Houat et Hoëdic, deux îles sauvages au large du Morbihan

Houat et Hoëdic, deux îles sauvages au large du Morbihan
Houat © julienxw - stock.adobe.com

Les Bretons sont un peu poètes. Voyant voguer au large deux gros cailloux, ils les ont affublés de noms d’oiseaux : Houat (2,9 km2), c’est le « canard », Hoëdic (2,1 km2), le « caneton ». La légende affirme que ces radeaux ne sont autres que les couronnes de fleurs des fées de Brocéliande, emportées au large par les courants et métamorphosées en îles…

C’est un monde à part, assurément, où ne vivent que quelques centaines d’habitants. On oserait presque parler de petits paradis, tout de landes et de plages (superbes !), sans arbres, sans véhicules à moteur, avec le ciel, la mer et les embruns pour tous horizons.

Comment ne pas avoir envie de prendre le large ?

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Houat else ?

Houat else ?
Arrivée du ferry à Port-Saint-Gildas © L2Oimages - Compagnie Océane

Trois kilomètres de long, la moitié de large, Houat n’est pas une géante, loin s’en faut : 251 habitants, tout juste, s’y partagent 288 hectares. De quoi respirer et se mouvoir à son aise, sans devoir jouer des coudes avec les goélands.

Contournant l’île par le nord, le ferry pénètre dans le rectangle de Port-Saint-Gildas, entre voiliers des estivants et petits bateaux de pêche des résidents. Une dizaine de coques et des piles de casiers soulignent d’emblée l’importance de la mer pour les Houatais.

Ligneurs taquinant le bar, le congre, le lieu jaune, le merlu, la raie. Caseyeurs ciblant crabes, homards et araignées. La pêche, à peine débarquée, est transbordée sur la navette pour être vendue à la criée de Quiberon. Ag er mor e viuamb, dit la devise : De la mer, nous vivons. Les épitaphes du cimetière (« péri en mer ») en révèlent le prix payé.

Éclosarium © Emmanuel Berthier - Eclosarium

Comme ailleurs, le métier est devenu difficile. La concurrence des chalutiers et la surpêche ont fait beaucoup de mal aux marins houatais. Dès les années 1970, constatant un épuisement de leur ressource, ils ont aménagé eux-mêmes dans une ancienne carrière une écloserie de homards…

L’opération a malheureusement tourné court, mais le lieu, transformé en Éclosarium, se double aujourd’hui d’un centre de recherches privé cultivant du microplancton pour l’industrie cosmétique et d’un modeste musée consacré à la fois à l’histoire de l’île et au monde marin microscopique (avec expos photos).

Balade sur l'île de Houat

Balade sur l'île de Houat
Place de l'église © aquaphoto - stock.adobe.com

Au sommet de la falaise, le village se dessine à l’ombre du clocher-amer (repère pour les marins). On y grimpe par la route du Port, attiré par le miroitement bleuté des toits d’ardoises.

Aux pavillons des débuts succède le noyau dur du bourg d’antan, aux petites maisons collées-serrées en quatre courtes rues parallèles. Murs de granit blanchis (ou non), portes, volets et barrières bleus (ou rouges) émergent derrière des rideaux de roses trémières et de gros bouquets d’agapanthes bleues ou neigeuses. Dans ce réduit calfeutré contre les assauts du vent, il y a aussi quelques géraniums aux fenêtres et des rosiers grimpants.

Proclamant sa tutelle spirituelle, l’église Saint-Gildas fut longtemps le phare à penser de Houat. Bâtie au 18e siècle autour d’une chapelle et agrandie au 19e siècle, elle rend hommage à Gildas le Sage. Infatigable évangélisateur d’origine écossaise, le saint homme aurait vécu sur l’île et serait revenu y mourir en l’an 570 après avoir fondé, à terre, l’abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuys. Parmi ses miracles : il aurait fait surgir de l’océan un banc de soles, venues s’échouer sur la plage en pleine période de disette.

Un très ancien Christ et une statue du saint veillent sur le sobre sanctuaire, au plafond en coque de bateau renversé et au mobilier réalisés par des charpentiers de marine. Au-dessus de l’allée centrale, pend, comme il se doit, un vieil ex-voto de bateau, à la coque verte.

Houat, une île classée Natura 2000

Houat, une île classée Natura 2000
Plage de Treac’h er-Goured © manuel clerc - stock.adobe.com

À peine quitté le bourg, la lande reprend ses droits. Elle couvre tout le plateau central de ses ajoncs (genêts) aux fleurs d’or, fougères et broussailles de prunelliers et de troènes, d’où émergent faisans caquetants et innombrables terriers de lapins.

Pas moins de 14,5 km de sentiers faciles permettent de faire le tour complet de Houat en 4 h environ (à moins de préférer le vélo). Il y a d’abord, au sud-est, les deux splendides plages dorées de Treac’h ar-Salus et Treac’h ar-Goured, adossées à la même presqu’île.

La seconde, semée de coquillages et de galets parfaitement polis, enrobe la pointe orientale de l’île (En Tal) d’une écharpe de sable inhabituellement convexe… Dans les courtes dunes fleurissent au printemps lys et œillets de mer, délicates ophrys abeilles (une petite orchidée) et chardons bleus, tandis que se répandent les tapis vert bleuté de cynoglosses.

Réduit de Béniguet © sasha64f - stock.adobe.com

À l’extrémité sud, un quai mangé par la mer et deux vieilles bâtisses rappellent l’emplacement du vieux port, emporté par une tempête en 1951.

Au fil du sentier littoral, le long de la côte sud, sauvage, la marée basse révèle corolles et pétales de sable fin, comme autant de parenthèses privées de bonheur.

Tout à l’ouest (à environ 45 min de marche du village), Treac’h ar-Beniguet niche sa propre litière de sable dans une échancrure de la côte rocheuse, sous l’œil d’une petite flottille d’îlots ténébreux où nichent cormorans huppés et huîtriers-pies. À distance, le réduit de Béniguet, excavé dans la roche en 1857, joue les ruines romantiques.

Enfin, au sud de Houat, la petite île aux Chevaux, longue de 400 m et large de 250 m, doit son nom aux animaux que les Houatais et Hoedicais y emmenaient jadis pâturer par roulement. Au début du 19e siècle, un botaniste les a décrits comme petits, « laids » et « barbus » à partir de l’âge de 6 ou 7 ans, ce qui les faisait surnommer « chevaux à moustaches »…

Cap sur Hoëdic

Cap sur Hoëdic
Notre-Dame-la-Blanche © Emmanuelle KUHN - stock.adobe.com

À 20 min de mer de Houat, Hoëdic marque une étape de plus vers l’absolue tranquillité. On y débarque, ici aussi, sous le signe des casiers à homards et des espoirs de pêches fructueuses.

Sur cet éclat de terre (209 ha) ouvert aux quatre vents, le village se résume à un noyau de maisons accolées soignant leurs propres roses trémières, à l’ombre du clocher de Notre-Dame-la-Blanche, rebâtie en 1853. Sous sa voûte en carène de bateau renversée, bleue à fleurs de lys et hermines jaunes, trois ex-voto de bateaux voisinent avec un triptyque de La Passion d’après le Greco, réalisé pour le film de Philippe de Broca L’Incorrigible et offert à l’île !

Deux fois moins peuplé (la barre des 100 habitants a été franchie à la baisse), le « caneton » barbote au ras de l’eau. Pas de plateau central ici, mais beaucoup de dunes échevelées par le vent – dunes blanches léchées par le ressac, dunes grises de lichens – cernant un noyau de landes et zones humides où, au printemps, coassent les crapauds.

Si les plages d’Hoëdic, quoique jolies, ne valent pas tout à fait celles de Houat, sa nature la surpasse. Les botanistes s’émerveillent ainsi de ses 455 espèces de plantes, dont 27 sont menacées. Même la timide musaraigne des jardins, concurrencée partout ailleurs par une envahissante cousine, a trouvé refuge ici. Comment est-elle arrivée ? Par la chaussée granitique qui, il y a bien longtemps, reliait Houat et Hoëdic à la presqu’île de Quiberon.

Hoëdic, un bastion en mer

Hoëdic, un bastion en mer
Fort de Hoëdic © Emilie MoIsdon - Association de Gestion du Fort d'Hoedic et de son Environnement

Du quai, derrière l’unique bosquet de pins de l’île et le Parc des Princes (le terrain de foot !), on devine déjà les contours du vieux fort Vauban (de son vrai nom, fort Louis-Philippe) rebâti au milieu du 19e siècle sur les plans dudit Monsieur, bien, bien longtemps après sa mort.

Il s’agissait alors d’anticiper un éventuel retour des Anglais, dont Houat et Hoëdic avaient déjà maintes fois souffert au cours des siècles précédents. Mais l’époque n’était plus aux querelles de voisinage et il ne fut jamais armé… Dès 1893, on commença à y entreposer du goémon. Les algues, à cette époque, fournissaient encore l’essentiel du combustible pour les fours banaux alignés au-dessus du rivage.

Racheté en 1979 par le Conservatoire du Littoral, le fort se partage aujourd’hui entre espace muséal, espaces d’activités et gîte d’étape (voir la Fiche pratique). L’exposition se consacre surtout aux fortifications et aux sites mégalithiques de l’île, mais sa touchante collection de vieilles photos en noir et blanc des insulaires mérite le détour.

La côte vers la Pointe du Vieux-Château © sasha64f - stock.adobe.com

Il sera temps, ensuite, de partir en chasse du proche menhir de la Vierge ou des autres dolmens et alignements semés à travers l’île – dont le tour complet ne prend guère que 2 h.

Les archéologues ont même retrouvé des vestiges de bassins paludiers, où était extrait le sel, à Port-Blanc, sur la côte ouest, et un cimetière mésolithique près de la Pointe du Vieux-Château, où Hoëdic se termine joliment en une embardée de falaises, face au turbulent passage des Sœurs et à l’île d’Houat. Un but parfait à toute balade.

Fiche pratique

Retrouvez tous les bons plans, adresses et infos utiles dans le Routard Bretagne Sud en librairie 

Pour préparer votre voyage, consultez notre guide en ligne Bretagne

Le site officiel de Morbihan Tourisme

Le site commun des 14 îles et archipels bretons (et de l’île d’Yeu)

Le site officiel de l’île de Houat.

Le site officiel de l’île de Hoëdic

Comment aller à Houat et Hoëdic ?

La Compagnie Océane dessert les deux îles toute l’année au départ de la gare maritime de Quiberon (c’est le même bateau), à raison de 2-5 allers-retours quotidiens selon la saison. C’est l’option la plus fréquente et la plus économique.

Plusieurs autres transporteurs assurent cependant des rotations à la belle saison. C’est notamment le cas des Vedettes du Golfe qui proposent 3-5 traversées/semaine au départ de Vannes (via Port-Navalo) en juillet-août, ainsi que le dimanche dès fin avril et jusqu’à fin octobre. La Navix assure 1-2 départs/jour en juillet-août de Port-Navalo (correspondance assurée depuis Vannes, Locmariaquer et La Trinité-sur-Mer), mais aussi Le Croisic et La Turballe. Moins fréquentes, les Vedettes Angélus circulent depuis Locmariaquer et Port-Navalo en juillet-août (mardi et jeudi jusqu’à Houat, plus vendredi en août pour Houat et Hoëdic). Izenah Croisières  propose aussi parfois des traversées une journée par semaine en été.

Si vous séjournez à Belle-Île, sachez que la Compagnie du Golfe propose 3-4 allers-retours par mois vers Houat et Hoëdic, d’avril à septembre, généralement les vendredi, samedi ou dimanche (mais pas que…). Le temps passé sur l’une ou l’autre île est toutefois plus court qu’en venant du continent.

Quel que soit votre choix, en été, réservez au moins plusieurs jours à l’avance.

Comptez 26-40 € A/R selon le point de départ et la période. Notez que les offices de tourisme des principales agglomérations touristiques de la région vendent aussi les billets.

Pour un embarquement à Quiberon, arrivez au moins 1 h à l’avance, le temps de vous garer sur le parking extérieur à l’entrée de la ville et de prendre la navette jusqu’au port.

Croisière à bord d’un langoustier

Pour approcher Houat ou Hoëdic sous un jour original, d’avril à septembre, on peut embarquer (à Port-Navalo) sur une réplique de langoustier du début du 20e siècle, le Krog-e-Barz. L’escale sur les îles dure 4 à 5 heures en fonction du temps de navigation.

Dormir et manger à Houat

- Sympa, l’aire naturelle d’accueil municipale permet de planter la tente pas bien loin de la plage de Treac’h ar-Salus (et à 5 min du cœur du village). On y trouve point d’eau et sanitaires (douches payantes et machine à laver/sèche-linge). Pas de réservation.

- Un peu plus de confort ? Misez sur les tentes inuits aménagées (2-4 personnes) de La Boîte à Poissons, semées sur un bout de prairie, entre la plage de Treac’h ar-Goured et celle d’ar-Salus. Il y a des toilettes sèches et la douche se prend au camping voisin. Compter 64-98 €, plus 9 € pour le petit déjeuner.

- La mairie peut vous fournir la liste complète des locations sur l’île.

- Houat compte deux chambres d’hôtes. L’Écume de Houat propose quatre chambres impeccables avec salle de bains privée dans une maison moderne et un petit gîte à l’arrière. Plus original, on peut dormir au Fort d’En Tal, bâti en 1857, dans la même famille depuis un siècle. On y trouve 5 chambres pour 2 à 5 personnes, dont une dans l’ancienne poudrière (100-225 €) ; table d’hôtes sur résa.

- On trouve par ailleurs trois hôtels sur l’île. À choisir, on vous conseille plutôt L’Ezenn, dont les 6 petites chambres sont sans prétention mais au calme et encore abordables (79-99 €). On y apprécie la terrasse côté mer, devant une crêpe en été.

- Côté restos, l’incontournable Chez Loulou (avec terrasse dominant l’océan de haut) reste la meilleure adresse de l’île. Les crêpes sont bonnes, l’accueil aussi et le poisson frais local, selon arrivage. Pensez à réserver, au risque de faire chou blanc.

Dormir et manger à Hoëdic

- On peut camper à Hoëdic ! Installé entre un petit bois de pins et le fort, le terrain, non clôturé, est proche de la mer. Il est ouvert de mai à septembre, sur réservation (possible en ligne sur le site de la mairie, ou camping@Hoëdic.net). Douche payante.

- La mairie (gites@Hoëdic.net) propose pas moins de 18 gîtes en location pour 2 à 6 personnes. En juillet-août, ils sont loués à la semaine ; le reste de l’année, le minimum est juste d’1 ou 2 nuits. Autre option, bon marché : loger au gîte d’étape du fort Vauban, ouvert d’avril à octobre ; sachez toutefois que les deux dortoirs, très simples, ne sont pas chauffés. Les sanitaires sont communs et il y a aussi un salon.

- Le seul hôtel de Hoëdic, Les Cardinaux (www.Hoëdic-hotel.com), est plutôt modeste, mais on s’y sent bien, d’autant que le restaurant est de qualité. Pour manger, il y a aussi le restaurant-librairie Chez Jean-Paul (réputé pour son poisson et… son accueil irrégulier), une crêperie recommandable, une « pizzeria » et trois cafés – dont le sympathique Café du Nord, qui vient de s’offrir une belle grande terrasse en bois côté port. Attendez-vous partout à des prix plutôt élevés, les fournisseurs ne sont pas à côté.

- On trouve aussi sur place une boulangerie et une supérette.

Utile

Aucune des deux îles ne dispose de distributeur automatique. Prévoyez !

Texte : Claude Hervé-Bazin

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