La Catalogne en mode durable : 5 expériences de slow tourisme
Quand on évoque la Catalogne, on pense le plus souvent aux plages de la Costa Brava et à Barcelone, ses trésors architecturaux, sa vie nocturne festive. C’est oublier un peu vite qu’une grande partie du territoire catalan a un autre visage, moins touristique et plus rural, où il fait bon ralentir, faire de belles balades au cœur de la nature et découvrir des savoir-faire, des traditions et une gastronomie restés authentiques.
Pour un voyage en mode slow, nous vous proposons cinq étapes dans trois comarques (l’équivalent espagnol de nos communautés de communes) de l’arrière-pays catalan : Anoia, Les Garrigues et Ribera d'Ebre, qui gagnent à être connues. Nous avons choisi de vous présenter des lieux et des expériences où le bio, le local et les savoir-faire traditionnels sont mis à l’honneur. L’occasion aussi de faire de jolies rencontres et de découvrir la région de manière différente et originale.
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Rayonner à pied ou à vélo autour d’Igualada
À seulement 40 min de Barcelone, l’Anoia nous fait oublier l’agitation de la grande ville. Même sa préfecture, Igualada, a des allures de paisible bourgade, et il n’y a pas foule sur la jolie place de la mairie. Quand on sait qu’il n’y a ici que 3 hôtels, on comprend qu’on est loin du tourisme de masse.
La cité, qui était autrefois réputée pour le commerce du cuir, est un bon point de départ pour aller randonner sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle ou de San Ignacio.
Si vous préférez le vélo, rendez-vous plus au nord, à Calaf. Il est possible d’y louer un VTT électrique chez la baCiCleta, tenu par Anna et Jaume, un couple sympathique qui a à cœur de faire découvrir leur petite ville et ses environs. Parmi les formules proposées, vous pourrez pédaler entre les vignes (avec visite de cave et dégustation), faire une sortie vélo et yoga, ou encore rouler jusqu’à l'observatoire météorologique et astronomique de Pujalt.
La météo fait grise mine ? Qu’à cela ne tienne, allez donc visiter le musée du Cuir à Igualada, ou alors filez vers le sud jusqu’à Capellades, pour voir le musée du Papier, installé dans un ancien moulin du XVIIIe siècle, où vous pourrez assister à des démonstrations de fabrication traditionnelle de papier artisanal.
Faire une balade artistique au milieu du vignoble catalan
En roulant sur les petites routes des Garrigues (au sud-ouest de l’Anoia), on se dit que la comarque porte bien son nom, avec ses paysages grillés et ses terres sèches où pousse une maigre garrigue ponctuée d’oliveraies et de hameaux dont l’habitat sans fioriture reflète bien la vie rurale que l’on y mène depuis des siècles.
Nous sommes pourtant ici dans la province de Lleida, considérée comme le grenier de la Catalogne (certains disent de l’Espagne) et où sont cultivés quantité de fruits.
On y produit aussi du vin, comme au Mas Blanch i Jové, près du village de la Pobla de Cérvoles, à 1 h de route de Tarragone. Un lieu à part, où une famille a fait le pari en 2006 de faire pousser des vignes en bio sur 25 ha de terres arides à 700 m d’altitude. En dehors du fait que les vins produits ici sont très bons, les lieux ont l’originalité d’exposer de manière permanente des œuvres d’art contemporain.
Dans la cave, les murs s’ornent d’une immense fresque créée par l’artiste Gregorio Iglesias Mayo. Et au cœur des vignes (dans la Vinya dels Artistes, « Vigne des artistes » ), 16 œuvres sont visibles, dont la grande arche métallique d’Assumpció Mateu, où se reflètent le ciel et le paysage, ou encore la cloche du sculpteur Evru.
Des QR codes donnent des infos sur les œuvres, et l’accès aux vignes est gratuit, la volonté des propriétaires étant de mettre l’art à la portée de tous. Un bel endroit pour se promener, se ressourcer, et faire provision de bon vin !
Le Mas Blanch i Jové propose un copieux « petit déjeuner catalan » (entre 10 h et 14 h), avec fromage, charcuterie, pain, tomate, amandes grillées et huile d’olive (produites ici), accompagné de 4 vins. La formule inclut aussi la visite guidée de la cave avec, bien sûr, la possibilité de faire un tour dans les vignes. Adultes : 27 €. Enfants : 10 € (5-11 ans) à 14 € (12-17 ans). Min 2 pers., réservation au moins 5 jours à l’avance.
Partir sur la route de l’olive dans Les Garrigues
Le territoire des Garrigues est réputé pour son huile d’olive, dont on dit ici qu’elle est l’une des meilleures du monde. Il est vrai que l’on trouve ici d’excellentes huiles, dotées de l'appellation d'origine la plus ancienne de toute l'Espagne.
Pour en savoir plus, direction le moulin d’Olicatessen, près du hameau d’Els Torms. Dans un hangar entouré d’une grande oliveraie aux arbres centenaires est produite une huile bio et extra-vierge de grande qualité. On cultive ici l’arbequina, une olive qui donne une huile fruitée et douce, pressée à froid et réputée pour son degré d’acidité très bas, mais aussi d’autres variétés anciennes typiques de la région, comme la negral. Vous pouvez faire vos emplettes à la boutique du moulin.
Et, si vous avez envie d’en apprendre davantage sur l’art de fabriquer cette huile d’exception, Olicatessen propose différentes expériences dans son oliveraie : dégustations, visites permettant d’assister aux étapes de fabrication de l’huile au moment de la récolte, lorsque les olives sont pressées (de mi-octobre à fin novembre), balades contées, ateliers pour préparer des olives de table ou encore fabriquer une lampe à huile (réservation obligatoire).
Dans le paisible village de la Pobla de Cérvoles, l’ancien moulin – un grand édifice de pierres – abrite aujourd’hui l’hôtel de ville et l’écomusée de l’huile, qui est consacré à la culture de l’olive.
Séjourner à la ferme dans la Ribera d’Ebre
Le paysage change lorsque l’on pénètre dans la Ribera d'Ebre, dans le sud de la Catalogne, à moins de 45 min de route de Tarragone. Baignées par l’Ebre, véritable ligne de vie de la comarque et plus long fleuve de la péninsule ibérique, les terres se font plus fertiles, les arbres fruitiers voisinant avec les oliviers et les amandiers.
Dans cette région peu fréquentée par les touristes, et même par les Catalans, on peut goûter à la vie de la ferme à Tivissa, au Mas de l’Illa, un hôtel rural installé au bord de l’Ebre, sur un domaine qui cultive 50 ha en agriculture biologique, et se convertit à la biodynamie. Une exception en Catalogne et l’une des plus grandes exploitations écologiques d’Espagne.
La famille à la tête du domaine, d’une grande gentillesse, tient à transmettre sa passion de la nature et du bio. Rosa et sa fille Laïa proposent à leurs hôtes des ateliers : fabrication de pain, de jus ou de confitures, cours de cuisine à base de produits cueillis dans le jardin, où poussent toutes sortes de fruits et de légumes, parmi lesquels figurent des variétés anciennes.
Il est aussi possible de faire des dégustations de vins (20 €/pers.), notamment ceux de la cave de l’Encastell.
Pour vivre d’autres expériences sur le mode slow, vous pouvez faire appel à une agence locale, comme El Brogit, qui s’est spécialisée dans l’écotourisme et l'œnotourisme et propose des séjours thématiques dans la Ribera d’Ebre. Ou, en solo, faire de belles randos sur le GR 99, le « chemin de halage », qui suit le cours de l’Ebre. À moins que vous ne préfériez vous poser dans la réserve naturelle de Sebes pour observer les oiseaux.
S’initier à la poterie dans la Ribera d’Ebre
La Ribera d'Ebre possède aussi de charmants villages, comme Miravet. Accroché à flanc de falaise, il joue à se refléter dans le miroir de l’Ebre, qu’il surplombe.
Ici, la tradition de la céramique est ancestrale. Elle remonte au temps des Ibères et a aussi été influencée par le savoir-faire des Arabes. Certes, il ne reste plus que 6 ateliers dans le village (contre 30 dans les années 1940), mais les techniques se perpétuent.
Ainsi, dans la famille de Josep Papaseit, on est potier depuis 6 générations. Dans son atelier (Ceràmiques Papaseit), ce dernier propose des initiations à la poterie, avec de l’argile venant du delta de l’Ebre.
La formule la plus courte inclut la création d’une pièce sur le tour, ainsi qu’une visite de l’atelier, où l’on découvre des plats traditionnels, comme la pitança (15 € + 5 € si l’objet créé est cuit). Si vous avez plus de temps, il est aussi possible de faire un stage de 3 jours.
Si, à Miravet, la céramique est surtout une affaire d’hommes, ce sont les femmes qui perpétuent l’autre spécialité de la Ribera d’Ebre en matière d’artisanat : la vannerie. Une tradition encore bien vivace, notamment sur la commune de Rasquera.
Fiche pratique
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Office du tourisme de Catalogne
Comment y aller et se déplacer ?
– En train : en fonction de votre itinéraire, vous pouvez vous rendre à Lleida (Lérida) ou à Igualada depuis Barcelone. Après quoi, vous vous déplacerez en voiture (ou à vélo pour les plus sportifs).
– Breathing Land (une émanation du projet Med Pearls) promeut le slow tourisme dans les régions du pourtour méditerranéen : Égypte, Grèce, Italie, Jordanie, Palestine et Espagne, avec les trois comarques de l’Anoia, des Garrigues, et de la Ribera d’Ebre. Son site liste plus de 200 expériences « slow » proposées par des agences locales.
Bonnes adresses
– Mas de l’Illa, à Tivissa : un hôtel rural familial situé entre fleuve et montagne, pour un séjour d’agritourisme, dans un domaine écolo. 5 jolies chambres, de 95 € à 120 € la nuit, petit déj inclus. Pique-nique sur demande. Déjeuner ou dîner possible pour les groupes constitués, sur réservation (25-30 €/pers.).
– Casa Llobera, à La Pobla de Cérvoles : beaucoup de charme et déco recherchée dans cet hôtel chic installé dans une élégante bâtisse datant de la fin du XVIIIe siècle. Joli jardin. Restaurant. Accueil très sympa. À partir de 200 € la nuit.
– Masia la Figuera, à L’Astor-Pujalt : dans ce restaurant du petit village de L’Astor, aux charmantes maisons de pierre, on goûte à une cuisine traditionnelle et locale. Les légumes viennent du jardin des propriétaires, qui sont agriculteurs et élèvent des animaux, notamment des chèvres. Pour un solide menu 3 plats, comptez 23,95 € (+TVA).
– Castell d’Orpí, à Orpí : ce restaurant est installé dans un lieu historique : un château médiéval datant du Xe siècle et qui se situait jadis à la frontière entre les comtés catalans et Al-Andalus. On y déguste une cuisine traditionnelle catalane, mâtinée de petites touches d’originalité. Une bonne adresse.
– Cal Roure, à Igualada : cette maison de famille datant du XVIIIe siècle a été transformée en hôtel de charme intimiste (4 chambres), avec vue imprenable sur la place centrale d’Igualada. 120 € la nuit, petit déj inclus. Également un bar à cocktails, El Cel (ouvert les vendredis et samedis soir en hiver).
– Somiatruites, à Igualada : un hôtel design installé dans une ancienne fabrique de peau. Ambiance futuriste dès le check-in, où l’on prend votre empreinte digitale (qui vous servira de clé). La déco est signée de l’architecte Xavier Andrés. Côté resto, on retrouve son frère. Sur le toit, un potager et un poulailler ont été installés. 120 € la nuit sans le petit déj.
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Texte : Olivia Le Sidaner
Mise en ligne :
