Barcelone, côté mer
Comme sa comparse Valence, Barcelone n’a appris que récemment à aimer son front de mer. Trop populaires, trop délabrés, trop industriels, les quartiers de Port Vell, de la Barceloneta ou de Poblenou, qui tournaient le dos à la Méditerranée, sont longtemps restés les grands oubliés des projets de revitalisation urbaine de la ville.
Et puis Barcelone a raflé l’organisation des Jeux olympiques de 1992 grâce à un ambitieux projet de réaménagement de cette zone. Un grand ravalement de façade maritime qui en a appelé d’autres sous l’impulsion du Forum Universel des Cultures de 2004 (Quartier du Fòrum), de la structuration de la zone Diagonal Mar (Poblenou, Fòrum) ou du projet 22@ (Poblenou). La ville s’est alors repositionnée plus au sud et s’est alanguie, à l’est, jusqu’aux portes de Sant Adrià de Besòs.
Aujourd’hui, Port Vell, Barceloneta, Vila Olímpica, Poblenou et Fòrum ont assez d’atouts dans leur manche pour que les Barcelonais s’y pressent aux premiers rayons du soleil. Citons plusieurs pépites architecturales, patrimoniales ou artistiques, de belles tavernes traditionnelles qui rivalisent avec de bruyantes gargotes ayant pignon sur mer et surtout 4 km de plages, distribués par de belles promenades qui se découvrent à pied, à vélo ou en skateboard.
Préparez votre voyage avec nos partenairesPort Vell : le vieux port très moderne de Barcelone
Voilà un quartier composite, foutraque et absolument pas résidentiel. Ne vous fiez pas à son nom. Port Vell, qui signifie « vieux port », est d’une foisonnante modernité, lui qui prend ses aises sur la Méditerranée. Tout au bout de La Rambla, après la Plaça Portal de la Pau, son entrée est gardée par un gentil géant de 62 m de hauteur et 205 tonnes, son gros doigt pointé vers les Indes. Vous avez trouvé de qui il s’agit ? Christophe Colomb él mismo (Monument a Colom). Et ce depuis l’Exposition Universelle de 1888.
À portée de la Rambla del Mar, une passerelle mobile (380 m) qui ondule sur les eaux, se dresse un autre mastodonte du quartier, Maremagnum (10 h-21 h), le vaisseau amiral du shopping de cette marina, qui accueille dans ses entrailles très ciselées une quarantaine de boutiques (24) et de restaurants (15). À ses côtés frissonne l’Aquarium de Barcelone (24 € l’entrée adulte, aïe), connu pour ses 14 aquariums méditerranéens et son oceanarium, long tunnel vitré de 80 m qu’on espère solide tant son voisinage est effrayant. Requin taureau, requin gris, requin griset... Si l’envie vous prend (et que vous avez votre licence de plongée), vous pouvez toujours vous octroyer une immersion avec ces gentils bestiaux (300 €).
Après cette profusion de bâtiments modernes, un retour aux sources architecturales s’impose. Le Museu Marítim de Barcelone (MMB) occupe les anciens chantiers navals (Drassanes Reials) de la ville. Et on peut dire que ces merveilles du gothique civil ont encore fière allure malgré leurs huit siècles dans les fondations (construites au 13e siècle). Le musée vise à préserver le patrimoine culturel maritime de Barcelone et de la Catalogne. Sachez que la goélette Santa Eulàlia, charpentée en 1918 et rénovée par le MMB, se visite sur le quai attenant du Moll de la Fusta. Là, vous ne pourrez pas rater la sculpture en céramique du chantre du pop-art, Roy Lichtenstein, El Cap, livrée pour les JO de 1992. Joli amalgame entre les obsessions (points rouges) de l’artiste américain et les influences modernistes de Gaudí.
Deux autres titans surplombent Port Vell. La Torre Jaume I, à l’extrémité ouest, une tour en treillis, mais aussi une gare intermédiaire du téléphérique et le World Trade Center, version espagnole, moins haut mais plus rond. Ambiance étrange dans ce centre des congrès plutôt désert.
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Si vous décidez de visiter le Museu Maritim, ne zappez pas son jardin et son joli bassin ombragé. Aux saisons chaudes, le MMB y organise de nombreuses activités. Guettez le programme.
La Barceloneta : deux quartiers en un
Qu’elle en a connu des transformations la Barceloneta ! Lopin de terre raccroché au littoral à grand renfort de sable. Zone de parcage des habitants de la Ribera chassés par la construction de la Ciutadella (18e siècle). Restructuration profonde par Juan Martín Cermeño qui lui a donné son aspect actuel orthonormé. Aire industrielle très active au 19e siècle. Aujourd’hui, la Barceloneta n’a plus grand-chose à voir avec son passé de village de pêcheurs, bien qu’il reste, ici et là, quelques tavernes bougrement traditionnelles. Preuve de sa popularité, le prix du mètre carré flambe.
Alors si on voulait schématiser, on dirait qu’il existe deux Barceloneta. La première est urbaine et se découvre à pied. Il faut s’enfoncer dans ses ruelles étroites, bordées d’immeubles fatigués aux fenêtres alourdies de linge. Arpentez la carrer del Mar et la carrer de Sant Carles, levez les yeux pour surprendre de superbes balcons ouvragés et de pieuses niches, puis arrêtez-vous prendre un café plaça de la Barceloneta, patronnée par l’église Sant Miquel del Port toute en façade baroque. Vous pouvez également fuir la chaleur barcelonaise au Musée d’histoire de la Catalogne, sis au Palau de Mar (19e siècle), harmonieuse compacité de briquettes.
L’autre Barceloneta est plus balnéaire. Si le passeig de Joan de Borbó épouse le littoral occidental de la pointe que forme la Barceloneta, les affaires sérieuses et sablonneuses commencent avec le passeig Maritim. Il raccroche la platja de la Barceloneta à la platja del Somorrostro.
Plus au sud, sur le chemin de la platja de Sant Sebastià, deux œuvres d’art devraient capter votre attention. D’abord la Estrella Herida (ou Estel Ferit, l’étoile blessée), réalisée par Rebecca Horn et qui entasse 4 blocs d’acier, hommage aux chiringuitos, ces paillottes barcelonaises qui ont dû faire place nette pour la rénovation du quartier en 1992. L’autre sculpture s’appelle Homenatge a la Natació, on la doit à Alfredo Lanz. Et on pourrait en citer une troisième avec l’hôtel W Barcelona, qui hisse, depuis 2009, sa façade translucide tout au bout de la pointe. On retrouve ici la patte post-moderniste de Ricardo Bofill.
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Si vous voulez manger une bonne paëlla (jamais le soir !), c’est à la taverna Can Ros qu’il faut aller. Depuis 1908, elle régale les habitants du quartier. On vous conseille l’arroz seco de gambas (une paella aux crevettes) ou le poulpe et son houmous d’aubergines.
Vila Olímpica : port de plaisance de Barcelone
Les tours jumelles Mapfre et Arts (un hôtel chicos), 154 m chacune, sont à Vila Olímpica (dans le district de Sant Martí) ce que Christophe Colomb est à Port Vell. D’impressionnantes gardiennes.
Au risque de nous répéter, c’est une nouvelle fois les JO de 1992 qui ont permis de modeler Vila Olímpica. Vous avez là le port de plaisance de la ville (Port olímpic, 756 points d’amarrage), qui accueillit les épreuves de voile mais aussi l’ancien village olympique, retapé en logements et en bureaux. C’est également dans ce quartier que Frank Gehry a écaillé son Peix d’or (poisson d’or), sculpture XXL en bronze, plus cétacé que poisson clown.
Lacéré par de grandes avenues, comme Icària ou Bogatell, Vila Olímpica se vit surtout sur son front de mer, sur sa plage de 400 m, Nova Icària ou au cœur de sa marina qui égrène de nombreux bars, restaurants et discothèques.
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C’est de Port olímpic que partent les principales excursions en bateau pour découvrir le littoral barcelonais. Tour privé, collectif, en voilier, au coucher de soleil, de nuit… il y en a pour tous les goûts.
Poblenou : Barcelone entre plages et start-ups
Joli lifting que celui subi par Poblenou. De zone industrielle, ce quartier s’est réinventé technopole grâce au projet 22@. Les anciennes usines accueillent désormais des ateliers d’artistes, des galeries, des logements, des entreprises innovantes.
Des tours de bureaux et des hôtels sont sortis de terre, comme la tour Melia Barcelona Sky (2007), l’étonnant bâtiment matelassé de coussins en Texlon, Media-TIC et la Torre Glóries (ex-torre Agbar, siège de la société barcelonaise des eaux), gros cornichon (les Barcelonais y voient plutôt un suppositoire, vous vous ferez votre propre avis) polychromique de 145 m de haut et bébé de Jean Nouvel, très actif à Poblenou puisqu’il a été aux commandes du chantier du Parc del Centre del Poblenou. Ces 55 000 m2 de verdure (les saules pleureurs sont à la fête), à l’aménagement paysager plutôt dépouillé, apportent depuis 2008 un peu de fraîcheur et d’ombre au quartier.
Le cimetière de Poblenou mérite aussi une visite pour la beauté de certains monuments funéraires (on pense au Baiser de la Mort de Jaume Barba) et de ses mausolées modernistes. Les amoureux du design ne manqueront pas de crocheter par le Museu del Disseny (DHUB) qui vaut autant pour son architecture géométrique (on aurait aimé plus de couleurs tant qu’à faire) que pour sa riche collection (70 000 pièces).
Le quartier est aussi frangé par d’agréables plages. La platja del Bogatell et la platja de la Mar Bella (LGBT+) sont prisées de la jeunesse barcelonaise, tandis que celles de la Nova Mar Bella ou du Llevant sont plus familiales. Ah, et n’oubliez pas d’arpenter la rambla del Poblenou et d’y prendre, au retour de la plage, un dernier (ou premier, question de point de vue) verre en terrasse ! Ambiance caliente et parfait intermède avant de plonger dans la nuit barcelonaise.
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Justement, la nuit, l’un des endroits les plus caliente de la capitale catalane est le Razzmatazz qui a investi en 2000 un ancien bâtiment industriel. Ses cinq salles accueillent concerts, DJ sets, soirées et attirent depuis 22 ans les grands noms de la musique pop-rock ou électronique. Une halte incontournable pour quiconque souhaite se frotter à la bamboche espagnole.
Fòrum : Barcelone ultra-moderne
C’est à l’occasion du Forum Universel des Cultures de 2004 que Barcelone a remodelé ce quartier. En 1999, l’interminable avinguda Diagonal (11 km) a été colmatée jusqu’à la mer. Le Parc du Fòrum a également été architecturé pour l’occasion. De parc, il n’en a que le nom. Il faudrait plutôt parler d’esplanade (150 000 m2) qui regroupe plusieurs bâtiments dont l’Edificio Fòrum (ancien Museu Blau).
À Jean Nouvel Poblenou, à Jacques Herzog et Pierre de Meuron le quartier du Fòrum. Les Suisses sont à l’origine de ce triangle isocèle (vu d’en haut) qui abrite le musée de Sciences Naturelles de la ville. Mais attention, ce dispendieux projet hérisse encore le poil de pas mal de Barcelonais (l’addition a du mal à passer).
Il y a également le CCIB-Centre de Conventions international de Barcelone, le parc dels Auditoris (encore une fois, le terme de parc est légèrement galvaudé) et une immense plaque photovoltaïque, inclinée à 35°, qui coûta un pognon dingue. Le Port Fòrum et la platja del Fòrum, tout à l’est, closent la zone.
Les fondus de shopping iront, quant à eux, se délester de quelques euros au circulaire centre commercial Diagonal Mar, dans le parc de Diagonal Mar, autre projet qui a changé la face orientale de Barcelone. Cette zone résidentielle, imaginée par Enric Miralles et Benedetta Tagliabue, empile les buildings et les plans d’eau au milieu d’un parc traversé par une structure tubulaire. Bizarre non ? Allez vérifier par vous-même.
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Depuis 2005, c’est au parc du Fòrum que se déroule le Primavera Sound Festival de Barcelone, l’un des plus gros festoches d’Europe. Deux week-ends (les deux premiers de juin généralement) rock’n’roll de pure folie dans le cadre très futuriste du Fòrum. Les places partent comme des petits pains. On vous conseille d’être dans les starting-blocks à l’ouverture de la billetterie en ligne (6 à 9 mois avant).
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Bonnes adresses
La Peninsular : Carrer del Mar, 29, 08003 Barcelona. Voilà une petite bodega, à l’écart de la Marina, qui va au plus simple. Et elle a raison. Pourquoi se compliquer la vie alors que le marché aux poissons de la ville est à quelques pas ? Réputé pour la qualité de sa poiscaille, La Peninsular se frotte aussi à des recettes plus viandardes et aux traditionnels tapas. La cave est également de belle qualité.
Jefferson : Playa Bogatell, av. del Litoral, s/n, 08005 Barcelona. Qu’il est bien là, le Jefferson. Les fondations dans le sable. Scrutant l’aileron de l’hôtel W Barcelona. Son enseigne à néon brillant dans le clair-obscur barcelonais. La cuisine n’est pas très raffinée mais s’avère solide dans ses spécialités. Des croquetas, des burgers, des cocktails bien dosés qui font du Jefferson la parfaite gargote de plage (ouverte l’été). Compter 20-25 €.
La Torre d’Alta Mar : Passeig de Joan de Borbó, 88, 08039 Barcelona. Dans la catégorie très chic, ce restaurant gastronomique, qui a pris de la hauteur et a investi une ancienne station téléphérique, offre, comme plat principal, une vue à 360° sur la ville. À une telle altitude (75 m au-dessus de la Méditerranée), pas étonnant que les prix s’envolent. Mais cette cuisine qui fait la part belle aux produits frais reste de haut vol. Compter 90 €.
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Texte : Florent Oumehdi
Mise en ligne :