Madagascar : deux réserves près d’Antananarivo

Madagascar : deux réserves près d’Antananarivo
Indri indri © Solène Duclos

Deux réserves spéciales, une réserve naturelle et 17 parcs nationaux… Posée sur les flots de l’océan Indien, l’île de Madagascar a été gâtée par Mada-me nature. Parce qu’il faudrait des milliers de vies et autant d’articles pour en connaître les moindres recoins, nous vous présentons aujourd’hui deux de ses jardins d’Éden. Situées respectivement à 150 et 145 km à l’est d’Antananarivo, la réserve spéciale d’Analamazoatra et la réserve de Vohimana se découvrent dans le cadre d’une excursion de deux ou trois jours (ou plus) dans la région.

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Réserve d’Analamazoatra : au royaume de l’indri indri malgache

Réserve d’Analamazoatra : au royaume de l’indri indri malgache
© Solene Duclos

Nichée dans l’Alaotra-Mangoro, province de Toamasina, à environ 2 h de route de Tana, la réserve spéciale d’Analamazoatra appartient au Parc national d’Andasibe-Mantadia. Créée en 1970, cette réserve est spéciale, en effet, mais on ne saurait expliquer pourquoi lorsque l’on pénètre pour la première fois dans cette forêt de 850 hectares.

Devenu parc national en avril 2015, l’endroit envoûte les visiteurs qui s’y aventurent la première fois. Serait-ce dû à l’atmosphère mystérieuse qui y règne, en particulier lorsque l’humidité enveloppe les arbres de sa brume ? Mais à Madagascar, point de magiciens et autres farfadets. Les véritables vedettes sont à feuilles et à poils. Une dizaine d’espèces de lémuriens ont ainsi élu domicile ici, ainsi que 109 espèces d’avifaunes et trois espèces de rolliers terrestres.

Si les beautés se comptent par milliers au cours de cette promenade dans les bois, il faudra surtout penser à lever le nez dans l’espoir d’apercevoir la grande variété d’oiseaux qui y a élu domicile.

© Solène Duclos

On vient surtout ici pour apercevoir la véritable star de la région, l’indri indri. Le plus grand lémurien de la planète (jusqu’à 1 mètre de long !) aime jouer avec les arbres et les nerfs des touristes. Attention aux torticolis et à la douche froide, les bêtes n’hésitant pas à se soulager à plusieurs mètres au-dessus du sol, sans aucun remords pour celles et ceux qu’elles arroseront.

Si personne ne pourra vous promettre une rencontre de près avec ceux que l’on appelle également babakotos, leur cri très caractéristique ou leur session de jumping dans les arbres suffira pour vivre un moment de communion assez émouvant.

Chassés durant des années pour leur viande, les indris et leurs amis lémuriens commencent peu à peu à respirer de nouveau. Si ces primates lémuriformes ne sont pas complètement sortis d’affaire, le gouvernement malgache a compris la nécessité de les protéger, et plus largement l’importance de l’écotourisme. Aujourd’hui, les initiatives se multiplient, avec notamment la préservation de leur habitat. Ainsi, certains chasseurs de jadis sont devenus guides éco-touristiques, afin de faire découvrir ces forêts qu’ils connaissent si bien.

Après avoir mitraillé les 14 espèces de lémuriens pour épater la galerie, prenez le temps de vous perdre dans les allées et de croiser une richesse florale exceptionnelle : 120 types d’orchidées, des palmiers et des fougères arborescentes par milliers, mais aussi des palissandres, vakoanas, lalonas ou amboras à admirer sans modération. Vous croiserez également la route d’amphibiens et de reptiles, si vous pensez à ouvrir l’œil… Terminez la visite par un salut à l’arbre sacré, plus silencieux et moins imprévisible que ses amis indris.

La réserve de Vohimana, temple de la biodiversité à Madagascar

La réserve de Vohimana, temple de la biodiversité à Madagascar
Ecolodge du Naturaliste © Solène Duclos

 Vohimana, c’est un nom qui sent bon la forêt primaire du bout du monde. Vohimana, ce sont aussi des données qui donnent le vertige, et pas seulement à cause de l’altitude (900 à 1 250 m) : plus de 500 hectares, un climat tropical humide et des milliers d’espèces animales et végétales – dont de nombreuses endémiques – à protéger. Mais Vohimana, c’est aussi un écosystème fragile qui a perdu la moitié de sa forêt en 40 ans.

Accéder à ce paradis implique de donner de sa personne : 1 h de marche à travers la végétation et les rails d’un chemin de fer encore en service. Sur place, l’écolodge du Relais du Naturaliste accueille les courageux (et chanceux) marcheurs dans des hébergements rudimentaires. Si les étoiles ne sont pas sur la devanture de l’établissement, elles s’illumineront lorsque la nuit sera venue, comme pour vous souhaiter la bienvenue. 

À la tête de l’hébergement, l’ONG « L’Homme et l’Environnement » prend soin de la nature qui l’entoure grâce à de nombreuses actions collectives de préservation de l’environnement ou d’initiatives à destination des villageois. Citons par exemple la construction d’un centre de naissance dans le village d’Ambavaniasy. Le soir, l’ONG met les petits plats dans les grands en concoctant à ses hôtes un repas aux petits oignons saupoudré de belles histoires.

© Solène Duclos

La nuit, il paraîtrait que les chats et les arbres sont gris. Mais à Vohimana, l’obscurité prend une saveur particulière en offrant un « son et lumières » très exclusif… Alors que la nuit embrasse déjà la forêt, il est l’heure d’interrompre la torpeur de cette fin de journée pour partir en randonnée.

Équipés de lampes frontales ou smartphones, vous avancerez en file indienne petit à petit (pas). À quelques mètres en dessous de vos pieds, le bruit d’un cours d’eau qui se faufile à travers les arbres. Au-dessus de vos têtes, le chuchotement d’insectes semblant vaquer à leurs occupations.

Il faut dire que l’endroit accueille de nombreux résidents : 11 espèces de lémuriens, dont le maki vari et le fameux indri, des amphibiens et près de 300 plantes médicinales. Chemin faisant, vous croiserez peut-être la route de certains d’entre eux : phasmes, caméléons nocturnes, mini-grenouilles multicolores et peut-être même un lémurien qui jouera au chat et… au lémurien avec les humains que vous êtes.

Le lendemain, les premières lueurs du jour dévoilent le paysage imaginé, deviné et écouté la veille. Les animaux nocturnes sont partis se coucher, tandis que leurs amis diurnes s’étirent en même temps que les premiers rayons du soleil. La randonnée de jour a une autre saveur que celle de la veille, bien qu’elle soit toute aussi délicieuse. Vous apercevrez enfin le cours d’eau qui murmurait la veille, admirerez la cascade qui donne toujours de la voix, contemplerez les arbres et végétaux qui eux restent bien silencieux.

Visites de pépinières, d’associations villageoises, de distillerie d’huiles essentielles, de potager bio ou de jardin médicinal, passage sur un pont à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol… Nombreuses sont les émotions à vivre avant de mettre les voiles ! Car Vohimana, c’est enfin et surtout une association de cinq villages, 1 500 âmes, des métiers variés (porteurs, artisans, guides ou agriculteurs) et autant d’envie de partager leur quotidien avec les visiteurs du bout du monde : vous.

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Comment aller à Madagascar ?

Vols directs Paris-CDG–Tananarive avec Air France et Air Madagascar (via Marseille). Vols également depuis Orly avec Corsair. Trouvez votre billet d’avion.

Se rendre à la réserve spéciale Analamazoatra :

Annexe du parc national d’Andasibe-Mantadia. Prendre la RN°2 (Antananarivo-Moramanga : 110 km) puis Moramanga-Andasibe (26km).

Parc ouvert toute l’année, de 8 h à 16 h. Tél. : +261 20 56 832 21.

Où dormir à proximité ?

Hôtel Analamazoatra : Analamazoatra, 514 Andasibe, Moramanga. Tél. : +261 34 02 795 97. Établissement mignonnet composé de petites cahutes plus ou moins confortables. La petite laine est vivement conseillée durant l’hiver (et le maillot de bain en été pour profiter de la piscine).

Se rendre à la réserve de Vohimana :

Prendre un véhicule d’Antananarivo à Tamatave puis s'arrêter au PK 148 au village d'Ambavaniasy. Le reste de la route s’effectuera à pied. Emporter le minimum avec vous pour passer la (ou les) nuit(s), car vous devrez porter vos affaires ou vous faire aider par des porteurs. Ce service leur permet de gagner de l’argent, ce qui se révèle être une excellente initiative pour la population locale. Plus d’informations : https://www.vohimana.com

Où dormir à proximité ?

Ecolodge du Relais du Naturaliste : réserve de Vohimana, Ambavaniasy, PK 148. Tél. : +261 32 52 502 34 ou +261 32 05 386 30 (bureau de Tana). E-mail : ecotour@mate.mg  Hébergement rudimentaire en bungalows équipés de salles de bain privatives ou en dortoir. Réserver votre venue 48 h à l’avance.  

Texte : Solène Duclos

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