Grèce : randonnées dans les îles du Dodécanèse
Oui, à Rhodes et dans les îles du Dodécanèse, c’est bien la chaleur que l’on vient chercher. Du chaud et un ciel d’Azur propice à la randonnée, à condition d’éviter les mois d’été. C’est au printemps et à l’automne que les sentiers de ces îles du sud-est de la mer Égée offrent leur meilleur aux promeneurs.
Dès le mois d’avril, alors que l’Europe de l’Ouest peine à se départir de ses frimas, Hélios, en bon dieu-soleil, commence déjà à faire des siennes là-bas. Les monts et vallées pelés de l’automne, reverdis par les pluies de l’hiver, se parent alors de myriades de fleurs multicolores. Et si les chercheurs d’orchidées ont déjà commencé à squatter aux chèvres leurs sentes empierrées dès févrierl, c’est bien en avril, quand explosent les sauges et les digitales, que la notion de « rando-nature » prend tout son sens.
En automne en revanche, quand les asphodèles pointent le bout de leur nez, tout est grillé. Mais d’un grillé délicieux, un de ces mordorés qui servent à merveille le bleu du ciel, en donnant aux murs blancs des villages et des églises, de ravissantes nuances de rose quand le soleil empourpre l’horizon. C’est notre saison préférée. La météo y est plus clémente et la mer flirte encore avec les 24°C, ce qui est quand même un vrai plus par rapport au printemps…
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Rhodes, paradis des randonneurs
Quand on débarque dans le Dodécanèse - l’archipel le plus ensoleillé de Grèce -, la porte d’entrée est en général Rhodes. Avec près de 1400 km2, la 4ème île grecque par la taille, livre aux amateurs de rando un terrain de jeu sans pareil.
Car dans l’île, le paysage est changeant. Il alterne montagnes pelées, coteaux revêtus de cyprès ou de pins d’Alep et de larges vallées fertiles propices à la culture de la vigne et de l’olivier. Par endroit, le paysage est si vert qu’on se croirait dans les Alpes !
Si la plupart des sentiers pêchent un peu par manque de balisage, ils n’en demeurent pas moins assez fréquentés et on s’y repère facilement. La zone la plus intéressante pour se dégourdir les jambes se situe grosso modo dans un quadrilatère dont les sommets sont Kritinia (côte ouest), Psinthos (sud-est de la vallée des papillons), Lardos (côte est) et Monolithos (côte ouest). À l’intérieur de celui-ci, de nombreux villages offrent le gîte et le couvert (voir carnet pratique), si bien que l’on peut envisager une randonnée sur plusieurs jours.
Point d’orgue d’une rando à Rhodes : l’ascension » du mont Attavyros, « l’Everest du Dodécanèse » avec 1 215 m. Un circuit de 6-7 heures (15 km, dénivelé 780 m) que l’on effectue à partir d’Embonas, un village viticole lové sur son flanc ouest. Au printemps c’est un vrai feu d’artifice tricolore, quand les sauges blanches, les cystes rouges et les anémones bleu fleurissent en même temps.
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Tout en haut du mont Attavyros, on remarque les restes d’un temple dédié à Zeus. Il date de l’époque mycénienne (XVe-XIIe s av J.-C.). Pour la petite histoire, dans la mythologie grecque, Athéménès, petit-fils de Minos, l’aurait fait construire pour permettre à Zeus d’apercevoir la Crète. C’est vrai que le panorama est à couper le souffle de là-haut !
Plus d’infos sur le site officiel du tourisme à Rhodes
Symi, l’île mystérieuse
Petite Saint Trop’ du Dodécanèse, Symi a acquis ses lettres de noblesse grâce à sa grande unité architecturale. Une particularité que l’on doit aux riches commerçants en éponges du XIXe s, soucieux d’afficher leur réussite en construisant de belles maisons de style néoclassique. Une attitude ostentatoire qui ne semble point s’être tarie aujourd’hui, à en juger par le nombre de yachts de luxe amarrés dans le port de Gialos à la belle saison.
Si les plages symianes ne sont, pour la plupart d’entre elles, accessibles que par la mer, l’intérieur de l’île se prête néanmoins à la balade, avec quelques sentiers « sauvagement » balisés (mieux vaut quand même posséder une bonne carte, car les chèvres de l’île ont tendance à en redessiner chaque jour de nouveaux).
Ils relient généralement les églises entre elles, tantôt à travers des champs de caillasse, parfois même à travers des forêts de cyprès, livrant çà et là quelques pressoirs abandonnés, mais toujours avec la mer pour horizon.
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Parmi les nombreux sites religieux à découvrir citons le monastère fortifié de l’archange Michel Roukouniotis, à 3 km à l’est de Horio, la « capitale de l’île ». Un édifice construit par les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem au XIVe s, en tous points remarquable, avec des fresques très bien conservées datant de la même époque. Devant la grille d’entrée, un cyprès monte la garde depuis plus de 850 ans !
Plus d’idées d’itinéraires à Symi
Nissyros, la volcanique
C’est bien simple, à Nissyros, tout tourne plus au moins autour du volcan et de son cratère encore en activité. C’est l’un des mieux conservé au monde. Cette île volcanique, qui recèle aussi quelques sources thermales, est l’une des plus vertes de l’archipel. Toute petite, on en a vite fait le tour.
Au programme, une quarantaine d’itinéraires relativement bien balisés pour une fois. La plupart bouclent à partir des 3 principaux villages de l’île : Mandraki (c’est là que vous débarquerez car c’est ici que se concentre le gros de l’activité), Emborio (perché sur un piton rocheux dominant la caldeira) et Nikia, une sorte de village « cycladique » d’une blancheur immaculée, dont la place centrale, pavée d’une mosaïque de galets, passe pour être l’une des plus photogéniques de Grèce.
Parsemée de chênes verts et de térébinthes, la campagne nissyrote est saupoudrée de petites fermes en pierres et d’églises, parfois attenantes à un monastère comme c’est le cas pour celui d’Agios Stavros, qui surplombe le grand cratère et dans lequel le temps semble s’être arrêté.
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Point culminant de l’île : le mont Profitis Ilias (698 m). Ce mont pelé est coiffé d’une petite église toute blanche. On y accède à partir du monastère d’Evangelistria en à peine une heure. Essoufflant. De là-haut, le panorama plonge littéralement sur le cratère, laissant deviner les murets de pierres qui soutenaient jadis les terrasses aménagées sur ses flancs, témoins de l’intense activité agricole qui régnait auparavant sur l’île mais qui s’est éteinte au tournant du XXe s.
Des infos supplémentaires sur la randonnée à Nissyros et une carte des itinéraires
Tilos, l’île aux oiseaux
L’arrivée sur Tilos n’a pas la majesté d’un débarquement sur Symi ou même sur Halki sa voisine. Ici pas de maisons colorées, peu de bateaux de pêche, c’est à peine si le toit de tuiles rouge de l’église saint Nicolas parvient à rehausser la palette des blancs. De prime abord, le paysage dénudé laisse augurer un désert…
Erreur ! Tilos cache bien son jeu. Cette île, écolo (85% de son électricité est produite à l’aide d’énergies renouvelables), connue dans toute la Grèce pour la tranquillité de ses plages, recèle en fait un ancien patrimoine agricole qui fait d’elle une véritable destination rando.
Contrairement à Symi et dans une moindre mesure à Nissyros, Tilos possède de nombreux petits hameaux disséminés un peu partout. Abandonnés pendant la seconde guerre mondiale et aujourd’hui tombés en ruine pour la grande majorité d’entre eux, ils furent établis à l’emplacement des nombreuses sources d’eau claire et sont reliés entre eux par d’anciens chemins.
Le plus emblématique du passé agricole tiliaki, n’est autre que Mikro Horio, l’ancienne capitale de l’île. Aujourd’hui laissé à la vacance des chèvres, ce village de ruines, d’où émerge le clocher tout blanc de l’église de la Panagia tis Theodokissas, possède un charme indéniable au couchant. D’ici partent plusieurs itinéraires, qui relient pour les uns les criques secrètes de la côte est, et pour les autres la dentelle de falaises et d’à-pics qui émaille la côte sud.
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Sachez qu’à Tilos, les ornithologues en herbe seront comblés car l’île sert d’étape à de nombreuses colonies d’oiseaux migrateurs. Ses falaises escarpées sont particulièrement appréciées par le faucon d’Éléonore (falco eleonorae) qui vient y pondre ses œufs chaque année à la fin de l’été.
Fiche pratique
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Conseils pour la randonnée
Tout randonneur qui se respecte ne saurait se passer d’une bonne carte, fut-elle numérique. L’éditeur TERRAIN (l’équivalent grec de notre IGN national), propose des cartes détaillées des îles Symi, Nissyros et Tilos au 1/20 000e ainsi qu’une carte de Rhodes au 1/75 000e. Il arrive que l’on puisse en acheter sur place mais mieux la commander à l’avance sur leur site www.terrainmaps.gr. Petit rappel qui a son importance : une carte papier ne consomme aucune énergie, ce qui est loin d’être le cas pour un smartphone utilisant un GPS.
Sachez également que les îles du Dodécanèse sont très près de la Turquie et qu’il arrive fréquemment que le réseau turc prenne le relais du réseau grec. Un conseil, pensez à désactiver les données, sinon bonjour la facture en rentrant ! Dans tous les cas, gardez suffisamment d’énergie pour faire le 112 (appel d’urgence valable dans l’ensemble de l’Union Européenne) en cas de problème.
Enfin, le site participatif Alltrails recense de nombreuses randos à Rhodes, Symi, Nissyros et Tilos.
Comment y aller ?
Rhodes et dans une moindre mesure Kos sont les portes d’entrée des îles du Dodécanèse. De nombreuses liaisons low-cost sont assurées à partir des principales villes d’Europe d’avril à fin octobre. On peut aussi transiter par Athènes et prendre un vol intérieur avec Aegean pour Kos ou Rhodes, ce n’est guère plus cher que le bateau. Trouvez votre billet d’avion.
Comment naviguer entre les îles ?
Ferry (pas cher) ou catamaran (3 fois plus cher), les liaisons entre les îles sont opérées respectivement par Blue Star Ferries et Dodekanisos Seaways auxquelles se greffe une troisième compagnie Saos Ferries. Sinon des bateaux d’excursion assurent en été des liaisons entre Symi et Nissyros ainsi qu’entre Kos et Nissyros.
Où dormir ? Où manger ?
Voir nos articles Rhodes, la Grèce aux confins de l’Europe et Symi, la perle du Dodécanèse
À Nissyros : Porfyris Hotel ; Apololi Kori
À Tilos : Hôtel Castellania ; Faros Hotel-Restaurant ; Taverna Michalis
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Texte : Eric Milet
Mise en ligne :
