Grèce : randonnées dans les Sporades
Ce sont les îles du film Mamma Mia avec Meryl Streep, la plupart des scènes de cette comédie musicale ayant été tournées sur l'une d'entre elles. Le succès planétaire du film a donné joli coup de projecteur sur Skopélos, Skiathos, Alonissos, ces îles que l’on a longtemps appelées Sporades du Nord…. Aujourd’hui on se contente de Sporades, littéralement les îles éparses ou éparpillées.
Éparpillées ? Pas vraiment, car un de leurs atouts est d’être proches de la Grèce continentale (la péninsule du Pélion à l’ouest et l’Eubée au sud) et voisines également les unes des autres. Trois îles accueillantes, où l’on mange très bien.
Elles partagent aussi la même marque de fabrique, sans toutefois relever du copier-coller : chacune a son identité propre (les plages sont très différentes, les villages également, sur le plan de l’architecture par exemple) mais, pour ce qui est de la randonnée, c’est vrai, le petit air de famille est plutôt prononcé !
Préparez votre voyage avec nos partenairesPourquoi aller dans les Sporades ?
Les Sporades échappent au cliché des Cyclades, avec leurs paysages rocailleux et secs : ce sont au contraire des îles vertes, où la forêt domine et où l’eau est abondante, une ressource particulièrement bienvenue en Grèce.
Côté plages, elles n’ont rien à envier aux autres îles, elles sont plutôt généreusement dotées. Et même si des pistes en terre les concurrencent, les anciens sentiers n’ont pas disparu, avec certaines sections très anciennes, comme des sentiers muletiers pavés, qui serpentent dans les sous-bois. De quoi avoir des fourmis dans les jambes et donner l’envie d’arpenter ces îles.
À l’automne, une fois la plupart des vacanciers repartis, la météo est idéale pour les randonnées : on ne craint pas le coup de chaud, la luminosité est parfaite, et comme la mer n’est jamais loin, sachez qu’elle reste plutôt chaude, jusqu’à fin octobre. C’est absolument génial de pouvoir piquer une tête lors d’un arrêt : le vrai combiné terre-mer !
Une dernière petite précision : les Sporades sont en principe quatre mais il ne sera question ici que de Skiathos, Skopélos et Alonissos, la quatrième, Skyros, étant bien à l’écart de ses trois consoeurs, et non reliée à ces dernières sauf pendant quelques semaines en été.
Randonnées à Skiathos
Pour faire mentir l’image un brin chic de l’île (où les nombreux hôtels 5 étoiles arrivent à se fondre à peu près dans le paysage), la municipalité de Skiathos a fait les choses en grand pour les marcheurs, en en proposant pas moins de 15 randonnées aux chemins parfaitement entretenus, de longueur variable (1h à 5h). Pas mal pour une petite île de 48 km2.
Chaque parcours est impeccablement balisé (marquage peint blanc-rouge), avec une grande carte détaillée au départ de chacun et de nombreux poteaux indiquant les distances et les temps de parcours jalonnent les sentiers. Impossible de s’y perdre ! Il existe aussi un autre marquage correspondant au travail d’un Allemand (qui a été le pionnier de la rando sur l’île), mais ils se complètent et il n’y a pas de risque de confusion.
Parmi les musts, une boucle d’environ 5 h, intitulée « the roads of the Castle ». Se rendre au monastère d’Evangélistria, à 5 km au nord-est du port (desservi par le bus). De là, un sentier de toute beauté conduit en 2h15-2h30 à Kastro, à la pointe nord-ouest de l’île, l’ancienne capitale d’île. En chemin, on passe par un autre monastère, Agios Charalambos, inhabité mais entretenu, avant de commencer la superbe descente sur Kastro. Avec ses églises et chapelles, cette petite cité fortifiée, perchée sur un éperon rocheux, est idéale pour pique-niquer et reprendre des forces.
Le retour sur Evangélistria se fait par un autre chemin passant plus au sud. Le début de cette section est moins drôle, ça monte (eh oui…) et il faut compter 1h pour retrouver un sentier plus sympa en sous-bois. En calculant bien, d’Evangélistria, on arrive à l’heure pour rejoindre Skiathos-ville par le bus.
Une deuxième rando, tout aussi attractive, nommée « Following the water », démarre de la plage de Megali Ammos, tout près de Skiathos-ville : elle fait traverser toute l’île, de la côte sud à la côte nord.
Une fois arrivé, en 2h, à la plage de Ligariès, on gagne la plage voisine de Kechria avant de remonter par un sentier en sous-bois, au milieu d’arbres aux troncs moussus déformés le long d’une rivière où subsistent les ruines de moulins à eau. On arrive au monastère de poche de Kechria. Puis débute la retraversée de l’île, encore en sous-bois pour l’essentiel, avant la descente sur la côte sud. Compter 4h30 pour la boucle complète.
Si l’on préfère allier rando et plage en optimisant l’option plage, c’est possible aussi : une très belle balade part de Koukounariès, la plage emblème de l’île (accès possible en bus). De là, on gagne rapidement la côte nord, où se succèdent plages de sable et forêts de pins. Plus on s’éloigne, plus les plages s’ensauvagent : Mikri Banana, Agia Eleni, Krifi Ammos, Mandraki, Eliès... n’en jetez plus !
Possibilité de raccourcir ou de rallonger la balade à la demande, en fonction du nombre de plages visitées. Puis retour par les terres sur Koukounariès : la rando, selon les options choisies, dure 2h à 3h30 environ. Ajouter le temps pour la baignade.
Pour en savoir plus sur le réseau des sentiers, consulter le site municipal de Skiathos.
Un peu avant de passer la porte d’entrée de Kastro, on distingue sur les pavés inégaux des empreintes rondes évoquant celles d'un sabot de cheval. La légende dit que ce sont les empreintes des sabots du cheval de saint Georges (oui, celui qui a combattu le dragon). Et, bien à l’abri derrière leurs murailles, les habitants, dit-on encore, entendaient le cheval chaque nuit…
Randonnées à Skopélos, l’île de Mamma Mia
Deux fois plus grande que Skiathos, l’île de Skopélos offre pourtant beaucoup moins de randos balisées. En fait, cela n’est pas un problème : avec une bonne carte (voir plus loin la fiche pratique), on dispose de tous les atouts en main.
Mais le travail de marquage est en train d’être accompli par une équipe de volontaires qui mettent les bouchées doubles pour rattraper le retard. Et comme les chemins qui existent déjà ne manquent vraiment pas, il n’y aucun doute sur le résultat final !
La plus belle des randonnées sur l’île est celle qui emmène du côté de Palouki. C’est la partie orientale de l’île, dominée par le mont du même nom qui, du haut de ses 546 m, veille sur la pointe nord-est de l’île, occupée par une demi-douzaine de monastères.
Enfin, occupé est un terme un peu exagéré car, ici, c’est la nature seule qui s’impose : végétation riche et variée (le pin ne domine pas dans ce secteur de l’île), alternance de pistes et de sentiers ombragés où règne un calme absolu. Pas une maison en vue une fois qu’on est arrivé dans le secteur des monastères… Et vous ne croiserez que ceux qui ont eu la même idée que vous !
On peut faire cette rando sans louer de voiture ni prendre le bus. Départ de Skopélos-ville (derrière la plage, à l’angle d’un site archéologique – Asklépion -), puis prendre la direction de la chapelle d’Agia Marina, connue pour la qualité de l’eau de sa source. Les sentiers proprement dits commencent après.
Le but ultime de la balade est la petite chapelle d’Agia Anna et sa source, là aussi généreuse, surplombant la côte est. Compter environ 5h pour la boucle qui fait passer au retour par les monastères de Prodromos, Agia Varvara et Sotiros. Possibilités de raccourcis par des sentiers de traverse.
Une autre très belle randonnée conduit tout au nord de l’île, juste après Glossa, le deuxième village (et port) de l’île. Là, mieux vaut s’y rendre en voiture de location. Départ du monastère des Taxiarques, inhabité mais joliment restauré. La boucle fait d’abord passer par l’ouest, jusqu’à une petite chapelle récente mais idéalement située.
Sur cette partie du parcours, à un moment on voit en même temps la côte ouest et la côte est. Belle vue aussi sur Skiathos. Puis on bascule côté est (vues sur Alonissos au loin). Possibilité de profiter au passage de la plage de Périvolou. Retour, par un chemin escarpé, tout près du monastère. Prévoir environ 3 h pour la boucle.
Enfin, Skopélos s’enorgueillit d’être l’île de Mamma Mia. Oui, le film avec Meryl Streep et les (18) chansons d’ABBA qui composent la BO du film. Skopélos y est renommée Kalokairi (l’été en grec).
La belle plage de Kastani a servi de lieu de tournage mais c’est surtout la chapelle perchée d’Agios Ioannis qui est connue, pour la fameuse scène du mariage. Pas sûr que tous les fans de Mamma Mia viennent sur l’île chaussés pour randonner, vu le trafic sur l’étroite route de la chapelle, c’est plutôt l’option voiture de location qu’ils choisissent. Mais on peut tout à fait faire le pèlerinage à pied : c’est la rando n° 10 sur la carte Terrain Maps, au départ de Palio Klima (2h30).
Enfin, ne cherchez pas sur l’île la Villa Donna (l’établissement géré par Meryl Streep) : elle n’existe pas ! Supposée se situer sur les hauteurs au-dessus de la plage de Glysteri, c’était en fait un décor de studio.
D’autres randos sympathiques au centre de l’île, notamment l’ascension du sommet de l’île, le mont Delfi (681m), ou vers les hameaux d’Ananias et Karya. Pistes et sentiers en alternance, parfois un bout de route goudronnée, paysages bucoliques. On croise des troupeaux de chèvres.
Et puis ne surtout pas manquer de partir à la découverte de la partie ancienne du village, au-dessus du port, jusqu’au sommet (ancien kastro fortifié), c’est déjà une sacrée rando !
Pour en savoir plus : Consulter www.skopelos-walks.com, le site d’Heather Parsons, la Britannique qui a lancé la rando à Skopélos ; et pour se tenir informé sur l’avancée des travaux de balisage des sentiers par les volontaires qui viennent épauler Heather Parsons : www.facebook.com/skopelostrails/?locale=fr_FR
Randonnées à Alonissos
Si Alonissos attire principalement pour ses fonds marins et son parc marin, cette île de 65 km2, tout en longueur, dispose des mêmes atouts que ses voisines : une nature préservée (peu de constructions en dehors de la partie sud), une couverture boisée très appréciable et des randos plutôt faciles.
Le port, Patitiri, est quelconque mais le village ancien, sur les hauteurs, est top : détruit par un séisme dans les années 50, il est retapé mais garde un sacré caractère.
Pour commencer, une randonnée classique : de Patitiri, le port, gagner le sentier qui monte, justement, au vieux village (Palia Alonissos), assez touristique mais resté sympa. Puis descendre à la plage de Mégalos Mourtias (ne pas confondre, un autre chemin descend à Mikros Mourtias).
De Mégalos Mourtias remonter sur la piste qui ramène sur Patitiri et évite la pointe sud de l’île occupée par un hôtel. Accès possibles à la mer en plusieurs endroits, notamment à Vythisma et à Plakès. Des pins et encore des pins et toujours la mer scintillante à l’arrière-plan… Compter 2h30 pour la boucle sans les arrêts baignade.
Une autre balade à conseiller : Patitiri - chapelle d’Agii Anargyri, plage de Tourkoneri et Mégali Ammos. Encore une fois une balade sous les pins qui fait passer par une superbe chapelle récemment rénovée, qui surplombe la côte ouest.
Puis, une fois quelques clôtures franchies, on accède à Tourkonéri, une des plus belles plages de l’île avec sa voisine Mégali Ammos. Retour tranquille par une piste permettant de faire une boucle. Prévoir environ 3h.
En juillet 2021, un jeune phoque moine nommé Kostis, a été retrouvé mort, tué par un fusil-harpon. Grosse émotion sur place et aussi, via les réseaux sociaux, chez les défenseurs de l’environnement du monde entier. Kostis était devenu la mascotte de l’île. Les phoques moines ne sont plus guère que 600 (au monde !) et près de la moitié ont eu la bonne idée de choisir les îles grecques, dont Alonissos et ses 6 îles satellites.
Si vous en avez le temps, n’hésitez pas, délaissez pour une journée les chaussures de marche et embarquez pour une sortie en mer (infos auprès des agences de voyage sur le port qui proposent cette activité : Albedo Travel et Alonnisos Travel). Location de bateaux également.
Fiche pratique
Retrouvez tous les bons plans, adresses et infos pratiques dans le Routard Grèce continentale en librairie.
Consulter nos guides en ligne Grèce et Îles grecques
Visit Greece : office national hellénique du tourisme
Conseils pour la randonnée
Pour les trois îles, il existe de bonnes cartes au 1/20 000e ou 1/25000e. On les trouve en principe sur place, ou à l’aéroport d’Athènes, possible aussi de les commander chez l’éditeur Terrain Maps. L’éditeur concurrent Anavasi propose également des cartes, un peu moins détaillées mais bonnes quand même. Et sur son téléphone, on consultera le très utile site participatif Alltrails.
Comment y aller ?
Skiathos dispose d’un aéroport (en saison, vols quotidiens avec Sky Express, fréquences moindres en mi-saison). Fin-avr à fin oct, un vol hebdo depuis Paris-Orly avec Transavia.
Les trois îles sont bien desservies par bateau (ferries et bateaux rapides), depuis plusieurs ports : Volos (le seul à assurer des liaisons quotidiennes toute l’année), Mandoudi (Eubée) et Agios Konstantinos, plus au sud, avec Hellenic Seaways, Sea Jets, Anes, Aegean Flying Dolphins.
Comment naviguer entre les îles ?
Tous les bateaux, ferries ou catamarans, voire flying dolphins, desservent les trois îles : Skopélos a même le privilège d’offrir deux ports, Glossa et Skiathos-ville avec, en option, si ça souffle trop, le port de poche d’Agnondas où les ferries accostent en toute sécurité. On va de Skiathos à Skopélos en 1h ou 1h30 (selon le port d’arrivée) et de Skopélos à Alonissos en 30 mn.
Comment circuler sur place ?
Facile de trouver à louer une voiture, bon marché hors-saison, mais les bus sont aussi une option, en particulier à Skiathos où la ligne Skiathos-Koukounariés, avec ses 26 arrêts, permet d’être vite à pied d’œuvre. Moins de bus à Skopélos et à Alonissos. Il existe toujours la solution taxi, qui n’est pas ruineuse car les distances sont courtes.
Où dormir ? Où manger ?
À Skiathos :
- Hôtel Mato : un hôtel non standardisé qui s’apparente plus à une maison de famille. Et un accueil aux petits oignons. Doubles 55-110 €.
- To Bakaliko : en bord de mer, un restaurant qui fait le tour complet de la cuisine grecque, avec une mention spéciale pour les plats de la yiayia (grand-mère), originaire d’Asie Mineure. Repas 15-20 €.
À Skopélos :
- Thea Home Hotel : pour la vue (on est sur les hauteurs de Skopélos-ville) et pour l’accueil. Le confort est également au rendez-vous pour des prix très raisonnables. double 55-80 €.
- Ta Kymata : au bout du port, un établissement familial où l’on vient pour les produits de la mer, bien travaillés. Repas 15-20 €.
À Alonissos :
- Liadromia : très bien placé en surplomb du port, un hôtel presque intimiste très bien tenu par l’adorable Maria. Doubles env. 60-120 €.
- Ostria : le resto du port qui se distingue par sa cuisine soignée et ses propositions sortant de la routine. Repas 15-20 €.
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Texte : Alain Pallier
Mise en ligne :