Naxos : 5 raisons d’y aller
Dans les Cyclades, Naxos est l’île des superlatifs : la plus grande (430 km2), la plus haute (1001 m), la plus gâtée en ressources naturelles. Normal quand on a été le berceau des dieux. Zeus y aurait grandi. Dionysos y serait né. La République de Venise ne s’y était pas trompée puisqu’elle la consacra capitale du duché des Cyclades (XIIIe-XVIe siècles). Et ses paysages ne sont pas en reste…
Naxos a beau être très fréquentée en été, sa superficie lui laisse de beaux coins à découvrir au fil de prodigieuses routes de montagne plongeant sur des criques azur. Randos, plages, patrimoine archéologique sont au rendez-vous…
Cap sur Naxos, l’île opulente, à moins d’une heure de ferry des célébrissimes Paros et Mykonos !
Préparez votre voyage avec nos partenairesChora, la capitale de Naxos, entre Apollon et Venise
Le vieux Chora (ou Hora), le chef-lieu et port de Naxos, défie les siècles et la partie moderne de la ville. Les murailles du kastro sont là depuis le XIIIe siècle et la domination vénitienne de Marco I Sanudo. De loin, elles apportent leur touche brune à la blancheur citadine.
À l’intérieur, on aime se perdre dans son réseau de ruelles serrées. Avant de redescendre vers le port, qui concentre boutiques, bars et restaurants ; allez jeter un œil à la petite cathédrale catholique. On est loin des standards continentaux, même si tout n’est pas une question de taille. D’ailleurs, ce serait la plus ancienne église catholique de Grèce. Actuellement, l’une des curiosités, l’icône pivotante à double face (face A : Marie, face B : saint Jean-Baptiste), est en rénovation.
Sachez que c’est à Chora que Thésée, ingrat comme pas deux, aurait plaqué Ariane. Plus précisément sur l’îlot de Palatia, où trône un portique, la Portara (VIe siècle av. J.-C.), seul vestige du temple inachevé d’Apollon. Vu le monde qui s’y presse au crépuscule pour figer le soleil dans cette lucarne, sûr que la pauvre Ariane n’aurait eu aucun mal à lui trouver un remplaçant…
Dans la ville haute, non loin de la cathédrale, ne manquez pas le Musée archéologique, pour ses intéressantes collections, du Néolithique au début de l’époque romaine, notamment les pièces de la civilisation cycladique, découvertes à Naxos ou dans les Petites Cyclades voisines. Également des vases, bijoux, verrerie romaine et, dans la cour-terrasse, une belle mosaïque de l’époque hellénistique (Tlj. 9h-14h ; en hiver le w-e seulement).
Les villages de l’arrière-pays de Naxos
L’arrière-pays de Naxos mérite d’être exploré pour ses paysages, mais aussi ses villages restés authentiques.
Alangui dans la vallée de Tragea, voici Halki (ou Chalkio), qui dut pendant longtemps son statut de « capitale économique » à sa situation géographique, centrale et à la croisée des chemins. Ce glorieux passé se devine encore dans certaines habitations richement architecturées (balcons et toits) et dans la tour vénitienne Barozzi-Gratsia datant du XVIIe siècle.
Il est impensable d’être à Halki sans aller se pâmer, à 10 minutes de marche, devant les fresques de l’église Agios Giorgios Diassoritis (de juillet à septembre, avant 15h ; gratuit). C’est beau, c’est byzantin et c’est superbement conservé. Vierge à l’Enfant, Christ Pantocrator, apôtres (XIe, XIIe et XIIIe siècles), tout le monde est là.
Et puisque l’on est dans les bondieuseries, on continue, trois kilomètres plus au nord, avec la Panagia Drossiani (VIe-VIIe siècles), traduisez par « Notre-Dame-de-la-Rosée », l’une des plus vieilles églises de Grèce, déroutante avec ses chapelles caverneuses. Ses fresques auraient près de 1 400 ans (vérifiez les horaires, don à l’entrée).
Apiranthos, plus à l’est, ne manque ni de charme, ni de tours vénitiennes (voyez la gardienne des lieux, la tour Zevgolis), ni de rues dallées de marbre, ni de murs blanchis à la chaux, ni d’arcades… Bref, vous l’aurez compris, beauté, harmonie, rien de nouveau sous le soleil des Cyclades. On serait presque blasés.
Koronos, qui se gagne, plus au nord, par une route magnifique, reprend à son compte cette formule en y adjoignant le vert du mont Koronos, l’un des plus hauts de l’île. C’est dans cette région (Smyridochoria) qu’était extrait l’émeri, qui fit jadis la richesse de Naxos avec le marbre et le granit. Quelque 50 mines seraient encore exploitées
Vous ne pouvez pas quitter Naxos sans avoir goûté le nectar local, le kitron, une liqueur concoctée à partir des feuilles de cédratier (le cédrat a l’apparence d’un citron tout bosselé et le goût d’un citron très amer). À Halki, la distillerie Vallindras, qui officie depuis la fin du XIXe siècle, est une mine d’infos sur cet étrange breuvage. En plus, c’est gratuit.
Kouros, temples et tours : Naxos antique
Terrassés ces grands dadais de kouros (statues de jeunes hommes) ! Ils ont beau faire plusieurs mètres sous la toise, ils rongent leur frein depuis des siècles dans des champs ou des collines… Poésie triste que de voir ces escogriffes mal dégrossis sur le flanc. Mauvaise qualité du marbre, problème de transport, les raisons de cet abandon ne sont pas claires.
Tout près de la route, à l’entrée d’Apollonas, gît peut-être le plus imposant d’entre eux. Il a été sculpté au VIIe siècle av. J.-C., mesure 11 m et représenterait Dionysos (ou Apollon, allez savoir), l’enfant-dieu du pays. Une jolie balade embranche Koronidas à Apollonas (1h45) et se termine aux pieds du Dieu. Sinon, le trajet entre Chora et Apollonas en met plein la vue.
À Melanes, deux autres spécimens (5,50 m de haut), du VIe siècle là encore, ont connu le même sort. Le premier, le kouros de Flerio, est resté en plan pour une jambe cassée ; le deuxième, de Faragi (à 15 minutes), pour un panard amputé.
S’il ne reste pas grand-chose du temple de Dionysos (entrée libre), à l’ouest de Naxos, celui de Déméter (4 € l’entrée, seulement en cash), plus au sud, a davantage d’arguments et de pierres à faire valoir. D’Ano Sangri, une promenade d’une heure vous y emmène. Ce temple du VIe siècle av. J.-C. (530) aurait été dédié à Apollon, Déméter et Koré, connus pour leur bonté fertile. Il servit ensuite de basilique au Ve-VIe siècles ap. J.-C. jusqu’à son abandon au VIIIe siècle.
Il n’y a pas que l’Antiquité dans la vie. Il y a aussi les tours. À 10 minutes en voiture du temple de Déméter, vous trouverez la tour Bazeos (XVIIe siècle). Cet ancien monastère racheté, à la fin du XIXe siècle, par une riche famille du coin – les Bazeos, logique – accueille désormais des événements culturels et des expositions. L’iconostase est somptueuse et un étrange porte-flambeau sort des murs. La tour de Glezos, à Chora, héberge, elle, sur ses quatre niveaux, le Musée byzantin de Naxos.
Les plages de Naxos
Qui dit île des Cyclades, dit évidemment plages paradisiaques. On n’invente rien. Dans les années 1960-1970, les hippies avaient jeté leur dévolu sur Plaka Beach, à l’ouest, long segment de sable doré bordé par les genévriers. La population a évidemment changé alors qu’elle est l’une des plus prisées de Naxos, surtout au crépuscule.
Elle prolonge une autre tête d’affiche du coin, la plage d’Agia Anna. Même succès, dans les années 1970-1980 ici, même liseré d’épineux, mêmes eaux turquoise. Mais la reine du littoral occidental est la paralia Agios Prokopios, pas la dernière dans les classements des plus belles plages de Grèce et d’Europe. On ne se répètera pas. C’est tout ce qu’on a dit avant, en plus grand, plus clair mais aussi plus construit et plus fréquenté. Visez la partie ouest, moins encombrée. Sinon, l’Agiassos Beach, plus au sud, est moins bâtie, plus préservée et moins courue. Allez comprendre…
Si l’ouest tient le haut du pavé sablé ; au nord, d’autres baies plus confidentielles et non moins pittoresques se gagnent au prix d’un petit effort. Sur la route d’Apollonas, deux criques magiques : Agios Fykas et Itonas (ou Ytonas), des havres de paix baignés par une mer aigue-marine.
Les plages du sud (Klidos, Kalantos, Psili Ammos, Panormos), qui obligent à pas mal de route, sont plus désertes.
À Alyko, il y a trois belles plages vite surpeuplées (Alyko, Kedros et Hawaii), une forêt de cèdres, mais surtout un hôtel jamais fini et abandonné sur lequel les artistes urbains (le street artist WD en tête) se font la main depuis des années. Faites attention où vous mettez les pieds, les trous sont nombreux.
Les randonnées à Naxos
Naxos offre de nombreuses possibilités aux randonneurs, à commencer par l’ascension du toit des Cyclades (1 001 m d’altitude) : le mont Zeus (mount Zas)… pas encore l’Olympe, mais ça grimpe !
Attaquez-le au petit matin lorsque les chaleurs ne sont pas encore (trop) accablantes - n’oubliez pas d’emporter de quoi vous désaltérer. La source d’Aria (l’eau est potable), qui ouvre l’un des chemins d’accès, est l’ultime spot fraîcheur avant que les affaires sérieuses ne commencent. Au bout de 20 minutes, vous aviserez la grotte (Zas cave) où Zeus est monté en graine.
Quelque 50 minutes de plus de gros cailloux, de murets de pierres sèches et d’acide lactique dans les cuissots et vous atteindrez, à 1 000 m d’altitude et des poussières, le plus haut sommet des Cyclades : 360° de bleu et d’îles lointaines dans les mirettes méritent bien un peu de courbatures le lendemain.
À partir de Filoti, plus gros village de la vallée de la Tragea, une belle balade vous fera, d’abord, découvrir la chapelle Agia Marina (30 minutes). À gauche de celle-ci, un adorable chemin qui alterne champs et vignobles pour arriver, 45 minutes plus tard, au village de Danakos. De là, le monastère de Fotodotis (les horaires changent tout le temps mais essayez d’y aller avant 15h ; ce conseil vaut pour tous les monuments de Naxos) se rejoint en 30 minutes en empruntant, notamment, un harmonieux escalier de pierre. Il serait le plus vieux monastère fortifié de Naxos, construit au IXe siècle sur les ruines d’une basilique du VIe. Au rez-de-chaussée, prenez le temps de détailler l’iconostase de marbre de l’église. L’étage n’a que peu d’intérêt. On s’est arrêté là mais certains continuent jusqu’à Apiranthos (comptez 1 heure de rab).
Il existe d’autres sentiers, particulièrement nombreux, menant aux 120 églises byzantines avec fresques que compte Naxos. En voici un. Objectif : l’Agia Kyriaki du IXe siècle, à 3 km d’Apiranthos. Très belle route « marbrée » (kalderimi) qui serpente dans la vallée. Les directions sont bien indiquées, la balade est facile, les paysages admirables. À mettre entre toutes les chaussures de randonnée.
D’autres idées de randonnées détaillées sont consultables sur le site cycladen.be.
Notre coup de cœur ! Pour atteindre les chutes de Routsouna, au nord, il faut partir du petit village de Keramoti. Pas un chat mais un chien gueulard qui indique que l’on est sur le bon chemin (il faut traverser le bourg et descendre). Après 45 minutes d’une marche pas trop compliquée, une cascade toute riquiqui (foutue sécheresse) se déverse, 20 m plus bas, à 5 minutes de fesse-glisse, créant un mini lac, parfait pour une trempette régénératrice parmi les têtards, les libellules et les notonectes (attention aux piqûres).
Fiche pratique
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Comment y aller ?
Vols quotidiens via Athènes depuis Paris-CDG et d’autres aéroports français avec Aegean Airlines et Sky Express.
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Naxos est reliée quotidiennement par ferry au Pirée (5h30, mais certains ferries à grande vitesse ne mettent que 3h), à Mykonos (40 min) et Paros (30-45 min).
Location de scooter (les distances peuvent être longues mais ça se fait) conseillée pour explorer l’île.
Bonnes adresses
– Despina’s Rooms : en contrebas de l’hôtel-château Zevgoli, à Chora. Une pension aux volets bleus qui propose des chambres simples, parfois un peu petites (surtout la douche !), mais généralement hautes de plafond, coquettes et bien tenues. Avr-sept. Doubles 30-60 €.
– Doukato : un conseil d’ami, réservez. Ce restaurant, à l’écart du brouhaha du port, a beaucoup de succès avec ses tables dans sa cour arborée. On assiste à une valse de serveurs et de saveurs. Linguine aux fruits de mer, calamars, pêche du jour et le fameux kalogeros (un empilement de bœuf et d’aubergines nappé de fromage, une recette typiquement naxienne). On finit en apesanteur. Compter 10-20 €.
– Taverne Dalas : à l’entrée de Koronos, la taverne Dalas est une affaire de famille. Les petits-enfants au service, la mamie aux fourneaux. En voilà une équipe qui gagne ! Et contrairement à notre première impression, ça dépote. Les côtelettes d’agneau sont parfaitement cuites et assaisonnées. Les beignets d’aubergines goûtus et pas trop gras. Pas si impitoyable l’univers de la taverne Dalas. Compter 10-15 €.
– Taverna Paradiso : après-midi farniente sur la plage d’Agia Anna (une partie est nudiste). On prolonge le plaisir à la taverne Paradiso, à 5 minutes de marche. Ici, les tables sont quelque peu bancales. La carte ne révolutionne pas le genre, le service est parfois dépassé mais qu’importe. Le cadre reste parfait pour profiter du coucher de soleil. Antimoustique conseillé. Compter 10-15 €.
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Texte : Florent Oumehdi
Mise en ligne :