Tokyo : 10 expériences insolites 100 % japonaises
Découvrir Tokyo est toujours une expérience dépaysante. Tout y est plus grand, plus insensé, plus coloré, plus excentrique. Et ce ne sont pas les activités qui manquent pour se frotter à la folie ambiante. Entre passages obligés du touriste et sorties plus « locales », voici 10 haltes 100 % made in Tokyo.
Préparez votre voyage avec nos partenaires- Se faire tirer un portrait flashy dans un purikura
- Faire le plein de babioles dans les gachapons
- Assister à une représentation de kabuki
- Faire trempette tout nu dans un sentō ou un onsen
- Faire du paddle à Odaiba, l'île artificielle de Tokyo
- Jouer au baseball à 1 h du matin à Tokyo
- Assister à un opéra dans un gratte-ciel au Tokyo Opera City Hall
- Chiner dans des drugstores japonais un peu fous
- Être emporté par la folie du pachinko
- Déjeuner dans un décor à la Tim Burton au Kawaii Monster Cafe
- Fiche pratique
Se faire tirer un portrait flashy dans un purikura
On se disait que les filtres crachés par des centaines d’applications téléphoniques rendaient désuet ce type de photomaton. Pourtant, on a fait les yeux ronds, et pas qu’en photo, devant les ballets de jeunes filles surexcitées à l’idée de se faire tirer le portrait.
Aller dans un purikura à Tokyo relève de l’expérience physique, sociologique, voire métaphysique : néons à faire saigner les rétines, couleurs flashy à s’en déclencher une conjonctivite, messages publicitaires en boucle qui agressent les tympans ou J-pop mielleuse, on n’en ressort jamais indemne.
Une fois que la machine a avalé vos yens (400), vous vous glissez dans la cabine et suivez les instructions à l’écran (en japonais, mais des pictogrammes et photos vous aident) pour adopter les poses les plus caractéristiques de la mignonnerie kawaii. Poings sous le menton, petit doigt à la commissure des lèvres…
Et, dès la fin du crépitement des flashes, le résultat photographique (plusieurs mini-clichés), déjà chargé en retouches et en couleurs saturées, peut être agrémenté, à l’aide d’un stylo tactile, d’effets décoratifs (ajouts capillaires, hypertrophie oculaire, gonflement des lèvres, texte…). Résultat : des photos d’identité certifiées non conformes.
Purikura no mecca : 29−1 Udagawacho, Shibuya, Tokyo 150-0042.Ouvert 24/24 h
Faire le plein de babioles dans les gachapons
En France, force est de constater qu’ils sont has been. Simples éléments décoratifs à la sortie des grandes surfaces, ne vomissant que trop rarement leurs mains gluantes et autres balles rebondissantes, les distributeurs de boules surprises n’ont plus la cote.
À Tokyo, c’est tout le contraire. Ils sont là. Ils sont dans la ville, dans les campagnes. On les appelle gachapon. Des magasins leur sont même entièrement dédiés (Gachapon Kaikan à Akihabara). Et ne pensez pas que les gamins en constituent l’unique clientèle. C’est un marché hautement lucratif qui génère plusieurs milliards de bénéfices.
Souvent placés en enfilades le long des murs, ces distributeurs ravissent petits et surtout grands. Faut dire qu’on y trouve de tout, moyennant quelques centaines de yens (entre 20 et 500) : mini-bonnets pour chats et chiens, aliens Roswell, boules de cristal et autre Pikachu.
On insère la monnaie, on tourne la manivelle (gacha serait le son de la manœuvre) et on récupère sa capsule (dont la chute ferait le bruit pon d’où gachapon) qui peut être restituée sans le goodie évidemment. Rapide, simple et kitschissime.
Gachapon kaikan 3-15-5 Sotokanda, Chiyoda, Tokyo 101-0021
Assister à une représentation de kabuki
Le kabuki, ou le théâtre japonais traditionnel, c’est, pour le néophyte, le jeu appuyé, les farces, les costumes, la musique (ah ce trio Shamisen-guitare, Taiko-percussions et Nohkan-flûte !) et des codes culturels méconnus. L’expérience vaut le coup, mais il n’est pas facile de caler les 4 h 30 syndicales de ce genre de spectacle dans un emploi du temps déjà très chargé en visites….
L’avantage à Kabuki-za, incongruité architecturale de 130 ans d’âge perdue en pleine verticalité à Ginza, c’est que l’on peut se faufiler à l’entracte et n’assister qu’à un acte (makumi, 1 200 yens, le prix peut varier). Après, on n’a accès qu’au 4e étage du théâtre, mais la scène est bien dégagée puisqu’il est interdit de se pencher et de s’accouder pour ne pas gêner les autres spectateurs.
Deux conseils : ne vous installez pas aux premiers rangs, une barre de protection perturbe la visibilité et prenez la tablette magique, celle qui synchronise les répliques et les sous-titres en anglais (500 yens + 1 000 yens de caution que vous récupérerez à la restitution de la tablette).
Et ne vous étonnez pas du contraste entre des spectateurs qui piquent sérieusement du nez et d’autres qui hurlent, de plaisir, le nom des écoles de formation (yago) des acteurs (on appelle cette pratique kakegoe)... Le spectacle est aussi dans les gradins.
Kabuki-za : 4-12-15 Ginza, Chuo, Tokyo 104-0061. Paiement en espèces seulement. Venir 1 h avant pour acheter son « single act seat ».
Faire trempette tout nu dans un sentō ou un onsen
Au Japon, c’est un passage apprécié et régénérateur après une longue journée de travail ou entre midi et 14 h (ou moins, on est au Japon...) : les onsen (sources thermales naturelles) ou les sentō (bains publics en intérieur) dans lesquels jeunes et moins jeunes viennent barboter.
On a testé par exemple Jakotsuyu, un sentō discret dans une ruelle étroite d’Asakusa. Comment ça se passe ? On dépose nos chaussures dans les casiers situés à l’extérieur, on choisit notre formule au distributeur de ticket (sans serviette, avec gel douche, abonnements…) bien aidés par un habitué, on entre en présentant notre ticket à l’agent d’accueil, on vérifie que les tatouages sont bien acceptés (pour ceux qui en ont) et on part se dévêtir dans le vestiaire hommes en prenant soin de ne pas se tromper de côté.
Pudiques s’abstenir : il faut être nu comme un ver. Et, surtout, ne pas oublier de se laver avant de pénétrer dans les différents bains, ici bains chauds (jusqu’à 45°) et froids, bain électrique, cuve à jets. Des bassins extérieurs rotemburo sont aussi accessibles, tout comme des sièges relaxants ou des espaces individuels avec miroir et pommeau de douche pour se frictionner et se savonner.
En sus, un carrelage mosaïque représentant le mont Fuji, des tons marron mordoré et jaune bulle, et de grosses carpes batifolant à l’extérieur. On s’est sentis comme des poissons dans cette eau naturellement minéralisée !
Jakotsuyu : 1-11-11 Asakusa, Taito, Tokyo 111-0032. Tatouages acceptés. 460 yens l’entrée, 60 yens la location d’une serviette.
Faire du paddle à Odaiba, l'île artificielle de Tokyo
Odaiba est l’île artificielle de Tokyo. Une zone créée à partir de rien et qui ravit désormais les Tokyoïtes aux premières journées ensoleillées. Pour y arriver, il faut prendre la ligne Yurikamome qui nous gratifie d'un virage à 360 degrés dans les airs, offrant une vue imprenable sur la baie et la ville. Impressionnant.
On descend à Odaiba-kaihinkoen et là, c’est un tout autre Tokyo que l’on découvre... avec une plage de sable, plus ou moins fin (Ehukai Beach), s’étendant sur 800 mètres !
La baignade dans la baie est interdite, mais pas le paddle. Et surtout pas une forme hybride mélangeant yoga et paddle et qui semblait enthousiasmer une dizaine de participantes (2-3 h pour 5 400 yens) saluant le soleil et gainant un max pour ne pas prendre l’eau. Nous, on s’est rabattus sur la version plus conventionnelle du paddle (2 500 yens les 2 h). Pour prendre la vague. Et pas celle d’Hokusai cette fois-ci.
Odaiba Sup : Marine House 1F 1-4-1 Odaiba, Minato, Tokyo 135-0091.
e-odaiba : Marine house 1F 1-4-1 Daiba Minato, Tokyo 135-0091. Possibilité de louer un kayak de mer ou un windsurf.
Jouer au baseball à 1 h du matin à Tokyo
Induit en erreur par nos représentations, on a bien du mal à croire que le sport le plus populaire au Japon soit… le baseball (yakyû).
Pas mal d’étudiants en goguette au Shinjuku Batting Centre, sur les toits d’un bâtiment un peu austère. On fait donc la queue pour prendre l’ascenseur. En même temps, un soir de week-end à 1 h du matin, il ne fallait pas s’attendre à autre chose. Il y a des jeux d’arcade, de palets et donc plusieurs box individuels de baseball.
À un distributeur de tickets, on s’acquitte de 1 000 yens pour 3 parties de 20 lancers et on introduit le jeton dans la machine en prenant soin d’être dans une cabine adaptée à sa préférence manuelle, de sélectionner la vitesse (lente… 90 km/h tout de même, moyenne et rapide) et la hauteur des lancers. Et là, tout va trop vite. Même si l’œil et le cerveau commencent, à la fin, à mieux traiter les informations, on est très loin du home run. Mais c’est d’la balle.
Shinjuku Batting Center : 2-21-13 Kabukicho, Shinjuku, Tokyo 160-0021.
Oslo Batting Centre : (en japonais) 2-34-5 Kabukicho, Shinjuku, Tokyo 160-0021.
Assister à un opéra dans un gratte-ciel au Tokyo Opera City Hall
Les Japonais connaissent la musique (classique) : on leur doit plusieurs virtuoses (Aimi Kobayashi, Nobuyuki Tsujii, Mitsuko Uchida), des experts en acoustique comme la société Nagata Acoustics, qui a notamment réalisé la sonorisation de la Philharmonie à Paris, et une passion pour la 9e symphonie de Beethoven lors des fêtes de Noël.
Ne vous attendez pas à un opéra de type Garnier ou Bastille, le Tokyo Opera City Concert Hall se situe dans un… gratte-ciel, à Shinjuku. Mais quelle surprise une fois entré dans cette salle. Du bois de chêne charpente la structure pyramidale qui invite à l’écoute contemplative. Dans cet écrin inauguré en 1997, dont la forme a tout d’une chapelle, on observe un silence… de cathédrale.
C’est à peine si l’on entend respirer le public, composé de trentenaires en costume ou de couples de sexagénaires. Une expérience qui fait vibrer la corde sensible.
Tokyo Opera City : 3-20-2 Nishishinjuku, Shinjuku, Tokyo 160-0023.
Chiner dans des drugstores japonais un peu fous
Difficile de résister au consumérisme à Tokyo. Entre les malls (Laforet, Tokyu Hands, Tokyu Plaza pour ne citer qu’eux) et les magasins hard-discount, il y en a pour toutes les bourses.
Pour les bibelots pas chers, il y a les Daiso avec de nombreux produits à 100 yens ou les Don Quijote. On cherchait à ramener des éventails japonais uchiwa, comme dans les films d’Ozu et des porte-monnaie Hello Kitty… Mission accomplie.
Il y a aussi ces énormes drugstores, saturés de néons et de messages publicitaires. Avis : les personnes sujettes aux migraines ont de fortes chances d’en sortir plus fatiguées. On y a acheté des patches (contre les aphtes, les brûlures…) et un genre de sparadrap empêchant d’avoir l’air bébête la bouche ouverte en cas d’endormissement non maîtrisé dans les transports en commun. On s’est surtout amusés à essayer de comprendre l’utilité de certains produits. Heureusement, le packaging, coloré et graphique, remplit son office.
Laforet 1-11-6 Jingumae, Shibuya, Tokyo 150-0001.
Tokyu Plaza 4-30-3 Jingumae, Shibuya, Tokyo 150-0001.
Être emporté par la folie du pachinko
Les pachinko sont ces sortes de casinos qui ont pignon sur rue à Tokyo notamment à Kabuki-cho. On dit « sortes » car les jeux d’argent, ceux que l’on connaît bien du côté de Monaco ou de Vegas, sont légalement interdits au Japon.
Aussi, et même si tout cela est hautement hypocrite, on ne joue ni ne gagne jamais, directement du moins, d’argent. On échange donc des yens contre des jetons ou des billes. Si l’on a été chanceux, on peut verser les jetons et billes gagnés dans une machine qui édite une contremarque permettant de récupérer des cadeaux « physiques » (bonbons, goodies…). Évidemment, il existe toujours un moyen de contourner le système et d’être payé en yens.
Ce qui étonne lorsqu’on franchit les portes coulissantes de ces salles de jeux, c’est le bruit, charivari de sirènes et de sons électroniques qui justifient le port de boules Quiès. Il y a des machines traditionnelles de type jackpot et ces fameux pachinko, greffe entre le flipper et une machine à sous, déclinés en plusieurs versions ultra ludiques, et qui rapportent chaque année des dizaines de milliards de yens.
Si notre mise a rapidement été engloutie, la frénésie de jeu de certains addicts, saoulés de sons et de lumière, agitant frénétiquement leur manette ou tapotant rageusement sur leurs boutons, autorisait bien la perte de quelques dixièmes d’audition. Alors Tokyo, l’enfer du jeu?
Déjeuner dans un décor à la Tim Burton au Kawaii Monster Cafe
Café à chats, à chouettes, à servantes, restaurant robot, restaurant ninjas… Il y en a pour tous les goûts à Tokyo, surtout pour les bourses les plus fournies.
Au Kawaii Monster Cafe, à Harajuku, tout est payant : le selfie avec les kawaii girls, habillées en soubrettes, ou les droits d’entrée (500 yens) assortis d’une obligation de consommer un plat et une boisson.
Le repas n’est pas très bon et le cocktail à base de lait et de billes de gélatine était loin d’être ragoûtant, mais on y vient surtout pour le décor pompier : des biberons géants au plafond, un gâteau 100 % PVC dégoulinant de crème pâtissière sur lequel les serveuses exécutent une danse choupie en diable, et du fluo à tous les « espaces » (mushroom disco, milk stand, mel-tea room, bar experiment). Une profusion kitchissime digne d’Alice au Pays des Merveilles. Monstrueux.
Kawaii Monster Cafe : 4-31-10 Jingumae | 4F, YM Square Bldg, Shibuya, Tokyo 150-0001.
Fiche pratique
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Texte : Florent Oumehdi