Tour de France : ce qu’il faut savoir en 5 questions
Le 1er juillet prochain, les coureurs du 110e Tour de France s’élanceront sur les routes de l’Hexagone pour la course cycliste la plus célèbre du monde. Connaît-on bien pour autant le Tour de France ? Pas si sûr… Pour ne pas pédaler idiot, voici quelques infos clés sur le Tour. Comment est-il né ? Que signifient les couleurs des maillots ? D’où vient la caravane ? On vous dit tout !
Quand est né le Tour de France ?
Le Tour naît à la fin du XIXe siècle d’une compétition entre deux journaux sportifs, Le Vélo et L’Auto-vélo (qui deviendra par la suite L’Auto), à la suite de l’affaire Dreyfus qui divise la France en deux camps. Henri Desgranges, sportif, journaliste et écrivain, est appelé par le comte de Dion pour créer un nouveau quotidien sportif afin de concurrencer Le Vélo, engagé dans la défense du capitaine Dreyfus.
Pour doper la notoriété du nouveau journal, Henri Desgranges a l’idée de créer un tour de France à vélo, dont la première édition a lieu en 1903. Depuis Montgeron, il relie les grandes villes françaises Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Paris en 2 428 km. Deux ans plus tard, la première étape de montagne est franchie au Ballon d’Alsace. En 1910, ce seront les Pyrénées. Les Alpes attendront l’année suivante pour voir passer les coureurs.
Comment est choisi le tracé du Tour ?
C’est la société Amaury Sport Organisation (ASO.) qui organise l’épreuve depuis 1992 selon certaines règles édictées par l’Union cycliste internationale (UCI), l’instance mondiale de gouvernance du cyclisme : pas plus de 3 500 km avec au maximum 2 étapes de plus de 240 km. ASO fait partie du groupe de presse Amaury qui détient le quotidien sportif L’Équipe, organisateur historique de la compétition depuis l’après-guerre.
Le tracé du Tour est préparé un ou deux ans avant la course tant les contraintes sont nombreuses. Il faut choisir les villes étapes parmi les nombreuses demandes des municipalités qui, une fois sélectionnées, devront effectuer des travaux d’aménagement pour accueillir les coureurs dans les meilleures conditions d’organisation et de sécurité. Les organisateurs du Tour contrôlent ensuite le parcours, l’état des routes, etc., avant de prendre une décision définitive.
Depuis 1975, le Tour de France arrive sur les Champs-Élysées avec 8 tours entre la place de la Concorde et l’Arc de Triomphe. Le premier tour est traditionnellement emmené par les 3 maillots principaux – le maillot jaune, le maillot à pois rouges, et le maillot blanc. Puis le sprint peut démarrer devant un public nombreux et passionné venu en nombre voir passer les champions.
À quoi correspondent les différents maillots ?
Le plus ancien est le maillot jaune. Il est instauré en 1919, lors du premier Tour après-guerre, afin de distinguer le premier du classement général lors de son passage devant les spectateurs. Pourquoi jaune ? Tout simplement car c’est la couleur des pages du journal organisateur de l’époque, L’Auto. Le premier coureur à endosser ce maillot est Eugène Christophe, et le coureur qui a le plus porté le maillot jaune est le célèbre Belge Eddy Merckx qui l'a porté durant 96 jours. Dernier en date ? Le Danois Jonas Vingegaard lors du Tour 2022. À qui le tour en 2023 ?
Le maillot à pois distingue depuis 1975 le meilleur grimpeur. Les cols sont classés en plusieurs catégories en fonction de la difficulté de l’ascension, avec en particulier les célèbres cols « Hors Catégorie », de mythiques étapes de montagne qui donnent le plus de points. Les coureurs cumulent les points selon leur ordre de passage aux sommets, ce qui détermine à la fin le classement du meilleur grimpeur. Le recordman de la catégorie est Richard Virenque avec 7 victoires en maillot à pois. Et l’an passé, le Danois Vingegaard (encore lui !) revêt également le maillot à pois rouges !
Le maillot vert revient au coureur le plus régulier au classement des étapes. Vert comme son premier sponsor à partir de 1953 : La Belle Jardinière, un magasin parisien spécialisé dans l’habillement. C’est le Breton Jean Robic qui l’endosse le premier en 1953 durant la première partie du Tour. À Luchon, il gagne l’étape et à l’arrivée, l’échange contre le maillot jaune.
Moins connu, le maillot blanc récompense depuis 1975 le meilleur jeune, soit le premier au classement général âgé de 25 ans au plus dans l’année en cours.
Pourquoi y a-t-il une caravane du Tour de France ?
L’idée de la caravane répond à un besoin financier. En 1930, l’abandon des formations de marques au profit des équipes nationales est décidé. Mais alors, comment financer le Tour ? Henri Desgranges, le génial créateur du Tour, propose donc aux marques de faire de la publicité sur le Tour. La caravane est née, qui désormais chaque année est un élément incontournable et l’une des attractions du Tour.
Tout au long du parcours du Tour de France, des millions de fans se massent pour la voir passer. Un sondage a même révélé que près de 50 % des spectateurs du Tour viennent en priorité pour voir passer cette caravane qui distribue 15 millions de goodies (alimentaires, gadgets…) pour la plus grande joie des spectateurs massés sur le bord du Tour.
Le chocolat Menier fut le premier sponsor à se lancer dans l’aventure, distribuant aux spectateurs des tablettes de chocolat dont il est l’inventeur au début du XIXe siècle. Deux ans plus tard, le premier véhicule publicitaire fait son apparition : un véhicule en forme de stylo pour représenter la marque Bic.
Depuis, de nombreuses marques se sont associées au Tour comme Leclerc, Logis et bien d’autres. Pas moins de 160 véhicules festifs, colorés et animés par les caravaniers forment une caravane qui s’étire sur 11 km pour trente minutes de spectacle entre le premier et le dernier véhicule à passer devant les quelque douze millions de spectateurs attendus pendant trois semaines sur le bord des routes.
Et les femmes alors ?
C'est seulement en 1955 qu'un Tour féminin est organisé. Il comporte cinq étapes dont un contre-la-montre, avec quatre femmes au départ. C'est l'Anglaise Mildred Jessie Robinson, surnommée Millie Robinson, qui remporte la course. Puis, il faudra attendre 29 ans pour qu'un Tour féminin soit à nouveau mis en place. Les femmes sélectionnées, au nombre de 36, courent les 50 ou 80 derniers kilomètres de l'étape des hommes.
Ce Tour féminin va révéler en 1985 la première grande vedette du cyclisme féminin : Jeannie Longo. La Française remporte notamment les Tours féminins de 1987, 1988 et 1989. Cependant l'édition féminine du Tour s’arrête à nouveau en 1989 pour des raisons économiques. Grâce à la volonté de nombreuses femmes cyclistes, les courses féminines se développent et, en 2022, un Tour de France femmes est enfin organisé, avec Marion Rousse pour directrice de course : 144 coureuses sont sur la ligne de départ, pour une semaine en 8 étapes depuis la Tour Eiffel à la Planche des Belles Filles, le col le plus difficile des Vosges. Cette fois-ci, les médias et les spectateurs sont au rendez-vous.
Et, en 2024, le tour de France Femmes aura lieu entre le 25 juillet à Clermont-Ferrand pour une arrivée à Pau le 30 juillet. Gageons que le succès sera à nouveau au rendez-vous.
Jusque dans les années 1970, les femmes étaient interdites sur le Tour, sauf dans la caravane publicitaire. Il ne fallait pas risquer de distraire les sportifs ! Dans les années 1960, Dalida avait quand même réussi à suivre le Tour dans une voiture du journal L’Équipe en se déguisant et en cachant sa chevelure sous une casquette. En 1977, c’est Jacqueline Baudrier, alors présidente de Radio France, qui fut la première femme à suivre officiellement une étape dans la voiture du directeur de la course malgré la réticence des officiels.
Pour en savoir plus
Le Routard publie un guide, La France du Tour, villes et étapes mythiques de la grande boucle, en collaboration avec les centres Leclerc. Il est disponible dans le cadre du Grand Jeu Tour de France organisé par les centres E. Leclerc jusqu’au 29 juillet.
Texte : Véronique de Chardon
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