Marseille gastronomique
Si l’on devait résumer la gastronomie marseillaise en une image, on ne choisirait plus forcément la bouillabaisse servie sur une nappe à carreaux rouge et blanc, mais plutôt celle d’un banquet varié et bien garni, autour duquel s’accouderaient de jeunes chefs talentueux. Depuis plusieurs mois, les bonnes tables ouvrent en cascade dans la cité phocéenne. Les gastronomes ne s’y trompent pas : il y a désormais quantité d’endroits où il fait bon déplier sa serviette.
Du bistrot à la bonne franquette au restaurant étoilé, Marseille connaît un nouvel essor gourmet, au point d’ériger 2019 en « année de la gastronomie en Provence ». À partir du week-end d’ouverture du festival, du 28 au 30 juin, un millier d’événements gourmands animeront toute l’année les rues de Marseille, Aubagne, Aix-en-Provence, La Ciotat… Au total, plus de 70 communes participent à la fête. En guise de mise en bouche, voici une sélection de rendez-vous incontournables et de bonnes adresses.
Préparez votre voyage avec nos partenairesMarseille fête sa gastronomie en 2019
Six ans après avoir été adoubée capitale européenne de la culture (Marseille Provence 2013), et un an après avoir célébré l’amour à travers un festival pluridisciplinaire (MP2018 Quel amour !), Marseille met cette fois le dynamisme de sa scène gastronomique sous les projecteurs. De juin à décembre, « Marseille Provence Gastronomie 2019 » célèbre l’art de la gastronomie provençale sur l’ensemble du territoire des Bouches-du-Rhône.
Le festival, qui a pour parrain le chef triplement étoilé Gérald Passedat, prend la forme de marchés, de pique-niques, de barbecue géant, et de rencontres avec des chefs. Conférences et ateliers mettront l’accent sur le bien-manger, avec des produits locaux et de saison. Initié par le département et porté par Provence Tourisme, ce festival au long cours prévoit un millier d’événements. Pas moins !
Une poignée d’entre eux a déjà eu lieu, mais le dernier week-end de juin lance vraiment les festivités. Le vendredi 28 juin, à 18 heures, le chef Lionel Lévy donne le plus grand cours de cuisine étoilée sur scène, sur le Vieux-Port. Autour de lui, mille participants, encadrés par des chefs et des cuisiniers, doivent élaborer l’une de ses recettes signature. Ensuite, à partir de 20 h 30, les cuisines laisseront place à un grand spectacle nocturne, rythmé par des danses aériennes et des illuminations monumentales.
Les rendez-vous gourmands à ne pas manquer
À chaque saison ses temps forts : en juillet, des « dîners insolites » (payants, sur réservation) emmènent les participants au musée, dans un champ de lavande, sur un chantier naval, bref, au beau milieu d’un décor surprenant et spectaculaire. Le menu est à l’avenant : les chefs ont pour mission de proposer du beau, du bon et de l’atypique, tout en valorisant les productions locales.
Toujours en juillet, « In Vino Musica » mêle notes symphoniques et notes de tête. Les plus prestigieux domaines viticoles de Provence jouent le jeu en ouvrant leurs portes pour des dîners-concerts où tout s’accorde bien, les mets, les vins et les musiques. Pop, jazz ou reggae ; rouge, rosé ou blanc, il y en a pour tous les goûts. Avec, au clavier, André Manoukian.
En septembre, le festival s’intensifie à Marseille. Du 11 au 16 septembre, c’est « Pizzamania » sur le Vieux-Port. Vingt pizzaiolos présenteront chacun leur pizza signature et une pizza « Provence », qui met en avant les produits de la région, comme la mozzarella artisanale d’Aix-en-Provence. Il faut dire qu’entre la cité phocéenne et la « pizze », comme on dit ici, l’idylle remonte à bien longtemps. Au XIXe siècle déjà, les gargotes du Vieux-Port vendaient des pizzas garnies de tomates provençales cuites au feu de bois.
Les 21 et le 22 septembre, la ville organise un dernier barbecue avant la fin de l’été. Et quel barbecue ! En parallèle des Masters du Championnat de France de Barbecue (oui, ça existe), une barbecue party géante, composée de vingt stands, invite le public à déguster des produits locaux grillés selon différentes techniques.
Dans les communes alentour, on note aussi la fête de La Saint-Pierre Pieds-Paquets à Auriol le 26 juillet : un grand banquet en plein air qui propose LA spécialité provençale par excellence : les pieds et paquets (comme son nom l’indique un peu, des pieds et panses de mouton dans une sauce au vin blanc et à la tomate). Ou encore des soirées cinéma et gastronomie à La Ciotat, les 26 avril, 5 juillet et 30 août. Retrouvez le programme complet sur www.mpg2019.com
Les spécialités marseillaises à déguster
Tapenade, aïoli, fougasse, pastis… La cuisine provençale, mélange d’influences étrangères et de produits locaux, a su engranger un formidable éventail de spécialités. Profitez de votre séjour dans la cité phocéenne pour goûter aux délices locaux…
En dehors de l’emblématique bouillabaisse (une soupe de poissons entiers à la rouille garnie de croûtons de pains et de pommes de terre), de la pizza et des pieds-paquets, déjà évoqués, il faut absolument goûter à l’aïoli. Cette sorte de mayonnaise, faite à l’huile d’olive parfumée à l'ail est l’un des piliers de la gastronomie marseillaise, mais aussi de l’art de vivre local. Car l'aïoli est aussi un plat à part entière, qui se déguste accompagné de morue et de légumes bouillis… et de préférence autour de grandes tablées, en famille ou entre amis !
Autre incontournable, à déguster en été pour avoir les bons produits frais : la soupe au pistou (haricot coco, courgette, pomme de terre…), une succulente soupe aux légumes parfumée avec une pâte composée de basilic et d’ail pilés dans de l’huile d’olive… un peu l’équivalent du fameux pesto des voisins de Ligurie.
Marseille sait nous régaler avec des produits plus simples et abordables. Dans le quartier de l’Estaque, trois petits kiosques face au port, le long de la rue principale, vendent le meilleur de la street food marseillaise. Les chichis frégis, sorte de churros version XXL, et les panisses, de petits disques de farine de pois chiche que l’on fait frire. Le premier est très sucré (on peut le fourrer au sucre, au chocolat, au Nutella), le second salé, mais on s’en lèche les doigts ! Chez Freddy, où tout est fait maison, le chichi se vend entre 2,50 et 3 €, et la douzaine de panisses 3 €. Bien pratique si vous voulez manger rapidement ou pour caler un petit creux. Les Marseillais les emportent pour les déguster sur l’une des terrasses de cafés de l’Estaque. Ouvert l’après-midi seulement.
Autre grand classique : les navettes, ces biscuits secs à la fleur d’oranger en forme de barque. La plus ancienne boulangerie de la ville, le Four des navettes (136, rue Sainte), perchée à deux pas de l’Abbaye Saint-Victor, les prépare depuis 1781. La légende veut que leur forme rappelle la barque qui amena les Saintes Maries en Provence. Les Marseillais les mangent traditionnellement à la Chandeleur, mais aussi toute l’année. On y vend aussi d’autres spécialités provençales, comme les calissons, les marseillottes et le nougat. Ici, les navettes ont un goût de fleur d’oranger très prononcé. 10 € les 12 navettes..
Sinon, dans le Panier, José, une personnalité du quartier, a ouvert Les navettes des Accoules. Les navettes, macarons aux amandes et croquants sont issus de recettes familiales. 68, rue Caisserie.
Fiche pratique
Retrouvez tous les bons plans, adresses et infos pratiques dans les guides du Routard Marseille et Provence en librairie.
Pour préparer votre séjour, consultez nos guides en ligne Marseille et Provence.
Office de tourisme des Bouches-du-Rhône
Comment y aller ?
En TGV depuis Paris Gare de Lyon, la durée du trajet varie entre 3 h et 3 h 30. Marseille est également reliée par le TGV à la plupart des grandes villes françaises.
Où dormir ?
Situé en plein centre, à 5 minutes à pied du Vieux-Port et de la Canebière, l’hôtel Maison Saint Louis donne sur le cours Saint-Louis où se trouve le restaurant La Mercerie. Bon petit-déjeuner (12 €, un peu cher), literie très confortable, chambres et salle de bains assez spacieuses, neuves, au goût du jour. Propreté irréprochable. De 68 à 180 € la chambre double. 2, rue des Récolettes (1er arrdt).
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Bonnes adresses
Pour le festival, il existe un guide « Marseille gourmande », disponible à l’office de tourisme.
- La Mercerie : 9, cours Saint Louis (1er arrdt). Tél : 04-91-06-18-44. Cette enseigne qui ne paye pas de mine affole le tout-Marseille branché et les routards gastronomes. La courte carte dévoile une montagne d’inventivité : maquereau cru, chou-fleur, zaatar, quinoa en entrée, soupe noodle (pâtes maison !), bouillon de thon fumé, shiitaké, furikake en plat, riz au lait aux feuilles de figue, glace au fromage blanc de chèvre en dessert ou mousse au chocolat, sarrasin, glace au foin, huile d’olive. Les assiettes, légères et diablement gourmandes, sont à la hauteur. Un coup de cœur. Menu complet à 29 € le midi. Fermé lundi et mardi, le dimanche soir.
- Madame Jeanne : 84-86, rue Grignan (6e arrdt). Tél : 04-86-26-54-16. Un restaurant - cave à vins doté d’une jolie cour intérieure avec guirlandes lumineuses où l’on s’empresse de s’attabler. La carte est courte, presque trop, mais chaque proposition est une merveille bien maîtrisée. Toujours une option végétarienne, et les desserts rivalisent de gourmandise. Faites confiance aux suggestions de vins nature, divins eux aussi. Formule midi à 24 €; carte 42 €. Fermé dimanche, lundi et mardi soir.
- Chez Madie, les Galinettes : 138, quai du Port (2e arrdt). Tél : 04-91-90-40-87. Sur le quai du Port, l’établissement est un conservatoire de la cuisine de terroir traditionnelle. Avec « Chez Michel » et « Chez Fonfon », « Chez Madie » fait partie de ces institutions qui servent toujours la bouillabaisse. C’est la grande spécialité de la maison, servie avec le sourire à 47 €. C’est bon, mais un peu cher. En revanche, la carte propose un menu provençal à 45 € intéressant et très copieux, sorte de G7 des spécialités du coin : anchoïade, coquillages, tapenade, pieds et paquets, daube provençale, bourride, c’est un sans-faute. Fermé le dimanche soir.
- Schilling : 37, rue Caisserie (2e arrdt). Tél : 04.91.01.81.39. Une cuisine 100 % iodée dans le Panier (menu complet à 32 € maximum). L’Ecossais Malcolm Gardner aux fourneaux laisse les pêcheurs dicter le menu : capelletti de baudroie glacés au jus de cochon-choux chinois et girolles, poulpe mariné à la harissa-taboulé de boulghour. Dans l’assiette, tout est original, ultra frais, et le dressage en jette. Menus midi à 25 ou 31 €, le soir à 31 €. Fermé le mardi et mercredi.
- Saisons : 8, rue Sainte-Victoire (6e arrdt). Une des plus belles tables de Marseille à deux pas de la Place Castellane. Le chef cuisine local, des seiches de Méditerranée, du cochon du Ventoux. Le midi, le tarif est un cadeau : menu du marché à 24 € (en deux étapes) ou à 29 € (en trois étapes). Aussi des menus en 5 et 7 étapes midi et soir, à 55 et 85 €. 09.51.89.18.38. Fermé samedi, dimanche et lundi soir.
Texte : Sarah Négrèche
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