Autriche : Salzbourg, 5 raisons d’y aller

Admirer les fastes baroques de l’âge d’or salzbourgeois

Sous ses airs de paisible ville provinciale de 150 000 habitants, Salzbourg cache une ancienne capitale : celle d’une principauté-archiépiscopale qui ne fut rattachée à l’Autriche qu’en 1816 après plus de 5 siècles d’indépendance. De ces années fastes, Salzbourg a hérité d’un magnifique patrimoine architectural. Rien n’était trop beau pour glorifier la puissance des princes-archevêques salzbourgeois qui, au 17^e s, souhaitèrent faire de leur ville la « Rome du Nord » en érigeant des monuments baroques rivalisant avec ceux de la Ville éternelle.

Aujourd’hui, le vieux Salzbourg fait penser, surtout la nuit, à une splendide scène de théâtre, notamment autour de la monumentale Residenzplatz. Un véritable festival baroque avec, en son centre une fontaine (1658) rappelant celle du Bernin sur la piazza Navona romaine, et sur ses flancs, les hauts lieux des pouvoirs princier et archiépiscopal : la Résidence (palais des princes-archevêques), la nouvelle Résidence (aujourd’hui musée de Salzbourg) et la façade sud de la cathédrale St Rupert & Virgil (Dom), chef-d’œuvre baroque construit par Santino Solari, aux dimensions et à la coupole octogonale impressionnantes.

Un unique (et remarquable) parcours muséal – le Domquartier – permet de découvrir les trésors de l’âge d’or salzbourgeois, répartis dans les trois sites emblématiques de la Residenzplatz. Et quelle richesse ! Pas moins de 180 salles font parcourir des siècles de pouvoir ecclésiastique.

Dorures, tapisseries, fresques (notamment de Rottmayr), marbres, mobilier luxueux se donnent en spectacle dans les salles d’apparat des appartements princiers, où Mozart exécuta son premier concert à l’âge de 6 ans. Consacrée à la peinture européenne des 16^e au 19^e s, la Residenzgalerie recèle quant à elle des œuvres de Brueghel l’ancien, Rembrandt, Ruysdael ou Waldmüller. Viennent ensuite le musée de la Cathédrale, le cabinet des curiosités des archevêques et le musée Saint-Pierre qui présente la collection des bénédictins, dont la fabuleuse croix de Saint Rupert (8^e s), un crucifix en or incrusté de rubis ou un étonnant pigeon en émail de Limoges (13^e s).

À quelques minutes à pied de là, le monastère bénédiction mérite lui aussi la visite pour l’église Saint-Pierre (Stiftskirche St. Peter), édifiée au 12^e s mais largement remaniée aux 17^e et au 18^e, qui ravira les amateurs de baroque et de rococo.

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À 6 km de Salzbourg, l’architecte de la cathédrale, Santino Solari, a également construit au début du 17^e le château de Hellbrunn, résidence d’été du prince-archevêque Markus Sittikus von Hohenems. Un sacré farceur, ce Markus ! Il a en effet agrémenté le parc de sa belle demeure aux murs jaunes de jeux d’eau maniéristes (grotte de Neptune, fontaine de Venus, théâtre mécanique, animaux…) dont la plupart étaient conçus pour arroser ses invités. Aujourd’hui, la machinerie hydraulique de cet ancêtre des parcs d’attraction est toujours en service. Allez-y en famille (on peut s’y rendre facilement à vélo) : fous rires assurés !

Faire de superbes balades romantiques au fil des ruelles et des collines

Salzbourg est tout en contrastes : cohabitant avec le baroque monumental des princes-archevêques, d’adorables et tortueuses ruelles, bordées de demeures bourgeoises colorées des 13^e au 16^e s, sillonnent la vieille ville. Elles sont largement piétonnes. Levez les yeux : les dates de construction et de rénovation sont inscrites au sommet des façades.

Artère la plus célèbre de Salzbourg, où Mozart a vu le jour (n°9), la Getreidegasse arbore des dizaines d’enseignes de corps de métier en fer forgé accrochées aux façades des maisons. Même McDo s’est plié à la règle. Outre des boutiques chics, la Getreidegasse compte des passages avec cours intérieures à arcades (de type traboule lyonnais) où l’on trouve encore quelques artisans traditionnels, comme l’atelier de maroquinerie de Cristina Roth (n°30).

Autres ruelles de charme, la Judengasse, la Goldgasse et la Steingasse ont conservé leur allure médiévale et Renaissance, ainsi que leur vocation commerçante. Les deux premières débouchent sur deux belles places de la vieille ville : la Waagplatz où se trouve la maison natale du poète Georg Trakl, et la délicieuse Alter Markt avec sa vieille pharmacie rococo de l’époque des princes-archevêques, sa jolie fontaine et les cafés Tomaselli et Fürst, vénérables institutions gourmandes de Salzbourg.

La balade à travers les siècles se poursuit à l’église des Franciscains qui mêle roman et gothique, puis au cimetière Saint-Pierre collé à la falaise de Festungsberg, qui semble sorti d’une peinture romantique, avant de monter au monument emblématique de Salzbourg : la forteresse Hohensalzburg, construite au 11^e et remaniée jusqu’au 16^e s. Outre les musées retraçant l’histoire militaire de la ville, le chemin de ronde de Hohensalzburg offre un magnifique panorama à 360° sur Salzbourg, la rivière Salzach, la campagne environnante et les sommets des Alpes.

De la forteresse, des sentiers permettent de parcourir la colline dominant la ville jusqu’au Mönschberg, offrant lui aussi de magnifiques points de vue. De la terrasse du Museum der Moderne (musée d’Art contemporain) juchée sur l’abrupte falaise du Mönschberg, le spectacle des clochers baroques émergeant de la vieille ville lovée contre la rivière Salzach est admirable, particulièrement au coucher du soleil.

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Moins réputée – et touristique – que la vieille ville, la rive droite de la Salzach n’est pas dénuée d’intérêt pour autant. C’est un quartier plus résidentiel, traversé par l’animée Linzergasse. Chaque jeudi, le marché Schranne présente de beaux produits régionaux sur ses populaires étals. Juste à côté s’élève le château baroque de Mirabell avec ses jardins fleuris et, non loin de là, la galerie Thaddeus Ropac, célèbre collectionneur d’art contemporain (né à Salzbourg), qui programme d’intéressantes expositions. Enfin, toujours sur la rive droite, de jolies balades sont à faire sur le Kapuzinerberg, une montagne boisée fréquentée par des chamois et offrant une autre perspective sur Salzbourg. C’est ici que Stefan Zweig commença à rédiger son autobiographie Le Monde d’hier.

Partir sur les traces de Mozart et The Sound of Music

Partout, il est absolument partout ! Si, à l’époque du prince-archevêque Colloredo, Wolfgang Amadeus Mozart n’était pas vraiment en odeur de sainteté à Salzbourg (il la quitta en 1781), aujourd’hui la ville chérit, vénère et exploite l’image de son divin enfant. Statues, effigies, enseignes, concerts, université (Mozarteum), confiseries et même Playmobil : Salzbourg semble décliner Mozart à l’infini.

Le compositeur de La Flûte enchantée a vu le jour en 1756 dans une demeure bourgeoise aux murs jaunes de la Getreidegasse (n°9). C’est à Salzbourg que Mozart donna à l’âge de 6 ans son premier concert dans l’une des salles de la Résidence où il fut nommé maître de chapelle « sans solde » à l’âge de 13 ans. Il y passa les 25 premières années de sa vie, entrecoupées de longs voyages à travers les cours d’Europe qui s’arrachaient l’enfant virtuose. Mozart fut 10 ans de sa vie sur les routes : un « routard » avant l’heure !

Aujourd’hui, un circuit Mozart (4 km, 1,5 h) permet de partir sur les traces du compositeur à travers les rues de la ville en passant notamment par les deux hauts lieux du culte mozartien : sa maison natale et sa maison d’habitation.

Très fréquenté, le mythique édifice jaune de la Mozarts Geburtshaus (Getreidegasse, 9), l’une des plus anciennes demeures de la ville, abrite un musée sur la vie et l’œuvre du musicien ainsi que la reconstitution d’un appartement bourgeois du 18^e s. On peut y voir des instruments de musique ayant appartenu à Mozart (violon d’enfant, clavicorde, clavecin…), des portraits de famille, des lettres, des partitions et même une supposée mèche de cheveux du musicien, entre autres reliques.

Sur l’autre rive de la Salzach se trouve la Mozart-Wohnhaus où la famille Mozart emménagea en 1773. Peu d’objets d’époque à voir, mais un intéressant parcours à travers l’œuvre mozartienne à faire avec un audioguide.

Enfin, dans un tout autre genre, Salzbourg est également un lieu de pèlerinage pour les amateurs de la comédie musicale The Sound of Music interprétée en 1965 par la formidable Julie Andrews. Inspiré de l’histoire vraie d’une famille salzbourgeoise confrontée à la montée du nazisme dans les années 30, le film a été tourné dans plusieurs lieux iconiques de la ville : le monastère de Nonnberg, la Residenzplatz, le château Mirabell ou le château Leopoldskron. Un itinéraire Sound of Music permet de relier les différents décors de ce film culte, étonnamment peu connu des Autrichiens.

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À Salzbourg, Mozart se mange aussi. Connues dans toute l’Autriche (et ailleurs…), les Mozartkugeln (les « boules de Mozart » en VF) sont de délicieuses confiseries sphériques à base de chocolat, de pâte d’amande, de pistache et de praliné, créées en 1890 par le confiseur Paul Fürst en 1890. Aujourd’hui, la confiserie Fürst (Brodgasse, 13) vend toujours ses Mozartkugeln confectionnées le jour même selon la recette traditionnelle dans ses 4 magasins salzbourgeois (ou par correspondance). Il s’agit des « Originale Mozartkugeln » à ne pas confondre avec les « Echte Mozartkugeln », pâles copies souvent industrielles de la création de Fürst : vous voilà prévenus !  

Outre les bonbons au chocolat, les gourmets mélomanes pourront assister à un délicieux dîner concert mozartien au St Peter Stiftskulinarium, qui passe pour la plus vieille auberge d’Europe centrale. Au menu, cuisine autrichienne et plus grands hits de Mozart interprétés par des musiciens et chanteurs en costume d’époque !

Vibrer toute l’année à l’unisson de grands festivals de musique

La ville natale de Mozart aime la musique et les arts de la scène ! Tout au long de l’année, Salzbourg accueille concerts et spectacles, revendiquant pas moins de 4 000 manifestations culturelles annuelles. Un nombre ébouriffant pour une ville d’à peine 150 000 habitants…

C’est essentiellement à son festival d’été, les Salzburger Festspielen (Festival de Salzbourg en VF) que la cité autrichienne doit sa réputation de destination culturelle majeure. Combinant opéra, théâtre et concerts, le Festival de Salzbourg a été créé en 1920 par le metteur en scène Max Reinhardt, le poète Hugo von Hoffmansthal et le compositeur Richard Strauss. Avec de tels pères, ce festival, qui fut dirigé pendant plus de 30 ans par Herbert von Karajan (lui-même salzbourgeois), ne pouvait que devenir l’un des plus importantes manifestations musicales au monde (si ce n’est la plus grande).

Pendant un mois et demi (de mi-juillet à fin août), le Palais des Festivals, entre autres salles, accueille des dizaines de représentations de haut niveau devant un public plutôt chic et élitiste, souvent en tenue de soirée. Les réservations à l’avance sont plus que conseillées, souvent dès leur ouverture en novembre. Bon à savoir : les concerts et opéras sont retransmis tous les jours gratuitement sur un écran géant installé sur Kapitelplatz.

Outre cet événement majeur, Salzbourg vibre à l’unisson d’autres festivals d’envergure. En janvier, la Mozartwoche (Semaine de Mozart), créée en 1956 par la Fondation Mozarteum, est entièrement consacrée à l’enfant du pays, né le 27 janvier, avec concerts, symphonies, musique de chambre, ainsi qu’un opéra.

Puis vient le Festival de Pâques (Osterfestspiele), créé par Herbert von Karajan en 1967, avec 10 jours de concerts symphoniques, d’opéras de haut niveau et parfois de créations plus contemporaines. Quelques semaines plus tard, le Festival de la Pentecôte (Salzburger Festspiele Pfingsten Barock), également créé par Karajan, est intégralement consacré à la musique baroque.

La musique et la danse contemporaine avec les Sommerszene (juin), les musiques actuelles lors des Kulturtage (en octobre) ainsi que le jazz avec Jazz & The City (fin octobre) ne sont pas oubliés. Enfin, en décembre, Salzbourg brille de mille feux avec le traditionnel marché de Noël. Enchantement garanti dans les effluves de pain d’épices et de vin chaud.

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Vous ne venez pas à Salzbourg pendant un festival ? Il est tout de même possible d’assister à un concert que ce soit à la forteresse (Festungskonzerte), au Landestheater, au Mozarteum ou dans la magnifique salle de marbre baroque du château de Mirabell où plus de 200 récitals sont donnés chaque année. Depuis quelques mois, la cathédrale s’y est également mise avec des concerts d’orgue de 30 mn chaque jour à midi (prix d’entrée majoré d’un euro). Enfin, des spectacles de marionnettes, tradition salzbourgeoise depuis plus de 2 siècles, ont également lieu au Marionettentheater.

Explorer les trésors naturels aux portes de Salzbourg

Les Alpes sont visibles depuis la forteresse de Salzbourg. Pourquoi ne pas partir les explorer ? Le Land de Salzbourg et le Salzkammergut, aux portes de la ville, déploient de splendides paysages protégés et préservés, des sommets majestueux, de profondes forêts de résineux, des rivières et des lacs aux eaux aussi pures que cristallines. Salzbourg peut ainsi servir de base pour explorer les alentours, vraiment magnifiques, avec notamment :

- Hallein (16 km): marquée par l’extraction du sel et la présence d’une ancienne civilisation celtique (600 av JC), cette ville vaut le voyage pour son musée archéologique consacré aux Celtes. A compléter par la visite de la mine de sel et le village celte reconstitué de Bad Dürrnberg, à 3 km de là.

- La grotte de glace de Werfen (45 km) : tout simplement la plus grande grotte de glace du monde ! Visites guidées uniquement de mai à octobre, accessible par téléphérique et température au-dessous de zéro même en été !

- St Wolfgang et le Wolfgangsee (48 km) : un village de carte postale aux coquettes maisons de bois, peintes ou fleuries, au bord d’un lac aux eaux d’un bleu étincelant. L’église paroissiale du village abrite un magnifique retable gothique de Michael Pacher et, depuis le village, un train à crémaillère (40 € A/R) permet de rejoindre le mont Schafberg (1780 m). Splendide panorama à 360° depuis le sommet sur tous les lacs de la région.

- Bad Ischl (52 km) : la coquette capitale du Salzkammergut doit sa réputation à l’empereur François-Joseph qui y avait sa résidence d’été. Franz Lehar, Johannes Brahms, Robert Musil ou Stefan Zweig ont succombé aux charmes de Bad Ischl en leur temps. Ville thermale en vogue au 19^e, Bad Ischl a gardé de son âge d’or une élégance surannée et délicieusement nostalgique. En 2024, Bad Ischl sera capitale européenne de la culture.

-  Hallstatt et le Hallstätter See (71 km) : la perle du Salzkammergut, mondialement célèbre et très prisée des Asiatiques depuis que les Chinois ont eu l’idée saugrenue d’en faire une copie, attire les foules avides de publier sur leur compte Instagram un cliché de ce site hautement photogénique. Mais Hallstatt, classée au Patrimoine de l’UNESCO, vaut mieux qu’une simple image. C’est ici qu’est apparue il y a plus de 3 500 ans la première civilisation de l’âge de fer, liée à la culture du sel : « l’ère de Hallstatt ». Le musée archéologique, ainsi que la mine de sel, valent le détour. Quant au Halstätter See, avec son allure de fjord aux eaux sombres, il est tout simplement sublime !

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Il n’est pas nécessaire de louer une voiture pour explorer la région de Salzbourg et le Salzkammergut. Un dense réseau de bus et de trains régionaux permet de se déplacer facilement à travers le territoire. Pour connaître les horaires et réserver les billets, consulter le site de l’application des transports ÖBB.

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