Sri Lanka : Bentota, entre plages et découvertes
Située sur la côte sud-ouest du Sri Lanka, à une soixantaine de kilomètres au sud de Colombo et à peine plus de Galle, Bentota a tout d’une station balnéaire idyllique. Que faire à Bentota après avoir lézardé sur la grande plage de sable blond bordée de cocotiers ? Il y a pas mal de découvertes à faire par ici : temples bouddhistes anciens, balades dans la mangrove, fabrication de cannelle et de masques traditionnels… Bentota, c’est aussi le terrain de jeu de l’un des plus grands architectes d’Asie au XXe siècle, Geoffrey Bawa. En route pour une escapade entre nature et culture !
Préparez votre voyage avec nos partenairesBentota, côté plage
Ce qui saute d’emblée aux yeux, à Bentota : l’omniprésence de l’eau. La station balnéaire se love en effet entre l’océan Indien et la rivière qui s’y jette : Bentota, aussi appelée Bentara.
Avec des kilomètres de sable blond tout fin, sa grande plage a de quoi satisfaire toutes nos envies de farniente. Tout du long, les cocotiers côtoient de drôles de plantes touffues aux multiples racines et dont le fruit fait penser à l’ananas. Des pandanus kaida kurz ou, pour plus local et plus poétique, wetakeyiya, en singhalais. Ils apportent un peu d’ombre aux loueurs de planches de surf, à l’entrée de la plage : eh oui, les amateurs de glisse trouvent ici leur compte, dans les belles vagues de l’océan Indien… Baigneurs, en revanche, attention : les courants sont réputés pour être forts et dangereux !
Pour une virée plus paisible au fil de l’eau, la rivière juste derrière s’explore volontiers en canoé. La quiétude du canoé permet d’observer de très beaux oiseaux, comme le martin-pêcheur, entre autres varans, qui passent inaperçus dans les feuillages de la mangrove… S’il y a également des crocodiles ? La réponse est oui !
On profite de remonter la rivière pour faire une halte au temple Galapatha Rajamaha Viharaya. Il abrite les vestiges d’un ancien temple bouddhiste, dont les origines remontent au XIIe siècle. La vieille arche en pierre, aux piliers gravés, est une vraie splendeur. À l’intérieur du temple, on jette également un œil au grand Bouddha couché, ainsi qu’aux peintures. Le coin abrite d’autres temples très anciens.
Un autre temple bouddhiste mérite le détour, à 3 km de Bentota dans les terres : Kande Vihara. Il recèle l’une des plus grandes statues de bouddha assis au monde : 48 m de haut ! Impossible de passer à côté, on l’aperçoit déjà de très loin. Arrivé aux pieds de son premier escalier, le bouddha littéralement géant paraît irréel.
Le Sri Lanka est réputé pour sa médecine ayurvédique, dans laquelle les plantes médicinales et les massages sont centraux. Au bord de la rivière Bentota, à moins de 2 km de l’embouchure, rendez-vous au Laluna Ayurveda Resort, au cadre et au personnel charmants.
Sur les traces de Bawa, architecte le plus célèbre du Sri Lanka
Les environs de Bentota abritent de nombreux édifices signés Geoffrey Bawa (1919-2003), l’architecte sri lankais le plus important et le plus influent du pays au XXe siècle. Et même, l’un des plus importants d’Asie ! Il a commencé sa vie en tant qu’avocat – vocation insufflée par sa famille – après des études de droit à Cambridge. Mais son véritable rêve, devenir architecte, il finit par le réaliser plus tard, à l’âge de 38 ans…
Son diplôme de l’Architectural Association de Londres en poche, il brille très vite, s’imposant rapidement comme un architecte doué et inventif. Il s’installe définitivement au Sri Lanka en 1957 et devient l’un des principaux représentants d’un style architectural où la nature est centrale et les édifices pensés pour durer : le « modernisme tropical ». On fait appel à lui aussi bien pour des maisons privées et des hôtels de luxe, que des écoles, universités, usines, bureaux, bâtiments publics et sociaux… Au Sri Lanka, bien sûr, mais également en Asie (Inde, Indonésie, Pakistan, Japon…) et dans le monde entier (Fidji, Maurice, Égypte…).
Au Sri Lanka, il a signé notamment : la gare ferroviaire de Bentota ; les hôtels Jetwing Lighthouse à Galle et Heritance Kandalama à Danbulla ; le Bishop’s College à Colombo ; le restaurant Gallery Café, à Colombo, le Sri Lankan Parliament Building, à Kotte ; l’Agrarian Research and Training Institute à Colombo ; le Ruhunu University Campus à Matara ; l’Industrial Estate à Pallakelle ; la State Mortgage Bank à Colombo…
Et c’est à Bentota que se trouve l’une de ses réalisations les plus emblématiques : Lunuganga, sa maison de campagne, aux abords du lac Dedduwa (attention, pensez à réserver votre visite bien à l’avance !). De cette ancienne plantation de caoutchouc à l’abandon acquise en 1948, il a façonné un vrai petit paradis tropical. Jusqu’en 2003, il fut à la fois son havre de paix et son « laboratoire ». Très vite, on saisit ici l’âme du modernisme tropical, à savoir une frontière extérieur-intérieur floue, qui donne la sensation (très plaisante !) de faire partie de la nature et de ne jamais être enfermé.
Les balades dans cette incroyable propriété se révèlent poétiques et oniriques. Les bâtiments, qui semblent ne jamais avoir bougé, se fondent dans un décor naturel luxuriant. La jungle fait partie des meubles et les sols rappellent l’amour de Bawa pour les damiers. L’architecte a également créé du mobilier, comme la jolie chaise amour. Jarre de Chine du XVIe siècle, statue gréco-romaine… les jardins mêlent diverses influences et un grand nombre d’essences.
Parmi les arbres, on retrouve canneliers, jacquiers, arbres à pain et, bien sûr, des frangipaniers, arbres chéris de Bawa ! Sa fleur, magnifique, fait d’ailleurs partie des offrandes les plus populaires, dans les temples bouddhistes. Elle est même surnommée « temple flower ».
Le Bentota Beach, à une minute à pied de la plage de Bentota, fut le tout premier hôtel designé par Bawa, en 1967. Même sans y séjourner, il est possible de le visiter et de s’y arrêter boire un verre. Reconstruit en 2019, cet hôtel 5 étoiles, aujourd’hui propriété du groupe sri lankais Cinnamon, diffère désormais beaucoup de l’original, mais l’esprit Bawa subsiste par endroits. On retrouve les codes du modernisme tropical : de grandes baies vitrées en teck laissent entrevoir l’extérieur, où s’épanouissent des frangipaniers centenaires. Eh oui, les protégés de Bawa sont encore sur pied, aussi bien au niveau du bassin de l’accueil que de la piscine – où il avait volontairement laissé les pierres, gardant l’eau bien chaude !
Lac Madu Ganga et ville d’Ambalangoda : cannelle et masques traditionnels
À 20 km au sud de Bentota, une autre rivière vient se jeter dans l’océan Indien : Madu Ganga. Au niveau de Balapitiya, elle vient d’abord former une grande lagune : le Madu Ganga Lake. Une grande zone humide parsemée d’une soixantaine de petites îles et îlots, habités pour certains. Elle déploie un paysage emblématique des littoraux lagunaires : la mangrove, très présente dans le district de Bentota.
Des safaris en bateau, par exemple avec Gangabada Asiriya, permettent de découvrir cet intrigant milieu humide – quelque 8 000 ha au Sri Lanka –, peuplé de poissons, crabes, crevettes, varans, cormorans, crocodiles et autres singes. Les tunnels de racines des palétuviers – ces arbres rois de la mangrove capables d’évoluer en milieu salé – lui donnent par endroits des airs d’Amazonie.
Les prestataires proposent des haltes sur certaines îles. Celle de la cannelle, notamment : Cinnamon Island. Très utilisée au Sri Lanka (en cuisine, en médecine…), cette épice provient de l’écorce du cannelier. Un artisan en sarong – grand tissu enroulé autour de la taille, tenue traditionnelle des hommes – nous fait découvrir le processus de fabrication des bâtons de cannelle.
Il se débarrasse d’abord de l’écorce extérieure des branches pour extraire l’écorce intérieure, en fines couches, ensuite enroulées ensemble et mises à sécher. La cannelle de Ceylan se distingue ainsi de la « cannelle casse », aussi appelée « fausse cannelle », en une seule couche, certes moins onéreuse mais aussi bien moins savoureuse. Il nous montre également volontiers comment sont tressées les palmes des cocotiers, utilisées pour les toits sri lankais traditionnels.
Dans la ville voisine d’Ambalangoda, rendez-vous au musée-atelier Ariyapala Traditional Masks. Dans l’atelier, on assiste à la fabrication des masques sri lankais traditionnels, aux couleurs vives, langues pendantes et toutes dents dehors ! Ils sont réalisés avec du bois de kaduru : léger, il rappelle le balsa. Il est d’abord coupé en morceaux, puis fumé, avant d’être transformé en masques. Ils prennent vie entre les mains des artisans, au gré de leurs outils et pinceaux. Ils sont ensuite mis en vente dans la boutique attenante.
Pour découvrir la tradition des masques au Sri Lanka, on ne manque pas de faire un tour au petit musée, qui en expose de très anciens. On découvre qu’il en existe trois types : pour les danses folkloriques (kolam), pour les fêtes et processions (raksha) et pour guérir les maladies (sanni). Les « Sanni » représentent 18 démons, à l’origine de 18 maux : Giijala (fièvres), Amukku (vomissements), Deva Sanniya (maladies infectieuses)… Bon à savoir : la célèbre cité fortifiée de Galle n’est plus très loin : 32 km.
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Bonnes adresses
– Chitra Ayurveda Hotel : Sri Dharmarama Rd, Sooriyagoda. Tél. : 071-888-58-26. Doubles 70-80 $. Une très belle maison blanche dans un jardin paisible. Chambres carrelées et décorées de bois, très tranquilles. Accueil charmant, excellents petits déjeuners et massages (payants).
– Lunuganga : la maison principale de la propriété de Bawa abrite un restaurant, avec vue imprenable sur le lac. Dans les assiettes, une délicieuse cuisine sri lankaise traditionnelle (rice and curry, hoppers…), à savourer dans un cadre idyllique. Une belle façon de prolonger la visite de ce lieu extraordinaire ! Il est également possible d’y séjourner.
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Texte : Aurélie Michel
Mise en ligne :