Nonto, une femme d’origine zouloue. Il poursuit. « Pour s’arrêter, on émet un son et tout le groupe s’arrête. Et, surtout, on ne court jamais devant un animal sauvage. » On soupçonne, à la vue et à la voix de cet homme à l’âge indevinable, un vécu palpitant.
On quitte le camp pour une première balade. Un petit chemin se dessine au milieu des hautes herbes. L’œuvre des hommes ? Pas du tout. « C’est celle des rhinocéros, qui passent là depuis des milliers d’années. Les autres animaux l’utilisent aussi », chuchote Rick. Nous sommes sur les pas du plus vieux mammifère terrestre. Et voici la trace de pas d’un rhinocéros. Très prononcée, c’est celle du pied avant, car le poids est à l’avant quand il marche, comme les éléphants.
Rick repère deux rhinocéros. Des blancs. Eux aussi nous ont repérés. Ils semblent nous regarder, mais en réalité ils ne voient pas à plus de 3 mètres. C’est leur ouïe et leur odorat, puissants, qui nous observent ! Dans un poussiéreux brouhaha, ils déguerpissent. Impressionnant ! Le soleil commence à se coucher. La rivière prend une incroyable couleur or. On rentre au camp, émerveillés.
Une journée à pied dans la savane
De bon matin, la voix du ranger nous réveille. Nous partons pour un trek de 13 km. Au milieu de la rivière, des buffles solitaires. Trop vieux, trop lents, ils ont été exclus du groupe.
Prêt pour l’imprévisible, on avance. Un pied après l’autre et toujours en silence. Bientôt, on n’entend plus que le frottement du pantalon contre la végétation. Le chant d’un oiseau aussi ! Récurrent et mélancolique, c’est celui de la tourtelette émeraudine. Hypnotisant.
Sur le chemin, des excréments et des empreintes de pas en disent long sur les animaux. Plus loin, celles d’une girafe, toutes fraîches. Petites, elles doivent appartenir à une femelle ou à un jeune. Effectivement, au loin, girafe en vue ! Son grand cou émerge de la verdure.
Nonto, la seconde de Rick, connaît le coin comme sa poche. Elle nous emmène déjeuner dans un endroit magique : un petit sous-bois avec un point d’eau, où se dressent deux arbres. Des dizaines de nids y sont accrochés ! Ceux des tisserins du Cap, de petits oiseaux jaunes très expressifs. Le mâle construit un nid avec une entrée vers le bas, pour attirer une femelle. Si le nid ne rencontre pas de succès, il finit par le détruire et en reconstruire un autre…
Le soir, comme la veille, on dîne autour du feu en écoutant les histoires palpitantes du ranger. « Dans la savane, on n’est jamais seul. À tout moment, quelque chose peut arriver. Le soir, on passe de prédateur à proie. C’est un sentiment qu’il faut chérir, car cela ne nous arrive pas souvent… »
Tête à tête avec le rhinocéros noir
Plus qu’une matinée de marche avant le retour à la « réalité ». Et elle sera riche ! Près de la rivière, un jeune éléphant ! Sa trompe apparaît, puis son corps tout entier, avec majesté. Inoubliable.
Rick nous arrête devant un « dépotoir » de rhinocéros noirs. Les rhinocéros noirs sont moins nombreux, dans la réserve : environ 600, pour 1 300 blancs. Nous serions bien chanceux d’en croiser un, ce matin… Nous ne pensions pas si bien dire : à une vingtaine de mètres, Rick en a repéré un ! Il nous le signale, comme toujours, d’un geste de la main. Dans le plus grand silence…
Contrairement au blanc, le rhinocéros noir n’est pas farouche : sa première défense, c’est l’attaque. Plus petit et plus léger que le blanc (1,6 tonnes contre 2 à 2,5 tonnes), il court aussi vite qu’un cheval. Pour l’heure, il est allongé, visiblement endormi, sur la terre rouge crevassée. C’est un mâle adulte, d’une vingtaine d’années. Les rhinocéros vivent en moyenne jusqu’à 40 ans.
Soudain, le craquement d’une branche le réveille. Il se lève dare-dare, l’oreille attentive. On l’observe, sans dire mot. L’animal commence à avancer vers nous. « Là, il est vraiment temps de filer », ordonne Rick, qui cette fois-ci ferme la marche pour assurer nos arrières.
Une fois bien en sécurité, il reprend la parole. « Observer un rhinocéros noir comme nous venons de le faire est un privilège. Cela n’arrive que toutes les 10 sorties, voire plus. C’est un souvenir précieux, à emporter avec vous. » Rick peut en être sûr, on l’emportera. Très loin. Et pour très longtemps.
Fiche pratique
Retrouvez toutes les adresses, infos et bons plans dans le Routard Afrique du Sud.
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Office de tourisme d’Afrique du Sud
Comment y aller ?
Vols au départ de Paris-CDG, Lyon, Nice, Bordeaux, Marseille et Toulouse et à destination de Johannesburg et Durban avec la compagnie Turkish Airlines (escale à Istanbul). Vols directs pour Johannesburg avec Air France. Trouvez votre billet d’avion.
Treks organisés tout inclus
Allibert Trekking, spécialiste du voyage d’aventure, propose deux formules qui combinent randonnées dans les montagnes du Drakensberg (massif incontournable d’Afrique du Sud) et safaris à pied et en 4x4 dans la réserve de Hluhluwe-Umfolozi. Il s'agit de Trek des monts du dragon au Bush Africain (17 jours) et Les montagnes du Dragon (15 jours) : randonnées dans les montagnes du Drakensberg. Safaris à pied et en 4x4 dans la réserve de Hluhluwe-Umfolozi
Carnet d’adresses
À St Lucia :
- Ingwenya Lodge : 163 Hornbill Street. Des appartements coquets tout confort (salle de bain, cuisine…), lovés dans un jardin verdoyant avec piscine. Mention spéciale pour les chambres à l’étage : vue imprenable sur l’océan Indien !
- Fishermans Restaurant & Pub : 61 McKenzie St. Resto-bar d’un club de pêche très convivial, où on se régale d’un fish & chips.
Dans la réserve d'Hluhluwe-Umfolozi :
- Camp principal de Mpila (tentes de safaris sur pilotis et chalets)
- Treks avec rangers armés : camp satellite Mndindini, plus rustique (tentes de safaris sur pilotis uniquement, des toilettes et une douche communes à tous, une cuisine avec un cuisinier)
- Buvette-snack du Centenary Centre : sandwichs, burgers, boissons et glaces…
Plus d’infos sur la réserve
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Texte : Aurélie Michel
Mise en ligne :