Grèce : Céphalonie, l’île ionienne grandeur nature
C’est une belle inconnue au large de la côte ouest de la Grèce continentale : plus grande des îles Ioniennes, Céphalonie déploie de spectaculaires paysages, aussi bien le long de ses 250 km de côtes qu’à l’intérieur de ses terres montagneuses qui culminent à plus de 1 600 m.
Loin des clichés des moulins blancs et des volets bleus des Cyclades, Céphalonie est une île où l’influence vénitienne se fait sentir dans les maisons colorées des villages, mais aussi la gastronomie. Epargnée par le tourisme de masse, Céphalonie a su garder son authenticité, mais surtout une nature préservée où abondent arbres, plantes et essences méditerranéennes. Quant à ses plages, elles comptent parmi les plus belles de Grèce.
Une île en vert et bleu, désormais accessible en vol direct depuis Paris, à savourer dans la beauté de l’arrière-saison méditerranéenne.
Préparez votre voyage avec nos partenairesCéphalonie, un sanctuaire naturel inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco
Ici, la nature a fait les choses en grand, et pas seulement pour la superficie des terres (800 km²) ! Située à l’ouest du golfe de Patras au large de la Grèce continentale, Céphalonie, la voisine d’Ithaque, a hérité de sa géologie particulière une grande diversité de paysages naturels.
Falaises vertigineuses, massifs forestiers touffus, fleuves et lacs souterrains, grottes, vignobles, vallées fertiles, mais aussi des criques secrètes, de larges baies et une impressionnante palette de plages, alternant galets, sable blanc, ocre, rouge… Un festival de beautés naturelles, dominé par le point culminant des îles Ioniennes, le mont Ainos (1 628 m) !
Cette abondance a d’ailleurs valu à Céphalonie (en compagnie de sa voisine Ithaque) d’être désignée Géoparc mondial Unesco en 2022. En tout, une cinquantaine de géosites, notamment karstiques, témoignent d’une histoire géologique de 250 millions d’années, mais aussi d’un patrimoine naturel et culturel exceptionnels.
Plutôt arrosée les mois d’hiver, Céphalonie surprend aussi par la profusion de sa végétation. Cette île verte a tout d’un conservatoire vivant de la flore méditerranéenne. Aux quatre coins de son territoire, pinèdes, oliviers, ifs, cyprès, garrigues, mais aussi fleurs endémiques (Viola cephalonica), herbes aromatiques, arbres fruitiers et vignobles composent de pittoresques tableaux, aussi colorés qu’odorants.
En son cœur, la vallée d’Omala, ponctuée de villages paysans, fait figure, entre vergers et vignes, d’une sorte de mini pays de cocagne, d’où est issu le nectar local, le vin de cépage robola. Elle est distante d’une dizaine de kilomètres à peine de la montagne la plus haute de l’archipel ionien, le mont Ainos. Céphalonie a de toute évidence le sens du contraste…
Classé parc national, le mont Ainos, facilement accessible par une route, est recouvert d’une dense forêt contenant une espèce endémique : le sapin de Céphalonie, un conifère d’un vert sombre tranchant avec le bleu de la mer qui a valu à l’île le surnom de « Monte Nero » (mont noir) lors de l’occupation vénitienne. Au sommet, l’île grecque prend d’ailleurs des faux airs de Canada, encore plus lorsque la forêt est recouverte de neige (eh oui !) en hiver.
Le parc, où les températures sont plutôt fraîches, est également traversé de sentiers de randonnée pour ceux qui veulent gagner le sommet à pied. D'en haut, panorama sublime sur Céphalonie, la mer et l’île de Zante.
Autre curiosité naturelle de Céphalonie – souterraine cette fois –, le lac souterrain Mélissani, alimenté par une résurgence d’eau de mer, est le spot le plus touristique de l’île. Situé dans une grotte dont la voûte s’est effondrée, il est particulièrement féerique autour de midi, lorsque les rayons de soleil se reflètent dans son eau d’un éclatant bleu turquoise. Mais il y a foule alors pour assister au spectacle donné par ce lac aux allures de cénote mexicain…
À quelques kilomètres, l’autre haut lieu souterrain de Céphalonie, la grotte de Drogarati, mérite aussi le détour pour son imposante cavité décorée de stalactites et de stalagmites, à l’acoustique étonnante.
Pour découvrir toute la richesse géologique de Céphalonie, mais aussi se renseigner sur les activités (randonnées, visites…), ne manquez pas de visiter le QG du Géopark à Argostoli. Informations, documentation et accueil sur place. On y découvre notamment que le mont Ainos est classé réserve internationale Dark Sky pour la pureté de son ciel.
Les plages de Céphalonie, parmi les plus belles de Grèce
C’est une icône, régulièrement citée dans les Tops des plus belles plages. Il faut dire qu’elle a de l’allure, Myrtos, avec ses galets et son sable d’une blancheur éclatante, face aux infinies nuances de bleu de la mer Ionienne ! Nichée dans le nord de l’île, cette beauté sauvage, à peine gâchée par les parasols, se rejoint par une route en lacets vertigineuse qui plonge entre deux puissantes falaises calcaires ourlées de pinèdes. Les couchers de soleil y sont sublimes…
Mais Céphalonie ne se résume pas à ce sublime tapis immaculé. L’île compte des dizaines d’autres plages essaimées le long de ses spectaculaires côtes, découpées en criques, anses et baies, parfois accessibles seulement par la mer.
Dans le sud-ouest de l’île, entre la capitale Argostóli et Skála, se concentrent les plages de sable les plus populaires, idéales pour les familles. Certaines sont partiellement aménagées avec des parasols et des transats, comme Makris Gialos, Platis Gialos, Lourdas ou Skála, d’autres sont plus sauvages et moins fréquentées comme Kanali, Koroni ou l’immense étendue de sable de Moundas, à l’extrémité sud.
Autre zone très prisée, la péninsule de Palikí (ouest de l’île) compte également de sérieux arguments pour séduire les amateurs de plages de rêve. Grande rivale de Myrtos, la plage de Petani, cachée derrière de hautes falaises, cumule les atouts photogéniques avec ses galets blancs et les élégants dégradés de bleu de sa mer cristalline. Sur place, deux tavernes sympas permettent de siroter un verre en admirant des couchers de soleil d’anthologie.
Le matin, on lui préfèrera le sable rouge de Xi pour ses eaux peu profondes (y aller tôt) ou les plus tranquilles Vouti, Fteri, voire la très belle Platia Ammos, isolée et difficilement accessible (vous voilà prévenu !).
Enfin, les littéraires cinéphiles et les amateurs de paysages édéniques se rendront à l’est de Céphalonie poser leur serviette à Antisamos, face à la pointe sud de l’île d’Ithaque : c’est la plage de La Mandoline du capitaine Corelli, un roman d’amour adapté au cinéma avec Nicolas Cage et Penelope Cruz. Un autre site sublime, avec sa baie en forme de croissant de lune ourlée d’une longue plage de galets blancs, au pied de collines recouvertes de forêts luxuriantes. L’eau cristalline achève de composer une aquarelle aux allures de paradis.
Attention, les plages les plus belles ne sont pas forcément les plus adaptées à la baignade. L’eau de Myrtos, par exemple, est rapidement profonde et souvent agitée, tout comme Perani les jours de vent. Avec les enfants, privilégiez les spots au sud d’Argostolí ou Xi. Prévoyez des sandales en plastique pour les plages de galets, ainsi que de la crème solaire et de quoi vous désaltérer. L’ombre est rare sur de nombreuses plages, qui, pour certaines, ne sont pas aménagées.
Céphalonie, des tombes mycéniennes aux villages vénitiens
Même si le terrible tremblement de terre de 1953 a détruit une grande partie de ses villes et villages, Céphalonie a conservé d’intéressants – et séduisants – témoignages de sa longue histoire. Dans l’Antiquité, l’île a été un centre important de la civilisation mycénienne (1650-1200 av. J.-C.), dont il reste des tombes (Mazarakata, Lakithra…) où des ornements et outils ont été dénichés.
Céphalonie passe aussi pour être, dans l’Illiade et l’Odyssée, l’île de Samé : un nom que portait l’une des villes antiques de l’île, dont on peut visiter aujourd’hui les ruines et l’acropole sur la côte est (superbe panorama sur Ithaque), au-dessus de l’actuelle Sami. D’autres vestiges – romains, cette fois – sont également à découvrir à Fiskardo au nord et à Skála, au sud.
En raison de sa position stratégique, au sud de l’Adriatique entre la Grèce et l’Italie, Céphalonie a été plusieurs fois occupée au fil des siècles, par les Normands, les Ottomans, les Pisans, les Vénitiens, les Français, les Britanniques et les Italiens.
L’influence italienne se retrouve dans la gastronomie, les édifices colorés voire le centre piétonnier d’Argostoli, la capitale de l’île, qui, en début de soirée, succombe aux délices de la passeggiata, autour des terrasses animées de la place Valianou.
Peu de vestiges ont toutefois survécu au séisme de 1953, à l’exception des villages d’Assos et de Fiskardo, deux petits bijoux relativement épargnés du nord de l’île. Depuis Argostóli, on les rejoint par une magnifique route en balcon sur la mer Ionienne, suspendue à la falaise, 300 m au-dessus de la mer.
Lové au creux d’une calanque entourée de pins, de cyprès et de cultures en terrasses, le merveilleux village d’Assos déploie ses pittoresques maisons de pêcheurs colorées en amphithéâtre autour de son petit port. Un isthme le relie à une péninsule verdoyante, coiffée par les ruines d’une forteresse vénitienne accessible via une petite randonnée. La vue sur la côte et le village, aux airs de Cinque Terre hellénique, est magnifique.
À une demi-heure de route, tout au nord de l’île, Fiskárdo a conservé de belles demeures vénitiennes du XVIIIe siècle, lui donnant un cachet remarquable. Avec sa belle baie face à l’île d’Ithaque où viennent mouiller d’élégants voiliers, Fiskárdo est d’ailleurs devenu l’un des repères des plaisanciers de luxe et des beautiful people de la région.
En soirée, les terrasses des restos sur le port attirent une clientèle assez BCBG, faisant de Fiskardo un petit Saint-Trop’ local. Mais les petites plages de galets, les criques et les jolies balades à faire dans les environs permettent de renouer facilement avec le calme et l’authenticité qui font tout le charme de Céphalonie.
Près d’Argostóli, ne manquez pas les ruines de la forteresse d’Agios Georgios (XVIe siècle), notamment pour le beau panorama, ou le monastère d’Agios Gérasimos, saint patron de l’île, imposant édifice au cœur de la vallée d’Omala. Jolies balades à faire aussi vers le phare Agli Theodori (XIXe siècle) de style néoclassique, érigé par les Britanniques au bord du golfe d’Argostoli, ou le long du pont de Bosset qui relie les deux rives de la lagune d’Argostoli.
Gastronomie de Céphalonie : vins, huile d’olive, feta et pitas
Île verte et fertile, Céphalonie se distingue par sa gastronomie et ses produits locaux. Ses excellents vins, parmi les meilleurs de Grèce, proviennent notamment de la vallée d’Omala où se trouvent les vignobles du fameux robola, cépage local réputé pour son vin blanc (coopérative sur place) minéral aux notes d’agrumes.
Malgré les indéniables qualités du Robola, il ne faut pas négliger pour autant les autres vins locaux, tout aussi aromatiques et soignés, comme le mavrodaphne (rouge), le tsaousi (blanc), le vostilidi (blanc) ou le moschato.
Ces nectars accompagneront merveilleusement la cuisine locale où le poisson et les fruits de mer, les herbes aromatiques, l’huile d’olive et les légumes – notamment les aubergines – expriment à merveille des saveurs toutes méditerranéennes.
Céphalonie est également réputée pour ses fromages graviera, feta (à goûter absolument) et myzithra, ainsi que son miel de thym et de pin.
Mais le plat le plus représentatif de Céphalonie reste la tourte dont la version la plus répandue reste la délicieuse kréatopita (tourte à la viande de veau et d'agneau), parfumée de cannelle et de muscade, et mijotée dans une sauce aux tomates et aux légumes.
Un délice que l’on complétera, en dessert, par les mandorles, des amandes glacées teintes en rouge par des algues, une friandise apportée par les Vénitiens, ou du nougat au miel et amandes.
N’hésitez pas à rendre visite aux viticulteurs locaux pour déguster les vins de Céphalonie. On a beaucoup aimé Haritatos Vineyard, installé dans un ravissant domaine familial (belle demeure typique du XIXe siècle) planté de vignes, d’oliviers et de cyprès, au cœur de la péninsule de Paliki. Pas de Robola ici, mais d’exquis et aromatiques mavrodaphne, tsaoussi, vostilidi et muscat. Visites sur réservation et dégustation de vins accompagnés de fromage et d’huile d’olive à partir de 20 €. Infos et contact sur le site de Haritatos Vineyard. Tél : (30) 26710 97280 ou 6976 108768.
Fiche pratique
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Consulter nos guides en ligne Grèce et Îles grecques
Visit Greece : office national hellénique du tourisme
Visit Kefalonia Island : tourisme à Céphalonie
Comment y aller ?
Vols directs uniquement au départ de Paris-Orly avec Transavia, les mercredi et samedi, jusqu’au 28 octobre, à partir de 54 euros TTC l’aller simple. Durée : 3 h. Trouvez votre billet d’avion.
Liaisons maritimes avec la Grèce continentale (Patras, Kyllini et Astakos), mais aussi les autres îles Ioniennes (Zante, Leucade, Ithaque, Corfou).
Location de voiture conseillée sur place, l’île étant étendue.
Bonnes adresses
– Hotel Mirabel : Dion Layragka, Argostoli. En plein centre, légèrement en retrait de la place Valianou, un hôtel moderne et confortable avec des chambres avec balcon et clim, voire terrasse avec vue au dernier étage. Doubles 66-138 €, petit déj compris.
– Apollonion Asterias : Lixouri. Juste à côté de la plage de Xi, sur la péninsule de Paliki, ce vaste resort haut de gamme dispose de chambres et de suites modernes et très confortables réparties autour de belles piscines. Spa, centre de fitness, bars et restaurants complètent l’offre de cet établissement à recommander aux familles. Doubles à partir de 190 € en demi-pension (minimum de 5 nuits en haute saison).
– Linardos Apartments : à Assos en descendant vers le port, sur la droite. Pour passer la nuit dans le merveilleux petit port d’Assos, une belle adresse avec des studios et appartements classiques, bien équipés et spacieux. Très belle vue depuis la terrasse sur le petit port pour ceux donnant sur la baie. Studios 75-100 € ; apparts 90-130 €.
– Odysseas Waterfront : Epar.Od. Maganou à Fiskárdo. Dans une belle demeure jaune au bord de l’eau et un peu à l’écart du port, des chambres et des appartements confortables et décorés avec goût. Balcons avec vue sur le golfe de Fiskárdo, terrasse avec transats pour bronzer, accès direct à la mer pour se baigner… Que demander de plus ? Doubles 90-210 € selon la saison.
– Avli : Ir. Politechniou Lixouri. Une excellente cuisine grecque que l’on déguste en salle ou sur une agréable terrasse couverte. Produits de la mer ou de la terre, grands classiques (kreatopita, moussaka…), intéressante carte des vins et accueil charmant : cet établissement familial, légèrement en retrait du port, cumule les atouts ! Bon rapport qualité-prix. Compter 20-25 €.
– Melagrano : pl. Valianou Argostoli à Argostoli. Un resto italien aussi élégant que sa cuisine est raffinée, en plein cœur de l’animation de la place centrale. Plats de pâtes savoureux, salades copieuses et fraîches, poissons et viandes de qualité. Une adresse chic, un tantinet branchée, à conseiller aux gourmets italophiles. Compter 30-35 €.
– Tassia : sur le quai, à Fiskárdo. Une institution de l’île, tenue par la même famille depuis un demi-siècle. Aujourd’hui, Tassia a un petit côté chic à l’image de Fiskárdo, mais la cuisine reste généreuse et savoureuse. Excellents plats de la mer, dont des crevettes saganaki d’anthologie, accueil prévenant et chaleureux, sans oublier la patronne Tassia, toujours présente et haute en couleurs ! Mai-oct, tlj. Plats 11-25 €.
– Mikelatos Restaurant : rue piétonne, Skala. Une belle terrasse donnant sur la rue principale de Skala où l’on se régale d’une cuisine copieuse et raffinée mêlant classiques grecs et influences italiennes. Viandes et poissons succulents, accueil efficace et amical pour un bon moment gastronomique. Prix justifiés. Compter 30-40 € le repas.
– Taverna Erasmia : plage de Pétani. Une taverne de plage, certes, mais à la cuisine soignée, généreuse et savoureuse. Ambiance familiale et sans façon pour se régaler après la baignade. Compter 15-20 €.
– Il Borgo : Agios Georgios. À deux pas du château Saint-Georges, un restaurant avec une terrasse panoramique pour se restaurer ou prendre un verre. Cuisine classique et soignée, à déguster en admirant le paysage, le temps d’une pause gourmande.
Trouvez votre hôtel à Céphalonie.
Texte : Jean-Philippe Damiani
Mise en ligne :