Páros, l’île au cœur des Cyclades
Depuis l’Antiquité, la 3e plus grande île des Cyclades (196 km²), au centre de l’archipel, ne laisse personne de marbre, un matériau qu’elle exportait à travers toute la Méditerranée. La Vénus de Milo aurait été sculptée dans son albâtre translucide, toute comme la Victoire de Samothrace.
Que faire à Páros ?
L’île ne manque pas d’atouts pour séduire le vacancier : des vallées, des villages blancs endormis, des routes sinueuses qui ventilent de jolies plages et cette indolence qu’aiment cultiver les Pariens.
On ne saurait trop vous conseiller de délaisser le nord pour explorer l’est et surtout le sud, moins populeux, plus olympien ou de vous offrir une nuit à Antíparos, la petite sœur, à 10 minutes en bateau. Entre ses plages serties de palmiers ou de gneiss, ses chemins de randonnée et ses cités de carte postale, Páros, terre natale du poète antique Archiloque et très prisée par les Français, ne décevra pas les amoureux de la Grèce.
Préparez votre voyage avec nos partenairesLes villages de Páros
Les principales villes se concentrent dans la moitié nord de l’île. Commençons par le chef-lieu, Parikiá, épinglé sur la côte occidentale et qui absorbe le flux de touristes débarquant à Páros. Le bourg reprend à son compte une recette bien connue des Cyclades : façades chaulées, volets colorés, dais floraux et un paquet de monde qui s’entasse dans son entrelacs de ruelles.
Il faut vous balader autour du kastro et du château franc, du moins, ce qu’il en reste. Il a été construit en 1260 par le duc vénitien de Naxos, qui avait le sens du recyclage (ou du pillage) puisqu’il récupéra des fûts, des stylobates de colonnes antiques et d’autres matériaux dans les temples voisins.
Non loin, la composite église de la Panagia Ekatontapiliani (Notre-Dame-aux-Cent-Portes) est l’une des plus anciennes de Grèce. C’est au IVe siècle (326), et à la demande de sainte Hélène, mère de Constantin Ier, qu’elle aurait été bâtie. On vous laisse découvrir sa nef, splendide, son imposante iconostase (les deux, on vous le donne en mille, en marbre) et ses fonts baptismaux du IVe siècle.
Le soir venu, Naoussa, la station balnéaire cossue du nord, joue la frime ! À chaque coin de rue, c’est robe longue bariolée pour Madame, chemise en lin pour Monsieur. Si elle reste la ville incontournable pour sortir, on la préfère au petit matin, près de son port. Quand les poulpes finissent leur agonie au soleil et que les garçons de café balaient les excès de la veille.
Et c’est de part et d’autre de Naoussa que se déploient les plages les plus iconiques de Páros (desservies par plusieurs bateaux-navettes l’été).
Au centre, l’ancienne capitale de Páros en de lointains temps ottomans, Lefkès, a de quoi séduire, surtout autour de son église Agia Triada (et ses deux clochers en marbre). Aux avant-postes, la placette avec croquignolet kafeneio (café-restaurant) et cascade de bougainvilliers fuchsia est délicieusement photogénique. Tout comme les vieilles épiceries qui survivent encore.
De Lefkès, vous pourrez emprunter la route byzantine pour rejoindre, à 3,5 km, Prodromos qui, s’il ne révolutionne pas le genre « village grec », mérite qu’on arpente ses tortilles ou qu’on lève le pas dans l’un de ses cafés. À moins de 2 km de là, on finit nos pérégrinations à Marpissa, cycladique (bleu et blanc) jusqu’aux montants de ses fenêtres, boutons de porte... et moulins. Partout des églises, des chapelles, des arcades, des chats et une porte toute rose qui fait le bonheur des influenceurs.
L’été, le parc de Páros, au nord, tout près de la plage de Monastiri, sort son écran (pas solaire) et propose des projections en plein air à partir de 21 h (Cine Enastron). Des classiques mais également des films plus contemporains. L’entrée est gratuite mais limitée à 100 places. N’arrivez pas trop tard.
Les plages de Páros
Au nord, autour de Naoussa, on tient deux des plages les plus célèbres de l’île. Ceinte par les falaises du cap d'Almyrós, Monastiri en jette pas mal avec ses eaux claires et peu profondes. Ceux qui ne succomberaient pas aux sunbeds (comptez entre 35 et 50 € avec un parasol), sachez que les places pour étendre sa serviette sont tout aussi chères et rares.
L’autre star du nord est la plage de Kolymbithres auréolée d’étranges blocs de gneiss. Là encore, on s’arrache le moindre emplacement, qu’il soit sur le sable ou sur ces cailloux granitiques bien replets. Plus à l’est, la plage naturiste (en partie) de Lageri n’est pas bien large mais reste étendue. Peu de risques que vous soyez obligé de jouer à touche-touche ici. D’autant qu’elle est beaucoup moins fréquentée que sa voisine d’en face, Santa Maria.
De nombreuses plages de Páros s’éparpillent sur le littoral oriental : Pounda Beach, Golden Beach (ces deux-là sont charmantes mais quelque peu m’as-tu-vu), Lolantonis ou la plus sauvage Kalogeros qui ravît les baigneurs pour son cadre mais aussi pour son argile. Ne vous étonnez pas de voir des estivants gratter le sable et revenir couverts de glaise.
La plage d’Agia Irini est la perle de la côte occidentale. Comme si on avait été téléporté dans les Caraïbes avec ces palmiers qui cadrent parfaitement des eaux turquoise. Dommage que les transats aient colonisé le moindre centimètre carré de plage.
Les plages du sud ne comptent pas pour des prunes. Elles ont l’avantage d’attirer une faune plus locale et moins dense que celles du nord. Tripiti est notre préférée. Familles du coin, couples d’amoureux, groupes d’amis, tout ce beau monde cohabite sereinement ici. Aucun bar de plage (il y en a un chez la voisine, Glyfa), ni restaurant, prévoyez de l’eau.
Les randonnées de Páros
Avec ses 35 km de sentiers, Páros offre des alternatives plus pédestres aux visiteurs. Honneur aux aînés. Le sentier byzantin (2 h aller/retour), qui relie Lefkés à Prodromos, est le plus ancien de l’île. Il aurait été aménagé vers 1 000 ap. J.-C. Ces dernières années, plusieurs incendies ont carbonisé les paysages. C’est flagrant sur le tronçon final de cette balade, quand on approche de Prodromos.
Déconcertante que cette ascension dallée de marbre et de pierre, bordée d’oliviers calcinés. Le parcours n’est pas très physique malgré quelques montées un peu plus raides. Ceux qui en demanderaient plus peuvent partir de Parikiá, prendre cette route byzantine et rejoindre Piso Livadi (21 km, 5 h 30).
Un autre parcours de moins de 2 h (9 km) dévoile le sud de Páros. Au départ du port de pêche d’Aliki, vous grimpez jusqu’au couvent des Saints-Théodores pour redescendre vers Aspro Chorio. Pas grand monde sur ce sentier, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Il existe d’autres chemins, reliant Kostos à Naoussa ou Ampelas à la plage de Santa Maria.
Plus d’infos sur paros.gr
De vallée, elle n’en a que le nom, cette oasis pour un papillon tout zébré, l’écaille chinée. La vallée des papillons (donc), à 7 km de Parikiá, est un sanctuaire pour cette espèce. Elle trouve dans ce jardin abondant en arbres d’essences diverses le parfait biotope pour se reproduire. Mais silence, elle a besoin de calme pour ça. Si vous faites la randonnée de Parikiá à Piso Livadi, vous pourrez crocheter (ça monte) par là puis aller déjeuner à la taverne traditionnelle, To Spitiko. 3 € par personne.
Antiparos : à visiter au départ de Paros
Avec un bac qui file de Páros toutes les 20 minutes (2 € par personne, 1 € par scooter) et avale en 10 minutes le canal d’un kilomètre qui les sépare, rien n’est plus facile que de rejoindre Antíparos. Vous vous apercevrez vite que vous n’êtes pas seul à avoir eu cette idée.
On vous conseille donc d’y rester au moins une nuit pour prendre le pouls de l’île. Vous débarquez dans le chef-lieu confetti, Hora, un village mignonnet qui le devient beaucoup moins le soir venu (ça s’anime fort après minuit).
À 10 km plus au sud (belle vue sur l’île), au pied du mont Ai Gianni, vous pourrez vous enfoncer (411 marches) dans les entrailles de l’île. La grotta (5 €), ancien lieu de culte de la déesse Artémis, abriterait une vieille dame de 45 millions d’années, la plus ancienne stalagmite d’Europe.
Peut-être y en a-t-il eu des plus anciennes mais les premiers visiteurs, qui avaient pour habitude de taguer les concrétions, se sont servis sur la bête. Il fait évidemment plus frais dans les trois chambres de la grotte mais vous ne vous éviterez pas une jolie suée lors de votre remontée. Surtout si vous enchaînez et partez à l’assaut des 11 sentiers de randonnée de l’île.
Et puis, Antíparos, c’est surtout ses criques et ses plages : Faneromeni, Sifneiko (pour le coucher du soleil), Soros, Glyfa.
Pour la photo-carte postale, cap sur le sud et Ágios Geórgios. Eaux translucides, chapelle blanche et bleue, vue sur l’îlot de Despotiko (inhabité, on creuse pour exhumer de vieilles cités) et ses colonnes antiques. Vraiment pas envie de prendre le bac du retour.
Fiche pratique
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Comment y aller ?
Vols quotidiens via Athènes depuis Paris-CDG et d’autres aéroports français avec Aegean Airlines et Sky Express. Trouvez votre billet d’avion
Páros est reliée quotidiennement par ferry au Pirée (3 h 20 en moyenne), à Mykonos (1h) et Naxos (30-45 min).
Location de scooter conseillée pour explorer l’île.
Où manger ?
– Open Garden : à Naoussa. On s’en lèche encore les babines. Prix doux et saveurs encore plus douces dans ce restaurant ouvert par la cheffe gréco-belge, Elda Molla. Légumes du potager, produits évidemment locaux, cuisine inventive. Les sardines grillées sur leur lit d’houmous (12 €) et les linguines et leurs généreuses gambas (16 €) ne sont pas restées très longtemps dans nos assiettes. Même tarif pour le dessert du jour, un cheesecake aux figues revisité. On revisitera nous aussi ! Réservation obligatoire. D’avril à octobre.
– Vassilis : à Aliki. Voilà un restaurant sans prétention qui est vite devenu notre cantine. La carte ne brille pas par son originalité mais les plats restent excellents et le service de qualité. On retrouve les incontournables calamars et poulpes (12-13 €), fondants et toujours parfaitement braisés mais aussi les côtelettes d’agneau, les fritures de courgettes (4 €) et le fameux saganáki (fromage frit).
– Ouzeri Halaris : à Piso Livadi. Il en a de la concurrence mais le restaurant Ouzeri Halaris a les nerfs et les basiques assez solides pour voir venir. Poissons, fritures, service attentionné, dessert offert. Une halte gourmande avant de siester dans les plages alentour, au choix Golden Beach ou Kalogeros.
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Texte : Florent Oumehdi
Mise en ligne :