Autriche : le Salzkammergut, l’enchantement aux portes de Salzbourg

Bad Ischl : de François Joseph à la capitale européenne de la culture 2024

Vous ne connaissez pas Bad Ischl ? Vous risquez fort d’en entendre parler dans les mois à venir. En effet, la petite capitale du Salzkammergut (15 000 habitants), située à 50 km au sud-est de Salzbourg, est la capitale européenne de la culture en 2024, en compagnie de 23 villages de cette région à cheval sur trois Länder (Salzbourg, Haute-Autriche, Styrie). Quelque 400 manifestations sont programmées autour de la thématique « le sel est la nouvelle culture », interrogeant notamment l’histoire, la politique, le social, le localisme et la mondialisation. À suivre…

Bad Ischl est loin d’être une inconnue en Autriche. Liée comme bien d’autres villes de la région à la production du sel qui a fait sa prospérité au fil des siècles, Bad Ischl a connu la célébrité au 19^e s grâce à un homme : le docteur Wirer qui y ouvrit en 1823 un établissement de cure thermale. Très rapidement, la belle société viennoise et européenne fit de Bad Ischl sa villégiature de prédilection.

Les musiciens Franz Lehar, Anton Bruckner, Johannes Brahms, Anton Weber, Johann Strauss ou Gustav Mahler, mais aussi Robert Musil, Arthur Schnitzler, Thomas Mann ou Sigmund Freud furent des habitués de la ville. Sans oublier l’empereur lui-même : François Joseph, qui y installa sa résidence d’été, où il vint chaque année de mai à octobre pendant des décennies, accompagné de son épouse Sissi.

Aujourd’hui, l’âge d’or de Bad Ischl est révolu depuis belle lurette, mais la cité a conservé ses thermes ainsi que son atmosphère élégante et surannée de ville d’eau. Les beaux édifices de l’époque impériale sont toujours là (Trinkhalle, Hotel Zur Post, villas, pharmacie d’époque…), donnant à Bad Ischl des airs de petite Vienne, où l’on peut croiser des jeunes gens en tenue traditionnelle, portant Lederhosen et Dirndl, et où, chaque année, un festival rend hommage au compositeur d’opérettes Franz Lehar.

Toujours partiellement habitée par un descendant de l’empereur, la résidence d’été de François-Joseph (Kaiservilla), une imposante villa aux murs jaunes située dans un grand parc de 18 ha, est ouverte à la visite. A l’intérieur, on découvre quelque 2 000 trophées de chasse accrochés aux murs, des objets personnels et des bustes du couple impérial, des tableaux, mais aussi le bureau où François-Joseph écrivit la déclaration de guerre de 1914. Une décision funeste pour des millions d’Européens et le destin de l’Autriche-Hongrie qui ne survécut pas au conflit. Dans le parc, l’ancien pavillon privé de Sissi abrite des expos temporaires.

Après cette visite nostalgique, on parcourt avec plaisir les rues de Bad Ischl, en passant par les allées du Kurpark avec ses kiosques à musique, avant de faire une pause gourmande à la très tradi pâtisserie Zauner ou de rejoindre les rives de la Traun, bordées de terrasses en été. Face à la rivière s’élève l’ancienne maison-musée de Franz Lehar, le célèbre compositeur de La Veuve joyeuse.

Hallstatt : de la préhistoire à Instagram

C’est désormais une icône du tourisme autrichien : le village de Hallstatt, petite perle du Salzkammergut, situé à 20 km au sud de Bad Ischl et posé comme en équilibre sur les rives du Hallstättersee. Un lac aux parois abruptes et aux eaux sombres dignes d’un fjord. Comptant parmi les sites les plus photogéniques d’Europe, Hallstatt est un lieu de villégiature apprécié depuis longtemps (Sissi et son empereur de mari aimaient s’y réfugier) et, de nos jours, une star incontestable d’Instagram.

Le destin de Hallstatt a en effet basculé en 2012 quand un entrepreneur chinois a bâti sa copie conforme près de Guangdong. Depuis, des millions de touristes asiatiques sont venus envahir les ruelles médiévales du « vrai » Hallstatt pour faire un selfie sur fond de lac alpin. Certains, croyant visiter un musée, sont même allés jusqu’à entrer chez les villageois pour utiliser leurs toilettes !

Depuis le Covid, Hallstatt est moins encombré qu'auparavant, mais vous n'y serez pas seuls ! On vous conseille d'arriver en fin d'après-midi (ou mieux de passer la nuit ici) pour profiter au calme des ruelles étroites, des passages voûtés, des maisons de poupée (dont certaines sur pilotis au bord du lac) de ce magnifique village.

On ne manquera de pousser la porte de son adorable église paroissiale surplombant le lac et de son étonnant ossuraire, de sillonner en bateau son sublime lac flanqué d’impressionnantes falaises rappelant la Norvège ou de grimper jusqu’au Skywalk, terrasse suspendue dans le vide à 360 m de hauteur, offrant une sublime vue sur le lac et le village.

Bon à savoir : depuis le point de vue le plus célèbre sur le village en bord de lac, il faut prendre la photo de préférence le matin. L’après-midi, à partir de 15h, le village est plongé dans la pénombre.

Hallstatt, classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO, ne se réduit toutefois pas à un sublime décor. Derrière ce village de conte de fées se cache toute une civilisation : celle de la « culture de Hallstatt » une civilisation celte qui s’est développée entre 1 200 et 450 av J.-C., au tournant de l’âge de bronze et l’âge de fer. Elle doit son nom à la découverte d’une nécropole de quelque 2 000 tombes près des mines de sel de Hallstatt.

Dans le village, le Museum Hallstatt fait le point sur cet âge préhistorique en présentant des pièces archéologiques remarquables. Une visite que l’on pourra compléter par celle de la mine de sel (Salzwelten) qui est l’une des plus anciennes encore en activité au monde. Elle serait exploitée depuis 7 000 ans…

Sankt Wolfgang : du lac aux sommets

Autre lac, autre ambiance : à 12 km à l’ouest de Bad Ischl et 25 km de Salzbourg, le Wolfgangsee étale, au cœur des vertes prairies, des forêts de résineux et des montagnes, ses eaux couleurs bleu perle les jours ensoleillés, invitant à la dolce vita. Randonnées, sports nautiques, voile, ski nautique, croisières sur le lac : le Wolfgangsee se prête à toutes sortes d’activités et on s’y baigne avec plaisir dans une eau pouvant atteindre les 23° en été.

Outre le coquet Sankt Gilgen, village natal de la mère de Mozart, le lac vaut le détour pour Sankt Wolfgang, un délicieux village de carte postale avec ses maisons aux façades peintes et fleuries. C’est un véritable bonheur que de déambuler, plutôt le matin ou en fin d’après-midi, dans ses ruelles piétonnes, un œil sur les balcons, l’autre sur le lac étincelant.

Important lieu de pèlerinage depuis le Moyen Âge, St Wolfgang abrite dans son église paroissiale (11^e – 14^e s) un chef-d’œuvre de sculpture gothique : un retable en bois signé par l’artiste tyrolien Michael Pacher au 15^e s. Juste à côté, au bord du lac, s’élève la célébrissime Auberge du Cheval blanc (Weisses Rössl) qui a donné son nom à l’une des opérettes les plus connues de l’entre-deux guerres... elle connut même son heure de gloire à Broadway sous le titre de « White Horse Inn ».

Enfin, depuis St Wolfgang, un train à crémaillère (A/R : 40 €) permet de rejoindre en 45 mn (mai à octobre) le sommet du Schafberg (1 782 m). D’en haut, sublime panorama à 360° sur les montagnes, dont le massif du Dachstein et le Watzmann en Bavière, ainsi que les lacs du Salzkammergut, dont le Wolfgangsee, le Mondsee, l’Attersee et le Fuschlsee. Les plus courageux pourront également y randonner. On peut également s’y restaurer et même y passer la nuit à l’hôtel Schafbergspitze (mai – septembre), histoire de se rapprocher des étoiles et de tutoyer les marmottes une fois la nuit tombée.