Bretagne : Brocéliande, forêt de légendes

Bretagne : Brocéliande, forêt de légendes
Arbre d'or © bmx35 - Fotolia

Entrez dans la légende ! À Brocéliande, l’imagination prend le pouvoir. Cette forêt bretonne a beau s’appeler Paimpont sur les cartes, tout le monde la désigne par son nom mythique. Brocéliande, liée pour toujours au roi Arthur, aux chevaliers de la Table ronde et à l’enchanteur Merlin. À seulement trois quarts d’heure de Rennes, voici l’occasion de s’évader pour de bon, tout en faisant d’agréables promenades au cœur de la nature.

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Brocéliande, terre de légende

Brocéliande, terre de légende
Chêne des Hindrés © Olivia Le Sidaner

La forêt de Brocéliande. Le nom même fait rêver. Pourtant, si l’on regarde sur une carte, on n’en trouve nulle trace, puisqu’elle porte le nom de « Paimpont ». Ici, l’imaginaire est si fort qu’il semble avoir pris le pas sur la géographie officielle. Et le patrimoine que l’on vient y chercher est avant tout immatériel.

Dans cette contrée forestière nichée au cœur de la Bretagne, à cheval sur l’Ille-et-Vilaine et le Morbihan, on est invité à retrouver son âme d’enfant. Brocéliande, qui aurait servi de décor aux épisodes merveilleux de la Table ronde, nous embarque sur les traces du roi Arthur, de Merlin, de la fée Viviane, tout en prêtant l’oreille aux légendes bretonnes, lors de balades contées.

La quête commence dans les rues du village de Paimpont et se poursuit dans la forêt du même nom, du côté de l’étang de Comper et de son château. Elle continue vers Tréhorenteuc et son étrange église du Graal, sans oublier le fameux Val-sans-Retour.

Paimpont, la porte de Brocéliande

Paimpont, la porte de Brocéliande
Abbaye de Paimpont © Olivia Le Sidaner

Le petit village de Paimpont, aux maisons de granit, nous plonge immédiatement dans l’ambiance en cheminant de la rue du Roi-Arthur à celle de la Fée-Viviane. Au bord de l’étang se dresse l’imposante abbaye de Paimpont, datant du 13e siècle, où sont organisés des expos et des concerts durant l’été.

Le long de l’artère principale s’alignent des boutiques d’un genre particulier. On y trouve des épées, des cornemuses, des figurines d’elfes et de korrigans, du chouchen, des bijoux celtiques, des vêtements médiévaux, des jeux de runes et toutes sortes de livres et d’accessoires ésotériques (pendules, cristaux...). Tout un folklore !

La Porte des Secrets © Olivia Le Sidaner

Avant de commencer l’exploration de cette contrée de légendes, il convient de faire halte à l’office de tourisme. En plus des conseils et des brochures, un parcours-spectacle, « La Porte des Secrets », présente de manière ludique la forêt réelle et imaginaire : les arbres remarquables, les animaux, les korrigans, la fontaine de Barenton, les forges de Paimpont, les aventures des chevaliers de la Table ronde... La visite, dont la scénographie a été modernisée cette année, donne des clés pour visiter la forêt de  Brocéliande.

À 4 km du village, les forges de Paimpont témoignent de l’ancienne activité économique de la forêt. Installées ici depuis 1656, elles se sont modernisées au début du 19e siècle, avec la construction de deux hauts fourneaux, d’un laminoir et d’un bâtiment de fonderie. Des visites du site, inscrit aux Monuments historiques et en cours de restauration, sont possibles sur réservation. Et, pour les enfants, une chasse au trésor a été inaugurée cette année.

Brocéliande, sur les pas des conteurs

Brocéliande, sur les pas des conteurs
Balade contée en forêt de Brocéliande © Olivia Le Sidaner

Il n’est pas meilleure manière de se plonger dans l’imaginaire foisonnant de Brocéliande que de suivre un guide conteur dans la forêt. Parmi ceux qui, depuis des années, initient les visiteurs aux fabuleux récits de la Table ronde et aux légendes bretonnes, figurent Xavier Lesèche, ou encore DamEnora.

L’office du tourisme de Brocéliande organise aussi des balades contées en forêt, dont « Merlin et le petit peuple de la forêt ». Une navette au départ de Paimpont emmène les participants à l’orée du bois, pour une promenade de 3 h environ. Au programme : une déambulation sur les sentiers des boucles de Merlin et des Hindrés, entrecoupée de haltes durant lesquelles la conteuse livre récits légendaires et histoires réelles.

Il est question des créatures imaginaires et des animaux de la forêt, mais aussi de l’exploitation des bois de Paimpont, qui remonte au néolithique, et que l’on découvre en s’arrêtant devant une fouée de charbonnier reconstituée près du vénérable chêne des Hindrés, âgé d’environ 500 ans.

Plus loin, on ira voir la fontaine de Jouvence, le tombeau de Merlin, et saluer enfin un autre arbre remarquable : le chêne à Guillotin, dont la circonférence avoisine les 10 m et qui aurait entre 800 et 1 000 ans. On raconte que, en 1791, il aurait abrité en son creux l’abbé Guillotin, prêtre réfractaire poursuivi par des révolutionnaires. Une araignée aurait alors tissé une toile devant l’entrée, dissuadant ses poursuivants de le chercher à cet endroit. Comme pour toutes les légendes, plusieurs versions des faits existent.

Château de Comper : à la rencontre du roi Arthur

Château de Comper : à la rencontre du roi Arthur
Château de Comper © Olivia Le Sidaner

À Concoret, le sombre château de Comper, l'un des hauts lieux de Brocéliande, veille au bord de son étang. Bâti en schiste rouge à partir du 13e siècle, il a subi les vicissitudes de l’histoire (attaques, démantèlement, incendie...), avant d’être rénové à la fin du 19e siècle. Des vestiges de l’ancienne enceinte médiévale datant de 1375 sont encore visibles.

C’est ici que, il y a trente ans, s’est établi le Centre de l’imaginaire arthurien, une association de passionnés érudits ayant à cœur de faire connaître la « matière de Bretagne », ces histoires merveilleuses d’origine celte héritées du Moyen Âge, mettant notamment en scène Merlin, le roi Arthur, la fée Morgane, Lancelot.

L’expo permanente, avec son nouveau parcours scénographique, présente les principaux épisodes de la légende arthurienne. Pour se plonger dans cet imaginaire, l’idéal est de participer à une visite guidée (des sorties contées dans la forêt sont aussi organisées sur demande). Plusieurs temps forts rythment l’année, à Comper, avec notamment la Pentecôte du roi Arthur, les Rencontres de l’Imaginaire, les Médiévales de Brocéliande et les Célébrations de Samain.

Une fois sorti du château, on poursuivra la visite dans le parc, qui présente en quelque sorte un résumé des paysages que l’on croise en Brocéliande, avec sa pierre rouge, ses landes et son étang. Ce dernier est surnommé le lac de Viviane, car c’est, dit-on, dans ses eaux que Merlin édifia en une nuit pour sa fée bien-aimée un palais de cristal, invisible aux yeux des humains, sauf de ceux dont les cœurs sont purs.

On croise aussi des séquoias d’Amérique du Nord, des ifs centenaires et le chêne de Merlin, arbre majestueux qui aurait au moins 500 ans. Et, lorsque le vent souffle, on peut entendre des harmonies s’échapper de la harpe éolienne qui se tient au bord de l’eau. Magique !

Ainsi imprégnés de l’imaginaire de Brocéliande, vous serez mûrs pour partir en quête de ses sites légendaires.

Centre de l’imaginaire arthurien. Plein tarif : 7 €. Ouvert du printemps au 31 oct. Visites guidées tous les week-ends ; tlj à 16 h pendant les vacances de printemps et d’automne ; en juillet-août : tlj à 11 h, 14 h 30 et 17 h 30. Expo jusqu’au 21 octobre : « Femmes fées. Morgane et Mélusine ».

La fontaine de Jouvence se trouve en Bretagne !

La fontaine de Jouvence se trouve en Bretagne !
Fontaine de Barenton © Emmanuel Berthier - CRTB

Sans ses légendes, la forêt de Paimpont serait, certes, jolie et agréable, mais ne charmerait pas à ce point les promeneurs. C’est ainsi que des sites d’apparence anodine prennent une dimension magique, comme la fontaine de Jouvence, qui était autrefois un lieu de culte druidique.

Lors du solstice d’été, les bébés y étaient lavés et inscrits sur un registre (c’était une sorte de baptême). Ceux qui n’avaient pas été recensés l’année de leur naissance l’étaient la suivante. Considérés comme des nouveau-nés, ils étaient ainsi rajeunis d’un an...

Si vous aspirez à la jeunesse éternelle, il vous faudra venir ici au solstice d’été, à minuit et pieds nus, boire un bol d’eau de la fontaine et... avoir été parfait tout au long de sa vie. Autant dire que ce n’est pas gagné !

Près du village de Folle-Pensée, où les druides étaient réputés soigner les fous, la fontaine de Barenton, elle aussi, charrie son lot d’histoires. Elle est considérée par nombre de Bretons comme un lieu sacré, où l’on peut faire un vœu. Mentionnée au 12e siècle dans l’un des romans arthuriens de Chrétien de Troyes, elle aurait été le lieu de la rencontre de Merlin et Viviane.

Si la météo est clémente lors de votre visite, abstenez-vous de verser de l’eau sur la pierre plate qui jouxte la fontaine : ce simple geste provoquerait instantanément tempête et foudre.

Quant aux fines bulles qui remontent parfois à la surface de l’eau, selon les versions, il s’agirait du souffle de Viviane, d’une manifestation diabolique ou, plus prosaïquement, d’émanations gazeuses dues à des matières en décomposition sur le lit de la source.

Brocéliande, du tombeau de Merlin à l’église du Graal

Brocéliande, du tombeau de Merlin à l’église du Graal
Tombeau de Merlin © Olivia Le Sidaner

Peu spectaculaire, le tombeau de Merlin n’en attire pas moins les promeneurs. À l’origine, il s’agissait d’une sépulture mégalithique, fort différente de ce que l’on peut voir aujourd’hui. De l’allée couverte de 12 m, dynamitée au 19e siècle, il ne reste que deux pierres, où certains viennent déposer messages et offrandes, fleurs, prières, et même bijoux.

Mais n’allez pas imaginer que le fascinant enchanteur repose ici. Merlin serait toujours vivant, enfermé dans une prison d’air par la fée Viviane, qui voulait le garder auprès d’elle pour toujours dans la forêt de Brocéliande.

Du côté de Tréhorenteuc, d’autres monuments mégalithiques ont inspiré des légendes au 19e siècle, comme le tombeau des Géants et le jardin aux Moines, ou encore l’hotié de Viviane, autrefois appelé le tombeau des Druides.

Eglise du Graal © Olivia Le Sidaner

À Tréhorenteuc, près de l’office du tourisme, on découvre aussi un bien étrange lieu de culte : l’église Sainte-Onenne (12e s), plus connue sous le nom d’église du Graal. Elle fut restaurée de 1942 à 1953 par l’abbé Gillard, dont la statue veille devant l’entrée, où, au-dessus du porche, on peut lire cette phrase énigmatique : « La porte est en dedans ». À l’intérieur, le prêtre a placé de nombreux symboles faisant directement référence à la légende arthurienne et aux traditions celtiques.

Le chemin de Croix a pour décor le Val-sans-Retour, le Christ est peint aux pieds d’une Morgane aux allures de pin-up, la Table ronde et celle de la Cène se confondent, une grande mosaïque signée Odorico représente un grand cerf blanc et quatre lions rouges (symbolisant à la fois Jésus et les évangélistes et un épisode de la quête du Graal). Des visites guidées permettent d’appréhender toute la complexité de ces symboles.

Randonnée légendaire au Val-sans-Retour

Randonnée légendaire au Val-sans-Retour
Rocher des Faux-Amants © Benjamin Chorin

Tréhorenteuc est le point de départ d’une agréable randonnée de 4 km : la boucle du Val-sans-Retour, un nom certes un peu effrayant, mais nulle crainte à avoir : le sentier, quoiqu’escarpé par endroits, est sans danger !

Pourquoi sans retour, au fait ? Parce que vous entrez ici dans le domaine de Morgane, qui enchanta toute la vallée où elle retenait prisonniers les hommes infidèles, à l’image du chevalier Guyomard. Ce dernier, ayant osé tromper la fée, se retrouva pétrifié sur place avec son amante.

C’est sur les hauteurs du Val que l’on découvre le rocher des Faux-Amants, figurant ce couple de pierre condamné à passer l’éternité assis l’un à côté de l’autre sans pouvoir se toucher. Paradoxalement, certains jeunes mariés viennent y faire des photos, un comble ! Non loin de là, un rocher de schiste pourpre avec des incrustations de quartz porte le nom de siège de Merlin. On peut s’y asseoir pour faire un vœu. Une autre version raconte qu’il s’agirait de l’épine dorsale d’un dragon endormi...

Etang du Miroir aux Fées © Olivia Le Sidaner

Dans la partie basse de la vallée, vous croiserez le fameux Arbre d’or, une œuvre créée par François Davin après le grand incendie de 1990 qui ravagea plus de 400 hectares de végétation. Entouré d’arbres calcinés, il symbolise à la fois la renaissance et la valeur de la forêt, mais aussi sa fragilité. Juste à côté se trouve l’étang du Miroir aux Fées, où se reflètent les arbres et les nuages. Un endroit très paisible qui serait, dit-on, la demeure de sept fées.

Comme partout en Brocéliande, la balade prend toute sa dimension avec les explications d’un guide conteur, qui donne un supplément d’âme aux rochers, aux arbres, aux étangs. De quoi perpétuer la transmission orale de ces récits que l’on se transmet depuis la nuit des temps…

Fiche pratique

Retrouvez tous les bons plans, adresses et infos utiles dans le Routard Bretagne Nord

Pour préparer votre séjour, consultez notre guide en ligne Bretagne

Office du tourisme de Brocéliande

Haute Bretagne Tourisme

Comité départemental du tourisme du Morbihan

Comité régional du tourisme de Bretagne

Comment y aller et se déplacer ?

- En train + voiture de locationRennes n’est plus qu’à 1 h 30 de TGV de Paris. Après, il faut environ 45 min pour rejoindre Paimpont.

- En voiture : comptez environ 4 h de route depuis Paris,

Sur place, il est très sympa de louer un vélo à assistance électrique.

Brocéliande Bike (2, rue des Forges, à Paimpont). Location de VAE à partir de 14 € les 2 h. 19 € la demi-journée. Également des balades contées à vélo (47 €/personne).

Où dormir ?

- Hôtel Le Relais de Brocéliande : 5, rue des Forges, Paimpont. À l’orée de la forêt, des chambres confortables et un accueil chaleureux. Après une journée de balade, on peut se délasser dans la salle du bar, où sont installés un juke-box, un baby-foot et un jeu d’arcade des années 1980. Quand il fait frisquet, on se pose dans un fauteuil club, près de la cheminée. Chambre double entre 84 et 160 €. Belle table également, avec une cuisine gastronomique qui met à l’honneur les produits locaux. Menus à partir de 15 €.

Où manger ?

- La Fée gourmande : 16 av. du Chevalier-Ponthus, Paimpont. Dans cette crêperie sympa installée au bord de l’eau, on déguste de bonnes galettes et des crêpes, dont les noms évoquent Brocéliande (Lac de Viviane, Fontaine de Barenton, L’Enchanteur...), mais aussi les grands classiques, dont la complète (6 €) et la caramel au beurre salé maison (4,50 €).

- Restaurant des Forges : Les Forges, Plélan-le-Grand. Tout près des forges et en surplomb de l’étang, ce resto qui existe depuis 1850 sert une généreuse cuisine du terroir : gibier (pavé de cerf, notamment), poissons (truite, sandre...), foie gras maison, andouille. Menus à partir de 16 €.

 

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Texte : Olivia Le Sidaner

Mise en ligne :

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