Presqu’île de Crozon : en Bretagne, au bout du monde

Crozon : petite par la taille, grande par sa beauté

Petite par sa taille (200 km²), mais déployant des paysages grandioses, la presqu’île de Crozon, baignée au nord par la rade de Brest et au sud par la baie de Douarnenez, s’avance, tel un promontoire minéral en forme de croix, dans la mer d’Iroise. Ici, à la pointe centrale du trident finistérien, extrémité occidentale de la Bretagne, l’Europe achève sa course dans l’Atlantique. Juste en face, c’est l’Amérique…

Particulièrement accidenté, le littoral de la presqu’île de Crozon offre de superbes balcons sur la mer, alternant hautes falaises escarpées (de 50 à 100 m) par endroits trouées de grottes marines, caps et pointes, landes battues par les vents et longues plages de sable soumises au rythme des marées.

En arrivant de Quimper, ce bout de Finistère s’apprécie particulièrement du haut de la montagne de Menez-Hom (300 m) qui en marque la limite naturelle orientale. Le panorama, particulièrement au coucher du soleil, est époustouflant, tant par la beauté que par la diversité des paysages.

Car la presqu’île de Crozon fait preuve d’un art consommé du contraste, aussi bien sur son rivage qu’à l’intérieur de ses terres. À l’ouest, les falaises déchiquetées, la lande couverte d’ajoncs ou de bruyères et les plages infinies lui donnent des airs d’Irlande. Au sud, entre Morgat et la pointe du cap de la Chèvre, des pinèdes conférent à la baie de Douarnenez des allures presque méditerranéennes.

À l’est, près des méandres de l’Aulne, la forêt de Landévennec compose des paysages bucoliques d’une grande douceur, à l’opposé des caps et des pointes de grès de la façade atlantique. Bénéficiant d’un microclimat, le village de Landévennec, porte d'entrée de la presqu'île nichée tout au bout de la rade de Brest, arbore une végétation luxuriante et rare sous ces latitudes (palmiers, figuiers, mimosas…). Moins d’une vingtaine de kilomètres suffisent pour changer d’univers…

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Élargissez votre horizon ! La Bretagne ne se visite pas qu’en été. Mieux encore, le printemps et l’automne permettent de savourer la sérénité retrouvée des lieux et, sans doute, encore plus sur la presqu’île de Crozon, l’un des coins les plus « zen » de la région. Bref, la rentrée approche : c’est le moment de (re)partir à Crozon !

Pointes, caps et plages : de superbes paysages naturels

Peu urbanisée et protégée par le parc naturel régional d’Armorique, la presqu’île de Crozon compte parmi les plus beaux paysages de Bretagne. Sans doute est-ce dû à la profusion de caps, pointes et falaises sculptés dans le grès armoricain, le granit et le schiste : autant d’étapes et de points de repère pour arpenter ce territoire hors du commun.

Pointe sud de la croix que dessine la presqu’île sur la mer d’Iroise, le cap de la Chèvre pénètre sur une dizaine de kilomètres dans les eaux de la baie de Douarnenez. Couvert d’une lande rase et, par endroits, de pinèdes, il a gardé son aspect sauvage et rude, avec de hautes falaises trouées de grottes marines, mais aussi de magnifiques plages sauvages à l’ouest (La Palue, Lostmarc’h). Offrant d’impressionnants points de vue sur le cap Sizun, l’île de Sein et la pointe de Dinan, il abrite aussi de petits hameaux et, à son extrémité, un sémaphore.

En remontant vers le nord, il ne faut manquer sous aucun prétexte la pointe de Dinan, à nos yeux l’un des plus beaux coins de l’île, surtout pour son mémorable coucher de soleil. Avec ses falaises recouvertes de landes, la majestueuse anse de Dinan bordée de plages de sable (superbe plage de Goulien) et son aspect massif de forteresse délabrée, la pointe a été surnommée par les gens du coin le « château de Dinan ».

Encore plus spectaculaires, les pointes du Toulinguet et de Pen-Hir, qui se trouvent à l’extrémité occidentale de la presqu’île, forment le « bout du monde » de Crozon.

Plongeant ses falaises déchiquetées dans des eaux tumultueuses, Pen-Hir est la plus touristique des pointes de Crozon : elle impressionne d’emblée avec son panorama à couper le souffle sur la mer d’Iroise, les îles d’Ouessant et de Molène, mais aussi la gigantesque croix de Lorraine dédiée aux bretons de la France libre qui la surplombe, sans oublier ses emblématiques rochers en mer (Tas de Pois) qui la prolongent. Non loin de là, la sauvage plage de Veryac’h déploie son immense tapis de sable au pied des falaises.

Tout au nord de la presqu’île, la pointe des Espagnols domine d’environ 60 m de haut le goulet d’entrée de la rade de Brest, formant un chenal d’1,8 km seulement. Vigie du port militaire de Brest, ce site stratégique, fortifié entre le 17^e et le 19^e s, offre un panorama à 360° sur la rade et le port de Brest, distant de seulement quelques kilomètres.

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Curiosité géologique, la côte du cap de la Chèvre et des environs de Morgat est trouée de plusieurs grottes marines. D’avril à septembre, des sorties en mer de 50 min permettent de les admirer et de pénétrer à l’intérieur de ces étonnantes cavités dues à l’érosion. En chemin, des explications permettent de mieux comprendre les particularités géologiques de la presqu’île. Tarifs : 16 € adulte, 4-14 € pour les moins de 18 ans avec Vedettes Sirènes.

Randonner à Crozon

Avec de tels atouts naturels, la presqu’île de Crozon est une destination exceptionnelle pour les amateurs d’activités de plein air, à commencer par les activités nautiques (voile, pêche, windsurf…) et la randonnée.

La marche reste, de loin, le meilleur moyen d’explorer le territoire, et notamment son magnifique littoral, en suivant le fameux Sentier des Douaniers (GR34) breton. Compter 7 jours de marche pour faire le tour de la presqu’île (120 km) : des gîtes, campings et points de ravitaillement se trouvent à proximité du sentier.

Outre le GR34, les possibilités de randonnées sont nombreuses sur la presqu’île, d’une durée de 1 h à 5 h. Pour s’émerveiller devant les spectaculaires pointes rocheuses de l’ouest de la presqu’île, on peut ainsi faire le tour de Camaret, une rando de 17 km (5 h de marche).

Autres beaux parcours, parmi bien d’autres : le sentier côtier du cap de la Chèvre (12 km, 3 h), entre celui-ci et Morgat, le long de falaises escarpées sur la baie de Douarnenez, et la boucle de la forêt de Landévennec (18 km) pour un autre aperçu du territoire.

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Pour préparer sa randonnée, des fiches et des topoguides sont disponibles à l’office de tourisme de la presqu’île de Crozon. À noter : le territoire se découvre également à vélo avec une dizaine de parcours VTT et plusieurs itinéraires cyclables. Voie verte entre Crozon et Tal Ar Groas avec projet de développement de Camaret à l’extrémité orientale de la presqu’île. Parcours, fiche et topoguide vélo également disponibles à l’office de tourisme.

Crozon, un patrimoine à découvrir

La presqu’île de Crozon ne se résume pas à sa magnifique nature et à ses activités de plein air. De sa situation stratégique, à l’entrée de la rade de Brest, elle a hérité d’un riche patrimoine architectural, notamment militaire, et possède le seul monument breton classé au Patrimoine mondial de l’Unesco : la Tour dorée de Camaret-sur-Mer, édifiée par Vauban et destinée à protéger le port de Brest.

Bien qu’en voie d’achèvement, elle a permis aux Français de résister à l’assaut de la flotte anglo-hollandaise lors de la bataille de Camaret en 1694. Abritant aujourd’hui un intéressant centre d’interprétation, elle fait partie, avec une douzaine d’autres sites, de la route des Fortifications, un circuit de découverte des forts militaires érigés sur la presqu’île de Crozon.

Outre la tour Vauban, le joli village de Camaret-sur-Mer, ancien port langoustinier lové dans un splendide anse, mérite une halte pour les alignements mégalithiques de Lagatjar, l’émouvante chapelle marine de Notre-Dame-de-Rocamadour jouxtant la tour Vauban sur le sillon de Camaret, mais aussi les galeries de son quartier des artistes.

Autre village balnéaire de charme, Morgat, situé en bordure d’une large baie à l’entrée du cap de la Chèvre, a, lui aussi, oublié sa vocation première de port de pêche. À la fin du 19^e, Morgat a été transformé en lieu de villégiature chic par Armand Peugeot, qui y fit construire des hôtels et villas luxueuses.

Désormais port de plaisance, Morgat est apprécié par les familles pour sa belle plage et se activités nautiques. À quelques kilomètres, la Maison des Minéraux de Saint-Hernot fait découvrir toute la richesse géologique de la presqu’île de Crozon et de la Bretagne.

L’est de la presqu’île de Crozon possède aussi quelques pépites architecturales, comme l’enclos paroissial d’Argol ou les ruines de l’ancienne abbaye bénédictine de Landévennec. Dominant les bords de l’Aulne, elles procurent au regard un tableau des plus romantiques. Un musée retrace l’histoire de ce sanctuaire fondé par Saint-Guénolé qui a joué un rôle considérable dans la propagation du christianisme en Bretagne.

De Landévennec, une belle route en corniche surplombe les méandres paresseux de l’Aulne, plongés dans une forêt luxuriante, avant de franchir le pont suspendu de Térénez, qui marque la limite nord-est de la presqu’île de Crozon. 

Quelques kilomètres le séparent de Le Faou, « Petite Cité de Caractère » posée au bord d’un ria, remarquable pour sa concentration de belles maisons à pan de bois du Moyen Âge et de la Renaissance. Le chaos rocheux de la pointe de Pen-Hir semble bien loin…

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Près des mégalithes de Lagatjar, s’élèvent les ruines d’un autre lieu de mémoire, à l’histoire particulièrement émouvante : le manoir de Coecilian qui a appartenu au poète symboliste Saint-Pol-Roux. Fuyant le milieu littéraire parisien, il fit construire en 1905 ce manoir sur la falaise dominant la plage de Pen Hat. De grands artistes (Victor Ségalen, Max Jacob, Pierre Mac-Orlan, André Breton...) passèrent en ces lieux, dont le destin sera funeste. En juin 1940, un soldat allemand force la porte du manoir, tue la gouvernante, blesse Saint-Pol-Roux et sa fille Divine. Quelques mois plus tard, le manoir sera pillé par les nazis, un drame fatal pour le poète qui tomba malade et disparut peu après. En 1944, le manoir, occupé par les Allemands, sera bombardé par les alliés. Saint-Pol-Roux, quant à lui, repose dans le cimetière de Camaret.

À voir dans les environs : Locronan et Pleyben

Sur la route entre la presqu’île de Crozon et Quimper (45 km), deux haltes sont particulièrement recommandables : Locronan et Pleyben.

« Petite Cité de caractère » et surtout joyau breton, Locronan, 2^e village préféré des Français en 2013, a tout d’un décor de cinéma, tant son unité architecturale est parfaite. Situé dans un magnifique écrin de verdure, il a d’ailleurs servi entre autres de lieu de tournage à Tess de Roman Polanski, Chouans ! de Philippe de Broca, Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet.

Avec ses magnifiques bâtisses en granit des 17^e et 18^e s, sa place principale agrémentée d’un vieux puits et ses rues pavées, Locronan envoûte le promeneur qui semble propulsé dans un voyage temporel. Le village doit sa beauté à l’âge d’or du tissage des toiles de lin et de chanvre en Bretagne entre le 14^e s et la révolution industrielle. À l’époque, la Compagnie des Indes eut même ses bureaux sur la grande place.

Trônant au cœur de Locronan, l’église Saint-Ronan (15^e s) est un chef-d’œuvre du gothique flamboyant. Elle est dédiée au moine irlandais Ronan, venu en Bretagne au 6^e s et célébré chaque année le 2^e dimanche de juillet par la procession de la Troménie et, tous les 5 ans, de la Grande Troménie. Un grand moment de ferveur religieuse et populaire.

Autre édifice religieux remarquable, l’enclos paroissial de Pleyben ne doit être manqué sous aucun prétexte. Un pur chef-d’œuvre, caractéristique de l’architecture religieuse bretonne des 16^e et 17^e s, remarquable pour son calvaire monumental en forme d’arc de triomphe et son magnifique clocher Renaissance de 47,50 m de haut. Il vient d’être magnifiquement restauré, au terme d’un chantier d’envergure qui a nécessité trois ans de travaux.

De style gothique breton tardif, l’église Saint-Germain, située au cœur de l’enclos, frappe par ses proportions majestueuses, témoins de l’époque faste des foires de Pleyben. Superbe orgue à l’intérieur, ainsi que des sablières sculptées polychromes (16^e s) représentant des motifs religieux et mythologiques, mais aussi des scènes de la vie quotidienne d’antan.

À l’extérieur, l’ossuaire, l’un des plus anciens de Bretagne, abrite une librairie et un petit musée en été. Quant au calvaire, il est supporté par un arc de triomphe massif, unique dans la région, faisant de cet enclos paroissial l’un des plus beaux du Finistère.

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Après la visite de l’enclos, prenez le temps de déambuler dans Pleyben, et notamment sur la place Charles-de-Gaulle, qui fait face à l’édifice religieux. L’occasion de déguster quelques spécialités gourmandes locales de ce bourg dynamique qui compte de bonnes adresses de bouche (florentines de la chocolaterie Chatillon, croissant-kouign amann de Loas, brioches des Gourmandises de l’Enclos, vins et fromages de Nectar et Papillon, crêpes du Stirwen…). De quoi passer allègrement des nourritures spirituelles aux plaisirs de la bonne chère !