Canada : en Ontario, sur les traces des Premières Nations
Fief des peuples autochtones dans l’Ontario, la baie Géorgienne, située au nord-ouest de Toronto, occupe la partie nord-est du lac Huron. Classée réserve mondiale de biosphère par l’Unesco, cette baie, réputée pour la clarté et la pureté de ses eaux, est l'un des coins préférés des habitants la métropole ontarienne pour une escapade de quelques jours.
Au-delà des apparences et des stations balnéaires chics, cette terre est marquée par la présence des Premières nations qui vivaient au Canada avant l’arrivée des colons européens.
La parcourir, en s'imprégnant de ses paysages intacts et grandioses, permet de découvrir l’une des cultures originelles et majeures du Canada.
Préparez votre voyage avec nos partenairesSainte-Marie-au-pays-des-Hurons : une communauté de pionniers européens
Première étape du voyage à Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons (145 km au nord de Toronto) : on entre de plain-pied dans l’histoire des colons français au XVIIe siècle. Le village, reconstruit d’après des plans originaux, est entouré d’une palissade protégeant une église, une caserne, des ateliers, des maisons et des granges destinées à accueillir des animaux.
En 1639, les jésuites commencent leur mission dans le pays des Hurons-Wendats. Elle ne durera que dix ans par manque de moyens et sera incendiée. Venus de l’est et du sud de la baie Géorgienne en canoës, les 66 missionnaires français s’installent sur un des bras de la rivière Wye. Sainte-Marie témoigne encore de la vie des premiers colons menés sous l’impulsion de l’explorateur Samuel de Champlain, et de leurs contacts avec les Premières Nations.
Chaque saison, de mai à octobre, le village s’anime avec des Canadiens issus des communautés autochtones habillés en tenues traditionnelles. Des chants et des ateliers artisanaux retracent l’histoire de ces peuples. Dans les maisons, on fait brûler de la sauge et on invoque les esprits. Dans la salle commune tapissée de bois, un atelier pour les enfants vient de commencer. Au programme : la fabrication de poupées telles que les offrait la tribu de l’Ours.
Ne partez pas sans faire un tour au musée. On évoque ici le quotidien des populations locales à travers des collections de textiles, d’objets, de cartes et d’édits retraçant la constitution des clans Hurons-Wendats. Entrée 10 $, enfant gratuit.
Pour préparer votre venue à la mission, prenez le temps de télécharger l’application du site. Vous aurez tout le loisir de vous promener dans les différentes pièces avec des commentaires en français. Remarquable !
Blue Mountains, les vestiges des Hurons
Plus connues pour leurs pentes neigeuses et leurs chalets aux faux airs de Disneyland, les Blue Mountains, situées au sud-ouest de Sainte-Marie, sont aussi une terre où les Premières Nations ont laissé leurs traces.
À côté de ce qui représente aujourd’hui une station de sports d’hiver (ou balnéaire en été) campée autour de l’hôtel Westin, un complexe créé par Jozo Weider aidé par un investisseur de Toronto en 1941, les grottes scéniques de Collingwood et leurs alentours étaient habités par 30 000 Hurons qui appartenaient à la tribu Pétun, la nation du tabac.
On sait que la région a été visitée par Samuel de Champlain, navigateur et géographe français qui fonda la ville de Québec. Ces grottes autrefois sous-marines qui se sont formées à l’ère glaciaire en gardent encore les stigmates.
Une balade balisée en jaune sur environ deux kilomètres surplombe de jolis points de vue sur la baie. En guise d’étapes, des rochers associés à des lieux de réunion des chefs Hurons et des grottes réservées à des lieux de culte.
À la pointe des Signaux, on raconte que les volutes de fumées pouvaient être vues jusqu’à la plage de Wasaga. De cavernes en arches, on passe la Caverne de l'Ours puis la Chaire du Pasteur facilement reconnaissable grâce à ses stries noires de minerai de fer noir pour finalement atteindre la forteresse Pétune : la seule caverne à posséder quatre portes. Un voyage au cœur de la nation canadienne qui a des airs de découvertes archéologiques. Plus d’infos sur sceniccaves.com
La plage de Wasaga est la plus longue plage d’eau douce au monde. Ses quatorze kilomètres de sable blanc dominent le sud de la baie géorgienne et permettent de prolonger agréablement la visite de la région. Garez-vous à Oxbow Park pour la rejoindre.
Péninsule de Bruce : voyage au cœur de la nature indigène
Partir sur les traces des tribus autochtones canadiennes, c’est s’immerger dans les grands parcs nationaux à la recherche de paysages sauvages. S’étendant sur la bande de terre de 80 km séparant le lac Huron de la baie Georgienne, le Bruce Peninsula National Park situé face à l'île Manitoulin et de l'île Flowerpot fait partie des plus beaux territoires de la région des Grands Lacs (entrée gratuite, parking sur réservation payant).
Une fois garé à proximité du centre d’information du parc, le guide nous invite à suivre les deux traits blancs en direction du sentier de la baie Georgienne. Les cèdres guident nos pas. D’un côté la falaise, de l’autre des arbres millénaires plantés pour certains dans la roche.
On est ici sur le territoire des Premières Nations, l’un des trois groupes autochtones avec les Inuits et les Métis reconnus au Canada. La grotte aux eaux transparentes n’est pas le seul lieu spectaculaire car, au fur et à mesure de la balade, les plages couvertes de pierres calcaires et les criques aux eaux translucides se profilent à l’horizon. La légende raconte que les peuples autochtones traversaient à pied la baie…
Sur l'île Flowerpot, que l’on aperçoit de Bruce Peninsula Park à proximité de Little Cove, une forêt dense plantée de bouleaux, de cèdres et de pins occupe le centre de l'île. Les jours de beau temps, on vient en bateau pique-niquer.
Face à ce lac aux airs de mer, à côté d’anciennes concrétions rocheuses qui ressemblent étrangement à des pots de fleurs, des tables avec des bancs sont installées au bord de l’eau. Le soir, on choisit son heure de traversée pour retourner à Tobermory.
Pour dormir sur l'île, munissez-vous d’une tente et de quelques provisions. Un espace de camping vous est réservé au bord de l’eau à condition de réserver longtemps à l’avance.
Île Manitoulin : rencontres avec la culture autochtone
Depuis Tobermory, la traversée en ferry de la baie Georgienne en direction de l'île Manitoulin ne prend que deux heures. Avec 120 km de long sur 50 km de large, Manitoulin est la plus grande île lacustre du monde. Elle possède 108 lacs d’eau douce à l’intérieur de ses terres. En route vers le territoire ancestral des Premières Nations nommé Anishinaabe ! Plus de 40 % de la population actuelle de l’île est issue de ces tribus autochtones dites « anichinabées ».
La visite du centre Ojibwe (15 Highway 551 M’Chigeeng) s’impose pour découvrir la culture native. Dans cet espace doté d’une galerie d’art moderne et d’un atelier d’artisanat, une salle est réservée aux cérémonies liturgiques comme celles que l’on rencontre dans les Pow Wow, les fêtes autochtones qui ont lieu chaque été sur l'île. Après une cérémonie de purification autour de la cheminée centrale, on fait connaissance avec les plantes emblématiques : la sauge, le tabac, le cèdre.
Ici, la connexion aux éléments – la terre, l’air, l’eau – essentielle. Il est temps de partir marcher sur le sentier de Bebamikawe Memorial Trail. Un parcours dans la forêt jalonné d’explications sur les emblèmes de la culture autochtone. Une rapide introduction sur les animaux qui peuplent le répertoire des Anishinaabe et c’est parti pour deux heures de randonnée à travers le monde des Premières Nations.
La plage n’est pas très loin et la présence de l’eau marque la renaissance et le retour à soi. Pour clore la balade, une dégustation de thé aux herbes locales nous attend. Autour du feu, Vincent commence à raconter les histoires de sa tribu. Un voyage émouvant au cœur d’une mémoire meurtrie. Plus d’infos : https://wiikwemkoong.ca/
Le canoë est le moyen de locomotion ancestral des Premières Nations. Dans le parc de Point Grondine, il est possible de louer une embarcation pour explorer l’un des six lacs fréquentés par les tribus autochtones. 44 $/ jour.
Voir aussi https://wikytours.com/
Fiche pratique
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Pour préparer votre voyage, consultez notre guide en ligne Canada.
Vol Paris-Toronto par Air Canada. Trouvez votre billet d'avion.
Location de voiture à l’aéroport. Pensez à demander le GPS intégré car ce n’est pas toujours le cas !
Au Bruce Peninsula National Park, pensez à réserver votre place de parking. https://parcs.canada.ca/
Le bateau Chi-Cheemaun Ferry assure la traversée depuis Tobermory vers l’île Manitoulin. Il faut compter 2 h de traversée : www.ontarioferries.com. Pensez à venir au moins 1 h 30 avant le départ car 1 h avant l’heure du départ, ils commencent à embarquer les voitures sans réservation.
Où dormir, où manger ?
- Big Tub Resort, 236 Big Tub Road à Tobermory Situé en bordure du lac Huron, cet hôtel a l’avantage de proposer une agence de location de canoë, paddle et d’autres activités nautiques. On rejoint le village à pied en vingt minutes.
- Foodtruck Hungry Hiker, 7391 Highway 6 à Tobermory. Idéal pour acheter son petit déjeuner. Les sandwichs sont délicieux en version XXL évidemment! A partir de 10$ Attention l’entrée sur la route principale est cachée! Surveillez le panneau.
- Trillium House Hotel, 220 Gord Canning Dr dans les blues Mountains Ce grand hôtel chic est très bien placé pour visiter les grottes de Collingwood. En hiver, le site se transforme en station de ski inspirée des villages montagnards savoyards.
- Manitoulin Island Inn and Conference Center 2070 Highway 551 Mindemoya à Little Current. Un hôtel standard qui a l’avantage d’avoir des chambres avec vue sur la mer.
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Texte : Barbara Divry
Mise en ligne :