Île de Noirmoutier, nos coups de cœur

Franchir le passage du Gois

C’était jusqu’à l’ouverture du pont en 1971 le seul trait d’union terrestre entre l’île de Noirmoutier et le continent. Une liaison précaire et soumise aux caprices des marées, car le passage du Gois, mythique voie submersible de 4,2 km, n’est praticable que 6 h par jour : 1 h 30 avant et 1 h 30 après l'heure de chaque marée basse !

Le reste du temps, la route est noyée sous l’océan (de 1,5 à 4 m d’eau selon l’amplitude des marées) et il faut absolument se garder d’emprunter le Gois lorsque l’eau se met à monter. Des balises servent de refuge aux imprudents piégés par la marée.

La traversée de l’estran vidé de ses eaux, où oiseaux et pêcheurs à pied récoltent palourdes, huîtres et coques, procure une expérience de voyage singulière, qui permet de mieux appréhender le caractère insulaire de Noirmoutier.

Unique par son exceptionnelle longueur, le Gois s'est formé suite à la jonction de deux courants et au dépôt de grandes quantités de sable et de vase à l'étale de la mer. Sa première mention sur une carte remonte à 1701 et il n’est pavé que depuis 1939. La plus belles des introductions à l’île de Noirmoutier.

Déambuler dans les rues de Noirmoutier-en-l’Île

« Capitale » de l’île, le bourg de Noirmoutier-en-l’Île regorge de charme, particulièrement dans le quartier de Banzeau, avec ses coquettes ruelles bordées de roses trémières et de petites maisons de pêcheur blanches aux volets colorés. Ce quartier historique de Noirmoutier est dominé par le clocher de l’église Saint-Philibert qui abrite les reliques du saint patron de l’île ainsi qu’une émouvante crypte du 11^e s.

Face à l’église, à l’abri derrière ses remparts, le château musée de Noirmoutier (12^e s) a fière allure avec son donjon massif carré flanqué de quatre tours d’angle. Superbe panorama sur la ville, les marais salants et la baie de Bourgneuf depuis le sommet. À l’intérieur, un petit musée retrace l’histoire de Noirmoutier et abrite des expos temporaires.

Très animé, Noirmoutier-en-l’Île compte de nombreux commerces, cafés et restaurants, le long de la Grande Rue ou sur les quais du port. On se promène avec plaisir dans ses rues jusqu’à son petit port, prolongé par la jetée Jacobsen : une digue de 2 km longeant la réserve naturelle des marais de Müllembourg, halte privilégiée des oiseaux migrateurs.

Découvrir l’histoire de Noirmoutier à l’hôtel Jacobsen

Il faut absolument pousser la porte de ce magnifique hôtel particulier, construit en 1760 par la richissime famille hollandaise Jacobsen qui remodela totalement l’île au 18^e s à coups de digues et de polders.

Transformé en 2019 en Centre des patrimoines maritimes, l’hôtel Jacobsen fait découvrir l’histoire et le patrimoine maritime de Noirmoutier au fil d’une dizaine de salles magnifiquement restaurées.

Au 1^er étage, la salle La forme d’une île fait le point sur la « création » de Noirmoutier, qui a été largement façonnée par l’homme. Sont présentés notamment le rôle protecteur des dunes et des jetées, l’exploitation des marais salants, l’assèchement des terres avec la construction de polders dès le 17^e s et la formation de zones de cultures très fertiles ou encore le rôle du Gois utilisé depuis le 18^e s. Une visite passionnante.

Sillonner Noirmoutier à vélo

L’île de Noirmoutier a de quoi séduire les amateurs de balade à vélo. Pas moins 83 km de pistes cyclables permettent de sillonner facilement cette île sans relief (point culminant : 23 m), avec notamment trois itinéraires thématiques : entre plages et ports 19 km ; entre marais et moulins 18 km ; entre Gois et forêts 23 km.

Il est possible de visiter l’intégralité de l’île à vélo avec des parcours en voies partagées, en voies réservées aux cyclistes sur les routes ou en sentiers uniquement cyclables (ou piétons) longeant plages et sites naturels.

On compte une douzaine de loueurs de vélo sur Noirmoutier où l’on peut se rendre d’ailleurs sans voiture. Des autocars relient quotidiennement l’île à la gare SNCF de Nantes.

Télécharger la carte des pistes cyclables de l’île

Arpenter le Bois de la Chaise et ses plages emblématiques

Aux portes de Noirmoutier-en-l’Île, le Bois de la Chaise est le haut lieu du Noirmoutier balnéaire et chic. Un magnifique poumon vert planté de chênes verts, de pins maritimes et de mimosas à l’atmosphère quasi méditerranéenne, idéal pour une promenade au calme et à l’ombre.

Nichées au cœur de cette verdure luxuriante, sillonnée de chemins privés, de belles villas (appelées « chalets ») semblent couler des jours heureux depuis le début du 20^e s. Certaines se trouvent même en bord de mer, comme sur la plage des Souzeaux. Construites par de riches familles de la région, ces petits chefs-d’œuvre d’architecture balnéaire, de styles éclectiques, se transmettent de génération en génération.

Blotti au pied du bois dans une crique à l’abri des regards, le merveilleux croissant de sable de l’Anse rouge a tout l’air d’une plage privée, sertie d’une vingtaine de cabines de bois parfaitement entretenues. Elle joue la carte de la discrétion, contrastant avec la populaire plage des Dames, située par-delà la butte du bois : avec ses pittoresques cabines de bain et sa jetée en bois à l’atmosphère très « Belle époque », cette plage iconique et très fréquentée de Noirmoutier fut le berceau du tourisme balnéaire sur l’île au début du 20^e s.

Jeter l’ancre dans les ports de L’Herbaudière et du Vieil

Toujours au nord de l’île, à quelques encablures du bois de la Chaise, l’atmosphère se fait un peu moins chic et exclusive en arrivant à Le Vieil, un coquet village de pêcheurs aux maisons blanches et basses, souvent fleuries.

L’une d’elle abrite le très sympa Gustave café où l’on peut faire une halte désaltérante. Sur la plage du Mardi-Gras, les cinéphiles reconnaîtront la maison aux volets bleus de César et Rosalie avec Romy Schneider et Yves Montand. Quant aux amateurs de curiosités, ils emprunteront l’étonnante rue Brutus-Villeroy, une venelle des plus discrètes et pour cause… elle mesure moins d’1 m de large !

À l’intérieur des terres, on pénètre dans le royaume de la bonnotte, la délicieuse pomme de terre de Noirmoutier, qui ne se récolte qu’au mois de mai.

Plus loin, au nord de l’île, L’Herbaudière abrite toujours un port de pêche (crustacés, sole, bar…), mais aussi le premier port de plaisance construit en Vendée. C’est également un lieu de promenade très animé avec la présence de cafés, de commerces de bouche et de bonnes tables.

Admirer la flore et la faune des réserves de Müllembourg et du polder de Sébastopol

L’île de Noirmoutier se distingue également par sa riche faune, et notamment les oiseaux à observer dans les deux réserves naturelles de l’île.

Au sud-est du Bonhomme, juste avant le passage du Gois, on rejoint le polder de Sébastopol, un territoire de 4 km de long et de 600 m de large qui fut gagné sur la mer à la fin du 19^e s. En 1978, la digue le protégeant a cédé et le polder fut envahi par les eaux, mettant un terme à sa vocation agricole.

Aujourd’hui transformé en réserve naturelle, il est devenu un sanctuaire pour quelque 230 espèces végétales et plus de 200 espèces d’oiseaux sédentaires ou migrateurs.  Des milliers de couples nicheurs d'oiseaux d'eau, sternes, mouettes, avocettes, s'y installent d'avril à juillet. On y dénombre aussi plus de 200 espèces de papillons et de mammifères et 12 espèces de poissons. Un circuit de 3,2 km permet de le sillonner et, avec un peu de chance, vous croiserez même une belle vache maraîchine en chemin !

Autre réserve d’importance, les marais du Müllembourg, gérés par la LPO, servent de refuge à de nombreux oiseaux migrateurs (limicoles, canards, bernaches…) aux portes du village de Noirmoutier-en-l’Île.

Fouler le sable des magnifiques plages de la côte ouest

Avec 40 km de plages, vous aurez l’embarras du choix pour poser votre serviette sur le sable. Outre la baignade et le farniente, on peut pratiquer de la voile, du dériveur, du kitesurf, du char à voile, du kayak, du paddle, du jet ski, de la plongée sous-marine, de la promenade et de la pêche en mer, du ski nautique, et, bien sûr, louer un bateau pour une escapade en mer. La façade atlantique de Noirmoutier concentre les plages les plus étendues de l’île. Ainsi, à Barbâtre, au sud-ouest de l’île, 7 km de plages s’étendent face à l’air tonifiant de l’Atlantique, précédées par des dunes et des forêts de pins.

Plus au nord, les plages de La Guérinière se déploient sur 8 km le long d’une anse, ponctuée çà et là d’anciens moulins à vent et de blockhaus. Elles précèdent les plages de l’Épine, surplombées par le bois des Éloux (point culminant de l’île, 23 m) où l’on peut faire de jolies balades jusqu’à la pointe du Devin.

Entre la pointe du Devin et le port de L’Herbaudière, la plage de Luzeronde, délicatement lovée au creux d’une baie, s’étend dans un environnement préservé, entre dunes et bois de Luzeronde. En partie naturiste, cette étendue de sable blanc semble épouser l’immensité de l’Atlantique, à l’ouest toute. Les couchers de soleil y sont splendides.

Visiter un marais salant pour tout savoir sur l’or blanc de Noirmoutier

Noirmoutier ne se résume pas à un lieu de villégiature estival et balnéaire. L’île a gardé sa vocation agricole et produit notamment un sel réputé depuis le Moyen Âge. Près d’un tiers de sa superficie se compose de marais salants, situés pour la plupart au centre de l’île, à L’Épine.

Très réputé, le sel de Noirmoutier fit la fortune de l’île entre le 13^e et le 19^e s et, aujourd’hui, quelque 130 artisans sauniers produisent encore, selon des méthodes ancestrales, 3 000 tonnes d’or blanc par an en moyenne dans leurs dédales de canaux et de bassins d’argile.

En été, lors des récoltes, le spectacle est magique et il est possible d’effectuer des visites commentées chez certains producteurs passionnés qui vous font découvrir leur métier. L’occasion de se familiariser avec des termes techniques comme « œillet », « tesselier » ou « salorge » et de mieux comprendre la différence entre le gros sel et la délicate fleur de sel, dont il faut absolument glisser un sachet dans sa valise de retour.

Se régaler des délices de Noirmoutier

Noirmoutier, qui compte pas mal de bonnes tables, est une île gourmande.

Outre la fleur de sel 100 % naturelle à acheter directement auprès d’un saunier (ou à la coopérative du sel), l’île de Noirmoutier est réputée pour sa pomme de terre, dont le goût particulier proviendrait du goémon utilisé comme fertilisant par les agriculteurs. Ramassée à la main uniquement début mai, la petite bonnotte, au léger goût iodé, est le trésor de Noirmoutier. Très rare, avec une production annuelle d'une centaine de tonnes, elle passe pour la pomme de terre la plus chère du monde : en 1996, elle fut achetée à près de 500 € le kilo à la salle des ventes de Drouot à Paris ! Mais, rassurez-vous, on en trouve à partir de 6 € le kilo au marché de Noirmoutier.

Côté mer, le port de pêche de L’Herbaudière produit notamment lieu jaune, daurade, rouget-barbet, sole et bar de ligne. Pour les huîtres, direction le port du Bonhomme, au centre de l’île, où elles sont vendues fraîchement pêchées directement par les ostréiculteurs.

Quant aux becs sucrés, ils ne manqueront pas de faire une halte à la biscuiterie des petits Cagniotes pour faire le plein de caramels au beurre salé et de sablés aromatisés.